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08/01/2008

Du rififi dans le landerneau littéraire ?

La démission de François Nourrissier de l'académie Goncourt fait suite à l'échec commercial du dernier prix Goncourt, largement devancé par le prix Renaudot.
 
On signale que le dernier vote de l'académie avait nécessité 14 tours de scrutin pour parvenir à décerner le plus célèbre des prix littéraires francophones et que le mode même de fonctionnement de l'institution avait été mis en cause. Peut-être l'urgence du renouvellement des générations se fait-elle jour là aussi.
 
Quoiqu'il en soit, le départ de Nourrissier, tout puissant dans les prix littéraires depuis de nombreuses années, est un événement aussi marquant que l'échec du Goncourt.
 
Je souhaite personnellement que cet électrochoc contribue à ramener la littérature francophone vers ce qui a fait sa sève dans le sillage des naturalistes et des Goncourt : la réalité. Que l'on nous écrive la réalité. C'est tout ce que l'on demande aux livres ces jours-ci. 

16:16 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, écriture | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Le devenir commercial Goncourt déterminerait le prix. je pensais que c'était la qualité littéraire.

Et puis les gens ne lisent plus ils regardent les photos. Ils devraient plutôt réorienter le prix goncourt vers les couvertures de magazine. Succès immédiat assuré. Et puis ce serait toujours dans le sillage des "naturistes"

And the winner is Closer to Manaudou ;-)

Écrit par : Farid | 08/01/2008

Heureusement que depuis le naturalisme - et avant celui-ci -, il y a eu d'autres tentatives en littérature !
Peut-on jamais écrire la réalité ? Le réalisme ne peut pas exister en littérature. C'est un leurre.
Et on ne peut quand même pas mettre le XXe siècle à la poubelle !
Quant au Goncourt, y a t-il jamais été question de littérature ? Ce n'est qu'une grosse magouille (pour rester poli et dans le cadre de ce que la loi me permet de dire) entre maisons d'édition.
C'est connu comme le loup blanc surtout quand vous travaillez come moi dans le milieu du livre.

Écrit par : Philippe | 08/01/2008

Oh là là Hervé, cette apologie du "naturalisme" et d'une forme de "littérature-réalité" me paraît un peu spécieuse : à quand par glissements successifs une défense et illustration du "réalisme centriste", nouveau corps de doctrine artistique et littéraire qui serait à Bayrou ce que le "réalisme socialiste" et le "Proletkult" ont été à Lénine ?

Les mânes du père Hugo qui vous est si cher doivent en gémir !

Quant au jury du prix Goncourt, il ne s'est pas toujours mal comporté en honorant Proust, Malraux, Gracq, Gary, Vailland, Laurent...

Bien cordialement.

Écrit par : André-Yves Bourgès | 08/01/2008

Pour moi un seul prix tient lieu de référence : le Goncourt des lycéens. Sincère et exigeant. Cette année "Le rapport de Brodeck" de Philippe Claudel, remarquable.

Écrit par : Rosa | 08/01/2008

@ Anfré-Yves

L'ambition des naturalistes et des gens de la trempe et de l'époque des Goncourt concernait la réalité comme matière littéraire. Je rens donc aux petits césars Jules et Émile (qui vivaient à deux pas de chez moi) ce qui leur appartient. "Les racines du ciel", Goncourt 1956, est un intéressant livre sur la réalité euro-africaine d'alors. Le Malraux couronné est un bon roman. Il y a eu du bon Goncourt. Mais le système a dégénéré dans cet hydre à trois têtes que l'on dénommait GalliGrasSeuil et qui est entré en crise le jour où le Seuil a été racheté par La Martinière.

Sous l'ère GalliGrasSeuil, à l'époque des Yves Berger et consorts, l'usine produisait de l'étiquette prix littéraire à la chaîne. Ce système est peut-être arrivé au bout de son souffle. Et il faut remarquer que cette crise est concomittante avec l'émergence d'un nouveau type d'agent littéraire à l'Américaine qui a tendance à ravaler l'éditeur au second plan. Il s'agit donc bien d'une question de pouvoir. Qui décide qui vend quoi, combien et à qui ? Enjeu industriel à fort impact littéraire. Les prix littéraires arbitraient, les grandes maisons se partageaient les prix, tout ce monde-là était content et vivait bien au chaud.

Quoique.

Notez le fait que cette crise arrive peu de semaines après que Time a fait sa une sur la crise de la culture française.

En vérité, les éditeurs vivent très difficilement depuis plusieurs années, une maison prestigieuse comme Grasset en est réduite à publier des mémoires de joueurs de football pour arrondir ses fins de mois. Les prix littéraires étaient leur dernier rempart. La double crise constituée par l'échec commercial du Goncourt et l'apparent scandale du Renaudot qui a été décerné par des jurés dont aucun ne l'avait inscrit sur sa première liste, cet apparent scandale donc, a matérialisé la crise, l'a déclenchée.

Aboutira-t-elle à un simple changement de génération ou à une mutation plus en profondeur ? L'apparition des agents littéraires me suggère la deuxième hypothèse. Il est probable qu'une période littéraire (pas la meilleure) s'est refermér aujourd'hui. Pour une meilleure ?

Écrit par : Hervé Torchet | 08/01/2008

@Rosa
très juste constat ! C'est le seul prix auquel je me fie.

Écrit par : bertin | 09/01/2008

Les commentaires sont fermés.