20/02/2012
Bayrou est-il jugé crédible ?
L'excellent Frédéric Lefebvre-Naré posait récemment le problème de la crédibilité de François Bayrou et son analyse a été depuis lors confirmée par mon micro-trottoir personnel : ce qui manque encore au candidat central, c'est (selon l'expression de FLN) "une équipe d'officiers au complet prête à suivre ses ordres". Pourtant les soutiens lui sont assez nombreux, de plus en plus d'ailleurs, des profils sérieux, des ministrables solides. Mais apparemment, ce petit plus qu'on appelle la crédibilité n'y est pas encore, c'est là qu'il faut parler d'un effet de spirale des sondages : les sondages sont moyens, or on consulte les sondages, on sent que la crédibilité n'y est pas encore et les sondages ne montent pas. Cet effet de spirale joue aussi du côté des médias : moins on voit le candidat, moins il monte, et moins il monte, plus les médias peuvent affirmer, la larme à l'œil 'Si seulement il montait, je l'inviterais tous les jours".
Parlons donc de la crédibilité.
Tout d'abord, la Ve république a été conçue pour permettre à l'exécutif de gouverner sans majorité. Dans l'esprit, le mécanisme n'est pas aussi fort que selon la constitution allemande, mais il lui ressemble : le premier ministre n'a pas besoin de la confiance de l'Assemblée nationale pour diriger le gouvernement (il est nommé seulement par le président de la république) et c'est au contraire une majorité de députés qui doivent voter contre lui pour qu'il soit battu. Ce mécanisme est ce qu'on nomme la "censure", la censure renverse le gouvernement et oblige le président à nommer un gouvernement. Pour qu'il y ait censure, il faut deux mécanismes : soit une motion de censure, soit l'engagement de la responsabilité du gouvenrement. Il est de tradition que le premier ministre, peu après avoir été nommé par le président, engage la responsabilité de son gouvernement. Dans les faits, le discours de politique générale et l'engagement de responsabilité du gouvernement tiennent lieu de ce qui s'appelait auparavant l'investiture du gouvernement, mais en réalité, ce n'est pas du tout la même chose.
De ce fait, parce que le gouvernement n'a pas besoin d'une majorité permanente, il est assez libre de construire des majorités au fil des projets qu'il juge nécessaires. C'est cela, cette vision institutionnelle, qui a été inscrite dans la constitution de 1958, et rarement appliquée depuis. C'est cela, cette vision institutionnelle, que Bayrou incarnerait, désignant un premier ministre et un gouvernement capables de travailler avec des parlementaires de tous les horizons.
Qu'on le comprenne bien : rien n'oblige les ministres à être eux-mêmes parlementaires en exercice, ils peuvent être d'abord des techniciens, des experts, des consciences...
Donc évidemment, il n'y a pas de visibilité sur ce qui pourrait se passer, me direz-vous. Mais si, car le vote des budgets clarifie les situations et on est assez tranquille de ce côté-là, car il y a bien assez de parlementaires dominés par l'esprit civique dans les deux camps pour assurer l'adoption des budgets de courage que la situation difficile de notre pays réclame.
Bon et puis, Frédéric a raison, dès que le seuil de 15% sera atteint, d'autres soutiens se manifesteront encore, créant peu à peu l'image d'un rassembleur capable d'unir les forces du pays pour traverser l'ouragan et mener le navire à bon port à travers ce que Vigny, reprenant Homère, a nommé la "mer des multitudes".
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Commentaires
Ton analyse de la Vème République recoupe tout à fait ce qu'en écrit le préfet Paul Bernard, qui appelle à élire un véritable "président de la Vème République" : http://www.francedemocrate.info/spip.php?article745
Faut-il rappeler que jamais le parti "gaulliste" n'a eu, sous De Gaulle, de majorité absolue, ni à l'Assemblée, ni évidemment au Sénat ?
Écrit par : FrédéricLN | 20/02/2012
@ FLN
De 1958 à 1962, le 1er parti, et de loin, est le CNI (qui sera emporté peu après par son soutien inconditionnel à l'Algérie française).
L'article que tu mets en lien est extrêmement intéressant. Décidément, il est temps de réveiller France Démocrate !
Écrit par : Hervé Torchet | 20/02/2012
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