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15/11/2008

Téléchargement : le paradoxe des Ch'tis.

Dans le numéro de la semaine dernière de l'hebdomadaire professionnel "Le film français", la directrice et éditorialiste de cette publication notait avec surprise que le film "Bienvenue chez les Ch'tis", tout frais sorti en vidéo, cumulait les records : c'était le film de loin le plus piraté de l'année, mais c'était aussi celui qui, le jour de sa sortie, battait tous les records de vente (650 000 ex)... Elle en concluait que finalement, le téléchargement illégal ne devait pas avoir une si grande conséquence que cela sur l'exploitation des films...

Très juste, il faut le dire.

Et cependant, le paragraphe suivant, sans la moindre transition, au nom de tout une profession, elle criait à l'égorgement, à l'urgence, à la patrie en danger, pour aussitôt se féliciter de l'adoption du projet Hadopi par le Sénat.

Sans transition.

Je me demandais presque, en lisant son texte, s'il n'y avait pas quelque humour caché, dans ces méandres.

Quoi qu'il en soit, les chiffres sont éloquents : on estime (même source) à 450 000 le nombre de téléchargements illégaux de films via Internet. 450 000. À mettre en regard de 120 ou 150 millions (!) d'entrées payantes au cinéma. Les téléchargements illégaux représenteraient, tenez-vous bien, 0,03 % des places de cinéma. Ca valait la peine de déranger le législateur pour ça...

La proportion est un peu plus forte sur les DVD, mais après tout, les téléchargements entrent en concurrence à la fois avec l'un (le cinéma) et avec les autres (les DVD), donc on ne voit pas bien pourquoi il faudrait rapporter le chiffre de 450 000 aux seuls DVD. Et alors, si on cumule le cinéma et les DVD, on va sans doute tomber sur un ratio inférieur à 0,02 %. Oui décidément, ça valait la peine de déplacer le législateur pour ça.

Le site du Film Français évoque aujourd'hui un chiffre mondial de téléchargements de l'ordre de 150 millions d'unités, soit un manque à gagner de 201 millions d'Euros pour les salles et 605 millions pour l'édition vidéo, sans dire si le manque à gagner est globalement de 800 millions ou si les téléchargements sont affectés séparément aux deux marchés pour ce calcul. On aimerait bien qu'ils disent quel est le chiffre d'affaires global du cinéma dans le monde, de façon à établir un ratio, car après tout, 200 millions, c'est le budget d'un seul film moyen aux États-Unis...

Au fond, j'ai une solution : établissons une taxe sur le téléchargement illégal et versons-la aux gens qui meurent de faim. Un Euro par téléchargement, 150 millions d'Euros par an. Je suis sûr que les pirates la paieront de gaieté de coeur et au moins, ce sera décent.

Commentaires

Cher Hérvé: c'est 450 000 films jour pour jour, euh, pardon, par jour. les 120 à 150 millions d'entrée payante c'est par an et non par jour. Sinon, je change de boulot et j'ouvre un cinéma ! Déco orange biensûre ;-)

Écrit par : Orange Sanguine | 15/11/2008

@ OS

Il y en a 450 000 par jour dans le monde, et non en France.

Il y a 120 à 150 millions d'entrées payantes au cinéma en France par an et 150 millions de téléchargements illégaux dans le monde par an également, selon la source.

Écrit par : Hervé Torchet | 15/11/2008

Damned : Christine Albanel nous aurait donc menti l'autre jour au jt ? J'y crois pas !!!!

Écrit par : Orange Sanguine | 15/11/2008

Je le redis.
Ca ne fait pas avancer le débat, mais bon...
Vais je au cinéma ? Rarement, faute de salle digne de ce nom à Rodez. Mais sinon, j'irai, oui. (en fait, j'y vais à Toulouse)
Ai je téléchargé illégalement des films ? Oui... Ca me fait passer le temps durant mes insomnies.
Achète je des DVD ? Oui, pour certains films que j'adore. Y compris pour des films que j'ai téléchargé.*
Loue je des DVD ? Oui, au moins une fois par semaine. Y compris, parfois, des films que j'avais téléchargés...

C'est la même chose pour la musique (quoique c'est de plus en plus souvent Deezer qu'autre chose) et les jeux.

Quand on "consomme" de la musique, de la vidéo, ou du jeu, on le fait, en général, sous toutes les formes. Ce n'est qu'une question de pouvoir d'achat.

*Pour l'anecdote, il y a, par exemple, un film que j'ai découvert grace au piratage et que j'ai acheté en plusieurs exemplaires pour l'offrir tellement j'ai adoré.

Écrit par : KaG | 15/11/2008

et ça n'explique toujours pas pourquoi des dizaines de milliers d'entreprises payent une taxe sur les copies privées en réalisant des sauvegardes de données. Les pirates eux sont pas cons, ils achètent leur dvd au luxembourg sans la fameuse taxe de m...e

Écrit par : parole de democrate | 15/11/2008

Il paraît qu'en fait, le Film français a mal présenté les choses : ce seraient bien 159 millions de téléch / an en France, sur notre marché domestique, ou du moins de films récents en version francophone, ce qui étend le marché à la francophonie, donc il faudrait comparer non pas aux entrées / France, mais aux entrées francophones / monde, augmentées des ventes de DVD francophones / monde, ce qui renvoie une nouvelle fois à la méthodologie de l'enquête.

Cela étant, j'avoue que je trouve étonnant ce chiffre, car j'imagine des types assez acharnés pour, par centaines de milliers, chaque jour, qu'il vente qu'il pleuve, qu'il neige, été comme hiver, télécharger des films. ca mérite une médaille. Mais sérieusement, l'argument central est donné par le journal lui-même : le film le plus piraté est aussi le plus vendu. Opposer l'un à l'autre n'a pas de sens. Pirater une oeuvre, c'est prouver le désir qu'on en a. Et dans l'achat, qui est un geste compulsif dans le domaine des loisirs, le désir est essentiel.

Merci à KaG pour son explication franche et dsl pour la source défectueuse.

Écrit par : Hervé Torchet | 15/11/2008

@ PdD

Trsè juste.

Écrit par : Hervé Torchet | 15/11/2008

Les commentaires sont fermés.