Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/02/2012

Stigmatiser les riches

Bien sûr, l'augmentation des salaires patrons des entreprises du Cac 40, annoncée il y a peu, peut passer pour une provocation au moment même où les fermetures d'usines se multiplient et où l'État est en grande difficulté financière, difficulté dont il ne sort qu'en accentuant la pression fiscale. Tout cela est vrai. Les démagogues de gauche l'ont bien compris, M. Mélenchon en particulier. Mais ce n'est pas en stigmatisant une partie de la population que notre pays pourra s'en sortir. Si nous voulons qu'il redresse la tête, qu'il aille de l'avant, qu'il crée plus de richesse à partager, qu'il crée plus d'emplois, il faut cesser de désigner des boucs émissaires, hier les tziganes, aujourd'hui les millionaires.

Dans les deux cas, il s'agit d'une population restreinte, on ne prend donc aucun risque électoral à la désigner à la vindicte populaire. Peuple, tu cherches des responsables coupables de tes maux ? les voici. Pends-les donc avec leurs tripes à la grille de leurs châteaux.

Non, décidément, ce n'est pas comme cela que l'on pourra faire avancer les choses et faire progresser la conscience publique et donc la particpation de chacun aux décisions et actions publiques. Notre peuple a besoin de mobilisation, pas de haine. En appelant au sacrifice des millionaires sur l'autel de Moloch, on ouvre la boîte de Pandore, car une fois que l'on se sera rendu compte que ces millionaires, plumés, n'ont pas sorti le pays des difficultés, quelle autre catégorie désignera-t-on à la vindicte publique ? La guillotine, on sait quand elle commence, on ne sait jamais quand elle s'arrête.

Alors bien sûr, vous me direz : "très bien, ne faisons rien, et tout s'arrangera ?" Non, il faut agir. Mais au centre du jeu, il y a la dette de l'État. Paralysé par son endettement et par la pression fiscale qu'il impose à toutes les catégories de la population, l'État est incapable d'agir. Il peut s'exprimer, mais ses paroles sont vaines, car il lui manque la faculté de l'action.

D'ailleurs, la bulle des dettes des États pousse les inégalités à la hausse. Pourquoi ? parce qu'elle produit des rendements financiers torrentiels sans efforts. Elle nourrit le jeu sur l'argent lui-même. De ce fait, la rentabilité qu'offre l'activité économique paraît faible, pâle, au regard des taux de la spéculation sur l'argent. Il faut donc pousser la machine productive, ce qui la déglingue, pour donner du rendement financier, et les rémunérations des dirigeants suivent. Si l'argent est au contraire plus rare, les inégalités stagnent. Oui, pour réduire la spéculation, il faut réduire l'endettement des États, ce qui réduira la liquidité de l'économie mondiale.

La réduction de cette liquidité aura un avantage accessoire, celui de rendre plus voyantes les opérations financières liées au blanchiment et aux paradis fiscaux. car il faut savoir que, selon la cour des Comptes, le blanchiment s'élève en France à 220 milliards (mais je crains que la cour n'y ait mélangé la fraude fiscale avec l'argent des réseaux mafieux, ce qui est dommage) par an, cependant que j'ai lu sur le site Aidonslargent.org que le montant des dépôts français dans les paradis fiscaux s'élève à 532 milliards. On voit qu'il y a de la marge pour réduire la dette de l'État en créant une spirale vertueuse par le désendettement de l'État, grâce à la réduction de la liquidité mondiale et donc à la transparence des transactions financières.

Or ceux qui désignent les millionaires à la haine publique sont aussi ceux qui prônent l'aggravation de la dette de l'État par l'augmentation de la dépense publique. De qui se font-ils donc les complices ?

En réalité, nul doute que, une fois les dettes souveraines réduites, les inégalités diminueront aussi. Ensuite, comme l'environnement normatif et fiscal des entreprises aura été amélioré, l'activité reprendra sur des bases saines et il sera possible de réduire la pression fiscale et de rendre du pouvoir d'achat à nos concitoyens qui en ont un grand besoin.

Cela, ce pouvoir d'achat, la mesure de taxation à 75% des plus gros revenus ne le permet pas, puisqu'elle ne rapporte guère plus de 200 millions d'Euros, une goutte d'eau dans l'océan de la dette publique. Rappelons que Bayrou crée une tranche à 50% qui ne représente qu'une augmentation modérée des impôts des hauts revenus, et qui cependant ne doit pas rapporter beaucoup moins de 2 milliards d'Euros, dix fois plus que le cri de haine poussé par M. Hollande. Encore s'agit-il d'ailleurs d'une hausse provisoire avant de réformer l'État et d'engager le redressement du pays et le retour progressif et sain de l'augmentation du pouvoir d'achat.

De toutes façons, nous savons que nous ne nous en sortirons que si et seulement si chacun, quelle que soit sa position sur l'échelle sociale, cesse de penser que l'autre est coupable : l'étranger, le chômeur, le millionaire, car nous sommes tous coresponsables de notre pays et de son destin, et il ne peut aller de l'avant que si nous nous retroussons tous les manches pour œuvrer en commun à son avenir qui est aussi le nôtre.

 

11:54 | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Hahaha !
On croirait lire un des rédacteurs de Paris-Match.

On ne prend pas les mouches avec du vinaigre.

Éventé. Réchauffé. Mantra.

Défense du droit divin des riches à manipuler les processus politiques.

Écrit par : bob | 15/04/2012

@ Bob

Non : refus des boucs-émissaires. Les riches doivent participer au redressement plus que les autres, puisqu'ils peuvent plus, mais il y a des forces considérables qui entravent la société et qui la parasitent et qui ne sont pas les riches. Trop facile d'isoler un bouc-émissaire, il faut avoir une vision globale.

Écrit par : Hervé Torchet | 16/04/2012

Les commentaires sont fermés.