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27/10/2007

Démocratie participative ou représentative ?

Corinne Lepage s'est beaucoup réjouie du déroulement du "grenelle" de l'environnement. Motif : un événement historique s'y est produit, l'introduction de la "démocratie participative" dans notre pays. Du coup, elle a accepté, a-t-elle annoncé, une mission à elle confiée par le ministre des AOC, Jean-Louis Borloo.
 
Or ce n'est pas fréquent, mais je ne suis pas du tout d'accord avec Corinne Lepage, ni sur sa première affirmation ni sur son choix.
 
Tout d'abord, qualifier une réunion d'autorités administratives et politiques d'échelon ministériel puis présidentiel, avec des organisations non gouvernementales spécialisées ne me paraît être ni une révolution ni de la démocratie participative.
 
La litanie des tables rondes, même prolongées, à bâtons rompus, sans tabou, etc, entre les autorités politiques de l'État et ce qu'on a longtemps nommé les "acteurs sociaux" couvrirait un bottin entier rien que pour la Ve république.
 
Quant à la démocratie participative, je renvoie au très beau texte de Quitterie Delmas pour en définir le contour réel et mesurer à quel point une vraie démocratie participative n'a de sens qu'à partir du moment où elle se nourrit de participation directe de citoyens, même pris au hasard. En vérité, le "grenelle" de l'environnement n'est qu'une réunion d'échelon ministériel avec des corps intermédiaires et spécialisés.
 
Peu habitués à un tel traitement de la part de l'État français, les ONG en question en sont sorties grisées, visiblement, d'autant plus qu'on leur avait servi avec le dessert leur idole du moment : Al Gore.
 
Or j'ai sur celui-ci commis une erreur généalogique délibérée (vite relevée par les Bretons costarmoricains qui connaissent leur Lalonde sur le bout des doigts) en signalant d'une part que ledit Lalonde était donné parmi les achetables de Sarkozy et d'autre part qu'il était cousin d'Al Gore, le premier fait appuyant le second, puisque c'est par amitié pour son cousin que Gore s'était rendu à l'invitation du présipathe.
 
En vérité, c'est bien John Kerry qui est le cousin de Lalonde. Mais en réfléchissant sur les vraies raisons qui ont poussé Gore à venir, j'en vois une par-dessus tout : Gore et Sarkozy ont les mêmes ennemis, les Clinton. Que Gore vienne chez un ami de Bush ennemi des Clinton que tous deux honnissent est une chose logique.
 
Plus perfide, je pourrais même supposer que parmi les soutiens de Gore pour une éventuelle candidature à la présidentielle, il y a des amis de Bush, à qui Gore ne pouvait refuser de venir à Paris.
 
Quoiqu'il en soit, il est évident pour quiconque a lu le résultat de ce "grenelle" que si Gore est venu à Paris, c'est pour une mauvaise raison.
 
La pire serait de la sympathie pour les ONG reçues par Borloo, car alors, s'il est vrai que l'habitude de Sarkozy est d'"arroser" les gens, on ne serait qu'en présence d'un lobby tout heureux d'être enfin pris en compte et ce serait le comble de la forfaiture, aux antipodes de la "démocratie participative" pourtant invoquée par Corinne Lepage.
 
Et je dois dire que dans un contexte où son organisation, Cap 21, prend sa part des efforts des paléo-hiérarques de l'UDF pour empêcher Bayrou de bâtir un Mouvement Démocrate nourri par la démocratie directe, on est en droit de s'interroger sur le choix qu'elle a fait d'accepter une mission auprès du gouvernement.
 
Car enfin, pendant que les rideaux de fumée masquent l'actualité parlementaire, le budget passe, avec son cortège de décisions scandaleuses, d'abdications de la sagesse de l'État, d'amputations de la protection administrative et sociale qui s'étend avec difficulté déjà sur les plus faibles.
 
Et enfin, peut-être n'y a-t-il de sa part qu'un aveu, à peine implicite, d'une vraie conviction qui rejoint celle de Sarkozy : la démocratie est trop fragile pour qu'on la confie aux électeurs. 
 
Comme la commission Balladur a émis, paraît-il, l'opinion que les candidats à la présidentielle devraient être sélectionnés par un vaste collège d'élus. C'est un retour, soit dit en passant, dans l'esprit sinon dans la forme, aux dispositions de 1958 qui prévoyaient que le président de la république était élu par un vaste coillège d'élus (y en avait-il dix mille ?). On ne va tout de même pas laisser les électeurs décider qui est le bon candidat.
 
c'est la même démarche : les experts ONG interlocuteurs exclusifs des ministères à l'exclusion des citoyens, les élus désignant les candidats à présenter aux citoyens (ce qui, au passage, matérialise le monopole ou l'emprise croissante des partis politiques sur la vie publique), les partis gouvernés eux-mêmes par des oligarques choisissant dans des comités théodules obscurs les candidats que les partis devraient présenter aux élections.
 
Contre tout cela, il faut relire la belle profession de foi de Quitterie Delmas et se dire que les corps intermédiaires ont un rôle plus grand à jouer qu'aujourd'hui, mais que ce ne doit pas être au détriment de l'expression des citoyens mais à celui des adiministrations.
 
Notre pays souffre de trop de procédures administratives trop lourdes et de trop de mainmises de petits milieux et d'instances sournoises, ce que feu Raymond Barre, à son meilleur, avait nommé des "microcosmes". Il a besoin de plus de participation de citoyens plus attentifs et plus courageux.

23:00 | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : politique, MoDem, Lepage, Bayrou, Sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Les centristes se sont fait acheter (Mercier clame à qui veut l'entendre dans le Rhône qu'il sera ministre en janvier) alors pourquoi pas les ONG.
Quant à la comission Balladur, c'est vraiment honteux qu'on parle à son sujet de révision de la constitution. Ce n'est même pas un toilettage mais j'ai entendu un de ses rapporteurs assurer : les Français aiment la Constitution de 58.

Écrit par : Rosa | 27/10/2007

La démocratie participative est une immense rigolade. Les corps intermédiaires sont indispensables. Je n'ai aucun prétention de connaître les problèmes environnementaux. Je préfère nettement qu'un Jancovici parle à ma place que moi, pauvre hère certes citoyen,mais pas plus avancé pour autant. La démocratie représentative a certes créé une nouvelle aristocratie, encore que je ne suis pas sûr qu'elle a jamais disparu au travers des siècles, si on prend l'aristocratie au sens où les Grecs l'entendaient. Quand bien même toi-même voudrais prendre part au gouvernement de la chose publique, dis-toi bien que tu en fais partie intégrante, de cette aristocratie. Et je ne considère pas que cela fut honteux. En rien.

Écrit par : Félûre | 28/10/2007

Je me rappelle le débat Sarko et Ségoléne quand Sarko disait :Mais Madame Royal il faut agir c'est la troisième fois que vous me parlez de réunir les acteurs sociaux,c'est pas comme ça que l'on gouverne Madame Royal.En tout cas moi je n'ai pas assez des deux mains pour compter les comités mis en place......Pierre

Écrit par : ulm pierre | 28/10/2007

@ fêlure

Relisez le texte e Quitterie elmas : elle dit parfaitement ce qu'il faut dire aujourd'hui sur les relations entre les instances associatives et représentatives et les individus.

Écrit par : Hervé Torchet | 28/10/2007

Désolé, mais Quitterie Delmas ne m'intéresse pas.

Écrit par : Félûre | 28/10/2007

Je partage entièrement le point de vue de Félure d'ailleurs je file sur son site.
Ségolène s'est plantée à cause de sa campagne dite participative.
En revanche la proportionnelle est vraiment indispensable pour renforcer la démocratie.

Écrit par : Rosa | 28/10/2007

@Rosa

Ne rêve pas Rosa tu n'aura pas de proportionnelle ni venant de gauche ni venant de droite,pourquoi? tout simplement parce que ça profite à chacun à tour de rôle depuis bientôt 50 ans. Pierre

Écrit par : ulm pierre | 28/10/2007

Si Rocard l'avait instauré et la droite s'est empressée de la supprimer...

Écrit par : Rosa | 28/10/2007

@ Fêlure

Moi, si.

@ Rosa

Faux : Rocard s'est opposé à l'instauration de la proportionnelle décidée par Mitterrand. Mais je crois que c'était circonstanciel (Mittd faisait ça pour promouvoir le FN d'une part pour affaiblir la droite, mais aussi pq Minute avait révélé en 1984 l'existence de Mazarine et qu'il fallait acheter le silence. Je pense qu'aujourd'hui Rocard est pour une forte dose de proportionnelle.

Écrit par : Hervé Torchet | 28/10/2007

@Je pense Rosa que tu m'as mis le doute ,que tu confonds avec Joxe en 1986 car je pense que justement il a demissionné en 1985 car il était contre la proportionnelle.En revanche des députés l'ont réclamée en 1986 avec Joxe mais sans Rocard je crois mais tu me mets le doute....alors demandons à Hervé??????? Pierre

Écrit par : ulm pierre | 28/10/2007

Dans sa parodie-charge contre Le Pen, composée je crois par Bernard Mabille en 1984, Thierry Le Luron chantait (courageusement il faut bien le dire, car à l'époque il n'était pas encore question de la part d'ombre de Mitterand) :

"La proportionnelle bientôt légalisée
Fera de toi l'arbitre de l'Assemblée
A c'la Francois Mitt'rand n'est pas étranger
Souvenirs ... attention ... danger "


http://fr.youtube.com/watch?v=iJoXrVZJp_A

Écrit par : André-Yves Bourgès | 28/10/2007

@ André-Yves

Pour une fois, l'imitation vocale de Serge Lama n'est pas extraordinaire ; en revanche, le texte est superbe et dit bien ce qui se passait en 1984.

Écrit par : Hervé Torchet | 28/10/2007

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