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04/06/2007

"Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur".

J'ai déjà eu l'occasion de faire sur ce même blog la citation intégrale du passage du Mariage de Figaro, de Beaumarchais, dont est extraite cette phrase longtemps mise en exergue par la une du quotidien Le Figaro.
 
Pourquoi y revenir aujourd'hui ?
 
Voici quelques semaines, deux ou trois mois je crois, je l'invoquais au sujet de la presse muselée (je pourrais recommencer) mais c'est à propos du parlement qu'elle me revient ce soir.
 
Je repense aux députés ex-bayrouistes qui ont rejoint Sarkozy après l'avoir tant vilipendé. Aujourd'hui, ils se sont enchaînés, ils se sont engagés à voter toujours l'investiture et le budget. Ils étaient libres, les voici esclaves.
 
À quoi servent-ils ?
 
À rien.
 
Ils ne sont qu'une vingtaine de godillots perdus dans le troupeau.
 
Alors j'ai envie d'interpeller les puissants, ou plutôt le puissant, celui de l'Élysée, celui qui détient toutes les manettes : souviens-toi que sur la plupart des sujets où Villepin a échoué, la libre parole des centristes avait indiqué la meilleure voie, le moyen de corriger le tir maladroit.
 
Souviens-t'en, toi, Nicolas, toi qui viens de faire un strike géant à la présidentielle : tu as besoin de la libre critique des centristes bayrouistes.
 
La flagornerie enchaînée de ceux que tu as achetés ne vaut plus rien, l'obéissance courtisane de tes propres amis deviendra bientôt le théâtre florentin que tu t'exerceras à diviser pour y mieux régner, la critique systématique de la gauche ne sera utile qu'à meubler les colonnes des journaux que tes amis possèdent, mais la libre parole et l'attention portée au contenu des dossiers, il n'y a que la libre vigilance des bayrouistes qui te la donnera.
 
Ils te sont un peu hostiles ? Tant pis. Ou plutôt tant mieux : ils seront plus francs.
 
Or ce dont tu as désormais besoin, Nicolas Sarkozy, toi, juché sur ton Olympe, c'est de ce qui manque le plus aux puissants : la franchise.
 
Comme la France, elle, a besoin de vérité. 

Commentaires

Splendide , Hervé!
D'ailleurs, je me rappelle que j'avais eu une discussion avec une rugbyman me racontant qu'une star avait super mal pris qu'un joueur lui dise: "moi je ne te trouve pas bon" alors que tout le monde lui disait : "t'es le meilleur" ... je lui avais répondu que j'étais en train de lire le Napoléon de Jean Tulard. Cet auteur y racontait notamment que Napoléon avait au bout d'un moment perdu pied d'avec la réalité car il ne s'était entouré que de flatteurs ... en ces temps où plusieurs intellectuels parlent de bonapartisme quand ils observent Sarko, ça me semble d'autant plus pertinent.
Ah là là, la nature humaine...
Merci encore,
à bientôt!
guillaumeD
(je viens de faire connaissance avec ton blog par le lien que tu as mis sur celui de Quitterie)

Écrit par : guillaumeD | 04/06/2007

correction, un rugbyman (et non pas une !!) dsl.

Écrit par : guillaumeD | 05/06/2007

Il y aurait des milliers d'articles à écrire sur la franchise de notre nouveau président... La seule franchise qu'il semble connaître, c'est celle qu'il veut instaurer sur les dépenses de santé!
Bel article, merci!

Écrit par : papito | 05/06/2007

Je ne crois pas malheureusement que notre président soit un adepte de la franchise (autre que médicale). Si un François Bayrou n'a pas entendu nos voix (législatives) sur Quitterie Delmas, j'ai du mal à imaginer qu'un Sarkozy veuille une opposition constructive. Je l'ai vu pas plus tard qu'hier faire de la lèche à Delanoe, surement pour attiser la suffisance de celui-ci (déjà bien gonflée par ces merveilleux sondages qui nous gouvernent) afin qu'il s'ajoute aux personnalités qui vont vouloir "aider" le PS en ajoutant à la cacophonie des courants dans ce mouvement. La création du Nouveau Centre va également dans ce sens : diviser pour mieux régner. Sarkozy semble bien adopter la politique florentine de Catherine de Médicis.

Écrit par : nef | 05/06/2007

nef, le poison en moins j'espère...

Écrit par : Rosa | 05/06/2007

Le poison psychologique semble être son arme préférée. il suffit de lire l'article sur la rencontre Delanoe - Sarkozy dans Le Monde pour voir à quel point j'avais raison. Ils avaient d'ailleurs préparé en douce cette rencontre officielle, lors de l'enterrement de Jean-Claude Brialy où les photographes et la presse étaient maintenues hors de l'église où je les ai vu se parler fort cordialement (le tutoiement était de rigueur, cf article du Monde). Allègre était là également quelle surprise ! Jack Lang absent, un signe.

Écrit par : nef | 06/06/2007

@ nef

Une règle constante, en politique, veut que, parmi ses adversaires, on soutienne le plus faible. Or il paraît évident que Ségolène Royal va s'emparer du PS et soutenir son rival contre elle est une façon pour lui de créer une faille, une division intérieure du PS pour l'avenir.

C'est Lagardère, très récompensé par la Ville ces deux dernières années, qui joue l'intermédiaire entre Sarkozy et Delanoë.

Écrit par : Hervé Torchet | 06/06/2007

Il se trouve que Bethy Lagardère était également présente à l'enterrement... Il n'y pas de hasard.

Écrit par : nef | 06/06/2007

Sur son blog dans Le Point, Frantz-Olivier Giesbert enfonce le clou Delanoe.

Écrit par : nef | 06/06/2007

Les commentaires sont fermés.