14/01/2012
"Produit en France"
Intéressante journée d'étude à la Maison de la Chimie pour tenter de donner un contenu aux principes du rétablissement de la production française. Les vidéos sont disponibles sur Bayrou.fr et je ne crois pas utile de donner un compte-rendu exhaustif, mais voici quelques idées qui me sont venues aujourd'hui.
"Il y a activité économique à partir du moment où il y a lutte contre la rareté"
J'ignore si cette phrase est de Raymond Barre lui-même, mais elle figure au tout début de son manuel d'économie politique, comme si elle était de lui : "Il y a activité économique à partir du moment où il y a luttre contre la rareté". Ce qui fait des Trente Glorieuses une parenthèse enchantée pour l'Europe et l'Amérique du Nord, c'est l'oubli de la contingence de rareté, l'impression d'abondance et d'inépuisable. Les chocs pétroliers des années 1970 sont venus mettre fin à ce rêve éveillé.
Ce qui est frappant, c'est l'écho de cette phrase d'un économiste renommé, libéral, homme politique aussi, incarnant l'ancien monde (la dernière édition du manuel de Barre date de 1997), dans ce que disent aujourd'hui les écologistes : nous sommes menacés par la pénurie, une pénurie généralisée. La pénurie étant la rareté au superlatif, nous voyons donc que les défis qui se présentent à nous et que nous désignons par le vocable d'écologiques sont en fait rien de moins que les défis économiques de notre époque, ceux de notre génération.
Oui, rareté, pénurie, épuisement des ressources qui ont correspondu au modèle de la révolution industrielle d'abord, au modèle taylorien ensuite. Mais alors que les marchands d'apocalypses referment le cercueil sur nos doigts, les économistes et les scientifiques disent : "cette rareté, cette pénurie, ne sont pas une fatalité, il existe, ou il peut exister, un remède". C'est cela la réflexion économique, et nous y sommes, trouver de nouveaux modèles de production et de consommation qui nous permetttent de surmonter la rareté qui nous menace.
Les atouts français
Dans ce schéma, nous devons considérer notre pays pour ses deux atouts principaux, et nous pouvons revenir aux réflexions de l'ancienne école française : il n'est richesse que d'hommes (et nous en avons), d'un côté, et de l'autre côté, les atouts de notre géographie. Nous disposons de plusieurs milliers de kilomètres linéaires de rivages maritimes. Nous disposons donc d'un gisement colossal d'énergie marine. L'implantation des premières hydrauliennes, en Bretagne, doit permettre de déterminer à terme la durabilité du matériel et son impact environnemental, ce qui aboutira à fixer vite sa rentabilité. Sans doute pourrons-nous produire pour pas cher des mégawatts comme s'il en pleuvait, et non seulement en métropole, mais dans les DOM-TOM qui sont presque tous des îles.
Nous pourrions donc envisager une production d'électricité à trois grands pôles : un nucléaire (à partir du moment où la fusion nucléaire sera au point), un hydraulien et le troisième pourrait ressembler à ce qu'imaginait Joël de Rosnay voici quelques mois, une multitude, une constellation, de petites unités de production mises en réseau entre elles et avec le réseau principal des deux pôles, l'un hydraulien, l'autre nucléaire. Ce qui n'interdit pas, bien entendu, l'éventualité d'installation des délicieuses éoliennes en chistéra démontrées par Marc Lassus tant à l'Université de Rentrée qu'aujourd'hui.
La différenciation du produit
En réalité, ce dont notre pays souffre en ce moment, c'est son anonymat. Rien de plus paradoxal que cet anonymat, car Paris et la France sont toujours synonymes de raffinement, de luxe, de savoir vivre, de terroirs, mais nos produits ne bénéficient pas de notre image. Sans doute n'y a-t-il pas une réflexion suffisante pour l'identification des produits. Et même l'inverse. Par exemple, les gens du XVIe arrondissement de Paris, comme moi, connaissent les deux marques Weston et Smuggler, deux marques fabriquées en France, mais comme elles sont destinées au marché français ... elles se cachent derrière des noms anglo-saxons, ce qui rend difficile l'identification du produit à l'export.
Je ne dis pas qu'il faille ressortir forcément les marques Chambourcy et Gervais, on voit que ce serait assez vite malsain dans l'esprit, mais il ne fait aucun doute que quelque chose de commun doit différencier les produits fabriqués en France proposés au reste du monde, il doit y avoir une différenciation commune si nous voulons être efficaces.
Signalons au passage le chiffre donné aujourd'hui que les principales grandes entreprises françaises "font" 50% de leur chiffre d'affaires à l'export, ce qui explique en partie leur appétit de délocalisation, alors que leurs homologues allemandes continuent en général à produire essentiellement en Allemagne. La difficulté d'exportation concerne surtout les PME et la multitudes des produits les plus notablement réalisés en France.
Différenciation, nous devons être conscients que le label "produit en France', chez nous comme à l'export, est avant tout un éléménet de différenciation du produit, un élément parmi d'autres, et on voit mal pourquoi cette différenciation-là serait interdite. On imagine des produits à double label : "Halal - produit en France" (ou Cacher - produit en France), ou (pourquoi pas ?) "issu du commerce équitable - produit en France".
Cette différenciation est cruciale, car ce dont nos produits souffrent le plus, c'est justement de ce défaut d'image, de ce défaut de différenciation produit collective, aussi bien à l'export que sur notre marché domestique.
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Commentaires
Dslée, ne suis pas passée au deuxième étage^^^Le temps m'a fait défaut et les choix à faire peuvent etre cruels parfois. :o))
Sinon, l'assemblage la recherche tout ce qui est "pointu" ou trésor à préserver effectivement produit en Allemagne, certaines pièces sont peut-etre délocalisées ? :o))
Avez-vous suivi les processus optiques? Appareils photographiques?
Bonne soirée Hervé.
Écrit par : Martine | 15/01/2012
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