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18/09/2008

L'Amérique se cherche-t-elle un nouveau modèle de croissance ?

François Bayrou le rappelait lors de l'Université de rentrée des Démocrates, les États-Unis ont opéré, dans les années 1970-80 un revirement profond de leur modèle de croissance : jusque-là, c'est par la classe moyenne que l'essor se nourrissait, par l'accession du grand nombre à une consommation abondante, et donc par un modèle fondé sur un enrichissement des modestes. Avec le reaganisme, l'inégalité est devenu le moteur de la croissance. Bayrou en concluait : "méfions-nous car, voyez-vous, ça marche ! ce système marche !"

Ah bon ?

Est-ce si sûr ?

La crise actuelle n'est-elle pas au contraire le fruit de l'accentuation des inégalités depuis 25 ans ? Le fait que l'on évoque sans cesse la crise de 1929 (et non pas celle de 1973) n'est-il pas significatif du fait qu'inconsciemment, nous savons que c'est parce que le pouvoir américain est revenu sur de nombreuses réformes du "new deal" de Roosevelt qu'aujourd'hui les États-Unis sont plus fragiles qu'hier ?

La croissance par l'inégalité s'est accompagnée d'un développement faramineux des nouvelles technologies de l'information. Le moteur de la croissance, dans le dernier quart de siècle, ce fut l'informatique, puis ce qu'on appelait au début en France (vers 1986-7) les "autoroutes de l'information", l'Internet. Or le modèle américain, comme Cendrars le montre très bien dans son roman "L'Or", est fondé sur la logique des filons, on trouve un filon, tout le monde se précipite, on exploite le filon, on l'use jusqu'à la corde, jusqu'au-delà de l'épuisement, puis on passe à un autre filon. Et le filon informatique est tari, il porte encore une croissance, certes, mais insuffisante pour devenir le moteur d'une économie. Il est en vitesse de croisière. Il faut donc trouver un autre filon.

Pour certains, c'est la guerre. La logique de la guerre en Irak est en effet très keynésienne, du point de vue américain : par la dépense publique, on relance la croissance. La recherche militaire peut servir à toute l'économie, Internet est là pour le prouver, et donc non seulement la fabrication d'armes nourrit des ouvriers, mais la reherche des industries d'armement propose l'avenir. C'est la logique de Bush et celle de McCain. en fait, c'est un échec, car rien n'en est sorti de solide cette fois-ci.

L'autre hypothèse que l'on rencontre, c'est l'économie durable, l'économie écologique. Là, les gisements de croissance sont énormes et les industriels américains, paraît-il, déjà tout prêts, dans les starting-blocks.

Seulement, cette économie-là nécessite des revirements culturels profonds de l'Amérique. Elle est incompatible avec McCain, incompatible avec le tout-pétrole, avec en fait tout ce qui s'est dit et pensé dans les milieux américains depuis déjà de nombreuses années.

La croissance par l'écologie, si elle voit le jour, signifiera donc une nouvelle mutation en profondeur de l'éthique sociale, sans doute un retour vers l'idée d'égalité, de développement par le grand nombre. La crise actuelle solde peut-être la période précédente, ce n'est peut-être qu'une épouvantable purge avant un rebond qui sera salutaire dans tous les sens du terme, et que les Américains, ont le voit bien, identifient clairement avec Obama.

11:32 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : économie, international, états-unis, bayrou | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Developpement durable ou décroissance ?????

Que les Américin fassent comme leurs frères africains et leurs fréres asiatiques pour promouvoir une durabilité.En effet il faudrait 4 à 5 planètes si toute la population mondiale consommait comme un habitant des Etats Unis.
Alors monsieur Obama mangez moins de steacks et monsieur Mc Cain mangez moins de frites. (lol)

Pierre

Écrit par : ulm pierre | 18/09/2008

@ Pierre Ulm

Proposer la décroissance dans un monde où un milliard d'êtres humains ne mangent pas à leur faim est une lubie monstrueuse.

Écrit par : Hervé Torchet | 18/09/2008

Ton billet est bon.
Ton dernier paragraphe une excellente conclusion !

Écrit par : GuiGrou | 18/09/2008

@ Hervé Torchet

C'est pas à moi qu'il faut dire ça moi qui milite pour le développement durable mais à ceux qui militent pour la décroissance.A savoir ceux qui se sont inspirés à divers moment de l'histoire c'est à dire : l'économie politique,l'écologie et la thermodynamique associée à la complexité.J'ai mis des points d'interrogation aprés décroissance.

Certains théoriciens de la décroissance bénéficient en France d'une certaine audience médiatique,malheureusement.Désolé la décroissance n'est pas ma tasse de thé ( de Ceylan bien entendu ).
A bon entendeur...


Pierre

Écrit par : ulm pierre | 18/09/2008

Décroissance n'est pas un gros mot ... en revanche "croissance" ça l'est, et accoler "croissance" et "écologie" davantage. Cela a quelque chose d"irréaliste voire même de surréaliste.

Plutôt que de parler de "développement durable" ou de "croissance écologique, ne pourrait-on pas plutôt parler d'épanouissement durable ?

Ça procède, il est vrai d'une toute autre culture. Une culture que peu de personnes savent (du moins pour le moment !) cultiver.

Écrit par : Farid | 21/09/2008

Les commentaires sont fermés.