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08/06/2007

Quitterie Delmas à Maisons-Laffitte.

Il est urgent que Quitterie soit invitée à Lyon : mes lecteurs l'y réclament pour avoir le plaisir de me lire sur leur ville.
 
En attendant, l'effet de la proximité aidant, c'est encore une fois en Île de France que je me suis déplacé pour écouter l'égérie des blogueurs bayrouistes, chaleureusement surnommée "Miss Buzz".
 
Maisons-Laffitte n'est ni près ni loin de Paris. La Seine est un petit fleuve paresseux qui s'attarde en longs méandres après avoir traversé la capitale. Il faut donc franchir deux ou trois fois son cours pour atteindre Maisons-Laffitte, ce qui donne une impression d'éloignement.
 
La ville est dominée par une réalité, son champ de course, et un vestige, son château.
 
J'en sais beaucoup moins sur le champ de course (pour une fois) que sur le château. Celui-ci donne l'occasion d'évoquer la figure de Jacques Laffitte, non pas le coureur automobile mais l'inventeur de la banque française moderne.
 
On dit qu'il fit sa fortune à partir du jour où il ramassa une épingle dans la rue. Il bâtit un empire sur un océan de minuscules économies et grapillages. C'est la légende.
 
Il était par ailleurs impliqué en politique, proche des bonapartistes, et maria sa fille au fils du maréchal Ney. Elle devint ainsi princesse de la Moskowa, tout un programme.
 
Il fut enfin l'un des artisans des grands mouvements immobiliers qui rebâtirent Paris au XIXe siècle, notamment autour de la Madeleine (Balzac évoque cette affaire dans l'un de ses romans) et bien sûr dans ce qu'on a longtemps appelé le quartier de la banque, autour de la rue ... Laffitte.
 
Il acquit le château de Maisons et lui donna son nom.
 
Le maire local, Jacques Myard, UMP, est une forte personnalité, on le décrit autoritaire et peu enclin aux formes démocratiques.
 
Il ne mâche pas ses mots : dans l'été 2006, au moment des opérations israéliennes au Sud-Liban, il fut l'un de ceux qui réclamèrent que le président Chirac usât de la force militaire contre Israël pour protéger le Liban. 
 
La candidate rejointe par Quitterie est une femme déjà mûre, très souriante, habituée aux relations humaines et aux réalités de la politique, puisqu'elle a fait du lobbyisme à Bruxelles ; entendons-nous bien : elle s'y est employée à décortiquer les mécanismes des décisions européennes pour ses commettants et non pas à envahir l'administration de l'Union avec ses pressions et suggestions.
 
Cette précision posée, ajoutons qu'elle se trouve dans l'opposition à M. Myard et que, toute rompue aux réalités politiques qu'elle soit, elle montre une grande fraîcheur devant le débat d'idées.
 
Sa circonscription englobe la ville voisine, Sartrouville, qui est séparée d'elle par le cours de la Seine. Cette dernière ville est turbulente et s'est illustrée à l'automne 2005. Maisons-Laffitte la bourgeoise a alors regardé avec anxiété Sartrouville la populaire.
 
Mais à Sartrouville, le maire UMP (qui a très bonne réputation) a des UDF-MoDem dans son équipe. Du reste, c'est l'un d'eux, Antoine de Lacoste-Lareymondie, qui a été choisi comme suppléant de Mme Boisnel, candidate du MoDem.
 
Les amis locaux des Nouveaux centristes (ex-bayrouistes) ont profité de ce choix pour tenter de troubler la soirée électorale en rappelant que M. de Lacoste-Lareymondie avait appelé à voter contre le traité constitutionnel européen.
 
- Et contre celui de Maestricht, précise M. de Lacoste-Lareymondie sans mollir.
 
UDF de longue date, il est pourtant opposé aux caractères actuels de la construction européenne.
 
Mme Boisnel, tout au contraire, est une enthousiaste de l'Europe. Il faut de tout pour faire un MoDem.
 
Comme mardi, c'est Quitterie Delmas qui ouvre le ban et s'exprime avec liberté et fougue. Elle a vécu à Maisons-Laffitte et peut décocher des flèches tourbillonnantes et incandescentes contre M. Myard. Elle n'hésite pas à dénoncer ses travers.
 
Mme Boisnel n'hésite pas à qualifier le bilan du député (qui termine tout de même son troisième mandat) de "nul".
 
M. de Lacoste-Reymondie parle peu : il est plus concerné par la partie sartrouvillaise de la circonscription.
 
La salle contient un certain nombre de militants, des professeurs et un public attentif. Les questions émanent de chacune des trois catégories. Les échanges sont denses, Mme Boisnel annonce que si elle est absente du second tour, elle ne donnera aucune consigne de vote, développe quelques-uns des aspects législatifs sur lesquels elle souhaite s'investir et en profite pour souligner qu'elle n'a pas l'intention d'être un député élu local : un député est fait pour siéger à l'Assemblée Nationale et pour rédiger la loi.
 
Utile et saine précision, mais aussitôt une question la rappelle à certaines réalités en lui demandant en quoi elle pense que sa fonction de député pourrait permettre à Maisons d'obtenir enfin le lycée que M. Myard promet depuis des lustres sans l'ombre d'un résultat. Mme Boisnel promet d'être une élue médiatrice.
 
D'autres débats s'enchaînent, puis on sort de l'ancienne et médiévale église transformée en salle de spectacle, on boit le verre de l'amitié (rien d'alcoolisé, Quitterie avale un Coca sans sucre ni caféine), on discute, des jeunes parlent du blog, un professeur évoque sa thèse sur Marc Sangnier, la nuit est déjà noire, il faut rentrer.
 
Dans le train régional RER, je bavarde avec Quitterie et son alter-ego Virginie, débriefing de la soirée, et Quitterie qui se reconstruit lentement après la déconvenue de sa non investiture.
 
C'est bien le MoDem qui y a perdu : elle a été brillante ce soir comme toujours.
 
J'abandonne les filles au milieu de Paris et je rentre chez moi en longeant la Seine. Décidément, ces élections me font marcher.

Commentaires

@Herve : article très interessant, si on faisait le tour de france je reviserai avec plaisir mon histoire geo en te lisant ;-), Amitiés, virginie

Écrit par : virginie | 08/06/2007

Je ne pense pas que ce sont les élections qui te font marcher par le bout du nez, mon cher Hervé.

Écrit par : nef | 08/06/2007

@ nef,

:-))

@ hervé,
Moi qui pensais vous voir par chez nous... :-)

Écrit par : Julien | 08/06/2007

@ nef et julien

Mdr. Hélas, je quitte bientôt Paris, Quitterie, la politique, pour me replonger dans mon prochain livre savant.

Écrit par : Hervé Torchet | 08/06/2007

Les commentaires sont fermés.