01/09/2007
En quête de boucs émissaires.
Dans la mentalité simple, tout événement a un auteur. Si l’événement est mauvais, il y a forcément un fautif. Ainsi, si la situation économique est inquiétante, si la croissance ne vient pas, il y a forcément un ou des coupable(s). On sourit alors parfois en prononçant les mots “que fait le gouvernement ?“ mais, pour un grand nombre, ces mots ont un sens : si l’économie va mal, c’est la faute du gouvernement, à moins que… à moins que celui-ci ne désigne un autre coupable.
C’est ainsi qu’à travers le temps furent désignés des boucs émissaires et on sait où (à quelles erreurs voire horreurs) ce procédé a conduit dans le passé.
Or toute l’idéologie développée par Sarkozy est fondée sur l’idée de la culpabilité (pas la sienne, bien entendu) et de la répression. En estimant qu’il faut imposer la perpétuité réelle à certains délinquants ou criminels, en menaçant toutes sortes de fauteurs de trouble, il fait certes œuvre de dirigeant politique et ses décisions et annonces méritent discussion, mais il impose aussi l’idée latente d’une culpabilité qui finit par devenir universelle à travers les radars routiers, signes visibles d’une répression qui se dit inflexible.
Or cette idée de faute a ses inconvénients et ses facilités : inconvénients car elle légitime la tendance instinctive des esprits simples à considérer que tout événement a un auteur donc un coupable ; ses facilités car, du moment que l’existence d’un coupable est une évidence pour tous, il suffit aux dirigeants de désigner un bouc émissaire pour s’exonérer de leur propre part de responsabilité, voire pour estomper leurs autres méfaits.
Je crois que ce que je dis est assez clair.
Et les fonctionnaires, sans doute trop nombreux, sont actuellement le plus évident des boucs émissaires. Il pourrait y en avoir d’autres. C’est tellement facile…
En revanche, s’interroger sur le fait que l’atmosphère répressive soit déprimante et qu’elle contribue au marasme économique et moral, ça, ça, c’est beaucoup trop difficile. C’est si agréable, de punir.
Et la gauche, avec ses Verts obsédés eux aussi par la faute, ne fait pas mieux, de ce point de vue, que la droite.
Qu’on nous laisse donc un peu vivre.
16:59 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, Mouvement démocrate, Sarkozy, Bayrou | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Oui, comme toujours, Sarkozy c'est la politique du plus simple. Il est bien plus facile de faire accepter une idée simple qu'une idée complexe. En réalité, les responsables et "coupables", si l'on peut dire, sont multiples et toute la faute ne peut être remise sur une seule personne ou alors on fait un bouc émissaire.
Il faut un certain courage politique pour décrire au mieux la réalité des choses.
Écrit par : Antonin | 01/09/2007
Hervé Torchet >>> "Qu’on nous laisse donc un peu vivre."
Souhait bien légitime, mais malheureusement peu compatible avec la tyrannie de l'urgence et celle des apparences qui caractérisent la jungle sarkozyenne...
Cordialement, :-)
Hyarion, le démocrate anarcho-monarchiste.
Écrit par : Hyarion | 02/09/2007
Je vais me faire des détracteurs mais je dis ce que je pense.Oui j'ai remarqué qu'on désigne des coupables tous les jours mais c'est le début de toute dictature,tout le monde culpabilise et méme les parents vis à vis des enfants comme en Roumanie sous l'ancien régime Ce qui est paradoxal et la Ségolène a eu raison de le dire on est dans l'immobilisme total .Imaginez le Général de Gaulle vérifiant le prix des crayons à Carrefour.lol. Pierre
Écrit par : ulm | 02/09/2007
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