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19/02/2012

Le pluralisme ou la mort

On le constate chaque jour, la pression des deux grands partis pour transformer la bipolarisation en bipartisme se fait plus forte. Cela rappelle les années 1980 où, par exemple dans l'affaire des marchés publics d'Île de France, la règle était deux tiers pour le parti au pouvoir, un tiers pour son principal opposant. Savoir laisser une place à l'opposition est exactement ce que Nicolas Sarkozy a fait pendant ses cinq années de mandat. On ne s'y trompe donc pas.

Et d'ailleurs, les deux partis ont des sponsors en commun : Vinci (Notre-Dame des Landes PS et UMP, dalle près de la BNF dans le XIIIe arrondissement PS, nouveau forum des Halles à Paris PS), Roland Garros PS et UMP, etc. Au passage, on peut d'ailleurs se demander si l'empressement de l'incivique exilé fiscal Yannick Noah à soutenir M. Hollande ne serait pas lié à l'extravagante extension accordée par la Ville de Paris au stade Roland Garros sur l'emprise pourtant protégée et même classée des Serres d'Auteuil...

Donc les deux mastodontes de la politique française se partagent le gâteau. Miam. Et ils ont faim. Une faim insatiable.

Le voyage de Laurent Fabius au Gabon, vers M. Bongo junior, illustre la volonté du PS d'incarner la continuité plus que le changement, M. Fabius étant donné probable ministre des Affaires Étrangères de M. Hollande. Faut-il rappeler que, dans sa traversée du désert, M. Fabius est allé se revigorer ... aux États-Unis ? Combien y a-t-il donc de chances que M. Hollande fasse cesser la mise au pillage de l'économie française ? Peu, trop peu.

Et si les grands partis s'entendent pour éradiquer le pluralisme, le silence de leurs programmes respectifs sur l'éventualité de l'introduction d'une dose raisonnable de proportionnelle dans les scrutins nationaux et locaux (là où il n'y en a pas ou plus) en dit assez long sur leur projet commun de confiscation.

Qu'on ne s'y trompe pas : cette confiscation aboutirait vite, comme l'a justement annoncé M. Bayrou, sur un déplafonnement des dépenses de campagne sur le modèle américain (l'argent est le point faible de la démocratie US). Or faut-il rappeler qu'en 1988, dernière élection où les dépenses de campagne n'ont pas été plafonnées, le budget de M. Barre fut de 80 millions de Francs (au moins 20 millions de nos Euros actualisés), celui de Jacques Chirac 150 millions (au moins 35 millions) et celui du président sortant qui ne s'est pourtant déclaré qu'en mars 1988 François Mitterrand 250 millions de Francs (au moins 50 millions de nos Euros actualisés) ? Plus on a d'argent, plus on gagne.

Oh, c'est déjà un peu ainsi. Les grands partis jouissent d'une dotation annuelle d'État de plusieurs dizaines de millions d'Euros, tandis que le MoDem, par exemple, n'en a que 4 millions. La partie semble bien inégale, tant l'utilisation des moyens du parti semble indissociable de ceux de la campagne. Sans compter ceux des collectivités locales et autres ministères enrôlés de force et en toute discrétion...

Alors, que faut-il ? poursuivre cette évolution vers le toujours plus d'argent (qui signifie aussi toujours plus de corruption et de lobbys en tous genres, forcément) ou l'enrayer ? L'enrayer, c'est ce que je crois.

Il en va évidemment de la santé globale de notre gestion publique. Il en va aussi de la diversité des courants politiques, de la diversité de notre société, de sa vitalité. Il en va donc d'un mot qui ne doit pas viser seulement les espèces en voie de disparition, ni les cultures en voie d'extinction : le pluralisme.

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