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28/03/2007

Victor Hugo, déiste.

On a fait toutes sortes de statistiques sur l'oeuvre énorme de Victor Hugo. On a calculé la récurrence du rythme ternaire des adjectifs et des locutions, le nombre d'alexandrins, et toutes sortes de détails plus ou moins curieux. Je n'ai pas réussi à trouver celle de la répétition du mot "Dieu".

Pourtant, il revient souvent. Il hante Hugo.

Bien sûr, très vite, le chef des romantiques devient anticlérical. Bien sûr, lorsqu'il rencontre un prêtre, c'est forcément celui que l'Église s'apprête à limoger. Bien sûr, il taquine avec mordant les catholiques dans des poèmes gouailleurs comme la Légende de la Nonne (magnifiquement chantée par Brassens).

Et cependant, qu'il le veuille ou non, l'idée et le nom de Dieu reviennent sous sa plume. D'abord presque comme une prière méditative ("Que faites-vous, Seigneur ? à quoi sert votre ouvrage ? À quoi bon l'eau du fleuve et l'éclair de l'orage ? Les prés ? ..."), puis un peu sur tous les tons de la métaphysique jusqu'à d'étranges emphases réminiscentes et presque psychanalytiques ("Car le mot, c'est le verbe, et le verbe, c'est Dieu").

Dieu va circuler de texte en texte, évoluer, prendre des allures hugoliennes, adopter une chair, un regard, ou au contraire s'éthérer en principe.

De toutes façons, à chaque instant de l'oeuvre, on retrouvera la notion d'un créateur, d'une main surpuissante qui a organisé l'univers et qui veille sur son monde.

En vérité, le déisme d'Hugo reste dans sa forme très chrétien, voire catholique. En témoignent l'une de ses oeuvres posthumes inachevées, la Fin de Satan (rien dans quoi un agnostique puisse trouver sa pitance), ainsi que la vénération qu'il a pour Jean, l'évangéliste, l'auteur de la visionnaire Apocalypse.

Mais il ne s'agit plus de foi, ni d'adhésion à un principe philosophique ou religieux. Les références d'Hugo sont celles de l'imprégnation qu'il a subie et qui lui permettent de s'adresser à un public large qui a les mêmes références culturelles que lui. Il organise à sa guise le Ciel de ses rêveries, sans se soucier des dogmes.

Dans son Ciel, il y a des anges et Dieu. C'est déjà beaucoup de monde.

Il croit aussi à la survie des âmes, puisqu'il fait tourner des tables comme des toupies pour les faire versifier sous le nom de divers hautes figures du passé.

Il tente de dessiner une cohérence, une architecture, mais son opinion est plus picturale que scientifique. Quoiqu'il fasse, Victor Hugo est avant tout un poète. Libre.

21:45 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Victor Hugo croyait en Dieu ou plutôt ne croyait-il pas en l'Eglise? (c'est une question que je pose). Il est l'auteur de l'oraison funèbre de Balzac. Quel est la place de Dieu dans la vie de Hugo? C'est la deuxième fois que je relève le fait que pour vous les séances de spiritisme d'Hugo n'étaient pas sérieuses. Je crois au contraire qu'il y a des "choses" inexplicables auxquelles ils ne faut pas chercher d'explications rationnelles. Le spiritisme dans la religion juive est une pratique interdite au même titre que la chiromancie, l'hypnose et autres pratiques divinatoires. J'ai lu quelques résumés de séances de spiritisme d'Hugo et je ne pense pas, je peux me tromper, qu'une personne qui ne voit pas tourner une table au bout de deux séances continuerait de s'enfermer pour rien surtout quand on avait beaucoup d'oeuvres à écrire...Et vous Hervé, êtes-vous déiste ?

Écrit par : Michaël | 29/03/2007

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