"Péguy président", le centre est-il une tare ?

Non (je dis ça pour les collégiens qui croient que Louis XI, c'est le XIe siècle, Louis XII le XIIe siècle et Jeanne d'Arc la mère de Napoléon), Charles Péguy n'est pas le grand-père de Miss Piggy, la cochonne du Muppet Show. Charles Péguy est un poète de 1900, dreyfusard (l'affaire Dreyfus...), catholique (Jésus Christ), révolutionnaire (Robespierre), bouillonnant, mort au champ d'honneur en septembre 1914 (la guerre de 1914-18). C'est à lui que Yann Moix (Podium) fait référence dans un très bel article du Point de jeudi dernier, un texte extrêmement inspiré et brillant où il brosse un portrait d'une grande poésie. J'ai tenu à en parler ici, juste pour le plaisir d'en extraire quelques lignes (j'espère que l'auteur ne m'en voudra pas de ce piratage pour la bonne cause) :

"Le centre semble, dans la politique française, être une risible tare, un fourre-tout électoral, une géographie tiède, un rendez-vous des indécis, une salle d'attente floue. Le centre fut longtemps la capitale des hésitations, le royaume des atermoiements, une faiblesse de caractère : il est peut-être aujourd'hui le seul cosmos traversé de fusées neuves. On peut s'y affranchir des réflexes, être excessif et ferme, devenir soi-même avec ou contre les autres, surtout contre, slalomer entre les dogmes, mépriser les paralysies partisanes, proposer au réel de s'installer dans des catégories neuves, élastiques. L'argent n'est pas le problème : l'urgence est de lui donner une signification ; le marché n'est pas une apocalypse : l'urgence est de lui donner un sens. L'Europe n'est pas un fléau : l'urgence est de lui donner un visage."

Bravo, Yann Moix. Je signe, ou plutôt j'aurais adoré signer ce texte. Clap clap clap. Là, je me reconnais. De là je suis. Là je vais.