28/08/2007
Breizh atao … sans Sarko !
Sarko se passe de la Bretagne et, ça tombe bien, la Bretagne se passe de lui.
Quelquefois, je me demande si l’insistance récente de la chaîne de télévision TF1 à faire élire Sarkozy n’était pas une pièce avancée sur l’échiquier de l’indépendance de la Bretagne. On peut se gausser de cette idée et cependant, Patrick Le Lay a déclaré sans rire à un magazine local qu’il se sentait à peine français. Alors…
L’homme d’ailleurs n’est pas aussi antipathique que ses caricatures et sa stratégie commerciale le suggèrent. J’ai eu l’occasion de le rencontrer début 2002 quai du Point du Jour, à Boulogne-Billancourt, au quatorzième étage de la grande tour vitrée de TF1 : il m’achetait trois exemplaires du premier de mes livres et m’avait très poliment demandé si j’aurais l’obligeance de faire le détour par cet endroit. Venant du quartier voisin, le seizième arrondissement de Paris, je n’y voyais guère d’effort et plutôt l’amusement de découvrir le tout-puissant patron de la première chaîne.
Je n’apportai qu’un exemplaire. Mes livres pèsent deux kilos et demi chacun et mesurent un quart de raisin sur dix centimètres d’épaisseur ; on les voit de loin. À l’entrée du siège de TF1, le vigile vit mon livre. Il me dit :
- Ah, c’est vous.
J’étais attendu.
Je pénétrai dans le hall que je trouvai empli de verre et de tout ce qui peut luire, d’une dalle de pierre polie à un écran de télévision, en passant par des ampoules électriques et du chrome. Une très jolie femme bondit de son siège dès qu’elle m’aperçut et vint à moi avec un sourire et des prévenances qui en disaient long sur l’impact des info données sur moi par le secrétariat du président.
Je franchis un portillon et montai seul dans un ascenseur. Au quatorzième, je découvris une moquette épaisse comme la savane.
La secrétaire principale de Le Lay m’accueillit et me pria de l’attendre dans une pièce qui ouvrait sur la Seine, sur la tour Eiffel et sur les cimenteries. Je m’assis devant un bureau en loupe orangée et vernie, derrière lequel quelques cassettes de films produits par TF1 meublaient vaguement une étagère.
Je posai avec soin mon livre sur le bureau. On me proposa du café (il était trois heures de l’après-midi) et j’acceptai du thé : je ne bois jamais de café.
Faisant le tour de la pièce du regard, je finis par remarquer une très petite caméra dans le coin, juste sous le plafond, à laquelle j’adressai un sourire. L’instant d’après, Le Lay entra.
Il fut très affable et délicat. Il me parla un certain de temps de sa collection de livres sur la Bretagne. Il possédait trois exemplaires de l’Histoire de Bretagne de Bertrand d’Argentré, l’édition de 1582, celle que je viens de rééditer et qui, à plus d’un égard, est un brûlot antifrançais. Il avait tout. Il connaissait tout. Un seul joyau manquait à sa collection : un incunable (pour ceux qui l’ignorent, un incunable est un livre imprimé avant 1500).
Il faut dire qu’il n’y a qu’une dizaine d’incunables bretons, qu’il s’en vend très rarement, et qu’ils sont toujours préemptés par des bibliothèques publiques.
Bref, le pauvre Le Lay en était réduit à collectionner les manuscrits enluminés italiens du XIVe siècle. Un véritable drame.
L’entretien dura tant que je vis apparaître les visages étonnés de Mougeotte et de Bataille et Fontaine qui grimpaient de l’étage inférieur par un colimaçon étroit. J’appris plus tard que Le Lay avait retardé impromptu une réunion au sommet pour me recevoir avec mon précieux ouvrage qui constituait l’une des rares pièces contemporaines de sa collection. Que ne ferait-on pas par vice. Il en est de pires.
Il m’adressa à TV-Breizh en m’expliquant qu’il avait lui-même une ligne très patriotique et bretonne, qui faisait écho au profil de mon livre. Je précise que celui-ci traite d’une époque où le maître de la Bretagne se faisait qualifier de “souverain seigneur, duc par la grâce de Dieu“, ce qui laissait peu de place à la souveraineté royale. De là ce que disait Le Lay. Et après tout, cette lecture n’est pas absurde. Mais j’avoue n’être absolument pas nationaliste, ni pour la Bretagne, ni pour la France, ni pour l’Europe, ni pour quelque nation que ce fût. Je n’aime pas ce genre d’égoïsmes.
En revanche, si l’on songe que le patron de la principale chaîne était un ennemi du pays dans lequel celle-ci était diffusée, le fait qu’il en ait tellement crétinisé la population prend un sens tout différent, non ? Et alors, s’il a fait élire Sarkozy, ce n’est pas bon signe pour la France, mais au contraire l’indice tangible qu’il veut la mort de ce pays.
Et le fait que la Bretagne soit ennemie de Sarkozy serait une motivation que le machiavélique plan lui donnerait pour réclamer son indépendance…
Bon, il faut bien se consoler en rigolant un peu.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, je précise que Yasmina Reza rapporte dans son nouveau livre que Sarkozy n’a “rien à foutre des Bretons“.
C’est réciproque.
Quelquefois, je me demande si l’insistance récente de la chaîne de télévision TF1 à faire élire Sarkozy n’était pas une pièce avancée sur l’échiquier de l’indépendance de la Bretagne. On peut se gausser de cette idée et cependant, Patrick Le Lay a déclaré sans rire à un magazine local qu’il se sentait à peine français. Alors…
L’homme d’ailleurs n’est pas aussi antipathique que ses caricatures et sa stratégie commerciale le suggèrent. J’ai eu l’occasion de le rencontrer début 2002 quai du Point du Jour, à Boulogne-Billancourt, au quatorzième étage de la grande tour vitrée de TF1 : il m’achetait trois exemplaires du premier de mes livres et m’avait très poliment demandé si j’aurais l’obligeance de faire le détour par cet endroit. Venant du quartier voisin, le seizième arrondissement de Paris, je n’y voyais guère d’effort et plutôt l’amusement de découvrir le tout-puissant patron de la première chaîne.
Je n’apportai qu’un exemplaire. Mes livres pèsent deux kilos et demi chacun et mesurent un quart de raisin sur dix centimètres d’épaisseur ; on les voit de loin. À l’entrée du siège de TF1, le vigile vit mon livre. Il me dit :
- Ah, c’est vous.
J’étais attendu.
Je pénétrai dans le hall que je trouvai empli de verre et de tout ce qui peut luire, d’une dalle de pierre polie à un écran de télévision, en passant par des ampoules électriques et du chrome. Une très jolie femme bondit de son siège dès qu’elle m’aperçut et vint à moi avec un sourire et des prévenances qui en disaient long sur l’impact des info données sur moi par le secrétariat du président.
Je franchis un portillon et montai seul dans un ascenseur. Au quatorzième, je découvris une moquette épaisse comme la savane.
La secrétaire principale de Le Lay m’accueillit et me pria de l’attendre dans une pièce qui ouvrait sur la Seine, sur la tour Eiffel et sur les cimenteries. Je m’assis devant un bureau en loupe orangée et vernie, derrière lequel quelques cassettes de films produits par TF1 meublaient vaguement une étagère.
Je posai avec soin mon livre sur le bureau. On me proposa du café (il était trois heures de l’après-midi) et j’acceptai du thé : je ne bois jamais de café.
Faisant le tour de la pièce du regard, je finis par remarquer une très petite caméra dans le coin, juste sous le plafond, à laquelle j’adressai un sourire. L’instant d’après, Le Lay entra.
Il fut très affable et délicat. Il me parla un certain de temps de sa collection de livres sur la Bretagne. Il possédait trois exemplaires de l’Histoire de Bretagne de Bertrand d’Argentré, l’édition de 1582, celle que je viens de rééditer et qui, à plus d’un égard, est un brûlot antifrançais. Il avait tout. Il connaissait tout. Un seul joyau manquait à sa collection : un incunable (pour ceux qui l’ignorent, un incunable est un livre imprimé avant 1500).
Il faut dire qu’il n’y a qu’une dizaine d’incunables bretons, qu’il s’en vend très rarement, et qu’ils sont toujours préemptés par des bibliothèques publiques.
Bref, le pauvre Le Lay en était réduit à collectionner les manuscrits enluminés italiens du XIVe siècle. Un véritable drame.
L’entretien dura tant que je vis apparaître les visages étonnés de Mougeotte et de Bataille et Fontaine qui grimpaient de l’étage inférieur par un colimaçon étroit. J’appris plus tard que Le Lay avait retardé impromptu une réunion au sommet pour me recevoir avec mon précieux ouvrage qui constituait l’une des rares pièces contemporaines de sa collection. Que ne ferait-on pas par vice. Il en est de pires.
Il m’adressa à TV-Breizh en m’expliquant qu’il avait lui-même une ligne très patriotique et bretonne, qui faisait écho au profil de mon livre. Je précise que celui-ci traite d’une époque où le maître de la Bretagne se faisait qualifier de “souverain seigneur, duc par la grâce de Dieu“, ce qui laissait peu de place à la souveraineté royale. De là ce que disait Le Lay. Et après tout, cette lecture n’est pas absurde. Mais j’avoue n’être absolument pas nationaliste, ni pour la Bretagne, ni pour la France, ni pour l’Europe, ni pour quelque nation que ce fût. Je n’aime pas ce genre d’égoïsmes.
En revanche, si l’on songe que le patron de la principale chaîne était un ennemi du pays dans lequel celle-ci était diffusée, le fait qu’il en ait tellement crétinisé la population prend un sens tout différent, non ? Et alors, s’il a fait élire Sarkozy, ce n’est pas bon signe pour la France, mais au contraire l’indice tangible qu’il veut la mort de ce pays.
Et le fait que la Bretagne soit ennemie de Sarkozy serait une motivation que le machiavélique plan lui donnerait pour réclamer son indépendance…
Bon, il faut bien se consoler en rigolant un peu.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, je précise que Yasmina Reza rapporte dans son nouveau livre que Sarkozy n’a “rien à foutre des Bretons“.
C’est réciproque.
20:33 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, Mouvement démocrate, Sarkozy, Bayrou | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Rassurée d'apprendre que Le Lay sait lire.
Écrit par : Rosa | 28/08/2007
Les propos rapportés sont plus éloquents que ça.
SARKO a dit, selon l'auteur:
"Je me fous des Bretons, je vais être au milieu de dix connards en train de regarder une carte"
A part ça, le soir de son élection, SARKO disait: j'aime tous les Français".
Ben voyons.
Écrit par : Guillaume A | 29/08/2007
Vous inquietez pas,j"etais en vacances dans le Morbihan en juillet et la Bretagne est magnifique;Le chien aboie et la caravane passe.Les défauts de la cuirasse apparaissent mais malheureusement cela va se retourner contre nous.Sa politique étrangére est un désastre. Pierre
Écrit par : ulm | 29/08/2007
Un post tout bonnement excellent ! Hervé... ton exégèse de l'action cryptofrancophobe de PLL à la tête de TF1...je me suis bien marré !
Écrit par : Leroy-Morin | 30/08/2007
@ Rosa
Plutôt un collectionneur qu'un lecteur, non ?
Écrit par : André-Yves Bourgès | 02/09/2007
André-Yves, expliquez-moi...
Pierre, mon mari a lu le livre des Boniface... et j'ai fait mes commentaires sur votre ville !
Hervé, pourquoi ne peut-on entrer de commentaires sur Hugo ?
Écrit par : Rosa | 03/09/2007
Les commentaires sont fermés.