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05/05/2009

Le partage n'est plus une notion de gauche.

On aura vraiment tout lu : que des artistes accusent la gauche de n'être plus de gauche parce que la gauche défend le partage, c'est vraiment renversant. Qu'ils crèvent en bouffant leur caviar.

Au coeur du funeste projet Hadopi, il y a... le pouvoir, le pouvoir sur l'Internet, le pouvoir de labelliser (donc de censurer), le pouvoir de contrôler, de filtrer, le pouvoir de désigner ce qu'il faut voir, les stars, la vérité, le bien, le mal. Il n'y a rien de plus. Et je voudrais que quelques-uns des vieillards qui agressent la jeunesse de France au nom de la défense de la dorure de leurs canapés, se souviennent qu'ils ont été jeunes, eux aussi, et qu'ils ont défendu, en leur temps, les nouveaux talents contre les académismes, le mouvement contre le pouvoir, le partage contre le sevrage. Ils ont eu vingt ans, eux aussi, et s'ils avaient encore vingt ans, ils pleureraient en se regardant. Ils pleureraient de rage.

Hadopi, c'est un système de pouvoir qui cherche à perdurer et qui utilise tous les moyens, qui instrumentalise tous ceux qui dépendent de lui, pour imposer son déclin aux lueurs naissantes.

Combien auraient honte, parmi ces prétendus artistes de gauche, s'ils avaient une conscience et s'ils daignaient lire le texte du projet de loi. Combien se cacheraient. Quelle proportionnalité y a-t-il entre un téléchargement dont le préjudice n'est pas prouvé et la divulgation d'informations personnelles dont la protection constitue un droit fondamental au même titre que les droits d'auteur ? Quelle proportionnalité entre la nécessité d'indemniser des entreprises dont le préjudice n'est pas prouvé, et la très possible condamnation irréparable de dizaines de milliers d'innocents ? Quelle proportionnalité dans la réparation d'un préjudice commercial qui n'est pas prouvé et le transfert d'instruments engageant les libertés publiques du judiciaire à l'administratif ?

Oh, ne demandons pas trop, ne demandons pas à de vieilles gloires d'avoir le courage de lire. Elles ont tant à faire à contempler leur splendeur passée dans le miroir de leur aisance, alors que tant de jeunes qui galèrent et qui n'atteindront jamais à cette aisance n'ont pour tout réconfort, parfois, que les oeuvres de jeunesse de ces vieilles gloires, qu'ils téléchargent, c'est vrai, mais qui entretiennent en eux l'illusion qu'ils ne sont pas seuls à rêver d'un monde meilleur.

20:37 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, médias, hadopi, gauche | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

frederic taddei consacre son emission de ce soir à hadopi
ce soir ou jamais, ça commence

Écrit par : pierre s | 05/05/2009

Boff ces personnes âgées (sauf Juliette) ne sont que de vieilles gloires Caviar.

Bravo pour ce combat ... intemporel.

Écrit par : Spaulding | 05/05/2009

"ue des artistes accusent la gauche de n'être plus de gauche"

Hervé, il y a une tradition de politique culturelle de gauche, qui a consisté à résister à la notion de "laisser faire" = "libre marché", défendue par la droite libérale.

Les artistes de gauche ont raison de s'étonner que tout d'un coup, la gauche cède à la loi du consommateur.

Céder à la loi du consommateur (autre mot pour désigner "le citoyen" ou "le pirate"), en renonçant à une régulation politique de la production culturelle, c'est faire une politique ultra-libérale (= la liberté totale revendiquée par les pirates).

La gauche a, avec succès pour le cinéma français, défendu "l'exception culturelle", par opposition à la loi du laisser-faire.

Cette exception culturelle a consisté à instaurer des lois, pour protéger les auteurs, contre le seul jeu des consommateurs.

L'idéologie du piratage rejoint l'ultra-libéralisme : le consommateur décide de tout, et refuse la régulation politique.

D'ailleurs, parmi les opposants à Hadopi vous trouvez l'ultra-libéral parti "Alternative Libérale".

Écrit par : X | 06/05/2009

Les commentaires sont fermés.