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06/03/2008

Quitterie Delmas pour l'égalité dans la diversité.

Jusqu'ici, je ne m'étais rendu qu'une fois dans le Xe arrondissement pour une réunion politique, c'était en 1986, pour les régionales, sous la présidence d'Alice Saunier-Séité, alors élue de l'arrondissement. Une ex-gloire du giscardisme déjà oubliée, qui a ensuite connu un bref regain d'intérêt lorsque Giscard, dans l'un de ses tomes de mémoires, s'est souvenu avec une émotion palpable du "galbe" de ses mollets, que j'avoue n'avoir pas remarqué en 1986.
 
Il me semble que cette réunion avait eu lieu dans la même salle de la brasserie "Les alizés" de la gare du nord, à Paris.
 
Nous y étions invités ce soir par un ensemble de têtes de listes du MoDem du centre et de l'est parisien : Géraldine Martiano sur le territoire de laquelle l'affaire se passait et qui donc invitait, Fadila Mehal du IVe, Olivier Pagès du XIe, Syrine Catahier jolie tête de liste du XVIIIe, Violette Baranda du XIXe, auxquels se joignait Armand Hennon, qui je crois est élu sortant du XIe, et François Florès deuxième de la liste du XVIIIe, ainsi que de nombreux colistiers du Xe.
 
Il s'agissait de voir une vidéo tournée par l'un de ces colistiers et d'en débattre.
 
Adnan Azzam, le colistier en question (sixième sur la liste du Xe), n'est pas un inconnu : il a animé la "marche de l'égalité" dans l'été 2006 et préside l'association "La France qui marche".
 
Autant le dire tout de suite, la soirée n'a pas manqué de me surprendre.
 
La vidéo (un bon film) elle-même relate une marche faite par Adnan et ses amis de Marseille à Paris, à la fin de l'été 2006. Ce qui y étonne le plus, ce sont... tous les élus UMP qu'on y rencontre, à l'exclusion d'une autre famille politique (sauf Bernard Stasi, vétéran du centrisme, d'ailleurs fils d'immigré italien) : d'une élue de la majorité marseillaise à Serge Dassault à Corbeil.
 
On commence par se dire ... que d'UMP.
 
Puis on réfléchit. Et on se dit : "mais ce ne serait plus possible aujourd'hui, ce film, pas dans l'UMP de Sarkozy président". Et alors on comprend. Et on est presque surpris de n'avoir pas vu la bouille d'Azouz Begag dans la vidéo.
 
Le deuxième choc, plus diffus, a été le glissement rapide de la thématique du débat : on commence sur l'égalité des chances, puis on dérape sur l'identité (le concours de bigarrure est alors ouvert) et de là sur le débat entre laïcité passive et laïcité active.
 
Les références religieuses montent malgré l'effort de Violette Baranda qui invoque hautement son militantisme de la laïcité "à la française" (elle fille d'immigrés espagnols), et celui d'un autre qui réfute l'idée de "discrimination positive". Après ces hors-d'oeuvres, on voit Mounir, juif converti à une confession que j'ignore, et qui s'exprime pour le "droit à la différence", puis Mickaël Sarfati qui rappelle que son nom signifie "français", mais qui n'a pas pu être déclaré sous son prénom de Mickaël à Angers dans les années 1960, qui alors ne figurait ni dans le calendrier des postes, ni dans celui des mairies.
 
Qu'il se rassure : les Bretons connaissent moult cas d'enfants prénommés Aourken ou de divers prénoms celtiques et à qui l'administration tâtillonne, jusqu'à la réforme de la loi, refusait aussi la déclaration.
 
J'irais même jusqu'à invoquer, à l'intention toute spéciale de Quitterie qui aime ce genre d'histoires, celle de ma grand-mère maternelle, née belge au Pérou, d'une mère anglaise (elle-même issue de parents juifs, l'un askénase, l'autre sépharade, tous les deux convertis à l'anglicanisme), bref, née en 1903, il fallut la baptiser, son père étant catholique de tradition. On alla donc à la cahédrale de Lima et tout se passait bien, jusqu'au moment où mon arrière-grand-père indiqua qu'il voulait prénommer sa fille "Diane". Hélas, pas de sainte Diane dans le calendrier de l'église péruvienne. Ma grand-mère fut donc baptisée Rose du nom de la patronne de la cathédrale Sainte-Rose de Lima. Ce fut l'unique fois de sa vie qu'elle porta ce prénom, qui ne figura même pas dans sa déclaration légale parmi ceux que son père, pourtant généreux (elle avait sept prénoms) lui donna. Sa brouille avec ses prénoms la poursuivit d'ailleurs toute sa vie : en Belgique, on déclare les prénoms du moins usuel au plus usuel. Elle se prénomma donc Régine etc etc Diane. Or elle épousa un Français et pour l'administration française, elle ne se prénomma jamais que ... Régine. On a connu plus gracieux.
 
Quoiqu'il en soit, ce soir, on est tombé d'accord sur un point précis, notamment ceux qui ont côtoyé la gauche durant des années : le MoDem promeut activement la diversité, là où la gauche la comprime constamment. Forts applaudissements sur le constat du retard de la gauche quant à la diversité.
 
François Florès ajouta qu'il était surpris de n'avoir entendu personne évoquer le principe du vote des étrangers, sur lequel un consensus existe cependant au MoDem. Il reçut de forts appaludissements.
 
Un homme encore jeune, très barbu, se leva au milieu du débat et fustigea ce qu'il considérait être notre aveuglement, car le thème de l'égalité, de la diversité, n'est pas celui qui domine les esprits, mais bien la faim, la gêne, la misère. Il ajouta qu'avec un État en banqueroute, il n'était plus possible de rien faire pour lutter contre. Il se dit centriste parmi les siens et se rappela à voix haute avoir voté Raymond Barre en 1988, un homme qui, selon lui, avait laissé la France en situation excédentaire (c'est assez vrai). Il regretta avec vigueur que Bayrou invoque le thème de la France tranquille, car il aurait mieux valu élire Barre que Mitterrand. Il révéla en passant avoir été SDF durant plusieurs années. Et sur toutes ces apostrophes faites d'une voix tremblante, il ramassa sa veste et s'en alla comme on s'enfuit, un peu en colère, un peu honteux.
 
Puis on reprit. Un autre, se présentant comme candidat "vert" dans le VIIIe et ayant voté Bayrou au premier tour de la présidentielle, fit un long show pour évoquer divers aspects politiques qu'il traita avec humour.
 
Ai-je oublié quelqu'un ?
 
Oh, un clin d'oeil à Fadela Mehal, qui a beaucoup fait rire quelques-uns de nos amis quand, évoquant le IVe arrondissement où elle est candidate, elle a voulu revendiquer, certes, d'être musulmane dans un quartier empli de catho, mais surtout femme candidate dans un quartier plein d'hommes ayant (on a senti qu'elle cherchait ses mots) "une sexualité spécifique". Trois de nos amis se sont littéralement tordus de rire devant cette expression embarrassée. Mais c'était bon enfant, car l'intention de la candidate était bonne.
 
Ai-je oublié quelqu'un d'autre ? 
 
Ah oui, Géraldine, tout d'abord, qui a ouvert le ban. Elle a développé un long plaidoyer pour ce que je synthétiserais du vocable commode d'"humanisme", pris sous son aspect d'intégration de la diversité au choix politique.
 
Armand Hennon ensuite, qui a très bien joué son rôle d'animateur du débat.
 
Et notre Quitterie Delmas. Elle était accompagnée de plusieurs de nos "citoyens démocrates" : Virginie Votier, Fabien Neveu, Franck Vautier et Benjamin Sauzay. Elle se réjouit qu'en organisant le renouvellement des générations, le MoDem ait démontré qu'il était un parti qui tient ses promesses.
 
En sortant, on s'interrogeait sur l'étrange partie de poker qui semble s'être engagée entre le MoDem (Marielle surtout) et Delanoë au sujet du second tour. La veille, Bayrou citait le cas de 2001 où Delanoë a été élu maire en étant minoritaire en voix, et paraissait se demander si la même mésaventure inversée ne pourrait pas priver le maire de Paris de sa réélection en cas d'erreur d'alliances.
 
Aujourd'hui (ou plutôt hier puisqu'il est minuit passé), on a entendu Patrick Bloche et François Hollande réfuter tour à tour toute hypothèse d'alliance MoDem après que Delanoë eut laissé une porte plutôt ouverte.
 
En somme, dans cette affaire, c'est un concours de connerie qui a commencé. Or il faut le savoir, quand on joue au plus con, on gagne toujours.
 
Hollande reste cambré sur ses alliances paléolithiques avec des Verts fantômatiques et un PCF infragroupusculaire (une pure logique d'appareils et de notables, une vraie logique SFIO). Mais si j'ai bien entendu ce que Delanoë a dit, lui ne compte pas se laisser dicter ses choix par l'appareil du PS. Ce qu'a dit Bloche est plus inquiétant.
 
Depuis le début, je pense que la position du MoDem dans le XIIe et le XIVe, les deux arrondissements-clefs de l'élection, rend l'alliance MoDem incontournable pour Delanoë. Je continue à le penser, d'autant plus que je la crois fructueuse pour tout le monde, à commencer par les Parisiens.
 
Qui plus est, la dynamique de fin de campagne du MoDem, haussière, semble se faire depuis que l'électorat a acquis la conviction que l'intention du MoDem parisien est de s'allier avec le PS. Cette alliance me paraît être celle que souhaite l'électorat majoritaire.
 
On comprend que les susceptibilités des uns et des autres soient délicates et qu'il faille agir avec délicatesse pour cet accouchement, mais je souhaite que l'intelligence prévaille sur la sottise. Ca nous changerait.

Commentaires

Olivier,

Je te remercie pour ta participation à notre réunion du 5 mars consacrée au mieux vivre ensemble dans une société plurielle respectueuse de l'égalité des chances.

Comme tu as pu le constater cet objectif a été atteint par le débat qui s’est déroulé sur cet aspect de la citoyenneté et par la représentation de la diversité dans son ensemble.

Je voudrai, en tant que président de l’association « La France qui marche », apporter des précisions sur le film « la marche des valeurs pour l'égalité des chances et le respect des cultures ».

Ce dernier retrace les points forts de la marche de l’association, que je préside, faite dans le cadre de l’égalité des chances, grande cause nationale de l’année 2006.

Cette marche a été l’occasion de réunir plusieurs milliers de citoyens, et plus particulièrement des jeunes, et de mettre en relation les élus de toutes tendances, des chefs d’entreprise, les associations et les citoyens, d’engager ainsi un dialogue pour une société respectueuse des origines et des mérites de chacun.

A ce titre, nous avons sollicité le concours des Préfets à l’égalité des chances concernés par cette marche, en l’occurrence ceux de Marseille, Lyon, de Seine Saint Denis, du Val d’Oise….Ils ont tous répondu à notre appel en apportant le concours de l’Etat pour le bon déroulement de cette manifestation et en participant à cette marche.

Nous avons convié des personnalités économiques, sportives, politiques et artistiques à participer comme ils le pouvaient, quelque soit leur engagement à cette marche et informés tous les médias de notre démarche. Nous avons ainsi travaillé avec ceux qui nous ont répondu. La plupart des élus de gauche, à l’exception de Lyon, n’ont pas répondu à cet appel de citoyenneté malgré nos nombreux coups de fils et de correspondances. Je regrette que leurs paroles ne se traduisent pas en actes et qu’ils ne se manifestent ouvertement qu’au moment des échéances électorales. La participation des élus de droite est le résultat de leur volonté de participer à cette démarche citoyenne et non de mon fait. J’ai travaillé avec ceux qui ont répondu à mon appel.

Enfin en ce qui concerne Azouz Begag, le collectif des associations pour l’égalité des chances, dont j’assumais le secrétariat général, a du se battre pour obtenir son appui dans les actions menées.

Pour mémoire ce collectif regroupait, outre la France qui Marche, Sos-Racisme, l’Autre Cercle, le Planing Familial, Braves Garçons d’Afrique, Arborus, Averoes, L’Afip, Capdiv, la Ligue de l’enseignement.

Reste à te rappeler que mon ami Bernard Stasi est d’origine espagnole et non italienne et plus précisément de Barcelone.

Adnan AZZAM
Président de l’association la France qui marche

Écrit par : Adnan Azzam | 07/03/2008

@ Adnan

Merci de ces précisions ; aujourd'hui, rares sont les élus de droite aussi qui se manifesteraient.

Écrit par : Hervé Torchet | 07/03/2008

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