03/08/2007
Éloges funèbres.
Bergman, Truffaut, et quelques autres, furent de la génération qui succéda à celle de Hitchcock, Renoir. Ils furent, au sens où on l’entend en matière artistique, des maîtres. On les admira, on les vénéra, on écouta leur parole, on guetta leur œuvre, on suivit leur enseignement.
Antonioni, lui, se rapproche plus de Sautet par le ton, par la démarche générale, par le souci d’introspection. Mais là où, dans « Mado », Sautet sut aborder le cinéma politique, voire polémique, à peu près dans le même équilibre dramatique que Zola, mélangeant critique sociale, psychologie et philosophie existentielle, Antonioni, lui, se cantonna à peu près à l’exploration du continent féminin.
Les deux cinéastes, l’un colossal, le Suédois, l’autre important, l’Italien, se sont éteints presque en même temps. Le monde entier s’est ému de leur disparition. Hélas pour les cinéphiles français, ils ont eu la malchance de périr dans les mêmes heures qu’un très grand et paradoxal comédien français, Michel Serrault, qui débuta dans le Paris effervescent des années 1950, entra dans le cinéma par la petite porte, tourna d’abord plus de navets que de chefs-d’oeuvres, et finit par tourner de grands rôles pour de grands films.
Cette collision déséquilibre les hommages rendus. Il en fut ainsi pour Cocteau qui eut l’inhabituelle modestie de disparaître le même jour qu’Édith Piaf.
Le concours d’épitaphes et d’éloges mortuaires auquel ce genre d’événements donne lieu en général n’a pas eu lieu. Dommage quand même pour ces talents.
Cela dit, en matière d’éloge funèbre, mon préféré est un double éloge croisé imaginé par Guitry et l’une de ses épouses successives, avec laquelle il était alors brouillé : elle supposait que, devant sa tombe à lui, elle dirait simplement « Enfin raide » ; et lui, devant sa tombe à elle, aurait répondu « Enfin froide » : elle avait un sacré tempérament !
Antonioni, lui, se rapproche plus de Sautet par le ton, par la démarche générale, par le souci d’introspection. Mais là où, dans « Mado », Sautet sut aborder le cinéma politique, voire polémique, à peu près dans le même équilibre dramatique que Zola, mélangeant critique sociale, psychologie et philosophie existentielle, Antonioni, lui, se cantonna à peu près à l’exploration du continent féminin.
Les deux cinéastes, l’un colossal, le Suédois, l’autre important, l’Italien, se sont éteints presque en même temps. Le monde entier s’est ému de leur disparition. Hélas pour les cinéphiles français, ils ont eu la malchance de périr dans les mêmes heures qu’un très grand et paradoxal comédien français, Michel Serrault, qui débuta dans le Paris effervescent des années 1950, entra dans le cinéma par la petite porte, tourna d’abord plus de navets que de chefs-d’oeuvres, et finit par tourner de grands rôles pour de grands films.
Cette collision déséquilibre les hommages rendus. Il en fut ainsi pour Cocteau qui eut l’inhabituelle modestie de disparaître le même jour qu’Édith Piaf.
Le concours d’épitaphes et d’éloges mortuaires auquel ce genre d’événements donne lieu en général n’a pas eu lieu. Dommage quand même pour ces talents.
Cela dit, en matière d’éloge funèbre, mon préféré est un double éloge croisé imaginé par Guitry et l’une de ses épouses successives, avec laquelle il était alors brouillé : elle supposait que, devant sa tombe à lui, elle dirait simplement « Enfin raide » ; et lui, devant sa tombe à elle, aurait répondu « Enfin froide » : elle avait un sacré tempérament !
12:18 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Un tempérament de feue.
Écrit par : Nef | 03/08/2007
tout à fait d'accord Hervé, je pense même que l'hommage rendu à Serrault a été excessif au regard des deux grands.
Bergman me rappelle mon initiation au cinéma grâce aux cinés-clubs que je fréquentais beaucoup au temps du lycée. Je pense que pour vous ils n'existaient déjà plus. C'était une école formidable ces cinés-clubs.
Antonioni est venu plus tard : Blow up m'avait beaucoup marquée.
Écrit par : Rosa | 03/08/2007
@ nef
Lol.
Écrit par : Hervé Torchet | 05/08/2007
Hervé, mdr : restons français.
Écrit par : Rosa | 06/08/2007
Les commentaires sont fermés.