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25/11/2015

Assad, Erdogan : jumeaux sanguinaires, frères de sang

L'entrée du monde en guerre contre Daech, réclamée à l'unanimité par l'ONU, s'est compliquée aujourd'hui de la perte d'un avion Sukoi par les Russes, perte revendiquée par les Turkmènes, mais que le président russe Poutine attribue à un missile air-air, qui serait donc, selon lui, émané d'un avion de l'armée turque. Le président américain Obama a souligné que les forces russes présentes sur le terrain syrien gagneraient à se concentrer sur Daech plutôt que de bombarder les autres opposants d'Assad. Or en oubliant d'inviter les Turcs à une pareille concentration, alors que les forces turques bombardent régulièrement les Kurdes, autres adversaires d'Assad, en Syrie même, le président des USA a cédé à une regrettable dissymétrie, il a proféré une injustice, et il faut donc expliquer en quoi, malgré les apparences, Assad et Erdogan (le président turc qui en profite pour présidentialiser son régime) sont désormais frères jumeaux dans l'atrocité.

À ma droite, les exactions de Bachar El Assad sont connues. Le crime contre l'humanité est héréditaire dans sa famille, et je passe sur le refuge qu'aurait trouvé l'un des médecins fous des camps de la mort nazis auprès du régime syrien pour me concentrer sur ce que l'on peut reprocher à Bachar lui-même, les exactions de ses agents, les assassinats politiques, en Syrie et au Liban, peut-être l'usage d'armes chimiques contre sa population, bref, n'en jetez plus.

À ma gauche, les exactions imputables à Erdogan commencent à se faire jour à mesure que l'on découvre le soutien actif accordé par son régime à Daech. Pour la majorité, le pétrole de Daech file en effet vers le nord, c'est-à-dire vers la Turquie. On nous dit que celle-ci est excusable de ne pas pouvoir contrôler 900 km de sa frontière, mais une colonne de 1000 camions-citernes, je crois que cela se voit de loin, et l'on a le temps de prendre ses dispositions pour l'intercepter. Donc la Turquie empoche. Et plus précisément, dit-on, la famille Erdogan, ce que semble confirmer la nomination récente du propre gendre du président turc comme ministre de l'énergie. De ce fait, Erdogan devient automatiquement complice de tous les crimes de Daech. Extorsions, esclavage en masse qui est chez nous un crime contre l'humanité, et assassinats en masse à tendance génocidaire, avec usage d'armes chimiques. La panoplie complète.

On pourrait faire remarquer que comme Erdogan dirige un pays membre du Conseil de l'Europe et de l'OTAN, nous disposons d'armes contre lui. Or non, comme l'a montré le président Obama aujourd'hui, non contredit par le président Hollande, nous préférons nous acharner sur le président Poutine, toujours objet de sanctions alors même qu'on ne peut lui reprocher le dixième des crimes commis par Erdogan contre qui nous ne faisons rien. S'étale ainsi notre choix délibéré pour le principe léonin, que l'on nomme la loi du plus fort, le plus fort étant l'Amérique.

Or ce choix déséquilibré affaiblit notre argumentation lorsque nous négocions avec l'Iran et avec la Russie sur l'avenir d'Assad. En effet, si nous, démocraties, ne sommes pas capables de tout céder au principe de justice, et si nous lui préférons le caprice du plus fort, en quoi la position de caprice de l'Iran réclamant le maintien d'Assad à son poste serait-elle moins légitime que la nôtre ? En rien. Un principe ne se divise pas.

C'est d'ailleurs l'occasion de corriger un lieu commun sur une célèbre citation du professeur de tous les diplomates : Talleyrand. Il disait "Appuyez-vous sur les principes : ils finiront bien par céder". Nous avons l'habitude de préférer la commode et spirituelle interprétation de cette phrase : à force d'appuyer sur un principe, il finit par céder, et la puissance de la réalité triomphe. Et la fine phrase de Talleyrand attache un sourire réjoui sur nos lèvres. Or il existe une interprétation entièrement symétrique de la phrase du maître : appuyez-vous sur les principes, "ils" (vos interlocuteurs) finiront bien par céder. Ce qui me conduit à pencher pour la seconde interprétation est que lorsqu'il fut question de trouver un chef à la France, je crois que c'était en 1814, Talleyrand, pour résumer tous les atouts qui s'attachaient à Louis XVIII, indiquait : "C'est un principe", avec la force évidente des principes.

Hélas, les démocraties s'avilissent à ne pas défendre leurs propres principes, si bien qu'il est facile de les contredire et d'y déroger, ce qui permet à des Assad et à des Erdogan de prospérer, frères de sang, indissociables dans le forfait sanguinaire.

Et l'on comprend bien que la seule chose qui intéresse les gouvernants occidentaux déshonorés, c'est la part qu'ils prendront dans le pétrole, le gaz et le phosphate syriens, après Daech. Ils sont assis à une table de poker. Ils ne rejettent Assad que pour forcer celui-ci à troquer son maintien contre l'abandon de sa souveraineté énergétique, et ils ne critiquent les soutiens d'Assad que pour les forcer à préférer ce soutien à une part du gâteau. Plus l'Iran se cambrera pour maintenir Assad, plus la part iranienne du gâteau énergétique syrien sera petite. La Russie l'a d'ailleurs parfaitement compris : en abandonnant Assad aux Iraniens, Poutine peut se concentrer à la fois sur sa base navale et sur une part de gâteau consistante. Et si l'Iran et la Russie cèdent, alors c'est le double jackpot pour les Occidentaux, pour la léonine Amérique, car un régime faible abandonnera encore plus qu'un régime Assad aux compagnies occidentales. Pile je gagne, face tu perds.

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Tout ceci ne serait que la basse besogne ordinaire s'il n'y avait pas, encore une fois, des millions de déplacés, des vies à jamais brisées, et, plus encore, des femmes réduites en esclavage, des enfants massacrés, des hommes égorgés, décapités, brûlés vifs, gazés, mitraillés, et partout, obsédante, l'odeur du charnier.

Un jour, à ces dirigeants de tous ces peuples, américain, russe, syrien, turc, français, anglais, allemand, et à tous les autres, le tribunal de l'Histoire demandera des comptes. Et la note sera salée. Au moment où je l'écris, la douleur est encore plus forte que le mépris qu'ils m'inspirent.

08:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : syrie, iran, états-unis, erdogan, assad, talleyrand | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

21/04/2015

Trafics d'humains en Méditerranée

La multiplication des noyades de migrants en Méditerranée souligne l'impuissance des pays riches à décourager les pauvres de venir chercher l'Eldorado chez eux. Des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, jetés sur les mers par une cruauté ou l'autre, se trouvent chaque jour plus en danger que la veille. La cupidité des trafiquants et l'égoïsme des peuples européens versent ensuite des larmes de crocodile sur les morts de ces traversées tragiques.

barbaresques.jpgIl semble qu'une malédiction condamne la Méditerranée à porter depuis toujours des cargaisons humaines. Les Grecs, les Romains, les Arabes, et beaucoup d'autres, n'ont cessé d'acheminer sur elle leurs horribles frets humains d'esclaves. En principe, les naufragés d'aujourd'hui ne sont plus des esclaves, mais les otages de toutes sortes de mafias qui se servent de leur détresse et qui profitent d'eux pour passer aussi armes et drogues, parfois sous couvert de bigoterie. La férocité et les grands mots servent alors de méprisables paravents à des activités plus méprisables encore. Le brigandage rit de ce qu'il effarouche.

Autant le dire tout de suite : aucune politique d'immigration raisonnée, ni de quotas, ne viendra à bout de cette détresse. Les États-Unis ont tout cela depuis belle lurette, et cela ne les empêche pas de recevoir une immigration clandestine massive et d'ailleurs, disons-le, productive. Non, la seule solution consiste dans l'accélération du développement économique (déjà bien amorcé pour un nombre croissant de pays de l'Afrique subsaharienne) et surtout, dans des politiques de paix civile efficaces. Un Boko Haram, ce sont des dizaines de milliers de civils qui fuient. Nécessité fait loi.

20/01/2010

Obama se trompe sur Haïti.

Barack Obama est en train de commettre à la fois une erreur et une faute en Haïti.

L'erreur est factuelle : quand il explique qu'Haïti fait partie du bassin géographique des États-Unis, il se trompe. Haïti est un pays d'Amérique Latine, par toutes ses fibres, en même temps que d'Afrique par bien de ses traits culturels. Comme l'a rappelé en son temps le regretté Césaire, c'est d'Haïti qu'est parti Bolivar, le libérateur de l'Amérique Latine. Haïti a été la matrice de l'émancipation de toute cette partie des Amériques.

Même du point de vue de la diaspora, les États-Unis sont minoritaires : il y a, aux États-Unis, un peu plus d'un million d'Haïtiens (ils iraient volontiers tous là-bas, mais les Américains les rejettent suffisamment à la mer pour que ce chiffre n'augmente guère), il y en a un autre million en République Dominicaine hispanophone (qui partage l'île d'Haïti ou de Saint-Domingue avec la République d'Haïti), au moins cent ou deux cent mille au Canada (majoritairement au Québec, et francophones), et près de deux autres millions disséminés un peu partout, en particulier en Amérique Latine (au moins trente mille en Guadeloupe) et en Europe (plusieurs dizaines de milliers en France métropolitaine). Au passage, je signale que cette diaspora envoie chaque année environ un quart du PIB en invisibles en Haïti, soit environ un milliard de dollars.

Donc une erreur, qui est destinée à légitimer la domination, qui est une faute.

Obama a déjà laissé faire un coup d'état au Costa Rica dans des conditions qu'un vrai homme de démocratie n'aurait pas tolérées. Le voici qui, à propos d'Haïti, se vautre dans l'idée de domination. Les États-Unis veulent prouver au monde et à eux-mêmes qu'ils ne sont pas finis. Comment ? En écrasant le pauvre petit peuple haïtien. On a les victoires qu'on peut, mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, et surtout, cette décision brutale achève de dévoiler la vraie nature du pouvoir d'Obama : il n'est pas la libération (en particulier celle des noirs), mais la domination, la domination par l'Amérique, encore et toujours le projet impérial.

L'Amérique veut retrouver et prouver son "leadership" en piétinant Haïti, sous prétexte d'intervention humanitaire, c'est exactement ce qu'Obama a dit.

Et d'ailleurs, pour ceux qui douteraient de la vraie nature de l'intervention américaine, qu'on ne s'y trompe pas : les soldats  US envoyés là-bas sont blancs, bien blancs, caricaturalement blancs, pour que l'on sache bien qui est le maître. Obama se fait là le valet de la domination raciale, le principe de la domination blanche américaine a déjà été organisé en Haïti par les démocrates américains dans les années 1910.

Pourquoi est-ce une faute ?

Parce que le nationalisme haïtien est le plus ancien des Amériques après celui des États-Unis. Parce que les 15 000 morts de l'occupation américaine du XXe siècle ont laissé des traces de sang dans les esprits, même chez ceux qui ne savent rien de l'Histoire, autant que la colonisation française.

Parce que surtout, la vraie nature de l'intervention américaine se dévoilera tôt ou tard aux esprits les plus naïfs, et qu'alors, Obama sera aussi impopulaire que les dirigeants américains qui l'ont précédé.

Oui, décidément, nous pouvons nous dire que l'Amérique est incorrigible. Nous nous le disions lorsque les débats parlementaires sur la nouvelle Sécurité Sociale US rejetaient toute idée de structure publique et organisaient la domination de la nouvelle Sécu par les opérateurs vénaux privés, et lorsque le vote final imposait (grâce si j'ose dire à un sénateur démocrate !) que pas un sou d'argent public ne financerait l'avortement... Nous nous le disions lorsque le silence de Washington sur la situation du Costa Rica réveillait les souvenirs de la Banana & Fruit Republic.

Nous nous le disons aujourd'hui à propos d'Haïti.

Or c'est une faute, parce que les Américains eux-mêmes ne veulent plus entendre parler de cet esprit de domination, on les "possède" aujourd'hui par le mensonge de l'humanitaire, mais ils finiront par y voir clair. Et même ceux qui applaudissent aujourd'hui le retour du "leadership" (un "America is back" reaganien qui ne dit pas son nom) s'en mordront les doigts demain, car on ne peut pas sacrifier l'opinion publique internationale au nom de l'opinion publique intérieure. Désormais, pour les grands pays qui rayonnent dans le monde, ce sont les mêmes.

Obama, loup à la geule enfarinée ?

L'intervention américaine en Haïti a lieu, par une curieuse coïncidence, quelques jours à peine après les ratonnades anti-noirs de Sicile. Si l'on voit aujourd'hui les soldats blancs descendre d'avion pour s'emparer de la plus ancienne république noire du monde, on va se trouver assez vite gêné. Après tout, Obama est aussi blanc que noir, il y a en lui un Janus plus ou moins ensommeillé. La carte du vote Obama de 2008 montrait clairement que la question raciale avait été centrale dans le scrutin. Y a-t-il eu une usurpation, Obama est-il un blanc qui s'est, comme le loup de la fable de La Fontaine, enfariné la gueule pour pénétrer dans la bergerie ? espérons que non.

25/08/2009

1,9 million de milliards de dollars : la bataille de l'argent.

Oh, ne croyez pas que je sois en train de vanter les résultats financiers de la vente de mes livres, hélas, je n'en suis pas là... 1 900 000 milliards de dollars, c'est, selon le numéro spécial été du "Canard Enchaîné", la masse financière accumulée dans les paradis fiscaux pour alimenter la spéculation mondiale.

1,9 million de milliards de dollars, plus d'un million de milliards d'Euros... trente fois le PIB mondial, le PIB d'une génération entière, trente ans de PIB. 300 000 dollars par être humain, tous âges et nationalités confondus. La détention de monnaie signifiant une créance sur l'émetteur de la monnaie, cela signifie que chaque être humain doit en principe 300 000 Euros à ceux qui contrôlent ces fonds spéculatifs. Une famille de huit enfants qui vit avec 30 dollars par semaine a ainsi une dette théorique de 3 millions de dollars envers des gens qui se dorent la pilule aux Bahamas. Un cauchemar.

Face à cette somme astronomique et purement théorique, on comprend que les 10 000 milliards de dollars de casse dus à la crise des subprimes, qui hier encore nous faisaient pâlir, soient devenus dérisoires, anecdotiques, et que même les 28 000 milliards de dollars de capitalisation boursière effacés par la tornade financière de l'automne 2008 ne soient plus l'abîme insurpassable capable d'engloutir les finances du monde. 10 000 milliards de dollars, c'est 2 % de la capitalisation accumulée dans les paradis fiscaux. 28 000 $, 3 %. Une paille, un brin d'herbe dans la prairie des billets verts.

Pour une super-taxe Tobin

Accessoirement, si l'on analyse que l'endettement public mondial se monte à une année de PIB, eh bien, il suffit de taxer les capitaux des paradis fiscaux à hauteur de 3 %, et l'endettement public mondial aura disparu d'un coup, libérant des sommes considérables pour la santé, pour l'éducation... et pour les réductions d'impôts et autres charges sociales de l'économie réelle.

Alors, on s'y met quand ?

Et au-delà même, j'ai été frappé par la subite apparition de l'OMS cette année comme premier réelle agence fédérale mondiale, oui, la mondialisation appelle des formes gouvernement mondial, et on en tient une : l'OMS.

Bon, on peut s'interroger sur l'empressement de cette organisation à dramatiser une maladie, la grippe A H1N1, considérée comme plutôt bénigne pour sa catégorie, et dont la statistique mortelle est infinitésimale, on peut se demander aussi s'il n'y a pas un lobbying efficace de la part des fabricants de tamiflu et autres vaccins plus ou moins futurs, mais la réalité est là : si demain une épidémie réelle se déclarait avec tous ses dangers, les relais existent, les protocoles sont en place. J'ai eu l'occasion d'aller à l'hôpital cet été, et j'y ai vu les masques à l'entrée destinés aux précautions éventuelles. C'est une étape étonnante, spectaculaire.

Gageons que nous allons voir ces agences se multiplier et quadriller peu à peu notre espace vital, en bien comme en moins bien. Comme elles sont la conséquence inévitable de la mondialisation, on se félicitera des aspects positifs de cette évolution, et on tentera d'améliorer les autres.

Heu, sauf que... parmi les agences mondiales déjà connues, il y en a une, l'OMC, dont on connaît le principal défaut : elle est contrôlée par la puissance dominante, les États-Unis, comme d'ailleurs la Banque mondiale et le FMI. Contrôlée, car financée. Alors, il faudra innover et détacher les agences mondiales des états en coupant le cordon omblical.

À agences mondiales, il faudra un financement mondial. Et pourquoi ne pas créer la fameuse taxe Tobin, mais en l'étendant au financement des organisations étatiques mondiales ? Taxer les flux de capitaux est désormais une évidence éthique pour tout le monde, cela ne peut se faire qu'à l'échelle mondiale, et cela doit avoir un but mondial. Financer le gouvernement du monde par une taxe mondiale me paraît de bonne gestion.

Ensuite, il faudra songer à la coordination des agences mondiales.

L'échec du modèle américain, la solidité du modèle européen

Il y a deux façons d'envisager l'avenir du monde : la première, c'est un aréopage dominé par la puissance dominante (les États-Unis pour le moment), et cela s'appelle le G 20. La deuxième, c'est une construction d'égaux inspirée du modèle communautaire européen, comme les communautés européennes ont été regroupées en Union européenne après l'existence de traités et d'entités séparées.

J'ai été très frappé par la révélation des effrayants archaïsmes de la société politique américaine. On l'avait vu en 2000 avec la pathétique séance de recompte des cartons perforés en Floride, on s'aperçoit que ce n'est pas seulement le mode de scrutin, mais le squelette même de la société américaine, qui est à la fois vétuste et sclérosé, et encore plus vétuste que sclérosé.

J'ai lu quelque part des chiffres édifiants : les États-Unis consacrent 18 % de leur PIB à soigner leurs habitants, mais 15 % desdits habitants ne sont pas couverts et l'espérance de vie ne cesse de baisser aux États-Unis ; la France et l'Allemagne consacrent 12 % (un tiers de moins) de leur PIB à soigner leurs habitants, tout le monde est couvert, et l'espérance de vie continue à augmenter. La France est même (selon la CIA...) le troisième pays où l'espérance de vie est la plus longue, après le Japon et... Saint-Marin.

Cherchez l'erreur.

Y a-t-il preuve plus éclatante de la profonde inefficacité du modèle américain qui, outre son injustice honteuse, démontre sa contreproductivité manifeste ?

Bien sûr, c'est l'occasion pour nous de nous féliciter d'avoir si fort soutenu Barack Obama lors de la dernière présidentielle américaine. Nous avions raison, c'est évident, et s'il fallait faire quelque chose pour l'espèce humaine ces temps-ci, ce serait aller aux États-Unis soutenir Obama pour qu'il fasse passer son système de sécurité sociale qui a fait atteindre le point Godwin à la vitesse supersonique à une quantité invraisemblable de crétins dont l'Amérique a le tragique secret.

Alors évidemment, s'il faut choisir entre l'option G 20 et l'option Bruxelles, je choisis Bruxelles, sans illusions d'ailleurs sur les améliorations que le système européen réclame, notamment en matière de subsidiarité, de démocratie, et d'impartialité, mais avec la conviction que la régulation à l'Européenne (orchestrée, il faut le souligner, par les deux grands présidents de la commission qu'ont été Jacques Delors et Romano Prodi) est le modèle que le gouvernement mondial devra convoiter et approfondir s'il veut être efficace.

Je vais en trouver la démonstration dans le cinéma.

La Californie en plein naufrage

On avait vu, voici quelques années, la compagnie d'éléctricité californienne en pleine banqueroute. Terminator a terminé le travail en mettant l'état de Californie sur le flanc. On voyait aussi les techniciens du cinéma se plaindre des délocalisations croissantes des tournages qui, les un après les autres, fuyaient Hollywood, qui pour l'Australie, qui pour Seattle ou Vancouver, comme les 4 Fantastiques par exemple. Or je suis allé plusieurs fois au cinéma ces derniers jours. C'est significatif.

Aujourd'hui, j'ai vu le film autobiographique (ou d'autofiction) "le temps qu'il reste" du cinéaste palestinien Elia Suleiman, ou comment dire des choses graves sur un ton léger. Mais ce n'est pas mon propos.

Auparavant, j'ai vu plusieurs films présentés comme américains et... tournés en Europe : "Inglorious basterds" de Tarantino (une BD dont le propos serait risible sans l'intention délibérément décalée, et qui a la particularité de cartonner aux USA alors qu'on y parle surtout le français et l'allemand), tourné aux studios de Babelsberg à Berlin, "une arnaque presque parfaite" tourné en Serbie-Montenegro, en Tchéquie, en Roumanie, et "G.I. Joe" tourné à Prague et à Paris. Voici donc où les producteurs américains trouvent des liquidités alors que leur système bancaire fond à la même vitesse que la banquise des pôles : en Europe.

Oh, ce n'est pas que tout soit parfait en Europe : l'État britannique a dû injecter 44 % de son PIB d'une année pour sauver ses banques, la France en est, paraît-il, à 26 % d'aides directes et indirectes. Mais tout de même, la régulation existe.

Rappelons que le déficit budgétaire américain s'élève à bien plus de 10 % du PIB annuel. Rappelons aussi que ce qui, dans les années 1980, a coûté tant d'influence et de position à la France en Europe et dans le monde, c'était le différentiel de déficit et d'inflation par rapport à nos principaux alliés et voisins. L'Amérique peut croire qu'elle rebondira et effacera les abimes qu'elle creuse, ce n'est pas vrai : son déficit budgétaire kilométrique traduit implacablement la diminution de son influence. Les USA produisaient plus de la moitié du PIB mondial vers 1950. Ils sont autour de 20 %. Et par manque de rigueur, ils laissent filer ce qui leur reste. La croissance induite par ces déficits publics leur est si inférieure que ce sont près de 10 points de PIB que les déficits publics coûtent chaque année au pays...

La bataille de l'argent ne fait que commencer

Qu'on ne s'y trompe pas : la bataille pour sauver l'État américain de la faillite, nous la connaîtrons aussi en Europe et bien des structures étatiques vont succomber à la guerre financière qui s'annonce.

Les crapauds juchés sur leur million de milliards dans les paradis fiscaux, puisqu'ils ont de l'argent, veulent que cet argent ait un sens, qu'il leur permette de se soigner quand le péquin moyen crève dans la fièvre, qu'il leur permette de se loger, de se nourrir, avec un éclat qui traduise concrètement ce qu'avoir de l'argent signifie. En somme, ils vont continuer à dépenser des millions pour déclarer que l'État, c'est mal, qu'il faut démanteler les protections publiques qui sont aussi inefficaces qu'immorales. C'est bien ce que nous avons clairement lu et constaté dans le programme de la majorité française actuelle, cette volonté d'inégalité.

On nous dit dans la bonne presse que le prochain objet de la voracité des prédateurs du million de milliards, ce seront les endettements publics, les structures étatiques elles-mêmes. Certaines vont donc craquer, d'autres résisteront si leurs dirigeants agissent pour l'intérêt commun, pour le bien public, et non pour la sauvegarde des banquiers et autres gens de Neuilly (même ceux de "Neuilly sa mère" qui m'a fait rire).

Face à cette offensive qui s'annonce, nous pouvons bien entendu contribuer à l'émergence d'une solution politique, même si nous savons qu'il n'y aura pas d'Obama français.

Nous pouvons aussi nous engager avec les moyens qui seront les nôtres, à notre niveau, en consommant mieux, en vivant mieux, en utilisant notre marge de manoeuvre pour favoriser les producteurs et les marchands qui sont les moins liés à la logique des prédateurs des paradis fiscaux.

Rien n'est encore prévisible en matière politique, mais dans ce domaine au moins, il n'est besoin d'attendre le signe de personne pour agir, nous pouvons le faire sans délai, merci de nous l'avoir rappelé, merci Quitterie.

13/04/2009

Obama : voix des rêves oubliés, chagrin d'un songe.

Nous avions fait un rêve.

Nous avions fait le rêve que l'élection d'Obama ne serait pas que la première d'un non-blanc dans un pays qui pratiquait encore activement la ségrégation raciale voici à peine quarante ans. Nous avions fait le rêve qu'il serait aussi le président qui bousculerait les structures financières de ce pays qui l'ont conduit au gouffre.

Mais non.

Déjà, voici quelques jours, j'apprenais avec amertume que pour l'élection d'Obama, le Parti Démocrate américain avait "fiché" 220 millions d'Américains, pratiquement tous les adultes.

Puis peu à peu le bilan du G20 a révélé que les États-Unis, fidèles à eux-mêmes, choisissaient de changer les normes comptables plutôt que d'améliorer la vertu de leurs institutions financières. Le mensonge permet de se faire croire que tout va pouvoir reprendre comme avant. Sauf que... sauf que la réalité finit toujours par l'emporter comme le fait très justement remarquer Marc Vasseur dans son article du jour.

Alors ? ils vont gagner du temps, autant de temps qu'ils le pourront : le système n'a pas d'autre solution que lui-même, il n'a pas de plan B. S'il tombe, il tombe. Tant qu'il se trouvera des étais, de plus en plus artificiels, de plus en plus mensongers, ils les utilisera pour faire croire qu'il tient debout. Le système est droit dans ses bottes. S'il tombe, ce sera tout d'un bloc, avec d'autant plus de fracas.

(EDIT : je m'aperçois que j'ai oublié de préciser que c'est à Châteaubriant que j'emprunte la formule "voix des rêves oubliés, chagrin d'un songe", qui m'a toujours évoqué comme les vestiges d'une illusion).

11:42 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : international, états-unis, obama, wall-street, g20 | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

04/04/2009

MoveOn.org

Une partie de mes lecteurs sait déjà ce qu'est moveon.org, mais il m'a paru utile, après la vidéo de Quitterie (qui a employé ces mots : "il n'y a pas d'organisation de type MoveOn en France"), d'indiquer à celles et ceux qui ne le sauraient pas que Moveon.org est un mouvement civique ancré à gauche aux États-Unis, s'appuyant grandement sur les possibilités d'Internet. Ses combats nous sont chers : l'environnement, la limitation du pouvoir de l'argent, et quelques autres essentiels.

Voici le début de la notice wikipedia :

 

 

MoveOn.org a été formée en 1998 par deux entrepreneurs dans l'informatique : Joan Blades et Wes Boyd, qui sont notamment les créateurs du système Berkeley Systems. Les deux militants pétitionnent le Congrès pour qu'il passe ("move on") la procédure d'impeachment contre le président Bill Clinton, proposant de censurer le président sans pour autant passer par l'impeachment. A leur grande surprise le bouche à oreille fonctionne et de fait la pétition est un grand succès avec un demi million de signatures.

Entre 1998 et 2002 le couple utilise la même méthode de campagne en s'engageant sur plusieurs autres sujets . Dans le domaine écologique : pour la diminution de la pollution à l'arsenicet au mercure. Dans le domaine démocratique : pour la réforme du mode de financement des campagnes électorales, qui fait appel selon eux à trop de fonds privés et venant d'entreprises.

Depuis les années 2000, l'association à commencé à drainer des fonds pour plusieurs candidats de l'aile gauche et syndicale du Parti démocrate. En 2003, MoveOn a publiquement condamné puis manifesté contre l'invasion de l'Irak par George Bush. En 2004 un soutien important est apporté au candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine John Kerry.

Positionnement progressiste [modifier]

A ses débuts le mouvement est un groupe transpartisan. Rapidement MoveOn devient une association qui fait pression sur le Parti démocrate pour qu'il adopte « un programme vigoureusement à gauche » qui aille « au delà de la simple opposition à l'Administration Bush » selon le journal le Washington Post2.

Le co-fondateur Wes Boyd rejette la stratégie des centristes de l'aile droite du Parti démocrate réunis au sein du Democratic Leadership Council (notamment les époux Clinton) « qui veulent que les démocrates droitisent leurs positions sur la guerre, la fiscalité, la couverture sociale... »

S'exprimant en juin 2003 devant la conférence "Take back America"3Wes Boyd a déclaré « la première manière de faire revenir la confiance, est de se battre ardemment pour ce dont les gens ont besoin ». Selon lui les américains seraient prêt à soutenir une politique de gauche et progressiste mais à la condition « que quelqu'un émerge pour prendre en main ces idées », « à chaque fois que nous l'avons fait, les citoyens américains se sont levés. »

La suite ici.

07/12/2008

Pourquoi ils ont intérêt à l'échec de l'Europe.

Voici un tableau qui émane apparemment de la CIA et qui montre avec clarté que l'Europe devance désormais d'une façon constante les États-Unis en terme de PIB global.

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Il faudrait ajouter à ces chiffres que les dettes publiques, avant la crise, représentaient un montant de 60 000 milliards de dollars, soit plus de 90 % d'une année de PIB mondial. Ce dernier chiffre nous enseigne que les pays développés n'étaient pas forcément les plus déraisonnables (dette inférieure à 70 % du PIB), mais que le système dans son ensemble ne pouvait continuer longtemps comme ça : à force de traîner des boulets, on finit toujours par s'essouffler.

Pour ceux qui ne l'auraient pas noté, la Chine a largement dépassé le Japon et l'Inde est au-dessus de l'Allemagne, le Brésil approche du peloton européen et le Mexique de l'Espagne.

Autrement dit, alors que la gouvernance économique mondiale repose sur les États-Unis, ceux-ci ne sont en fait plus le premier acteur du jeu, et les puissances émergentes ... émergent. Le total Chine + Inde + Brésil + Mexique est équivalent à celui de l'Europe ou des États-Unis.

Et ceci est le tableau pour 2007, alors qu'on nous dit en ce moment que les États-Unis ont en fait été en récession toute l'année 2008, cependant que la Chine continuait à foncer avec une croissance proche de 10%.

Le fait que les États-Unis soient devancés par l'Europe explique que l'on ait pu supposer que les Américains aient participé à la campagne du Non irlandais (et français, soit dit en passant, mais sous d'autres formes). Or on voit bien que la tentative de déséquilibrer l'Europe, si elle était avérée, n'aurait aucun sens ni aucune efficacité, étant donné que le différentiel de croissance entre les États-Unis et les émergents fait que ce sont ceux-ci, et eux seuls, qui justifient une révision en profondeur de la gouvernance mondiale. Il y avait donc, dans l'hypothèse où le "complot" serait avéré, une erreur d'appréciation considérable de l'administration américaine, une de plus.

Accessoirement, alors qu'il n'y a pas si longtemps, l'Europe faisait encore plus de 30% du PIB mondial, elle dépasse à peine les 20%.

Enfin, cela, c'était en 2007, il est probable que les chiffres 2008 varieront un peu, en raison de la montée de l'Euro.

Reste donc à tenir compte de la crise actuelle et de ses effets sur l'ensemble des PIB et sur la répartition des pouvoirs mondiaux. Déjà, on sait que de toutes les monnaies mondiales, seul l'Euro existe encore. Les autres puissances, avec un taux de base des banques centrales inférieur à 1%, n'ont pratiquement plus de monnaie.

Est-ce à dire pour autant qu'il faille créer une monnaie mondiale unique ? Sans doute pas. À suivre.

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16/11/2008

L'étrange récurrence française des présidents démocrates américains.

Tout commence sans doute avec Franklin Delano Roosevelt. Delano, c'est sa mère, un nom altéré, selon les sources de Delanoy ou de ... Delanoë. Ensuite, John Fitzgerald Kennedy épouse ... Jacqueline Bouvier. On connaît la proche parenté de John Kerry, qui aurait pu devenir président, avec le français Brice Lalonde. Et enfin, voici qu'on nous explique qu'Obama a des ancêtres mayennais, cependant que son vice-président Joe Biden s'appelle en fait Joe Robinette Biden, où Robinette est le patronyme de sa grand-mère paternelle, d'ascendance française elle aussi.

J'ai beau chercher, je ne trouve pas le même tracé chez les conservateurs. Y a-t-il un sens caché ?

Cela étant, n'exagérons pas la portée de ce petit jeu intellectuel : en vérité, avec la mondialisation, les racines vont s'entrecroiser de plus en plus.

09/11/2008

Prendre le plus con et en faire un président des États-Unis.

Le fait que George W Bush ait été président des États-Unis est un espoir pour tous ceux dont le Q.I. ne dépasse pas 80, mais c'est un signe de profonde dégénérescence pour la démocratie américaine. On a du mal à imaginer que les Américains aient pu élire (il est vrai qu'ils ne l'ont pas fait) et a fortiori réélire ce personnage à la tête de leur État fédéral. Voici une vidéo postée par Bakchich qui condense le meilleur du pire du bientôt ex-président de la première puissance mondiale.

 

08:27 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : états-unis, usa, bush, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

08/11/2008

Le sujet de l'élection présidentielle américaine était bien l'égalité.

J'ai mis en regard, mercredi, la carte du vote de la veille et celle de la guerre de Sécession, qui coïncidaient étroitement. Il se trouve que le sujet idéologique central de la guerre de Sécession était le principe d'égalité : interdire l'esclavage, c'est reconnaître que, comme le dit notre "déclaration des droits de l'homme et du citoyen" de 1789, "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".

Il se trouve que, dans le siècle qui a suivi la guerre de Sécession, les états sécessionnistes du Sud ont cultivé une identité politique complexe sous l'étiquette démocrate, parce que Lincoln, qui les avait vaincus, était républicain, et que, dans les années 1980, ces états démocrates sont devenus républicains, comme ils sont aujourd'hui, parce qu'ils trouvaient dans la doctrine néoconservatrice une inspiration tournée vers l'inégalité, ce "principe d'inégalité croissante" dont Bayrou a beaucoup parlé ces derniers mois, qui faisait écho à leur nostalgie de l'esclavage et de la supériorité blanche.

L'inégalité était donc la colonne vertébrale qui liait les différentes branches du néoconservatisme et qui permettait à celui-ci de tenir debout en s'appuyant sur un lot de valeurs ultramoralisatrices, toutes compatibles avec l'idée inégalitaire.

En présentant un homme qui n'était pas tout à fait blanc, les démocrates ont fait un choix qui, en fait, quoi que l'on pense de l'homme (et on en pense a priori du bien), rendait son élection nécessaire en révélant les soubassements idéologiques de ses adversaires. Les néoconservateurs se retrouvaient à nu.

Obama ne devait pas seulement gagner parce qu'il était le premier non-blanc in abstracto, mais parce que la société américaine a fait une bonne fois pour toutes les choix de l'égalité de principe de tous les humains. Depuis trente ans, les républicains lénifiaient leur propension à la régression philosophique, la candidature d'Obama les a obligés à appeler un chat un chat, et l'égalité a gagné.

Et parce qu'il s'agissait d'un principe majeur, l'un de ceux qui font tenir toute une société, tout un monde, c'est une réponse historique qui a été donnée, rappelant avec clarté la véritable seconde naissance des États-Unis qu'a été la guerre de Sécession, comme la carte le montre.

C'est une leçon valable en France aussi, la phrase de la Déclaration de 1789 que j'ai rappelée au début de cette note, la première du texte de 1789, aligne d'emblée les deux premiers mots-clefs de notre identité collective : liberté, égalité. deux principes qui doivent nous servir de boussole.

Nous y avons ajouté depuis lors le beau mot de fraternité qui doit être indissociable des deux autres, non pas qu'il soit comme eux un principe (la fraternité ne se décrète pas, ne s'institutionnalise pas), mais parce que sans lui, la liberté et l'égalité sont deux tyrannies symétriques. La fraternité, c'est la part de choix personnel, la part de conscience, qui donne son sens à l'ensemble. Ce n'est pas un principe, c'est à peine une valeur : c'est un élan.

05/11/2008

Distancés par la Chine, les États-Unis vont s'intéresser de très près à l'Afrique.

J'ai rendu compte voici déjà plusieurs semaines de l'ouvrage paru chez Grasset, la Chinafrique, qui étudie avec soin l'implantation de la Chine en Afrique depuis plusieurs années, sur fond de retrait de la France à bout de souffle.

À n'en pas douter, l'élection d'un fils de Kenyan à la tête des États-Unis va donner une impulsion nouvelle aux appétits des entreprises américaines en Afrique. Reste à souhaiter qu'Obama ne joue pas là une partition trop cynique et qu'il n'utilise pas sa position pour affaiblir le continent où est né son père.

Par ailleurs, nous avons à défendre en Afrique à la fois la francophonie et le pluralisme linguistique, puisque l'anglais comme le français ont tendance à éradiquer les vieux parlers autochtones africains.

Il n'y a pas eu de vote anti-noir... ah bon ?

Je suis très frappé de la superposition de la carte du vote d'hier soir et de celle de la Guerre de Sécession trouvée sur Wikipedia.

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13:34 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : présidentielles, états-unis, obama | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

03/11/2008

L'impopularité de l'Amérique.

Les citoyens américains, dans leur majorité, savent que leur pays est devenu impopulaire presque dans le monde entier. Pourquoi cette impopularité ?

D'abord, bien sûr, parce que les Etats-Unis se conduisent en seigneur et non pas en égal. Ils sont le chef dans une version paternaliste des choses qui n'a plus guère cours parmi les nations développées.

Ensuite, parce que le pouvoir politique américain sert les intérêts de ses consortiums privés au moins autant qu'il s'en sert. Il y a donc utilisation de la force publique à fin d'intérêts particuliers, qui, au fond, choque beaucoup.

Autrement dit, parce que les Etats-Unis ont une pratique léonine de leur statut de super-puissance : ils ne sont pas les plus forts pour le bien commun, mais pour leur bien ; or quand on est le plus fort, on doit être le plus juste.

L'absence de justice de leurs choix diplomatique est patent au Proche Orient et là est l'incontestable point faible de Barack Obama : en promettant de soutenir la revendication d'Israël sur Jérusalem Est, il a choisi de cautionner une spoliation en fait scandaleuse. Disons-le, en dehors de l'époque où Clinton a été à deux doigts d'obtenir une paix juste entre les Israéliens et les Palestiniens, l'alignement systématique des Etats-Unis sur le plus-disant belliqueux israélien est un déséquilibre qui ruine l'image des Etats-Unis.

On mesure qu'en matière de politique étrangère, outre le multilatérlisme, Obama, s'il veut reconstruire un réel lien de confiance avec ses alliés historiques, voire au-delà, est devant une tâche immense.

Une autre Amérique pour un autre monde.

Y parviendra-t-il et jusqu'où ?

Barack Obama a affiché son intention d'opérer de grands changements à la tête de son pays : renoncer aussi vite que possible aux conflits armés, rétablir le lien avec ses alliés historiques, et, à l'intérieur, une société plus égale et plus efficace. La modestie qu'il affiche ces derniers jours ne peut pas faire oublier ce qu'on nous a enfin expliquer : à la base, c'est un travailleur social, avant même d'être un avocat.

La nécessité d'une sécurité sociale et d'un système de retraite publics, plus explicite dans les programmes de certains de ses concurrents des primaires démocrates, est devenue plus manifeste pour tous avec la crise financière et économique, les grands groupes industriels qui restent encore à l'Amérique ayant de plus en plus de mal à jouer leur rôle traditionnel et les structures financières paraissant totalement dépassées et d'ailleurs responsables de la crise actuelle.

Nul ne sait donc ce que pourra réellement faire Obama, qui part avec l'énorme boulet de la dette publique et du déficit budgétaire abyssal, mais nous avons tous la conviction qu'il ira au bout de ses facultés et que le modèle qui domine actuellement le monde en sera amélioré, une Amérique meilleure pour un monde meilleur.

Bien entendu, je lis avec plus qu'intérêt ce qu'on lit sur d'autres candidats, comme Ralph Nader qu'a justement mentionné Quitterie Delmas, mais cela ne m'empêche pas de scruter ce programme.

Car nous avons besoin d'un monde meilleur, plus juste, mieux gouverné, multilatéral, et pacifique.

02/11/2008

La cohérence.

Comme je crois l'avoir démontré hier, il y avait une incohérence profonde dans la politique du président Bush. Cette incohérence résidait dans le fait que les Etats-Unis misaient tout sur le pétrole, alors qu'ils savaient que les rentiers du pétrole contribuaient fortement au terrorisme que les Etats-Unis dénonçaient et prétendaient combattre par ailleurs.

Cette contradiction était si forte qu'elle nourrissait tous les soupçon sur l'éventuelle complicité des services secrets américains avec les terroristes (par exemple au moment du 11 septembre) et sur l'exploitation du terrorisme pour assurer le leadership mondial des Etats-Unis.

On pourrait facilement dénoncer d'autres incohérences, pas qu'aux Etats-Unis d'ailleurs, et je tiens à insister sur la fragilité qu'introduit l'incohérence. Un autre cas fut au XIVe siècle la guerre de succession de Bretagne sur fond de guerre de Cent ans. La France à cette époque réclamait la mythique "loi salique" pour régir sa succession au trône royal, mais la combattait pour la succession au trône ducal de Bretagne. L'Angleterre, au contraire, la voulait pour le trône ducal de Bretagne mais la combattait pour le trône royal de France. Finalement, le principe de la loi salique (la primogéniture masculine) s'applique dans les deux cas, si bien que la France et l'Angleterre gagnèrent à moitié. Le principe triompha partout parce qu'une vérité ne se divise pas.

01/11/2008

Obama, citoyen du monde.

C'est à l'invitation en particulier de Quitterie Delmas (et des coorganisateurs) que je me rendrai à la Nuit Démocrate mardi. J'y prendrai des images, que je m'efforcerai de publier à chaud.

Nous serons attentifs à étudier l'ensemble des candidats, et non seulement les deux principaux. Quitterie m'a signalé que ma mémoire avait fourché e't qu'il n'y en avait pas 17, finalement, mais "un certain nombre".

29/10/2008

Regards sur le financement de la campagne présidentielle américaine.

On apprend, par le site Open Secrets, que, en plein cataclysme financier et économique, l'actuelle campagne présidentielle américaine est la plus onéreuse qui ait jamais existé. Il faudra bien qu'une telle indécence trouve son terme.

Quoi qu'il en soit, observer le détail des recettes de l'un et l'autre candidats n'est pas inintéressant, bien qu'en principe les entreprises n'aient pas le droit de contribuer aux campagnes, interdiction qui est paraît-il détournée par le fait que ce sont les employés des entreprises qui contribuent à leur place. On imagine alors les observateurs pointant le nom des contributeurs des candidats et menant l'enquête pour déterminer leur entreprise et, ainsi, révéler les subventions cachées des grands groupes aux candidats. Il y a, là encore, quelque chose de choquant et qui omet que le donateur agisse selon sa propre conscience plutôt que par ordre.

Mais poursuivons l'examen.

Le site Open Secrets note que, selon lui, l'industrie pétrolière finance à hauteur de 24 millions de dollars, la campagne, trois quarts pour McCain, un quart pour Obama (soit environ 18 millions pour l'un et 6 millions pour l'autre), tandis que les industries liées à l'environnement, qui ne donnent que 2 millions en tout, se portent à 92 % sur Obama, ce qui ne laisse guère plus de 150 000 dollars pour McCain, presque rien. Rien d'étonnant à cela, mais il faut constater que le poids du pétrole est tel que la part très minoritaire d'Obama pèse quand même deux fois plus lourd pour lui que son quasi-monopole dans l'environnement.

Le site du "Point" a relevé une liste de donateurs favorables à Obama où l'on trouve beaucoup de financiers et d'universités prestigieuses, sans établir le pendant des mêmes donateurs pour McCain, ce qui paraît de mauvaise méthode, car la page consacrée à ce sujet est bien plus prolixe, elle met d'ailleurs clairement en valeur l'énorme injustice subie par les autres candidats.

N'oublions pas, en effet, que, comme nous le rappelait récemment Quitterie Delmas, il n'y a pas moins de 17 candidats à la présidentielle américaine, dont 15 dont on n'entend pour ainsi dire jamais parler, ce qui est scandaleux.

Cette précision apportée, il va de soi que je me réjouirai, si elle se confirme dans les urnes, de la victoire d'Obama.

17/10/2008

Cinq observations sur la crise économique et financière.

1 ) Merci Chirac, merci Villepin

À partir de 2003 et du refus de la guerre d'Irak, les grands groupes français se sont retrouvés "tricards" aux États-Unis. De là sans doute le fait qu'ils sont moins en première ligne que d'autres, même s'ils s'apprêtent à subir la crise par ricochet.

2 ) La crise est-elle déjà plus profonde en France qu'on ne nous le dit ?

À quoi peut bien correspondre le montant de 360 milliards d'Euros, alors que jusqu'ici, nos institutions financières se sont bornées à annoncer quelques milliards de pertes chacune, très absorbables par leurs fonds propres, et très loin du total de 360 milliards ?

3 ) La tentation cannibale

On rerpoche aux banques de ne pas prêter aux entreprises et de ne pas se faire confiance entre elles, mais il est évident que les lignes de crédit extraordinaires ouvertes par les autorités étatiques ont un effet d'aubaine, et que certaines banques thésaurisent sur les prêts qui leur sont consentis, et qu'elles le font certes pour faire face à de nouvelles dépréciations d'actifs qui seraient consécutives à l'approfondissement de la crise économique, mais aussi pour profiter de la faiblesse d'autres banques pour les racheter, avec la logique de vautours qui oublient que la chair putréfiée devient toxique si l'organisme qu'ils visent est mort empoisonné, empoisonné par des subprimes par exemple.

4 ) L'impact de la dépression et la distribution des cartes

Les chutes actuelles des bourses mondiales sont dues aux anticipations de la récession de l'économie réelle, récession aux États-Unis et impact de cette récession particulière sur le reste du monde. L'un des enjeux de la période qui s'ouvre est de savoir le poids respectif des bassins économiques. Jusqu'ici, une récession américaine suffisait à elle seule à plonger le reste du monde en récession. Sera-ce toujours le cas ?

5 ) Le nouveau statut de l'Euro

L'effondrement du cours des matières premières en dollars ne fait pas plonger l'Euro. Autrement dit, pour acheter à l'Europe, les pays rentiers du pétrole vont devoir puiser plus dans leurs réserves. Cela va-t-il les inciter à tenter dans l'avenir de minimiser le risque de change en demandant à être payés partie en dollars et partie en Euros ?

01/10/2008

Crise financière : l'illusion d'une illusion.

J'ai écrit que le Plan Paulson était en quelque sorte un emplâtre sur une jambe de bois. Aussitôt volée de bois vert décernée contre mon hérésie par un spécialiste en la matière, L'Hérétique, et un diplôme de suicidaire galonné décerné par le Dr Ginisty. Je lis aujourd'hui un article d'hier de l'excellent blog "Les coulisses de Bruxelles" sur la nationalisation "provisoire" de Fortis par les autorités de feu le Benelux, avec l'idée que, bien entendu, cette nationalisation n'est que transitoire, le temps que les marchés "reprennent leurs esprits".

Ce ne serait donc que cela ? une crise d'hystérie collective ? Une brutale illusion ? Les marchés financiers auraient des vapeurs et, le temps de jeter un peu d'eau froide sur la machine, tout rentrerait dans l'ordre ?

Mais alors, L'Hérétique et Ginisty auraient raison. Argh.

Mais non, ils ont tort. Le réseau Alcibiade, tout d'abord, a étayé (dans les commentaires) mon affirmation profane par celle d'un spécialiste dénommé Rubini, dont j'invite à consulter l'opinion ici. Ensuite, Frédéric Lefèvre-Naré (à ne pas confondre avec le liberticide Frédéric Lefebvre, il y a soi dit en passant des avantages à porter un nom rare comme Torchet, on s'y trouve rarement en mauvaise compagnie), Frédéric Lefèvre-Naré, donc, ayant observé que nous étions lui, Christophe Ginsty et moi des non-spécialistes, et que nous devions conséquemment faire preuve de modestie, je lui ai rétorqué amicalement que, vu que ce sont les spécialistes qui ont fichu le système par terre, il était peut-être temps de s'adresser à d'autres...

La crise actuelle est affaire de bon sens. Comme je l'ai écrit voici plusieurs jours, "on ne peut pas indéfiniment traire la même vache sans lui faire produire des veaux de temps à autre". C'est un problème d'adéquation de la production à la richesse.

On y trouve la conjugaison d'une bulle financière monstrueuse, d'un appauvrissement des habitants du pays le plus riche du monde (dû entre autres à la baisse du dollar), de l'incurie d'un système destiné à produire de l'argent coûte que coûte, de la financiarisation de l'économie qui en découle, et d'une pure et simple surchauffe.

La surchauffe est une phase de croissance économique aiguë, violente, démesurée, un emballement de la machine, qui conduit toujours à la dépression.

Or le monde vient de traverser une période de surchauffe, matérialisée par la frénésie du cours des matières premières, par un taux de croissance mondiale très fort, qui ne pouvait que déstabiliser les rouages de l'économie de notre planète (ce qui n'est que le moindre de ses inconvénients avec la déforestation, la pollution, la détérioration de notre planète et de notre avenir). Après la surchauffe, la dépression.

On comprend bien que les gouvernements européens cherchent à éviter la panique, mais doivent-ils pour autant mentir ?

La crise n'est pas que financière, c'est une dépression économique profonde, il n'y aura pas de retour des marchés au statu quo ante (et hanté). C'est pourquoi il est illusoire de prétendre empêcher le système financier de s'écrouler : ce serait impossible.

Il faut laisser l'offensive de l'ouragan se déployer et intervenir seulement au moment où elle faiblira. Tout ce qui sera fait entre-temps sera perdu.

Et pour éviter la panique, on peut aussi choisir mieux sa banque, merci Quitterie, et aller consulter la note des Amis de la Terre. Évidemment, choisir sa banque paraît un luxe, beaucoup de gens se contentent de l'établissement qui veut bien d'eux, mais c'est moins vrai qu'il ne semble et, pour ceux qui peuvent, cela devient une double responsabilité.

30/09/2008

L'échec du plan Paulson est une bonne nouvelle.

Il faut laisser le système financier s'effondrer. Il y a à cela plusieurs raisons.

La première est d'ordre moral : le système financier a commis une faute, il s'est arrogé une puissance excessive, il s'est voulu le maître, puis il a mésusé de sa puissance. Il s'est trompé, il a commis des fautes impardonnables qui sont pour beaucoup dans l'effondrement actuel. Il n'existe donc aucune raison de sauver le système financier mondial.

Laissons-le s'effondrer puis, si besoin est, recontruisons-en un autre avec ce qui sera resté de solide dans la débâcle.

Mes lecteurs vont me trouver sévère, voire glacial, au regard des conséquences de ce que j'appelle de mes voeux : l'implosion. Ils vont, comme la presse, la télé, comme Paulson, comme tant d'autres, trouver qu'"on ne peut pas laisser faire". Mais si. On peut. Et je dirais même plus : on doit.

En janvier, j'écrivais que le plan de relance de l'économie américaine ne servirait à rien d'autre qu'à cramer 300 milliards de dollars. Dans un premier temps, les 300 milliards ont paru efficaces, puis la réalité s'est remanifestée, en pire. Dépenser 700 milliards de plus n'aurait été qu'une folie supplémentaire : on n'arrête pas la mer avec les mains.

Le système financier est un jeu d'apparences, de confiances croisées, de paris sur du papier, du papier rédigé avec du vent. Une fois que le masque du papier a révélé le vent, l'ouragan se lève.

Et le voici, l'ouragan, il monte, il souffle, il tonne, il jette des éclairs. Il approche.

Qui a lu "Typhon" de Joseph Conrad sait qu'il ne sert à rien de marcher contre le cyclone : il faut au contraire se laisser porter par lui, se lier à lui, c'est ainsi qu'on le traverse en limitant les pertes. Laissons le cyclone passer. C'est après qu'il faudra réinjecter de l'argent dans tout ça, pas avant, encore moins pendant.

La guerre en Irak a coûté au moins 1500 milliards de dollars aux États-Unis. 1500 milliards de dollars, c'est à peu près le coût de la crise des subprimes. Ces 1500 milliards ont cruellement manqué à l'économie américaine, de là l'étendue de la crise.

Qu'on se le dise et qu'on se le redise : il n'y a pas de prospérité dans la guerre, pas de bonheur, pas même de destin. Dans la guerre il n'y a, comme disait Chrchill, que "du sang et des larmes".

Cette crise qui s'ouvre, nul ne peut en prévoir l'étendue ni la fin. C'est pourquoi il est illusoire de vouloir dépenser de l'argent qui n'existe pas pour sauver des entreprises qui n'existent plus.

Au lieu de nationaliser des banques, le gouvernement américain ferait mieux de nationaliser les fonds de pension. D'une part, parce que la logique purement rapace qui les a mus porte une lourde responsabilités dans l'implosion du système, en ayant découplé la logique financière de la logique industrielle, d'autre part parce qu'on n'ose pas imaginer le nombre de retraités américains que l'effondrement du système financier peut priver de ressources.

Cet argent-là serait utilement dépensé et d'ailleurs, cette nationalisation-là devrait coûter tout juste un Euro symbolique.

Et quand je pense qu'au milieu du cyclone, alors que le bateau fait eau de toute part, l'urgence absolue, LA priorité du gouvernement français, c'est de faire passer son funeste projet Hadopi au forceps, au nez et à la barbe de l'Europe... il y a de quoi se la prendre et se la mordre.