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08/05/2011

Bernard Stasi, une lueur dans la nuit politique

Peu de temps après la défaite de mai 1981, Raymond Barre cita Rostand (Chantecler) : "C'est dans l'obscurité de la nuit qu'il faut croire à la lumière". La véritable citation est "C'est dans l'obscurité de la nuit qu'il est beau de croire à la lumière", soit dit en passant, mais la phrase de Barre disait bien ce qu'elle voulait dire et invitait les vaincus à s'adresser à lui pour la présidentielle de 1988. Bernard Stasi fut de ceux qui, parmi les premiers, s'engagèrent avec lui. C'est l'époque où je l'ai le plus côtoyé. Mais je dois dire que c'est seulement plus tard (trop tard) que j'ai mesuré la quallté extraordinaire de son parcours.

"Nous brûlions les drapeaux aux postes frontière"

Bernard Stasi est né en 1930 d'un immigrant (EDIT j'avais écrit italien, mais apparemment il était de nationalité espagnole et d'origine catalane), frère d'un célèbre bâtonnier (Mario Stasi), méritocrate, ancien élève de l'ÉNA, bref, la preuve incarnée de la capacité de la société française à faire de l'immigration une chance à la fois pour l'immigré et pour la Société.

Fils d'Italien, il a toujours été un militant ardent de la construction européenne. Il le racontait dans le dernier meeting où je l'ai vu, en 2005, pour le TCE (la "constitution européenne") : 'J'appartiens à une génération qui, à l'âge de vingt ans, attaquait les postes frontière, brisait les barrières et brûlait les drapeaux". L'anecdote est d'autant plus savoureuse que, né étranger, Stasi a dû faire une démarche à l'âge de 18 ans pour devenir français.... Cette fougue, cet engagement intraitable, prouvés dès la jeunesse, sont les traits marquants qui demeurent à l'esprit pour tous ceux qui ont rencontré Bernard Stasi. Il était comme ça.

De la Nouvelle Société au CDS

À Sciences Po ou à l'ÉNA, il se lie d'amitié avec Jacques Chirac. Selon ses dires (dans un reportage qui est passé à la télévision), c'est même lui qui sauve la carrière politique du jeune Chirac, en lui conseillant de signer un appel de soutien aux décisions de de Gaulle au moment de la guerre d'Algérie. Stasi, d'après sa fiche Wikipedia, est alors en fonction à la préfecture d'Alger.

Élu député en 1968, il rejoint les troupes de Jacques Duhamel. Ils entrent l'année suivante dans l'aventure extraordinaire de la "Nouvelle Société" aux côtés de Jacques Chaban-Delmas, dans des conditions politiques turbulentes.

Bien plus tard, reçu à Épernay avec les jeunes démocrates de Paris, j'ai fini par lui poser la question de cet événement de 1969 : la famille centriste se déchire alors, Alain Poher est son candidat naturel, mais un grand nombre de députés (dont Duhamel et Stasi) choisit de rejoindre la majorité de Chaban et appelle à voter pour Pompidou. La défection des députés restait comme une trahison. Il m'a dit, avec sa franchise habituelle : "Poher n'avait pas la carrure", puis il a invoqué le nom de Jacques Duhamel.

En 1969, Stasi n'avait pas encore 39 ans. Il se montra un député assidu et même brièvement ministre sous la présidence Pompidou.

Plus tard, en 1976, les deux familles centristes se rassemblent. Le Centre Démocratie et Progrès (CDP) de Jacques Duhamel et des chabanistes, et le Centre Démorcate de Lecanuet (où Bayrou milite), allié de VGE. C'est le moment où Chirac quitte Matignon, et où Valéry Giscard d'Estaing se rapproche naturellement de Chaban (comme l'affaire Boulin l'a tragiquement illustré), la division des centristes n'a plus aucune sens. Elle n'a d'ailleurs jamais été totale, puisque le groupe centriste sénatorial a toujours inclus les sénateurs des deux partis (CDP et CD).

Ce rapprochement coïncide aussi avec la maladie de Jacques Duhamel et son retrait de la vie politique. Il meurt l'année suivante d'une maladie dégénérative, la sclérose en plaques.

Ce rapprochement a un nom : le Centre des Démocrates Sociaux (CDS). La majorité des élus y sont originaires du CDP, celle des militants vient du Centre Démocrate.

L'échec de 1982

Jean Lecanuet prend la présidence du nouveau CDS, qui ne tarde pas à s'insérer dans une confédération plus large destinée à soutenir l'action de la majorité giscardienne et à faire pendant à la nouvelle famille politique postgaulliste créée par Chirac, le RPR. Cette confédération se nomme en 1978 l'Union pour la Démocratie Française (UDF) dont le sigle se rapproche curieusement de celui du parti gaulliste précédent (UDR).

Jean Lecanuet prend la présidence de cette UDF et, tout naturellement, se crée un poste de président délégué du CDS. Ce président délégué se nomme Bernard Stasi.

Stasi est un personnage très charismatique, marqué par le style Chaban, il bombe le torse, monte les escaliers quatre à quatre, n'hésite pas à jouer au water polo dans la piscine avec les jeunes militants (il aime et a toujours aimé les jeunes). Très populaire dans le parti, il aborde l'échéance de 1982 avec son habituel enthousiasme, considéré comme un large favori.

En 1982, en effet, après la défaite de 1981, Lecanuet décide de céder entièrement la présidence du CDS. Ayant moi-même adhéré en octobre 1981 seulement, j'avoue ne pas savoir dans quelles conditions ce retrait s'est fait. Je sais qu'au lendemain immédiat de la défaite, le CDS avait été en banqueroute complète, sauvé d'extrême justesse par l'un de ses sénateurs, Robert Parenty, qui y avait injecté deux millions de Francs de l'époque de sa fortune personnelle (on est loin de l'enrichissement personnel, au contraire, comme on le voit).

Toujours est-il que ce congrès de 1982 a lieu à Versailles, dont le sénateur maire est alors André Damien, adhérent du CDS. Il y a cinq candidats à la présidence, parmi lesquels Stasi a la réputation d'être le plus proche de Barre, cependant que Méhaignerie est considéré comme plus proche de VGE. Au premier tour, Stasi est largement devant, je crois qu'il atteint 35 % des mandats des délégués. Mais au deuxième tour, l'alliance de Méhaignerie avec Jacques Barrot (autre candidat) est gagnante. Méhaignerie est élu président et on dit que son premier geste est alors de téléphoner à Raymond Barre. Je me souviens du jeune Méhaignerie, grand homme blond d'aspect juvénile (il avait 42 ou 43 ans), un peu étonné de son propre succès, circulant parmi les tables du déjeuner de clôture du congrès en serrant des mains.

Première rencontre en 1986

La candidature de Barre se décante progressivement dans les années 1980 (charme du septennat par rapport au quinquennat) et ne commence à agiter publiquement la sphère politique qu'à partir de 1986. C'est l'époque où j'ai rencontré Stasi pour la première fois.

Barre, depuis la toute première Université d'Été (UE) des JDS, en 1976, avait table ouverte à nos UE.

Parmi l'équipe de jeunes qui organisait l'Université d'Été des JDS, le mouvement de jeunes indépendant mais attaché au CDS, il était de tradition que chacun, à un moment ou l'autre, soit délégué pour aller accueillir les personnalités du mouvement à l'aéroport ou à la gare. Le mouvement de jeunes, organisateur, était aussi l'hôte des Universités d'Été, où les aînés n'étaient qu'invités.

Il se trouva qu'à l'université de l'Été 1986, qui avait lieu à Imbours, dans l'Ardèche, je fus désigné pour aller chercher Stasi à l'aéroport. La particularité était qu'alors que d'habitude, on prenait une voiture de l'organisation pour le faire (je n'avais pas de permis et j'en aurais été incapable), c'est le chauffeur de Stasi lui-même qui, dans sa R25, me conduisit à l'aéroport. Il me semble que la voiture était grise et les sièges en cuir, noirs. L'odeur était forte en entrant dans l'auto. Le chauffeur m'expliqua que la plupart du temps, Stasi restait très tard à Paris pour participer aux séances parlementaires et rentrait dans sa circonscription pendant la nuit. Il dormait dans sa voiture pendant le trajet. Le cuir gardait l'odeur puissante de ces courtes nuits. Quant à savoir quand le chauffeur dormait, lui, mystère.

Stasi descendit la passerelle de l'avion d'un pas alerte et monta près de moi dans la voiture. Il aimait parler des choses importantes de la politique avec intelligence et modestie. Il se racontait un peu, pas trop, juste ce qu'il fallait. Puis il décochait une flèche vers un ennemi. Il n'avait pas de petit ennemi et s'il attaquait quelqu'un, c'était pour des motifs de la part noble de la politique. Et puis, il interrogeait, il écoutait. J'étais un jeune crétin de 21 ans et demi, j'ai dû bredouiller d'infinies sottises, mais il était bienveillant.

Une heure plus tard, il s'appuyait sur le lutrin pour échanger des confidences au micro avec nos jeunes qui l'admiraient pour son mélange d'intransigeance sur le fond et de décontraction sur la forme. Il s'appuyait un peu trop, pour dire la vérité, sur son lutrin, il s'y vautrait presque, ma grand'mère aurait trouvé qu'il se tenait mal, mais cette position confortable lui permettait d'adopter le ton informel qui était une de ses marques de fabrique.

"L'immigration, une chance pour la France"

À cette époque, le RPR l'avait pour tête de Turc. Le mouvement chiraquien, cornaqué par Charles Pasqua, fleuretait avec le Front National (FN) et trouvait que le fils d'immigré Stasi agitait un peu le chiffon rouge contre le FN, dont il ne fallait pas (ben voyons) fâcher les électeurs. Aux régionales de 1986 (les premières au suffrage universel direct et à la proportionnelle intégrale), les élus RPR de Champagne-Ardenne se firent longtemps tirer l'oreille pour accepter, en se pinçant le nez, que Stasi restât président de sa région.

Voyant partout suinter les tentations xénophobes, Stasi, à qui tous les bien pensants conseillaient de se faire discret, prit le parti exactement inverse et publia un livre dont le titre choc exprimait précisément la pensée énergique : "L'immigration, une chance pour la France". Je dois dire que nous étions fiers de lui, fiers de ce courage, si rare en politique.

Les opinions sur la manière d'endiguer la montée du FN se divisaient alors en trois catégories : ceux qui disaient "Je n'en parle jamais, ça lui fait de la pub", "N'insultons pas les électeurs" ce qui revenait à composer en fait avec les idées du FN, et, troisième catégorie, ceux qui ne lâchaient rien. La gauche, à cette époque, possédait des voix pour défendre les principes, mais sa position stratégique était ambiguë comme on l'a vu en 1998. Et Bernard Stasi, le plus authentiquement centriste, représentait à lui seul l'honneur sauvé du centre et de la politique, et en même temps le plus offensif et le plus éloquent des adversaires du Front.

À cette époque (c'est ce qu'on me rapportait à chaud et je n'ai jamais eu de raison de douter de cette source), il occupait un bureau dans le même couloir de l'Assemblée Nationale que François Bayrou. La vraie culture littéraire est rare dans le monde politique. On disait que les deux hommes, heureux de partager enfin cet atout à l'Assemblée (où Bayrou avait été élu pour la première fois en mars 1986), échangeaient des poèmes en latin dans leur couloir commun, sous l'œil médusé des autres députés qui ne prenaient certainement pas le risque de rivaliser avec de tels bretteurs.

Mais déjà, avec l'échec de la candidature Barre en 1988, l'horizon s'obscurcissait, le charisme de Stasi perdait de son impact avec la défaite de son poulain. Il commençait d'ailleurs à approcher de la soixantaine. En rentrant de l'UE de Loctudy en voiture avec des amis en 1988, peu de mois après la déconvenue, le hasard a fait que nous nous sommes arrêtés au même restaurant d'autoroute que Stasi. Malgré tout ce qui venait de se passer, il donnait une intense impression de bonheur.

Je ne suis pas capable de me rappeler quelle fut sa part dans la campagne européenne de 1989 où nous avons choisi Simone Veil pour tête de liste, pendant que Chirac s'abritait derrière l'immense intelligence et l'engagement européen indiscutable de VGE.

Les dernières rencontres

Les législatives de 1993 furent fatales au député Stasi. Il était maire d'Épernay, une ville de la Marne où par ailleurs était né mon arrière-grand-père Paul Torchet. Cette ville a une particularité assez répandue en Champagne : on y produit du champagne. Plusieurs étiquettes prestigieuses y ont leur origine. La ville est cernée de vignobles et son sous-sol est un gruyère de caves immenses où le vin s'affine en bouteille. Stasi, lui, ne buvait jamais. Il nous l'expliqua un jour : "Quand je dois porter un toast, je prends un verre plein, je le lève pour prononcer quelques mots et puis, pour avoir les mains libres pour parler, je repose le verre sur la table, ensuite je reprends une verre vide et le tour est joué". Il ne buvait jamais et poussa l'exigence morale jusqu'à refuser de combattre la loi Evin sur la publicité pour les alcools. Sa circonscription couvrait pourtant la ville et les communes voisines, toutes viticoles. Évidemment, un vigneron se présenta contre lui et le battit aux législatives.

Battu aux législatives, il fut désigné par Balladur pour diriger la mission qui réfléchirait sur le nom à donner à ce qu'on appelait encore le Grand Stade et qui est devenu le Stade de France. La part italienne du sang de Stasi bouillonnait dès qu'on parlait de football. Lors de l'UE de Biarritz, dans l'été 1993, nous nous sommes à peine aperçus qu'il n'était plus député. Il mettait en valeur le fait de détenir le grand secret du nom du futur stade. Tard le soir, au bord de la piscine, il se laissait aller à confier que ce serait probablement Stade de France, tout simplement.

Début 1996, l'équipe toute fraîche des Jeunes Démocrates de Paris (j'étais alors jeune adjoint au maire de mon arrondissement) eut l'idée d'organiser son séminaire de réflexion et de formation. J'ignore absolument comment l'idée d'aller à Épernay est venue sur le tapis, mais Stasi nous ouvrait les portes de sa mairie, nous fournissait des salles de travail et de réunion, offrait les visites guidées des fameuses caves pleines de bouteilles de champagne, bref, c'était génial, nous avons signé.

Il grisonnait. Ses joues grisonnaient, ses cheveux grisonnaient, son regard grisonnait un peu aussi. Il n'avait plus la flamme de 1986. C'est là que je l'ai interrogé sur l'affaire de 1969, il répondit comme je l'ai dit sans détour. Au fond, je crois qu'à cette époque-là, ce qui lui importait était de transmettre ses convictions, d'exprimer également ce que sa carrière lui avait appris.

Il y eut ensuite une brouille entre Bayrou et lui, je ne me rappelle plus pourquoi. L'un des jeunes de Stasi (un blond dont le nom m'échappe) s'était rapproché de Philippe Douste-Blazy, le parti se divisait entre les partisans de ce dernier et ceux de Bayrou. On ne peut pas reprocher à Bayrou de se méfier de ses amis politiques quand on voit la litanie de ceux qui ont trahi leur famille d'origine, la sienne. Car la manœuvre de Douste était liée à des intérêts extérieurs au parti. Bref, ce fut la dernière fois que j'eus l'occasion de bavarder avec Bernard Stasi.

Avec un autre de nos amis jeunes j'allais dîner un mardi dans un restaurant voisin du siège, rue de l'Université, la Poule au Pot (un nom très Henri IV, soit dit en passant). Quand nous sommes entrés dans la salle, Stasi était assis, seul. Il nous vit, nous lui proposâmes de nous joindre à lui, il accepta avec son indéfectible bienveillance et sa disponibilité coutumière. Il n'avait pas encore commandé. J'annonçai que je prendrais mon péché mignon, une entrecôte bleue béarnaise. "Bonne idée, dit-il, une entrecôte aussi pour moi, mais sans béarnaise". Avec son regard malicieux derrière ses grosses lunettes, et un petit sourire facétieux, il nous expliquait que sa route se séparait de celle de Bayrou le Béarnais.

Quelques mois plus tard, lorsque la vieille UDF explosa sous l'affaire des présidences de région gagnées avec l'appui du Front National, puis sous la perte de la présidence du Sénat, on apprit que le président de la république Chirac avait nommé son vieil ami et ancien condisciple Stasi comme médiateur de la république, un poste qui lui allait comme un gant, mais qui lui imposait un devoir de réserve. Je n'ai plus entendu parler de lui pendant toutes les années qui ont suivi, jusqu'en 2004.

La maladie d'Alzheimer

Libéré en 2004 de ses fonctions de médiateur, Stasi avait aussitôt choisi de se rapprocher de sa famille politique traditionnelle, l'UDF. On vit ses proches revenir occuper des postes-clefs dans l'organigramme du siège. Sans doute la campagne très européenne de l'UDF emmenée par Bayrou en 2004 n'était-elle pas étrangère à ce choix. Puis il y eut la campagne du Traité Constitutionnel Européen (TCE) en 2005, où je le vis pour la dernière fois dans un meeting.

Il était assis à la tribune. Autour de lui, outre Bayrou et les députés européens UDF, il y avait Jean-Christophe Ruffin (je me suis toujours demandé ce qu'il faisait là) et l'admirable Bronislav Geremek, qui secouait la tête sans comprendre comment il pouvait se faire que les Français s'apprêtent à voter contre le TCE. Geremek, abasourdi, disait "Évidemment, il y a Napoléon, et puis ... et puis les Français d'aujourd'hui". Historien, il admirait Napoléon, qui avait ressuscité la Pologne.

Un des proches de Stasi m'annonça que Bernard souffrait de la maladie d'Alzheimer. On le vit pourtant parler, presque comme autrefois, pour raconter la folle jeunesse que j'ai dite plus haut, les barrières brisées et les drapeaux brûlés aux frontières. Oh certes, il avait 75 ans, mais quelle éloquence encore, et quel témoignage des convictions ardentes d'une  jeunesse généreuse, courageuse et exaltée, comme elle tranchait si fort avec ce qu'était devenu ce pays, le nôtre, la France, recroquevillé sur lui-même, grognon, pleurnichard, passéiste et égoïste. Le contraste était total et rappelait le chemin parcouru depuis les premières fois que j'avais vu Bernard Stasi, et que je lui avais parlé, vingt ans plus tôt. Vingt ans.

Je n'ai pas osé aller lui parler.

Et voilà, la nouvelle est tombée. Plus de trente ans après que son ami Jacques Duhamel a succombé à la sclérose en plaques, il est mort avec son alzheimer.

Bernard Stasi nous manquait depuis déjà plusieurs années, depuis que son esprit le fuyait. Maintenant qu'il est mort, il nous manque tout à fait, comme une lueur dans la nuit politique, une lueur qui s'est irrémédiablement éteinte.

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Commentaires

Encore un récit de vie que l'on lit d'une seule traite avec une réelle délectation (un savoir-faire dont toi seul a le secret...). J'aurais aimé rencontrer un tel homme.
Dommage que Bernard Stasi ait souffert de cette terrible maladie qu'est Alzheimer. Je crois que c'est la plus effrayante qu'il soit lorsqu'on a eu comme lui une si haute pensée. D'ailleurs, en cette période troublée par des débats indignes de notre pays, ce serait bien de voir ce qu'il disait alors dans son livre "L'immigration, une chance pour la France".
Et ce serait intéressant aussi d'interroger François Bayrou sur les raisons de leur petite brouille, non ?!
Merci pour ce très beau billet !

Écrit par : Françoise Boulanger | 08/05/2011

Salut Hervé,

Oui, cela faisait plusieurs années que Bernard Stasi manquait au débat public, hélas. Sa voix était essentielle.

Je confirme la proximité et l'écoute avec tous, la sincérité et l'humilité. J'ajoute que la position de Bernard Stasi a été essentielle dans le refus d'alliance avec le FN en 1983. Il a eu la clairvoyance que le FN n'était pas un épiphénomène manipulable mais un mouvement de fond qui gangrènerait pour longtemps le pays.

Enfin, juste une rectification pour les âges que tu as indiqués et qui sont tous exacts sauf en 1969 où Bernard avait 38 ans à l'élection de Pompidou (et pas 32).

Bonne soirée.

Écrit par : SR | 11/05/2011

Quand on croit savoir un peu, il suffit de venir sur jour-pour-jour pour apprendre beaucoup plus. Merci.

Écrit par : FrédéricLN | 18/05/2011

Les commentaires sont fermés.