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10/02/2012

Des gisements de croissance dans le logement pour tous

Avant d'entamer cet article sur mon blog ouvert pendant la campagne présidentielle de 2007 de François Bayrou, en janvier 2007 précisément, je tiens à adresser mes salutations aux nouveaux lecteurs que lui apporte l'intégration de son flux rss dans les canaux de News Republic, une plateforme qui opère sur les smartphones et avec laquelle je viens de signer un partenariat.

Le lecteur habitué de mon blog sait que je ne suis pas obsédé par l'idée de la croissance, du moins pas pour la France, ni pour le moment, en tout cas pas par la croissance que produit l'augmentation du pouvoir d'achat. Comme nous ne produisons pas assez de ce que nous consommons, l'augmentation de notre capacité de consommer se traduit forcément par une accentuation de notre déséquilibre extérieur. Le pouvoir d'achat fort en France se traduit par de la croissance en Chine, puisque sur 70 milliards d'Euros de déficit extérieur en 2011, 28 se sont faits avec la Chine, tout juste 40%. La part de nos partenaires européens dans ce déficit dépasse probablement encore les 50%.

Cependant, si la croissance immédiate par le pouvoir d'achat n'est pas notre intérêt en tant que pays, les économistes internationaux, agences de notation en tête, ont attiré notre attention sur le fait que nous ne devions pas pratiquer la rigueur budgétaire sans veiller par ailleurs à maintenir un niveau suffisant de croissance, c'est notre participation aux flux mondiaux qui s'y joue, une responsabilité que nous ne pouvons pas éluder même si elle devrait logiquement nous ouvrir des droits aussi, dont nous ne voyons pour le moment pas le contour, peut-être en termes de lutte contre les délocalisations d'unités de production.

Quoi qu'il en soit, puisque la croissance n'est pas interdite, au contraire, c'est l'occasion de rappeler, d'une part, qu'elle peut résulter d'une simple amélioration de notre offre de production, de notre outil de production (grâce à l'amélioration de l'environnement normatif, R&D et fiscal de nos entreprises, notamment), mais qu'il existe aussi des gisements de croissance et d'emplois pour le moment sous-exploités dans notre pays, en particulier le logement.

Quelques mots sur les propositions de MM. Hollande et Sarkozy

On sait qu'il y a en France un manque de plusieurs centaines de milliers de logements, que des centaines de milliers de familles sont au moins mal logées, quand elles ne sont pas à la rue, tout simplement. On sait aussi que la multiplication des travailleurs pauvres, rémunérés en deçà du SMIC, s'accompagne de la multiplication de sans logis et de personnes mal logées, les appels des ONG, notamment de l'Abbé Pierre, et du SAMU social, par exemple, nous le rappellent constamment.

Pour améliorer la situation, le candidat Hollande propose de donner purement et simplement des terrains constructiobles de l'État à des communes pour leur permettre de construire des logements sociaux à moindre coût. En apparence, cette offre généreuse séduit. Le foncier prend une part de plus en plus importante dans le coût de la construction. Cependant, il faut dire que cette mesure est suspecte.

D'abord, les communes en question sont en général administrées par la gauche, donc on fait des cadeaux à des municipalités dans la perspective des élections municipales de 2014, ce qui rend tout à coup le cadeau moins ... désintéressé. Ensuite, les communes sont en moyenne dans une situation financière délicate. Leurs comptes sont souvent grevés par des actifs pourris, voire tout simplement par des gestions à courte vue, comme la Ville de Paris, dont les impôts ne cessent d'augmenter, cependant que la dette a été multipliée par 20 en dix ans, alors même que la Ville vendait onze millions de mètres carrés de son domaine foncier. Faire des cadeaux à de mauvais gestionnaires n'est pas une promesse de résultats probants, on s'en doute. On a d'ailleurs envie d'ajouter que la mauvaise gestion des communes provoque la flambée des taxes foncières, qui pèse à la fois sur les résultats des opérateurs d'HLM et sur les loyers payés par les locataires, puisque les opérateurs répercutent cette hausse sur leurs locataires, ce qui est logique. Donc on fait avec le patrimoine du contribuable un cadeau destiné à pallier la mauvaise gestion des communes, ce à moins de deux ans des municipales et alors que la majorité écrasante des grandes communes est administrée par la gauche. Tsss.

Esuite, l'affaire Kucheida, tout récemment, a révélé que le réseau des offices d'HLM pouvait constituer, comme la rumeur le dit depuis longtemps, une forte base arrière financière pour le Parti Socialiste. En d'autres termes, M. Hollande fait un cadeau à un lobby qui le soutient. Il y a de quoi rendre la mesure suspecte. D'autant que ce cadeau est redoublé par le doublement du plafond du Livret A, dont la collecte sert principalement à l'édification d'HLM. L'affaire récente du fichage indiscret des locataires d'HLM de la Ville de Paris souligne le danger démocratique que le choix de M. Hollande fait courir à notre pays, je crois qu'on l'a compris. En apparence, l'intention est louable. En réalité, elle est douteuse.

Quant à la proposition de M. Sarkozy d'augmenter de 30% la possibilité de construction, il est plausible qu'elle offre quelques perspectives, mais elle a aussi des inconvénients, et de toutes façons, il est probable qu'elle ne serait efficace qu'à la marge, sur de petites quantités de logements.

Ni l'un ni l'autre ne formulent de propositions décisives ni enthousiasmantes. Les organismes d'HLM (SA ou OP) jouissent d'une trésorerie conséquente, soit dit en passant, qui pourrait leur permettre l'accélération des mises en chantier. La cession de logements aux locataires est aussi une piste que l'on pourrait encourager sans aller brader le patrimoine de l'État. Mais cela ne suffira pas. Il faut donc diversifier le point de vue.

Des problèmes absurdes, solutions innovantes

Ce qui frappe beaucoup, dans les rapports rendus publics par les ONG qui opèrent dans ce secteur, et même dans les reportages que l'on trouve dans les médias ou sur internet, c'est la folle (et croissante) proportion de gens qui, tout en ayant un revenu fixe, un emploi, soit n'ont pas de logement, soit ne trouvent pas de logements dont les caractéristiques expriment un sain ratio Revenu / (coût de la construction + rémunération du bailleur). En d'autres termes, la rareté des logements fait qu'ils sont chers, c'est la logique du marché, mais qu'ils sont surtout anormalement chers dès lors qu'on sort du cadre du logement aidé.

Or si l'on prend l'exemple vu hier soir dans un reportage d'un employé à mi-temps de la SNCF qui touche 650 Euros par mois, il est évident qu'il aurait de quoi se payer une HLM en ajoutant une APL à son salaire. Il y a donc perte de chiffre d'affaires anormale pour le secteur du logement, public ou non.

Cette logique simple est extensible jusqu'à une grande échelle. Parmi les sans logis, les mal logés, il y a des populations entières dont les caractéristiques de logement sont en disproportion avec le revenu. Il y a donc des marges de croissance considérables dans l'adéquation du marché aux revenus (et ce malgré la baisse du revenu médian ces derniers mois). Il y a des gaspillages anormaux de revenus qui devraient correspondre à de la construction de logements neufs et solvables.

Si ce gaspillage existe, c'est qu'un problème de marché s'est développé, le marché ne fonctionne pas comme il le devrait, quelque chose l'entrave. Est-ce un effet de seuil dans les HLM ? Est-ce la sédentarité des locataires et l'inadéquation dans l'autre sens de leur revenu aux caractéristiques de leur logement ? Difficile à dire. Peut-être. Sans doute. Mais cela ne peut expliquer à soi seul la pénurie du secteur.

Toujours est-il que trouver le moyen pour le marché de jouer son rôle et d'offrir des logements dignes à ceux qui peuvent les payer, ce qui permettra aux opérateurs sociaux de se concentrer sur les ménages en réelle difficulté, voilà qui devrait offrir plusieurs milliards d'Euros annuels de constructions neuves pendant plusieurs années, des fractions de points de croissance, certes, c'est à peine plus qu'une goutte d'eau, mais beaucoup d'emplois. Des logements pour tous et des emplois, quelle perspective !

François Bayrou n'a pas encore formulé de propositions dans ce domaine, mais gageons qu'il saura en sortir de son chapeau au moment opportun.

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