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27/06/2008

J'assume.

Depuis plus d'un an, la droite décomplexée est au pouvoir. Décomplexée ? c'est donc qu'elle assume. Qu'elle assume quoi ? d'être de droite.
 
Diable !
 
De droite.
 
Voilà qui est vert, en effet. 
 
Mais non, ce que cette droite assume, ce n'est pas d'être de droite, c'est de s'en foutre de servir les puissants au détriment des faibles. Car il y a bien deux droites : la droite égalitaire et la droite inégalitaire. La première mitige sa ligne d'autorité d'une touche d'égalité, c'est plus convenable, et c'est ainsi que l'on parle de droite complexée, n'allant pas jusqu'au bout de sa droite.
 
Pour dire la vérité, décomplexée fait forcément référence à la période précédente, celle avec laquelle elle (la deuxième) se veut en rupture. Disons, en substance, tout ce qui a été fait depuis... depuis au moins 1945.
 
La vraie droite, celle de l'argent, n'aurait jamais voté ni les principes du Conseil National de la Résistance, ni la loi de 1948, ni la mixité des classes d'écoles, ni la légalisation de l'avortement, ni la majorité à 18 ans, ni les lois Scrivener et autres, ni a fortiori les droits des salariés dans l'entreprise, l'abolition de la peine de mort (pour les gueux), et, pour creuser encore, elle se tâte sur les congés payés et reviendrait bien sur le deuxième jour de repos hebdomadaire (la "semaine anglaise"), il ne lui déplairait pas de rendre le bas peuple à la férule sourcilleuse d'un clergé très séculier et punitif, bref, cette droite décomplexée, c'est tout simplement la Terreur blanche.
 
Passons. Cela, je n'assume pas. Je ne m'y vois pas.
 
Voici une vingtaine d'années, j'en ai déjà parlé, parmi les adhérents et cadres de feu le CDS, on débattait gravement pour savoir si l'on était, oui ou non, centriste. Cette querelle byzantine se prolongea avec l'accession de Bayrou à la direction d'abord de ce CDS, puis de feue l'UDF. Bayrou le disait et le répétait à chaque réunion où je l'ai vu de près - et il y en a eu un certain nombre par exemple pendant la campagne interne de feu le CDS, je me souviens de certains dîners où Bayrou parlait avec peu d'affabilité de Giscard et se souvenait à haute voix de Lecanuet (mort depuis peu), Bayrou  critiquait le tempérament altier et l'ambition aristocratique, qui faisaient de Giscard un homme d'un autre monde que Lecanuet et lui Bayrou, qui se plaçait dans le sillage du vieux chef des centristes de sa jeunesse et, bref ...- et toujours, lorsque quelqu'un employait, au cours d'une réunion, le mot "centriste", Bayrou tiquait. À la tribune, il le répétait : "Je n'aime pas le mot centriste, je préfère central".
 
Et finalement, je suis venu sur ses positions, j'ai trouvé qu'il avait raison sur ce point. Mais dans la période précédente, je voyais tous les petits notables du CDS qui se tortillaient comme des vers dès qu'on prononçait le mot centriste, alors qu'il me semblait qu'il fallait au contraire l'assumer, car il disait bien notre différence de nature d'avec la droite avec laquelle nous gouvernions hélas. Ils cherchaient mille autres mots pour se qualifier, qui permettaient de se continuer dans la mouvance du CDS, sans cependant fâcher quiconque autre, bref, c'était ridicule, hypocrite, et ça ne pouvait pas durer. Ca a pris fin.
 
On s'est mis à assumer l'indépendance dans un périmètre central. Progrès. J'ai bien assumé.
 
Seulement voilà : le curseur politique s'est déplacé et de nouveaux vides non centraux ont réclamé qu'on les occupât et seule la mouvance bayrouiste, in fine, s'est avérée capable de les combler. C'est un kaléidoscope avec des paillettes vertes, bleu pâle, oranges, roses, incolores, nacrées, irisées, se fondant et se mélangeant sans cesse. À ce kaléidoscope, comme d'ailleurs à la nature centrale, il a fallu une traduction politique. J'avais dit avant l'élection (assez longtemps avant, avant la création du MoDem, je crois) :
 
- Ces municipales seront un succès et nous aurons affirmé notre indépendance si nous sommes capables de faire élire des gens sur des listes à direction de droite et sur des listes à direction de gauche (comme bien entendu sur des listes non latéralisées, voire même, quel exploit, sur des listes à direction démocrate).
 
Je dois dire que cet objectif a été atteint, mais il a révélé certaines de nos faiblesses, auquel il faudra remédier. J'assume à la fois mon opinion initiale, la part d'erreur qu'elle comportait et ma modeste part du résultat, modeste lui aussi.
 
Seulement, je dois reconnaître que je ne peux pas assumer autant les municipales, trois mois après, que je le devrais : un événement s'est produit qui a fait que je ne m'y suis guère intéressé, mon investissement affectif n'y a pas été aussi entier que dans les scrutins précédents.
 
Il faut que je parle de Quitterie Delmas. Le fait qu'elle n'ait pas été candidate a incontestablement pesé sur mon implication dans l'élection. Sans elle, il manquait l'essentiel.
 
Je ne partage pas toutes ses utopies, elle ne donne pas la même traduction que moi à la défense des faibles, par exemple, nos références se côtoient parfois sans se rejoindre, et surtout, elle croit dur comme fer des choses que je ne crois plus possibles, elle veut des choses, elle les voit, elle tient ferme le cap, celui de ses amis altermondialistes, par exemple, elle se bat pour des vertus dont je suis fort désabusé, mais ce qu'elle dit, ce qu'elle veut, je le dis aussi, je le veux aussi, et peu à peu, je m'en imprègne, je l'assume. Et cela, je le répète puisque tout le monde le sait et que sans doute elle ne m'en tiendra pas rigueur, c'est parce que j'assume de l'aimer.

22:47 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : politique, sarkozy, quitterie delmas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Assumer d'aimer quelqu'un , c'est tout à ton honneur. Je n'y vois rien de choquant. Aimer le combat mener par une personne finit par transposer cet amour sur la personne elle même. j'espère seulement que vous n'êtes pas trop nombreux . 'trop d'amour tue l'être aimé.
De mon côté tu peux être tranquille, je ne ressents absolument rien ni pour elle, ni pour ses projets . Je ne la connais pas. je ne patage pas sa stratégie ni la voie qu'elle emprunte pour arriver à ses fins. Mais je respecte son cheminement. C'est pour cette raison qu'il ne me semble pas que je l'ai une seule fois mal critiquée.

Écrit par : houhou | 28/06/2008

" Progrès. J'ai bien assumé. Seulement voilà : le curseur politique s'est déplacé..."

Tout pareil, depuis que la droite est repassée :

Je m'ennuie souvent / Des fois je m'ballade / Ça dépend…

Écrit par : FrédéricLN | 28/06/2008

Et Quitterie que fait-elle de cette passion?
Esther

Écrit par : Esther Ruben | 29/06/2008

J'imagine qu'elle admire un attachement tel que celui d'Esther Ruben pour ce blog ?

Écrit par : FrédéricLN | 30/06/2008

Moi ce n'est pas de l'attachement, c'est pire: c'est de la fascination...
Esther

Écrit par : Esther Ruben | 30/06/2008

J'aime bien ce billet. J'ignorais que Bayrou disait déjà "central"
salutations

Écrit par : Le Petit Grognard | 01/07/2008

Les commentaires sont fermés.