20/11/2012
La culture, seul rempart contre la barbarie
C'est avec gravité qu'il faut constater le résultat officiel du scrutin qui confirme Jean-François Copé à la tête de l'UMP, le parti de droite issu du chiraquisme, sorte d'enfant dévoyé qui s'égare dans l'errance.
La ligne incarnée par Jean-François Copé est celle que les électeurs français ont rejetée au printemps dernier en ne renouvelant pas leur confiance à Nicolas Sarkozy. Cette ligne politique est l'autre nom du déshonneur qui a frappé notre pays pendant cinq années. Ses moyens sont l'abrutissement des masses dans l'invective et dans la haine d'autrui et donc de soi.
La préparation de ce vote a donné lieu à des analyses contradictoires. D'un côté, l'on disait les adhérents de l'UMP chauffés à blanc par les années de sarkozysme et désireux de se jeter dans les bras de Mme Le Pen et surtout de sa nièce plus gironde, Mlle Maréchal, en criant "Maréchal, nous voilà", ce qui, pour un parti se réclamant de l'héritage du général de Gaulle, relevait du paradoxe le plus ignoble. Mme Jouanno a quitté l'UMP pour le nouveau parti de M. Borloo sur ce thème, affirmant que M. Fillon lui avait confié qu'il trouvait que les adhérents de l'UMP étaient très à droite, trop pour elle. De l'autre côté, on expliquait que les militants, comme les électeurs, aspiraient à une UMP pacifiée et recentrée, plus respectable que lors des frasques sarkozyennes. Finalement, on a pu mesurer à quel point M. Sarkozy avait été en porte-à-faux non seulement avec une partie notable de son électorat, mais même avec une partie considérable de ses propres militants, tout juste la moitié, comme le démontre le vote de dimanche. Or en politique, pour gagner, la première règle est de rassembler son propre camp.
M. Barbier, directeur de l'Express, pourra s'en défendre, mais la couverture de son magazine (qui a connu des sommets de vente), couverture qu'on ne peut qualifier que de putassière, a contribué à réveiller l'ardeur haineuse et islamophobe de l'électorat, cet hebdomadaire a donc, comme d'autres ces temps-ci, fait le jeu de M. Copé. L'Histoire s'en souviendra.
Car tout ceci ne serait que péripéties électorales si la victoire de M. Copé ne signifiait pas le retour de la stratégie xénophobe au sommet du parti de droite. La barbarie s'est retrouvé un flambeau et un porte-targe. Dans cette époque dangereuse, terrible, où tout paraît réuni pour l'explosion universelle imminente, le choix de la barbarie est le pire qui se puisse imaginer, celui qui menace le plus la notion même de civilisation qu'il prétend défendre. Oui, redoutons la barbarie. Ne lui cédons rien. Et notons, comme un mémento à usage du temps présent, que contre la barbarie, le seul rempart est la culture.
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Commentaires
Dans son livre "Abus de pouvoir", François Bayrou avait comparé Nicolas Sarkozy à un "enfant barbare"
"Enfant" parce que pas assez cultivé justement, pas formé par les épreuves et les frustrations constructives. Probablement un enfant "trop gâté", à qui on n'a rien refusé, et qui de ce fait s'est adjugé le droit de régner sur toute personne... Ces dix dernières années tout le monde a pu constater chez lui une réelle carence d'empathie ! Toute attitude vertueuse n'était que simulation... Sa politique n'a tenu finalement que par la présence d'hommes "normaux" (pour employer le terme officiel), tels Alain Juppé ou François Fillon qui ont su pondérer les excès du chef.
Chez Jean-François Copé, j'ai l'impression qu'il y a une nette différence de personnalité. J'ai pu le rencontrer lors de sa venue à Dax pour sa campagne : il m'est apparu complètement différent de ce qu'on montre de lui dans les médias. Il a un réel talent d'orateur, fait preuve de simplicité, d'attention à chacun (il a notamment accepté de discuter avec moi alors qu'on m'a présenté à lui comme MoDem convaincue...) et a su expliquer que ses paroles hors contexte (le pain au chocolat en particulier) ont été judicieusement déformées par ses opposants. J'ai par exemple noté qu'Alain Juppé a changé son jugement sur lui après avoir reçu les deux candidats dans sa ville et avoir écouté les deux meetings. Avant le passage de Copé, il disait en privé sa nette préférence pour Fillon, après il a bien insisté en redisant qu'il restait neutre.
A moi Copé m'est apparu comme un homme "blessé" par la vie, un écorché vif qui veut avant tout prendre sa revanche sur certains bourgeois. Et s'il ne voulait qu'habilement reconquérir une partie de l'électorat du FN pour mieux... affaiblir l'extrême droite ?!! Sincèrement.
C'est à mon avis une option stratégique positive que l'on devrait lui accorder. Pratiquons plutôt la présomption d'innocence que la condamnation sans appel.
Écrit par : Françoise Boulanger | 20/11/2012
Non Françoise, tout ce qui enfourche les arguments du FN les légitime. Il est beaucoup trop tard pour la présomption d'innocence. J'ai déjà donné. L'immigration est une chance pour la France.
Écrit par : Hervé Torchet | 20/11/2012
Biien sûr que l'immigration est une chance !
Je dis simplement que je ne crois pas du tout que Copé veuille réellement mener une politique "raciste" dans les années à venir.
Nous verrons de toute manière très vite comment les journalistes présenteront les choses. Justement dans ma ville, nous avons actuellement une manoeuvre de la gauche contre la droite pour diaboliser systématiquement certains élus : dès lors qu'ils sont de droite, ils sont forcément coupables, alors que ceux de gauche sont forcément vertueux. Il faut faire cesser cette mentalité. Et ce sont certains journalistes qui entretiennent ces attitudes perverses. Tu l'as dit du patron de l'Express...
Écrit par : Françoise Boulanger | 20/11/2012
Je le répète, la question n'est pas la politique qu'il veut mener, mais ce qu'il agite de dangereux dans no concitoyens. Parfois, les mots sont encore pires que les actes.
Écrit par : Hervé Torchet | 20/11/2012
Il ne me semble pas avoir dit le contraire de toi ! Ce sont les journalistes qui déforment les propos en isolant certains mots des politiques de leur contexte ! Je dis exactement la même chose que toi. Oui les mots sont dangereux et quelquefois on fait passer certaines personnes pour ce qu'elles ne sont justement pas.
Écrit par : Françoise Boulanger | 20/11/2012
Non, Françoise, tu verses dans l'angélisme.
Écrit par : Hervé Torchet | 20/11/2012
Ah, ah ! Moi, verser dans l'angélisme ?! Il faudrait que tu ailles le dire à mon maire ! Ou à quelques uns de ses adjoints qui refusent toujours de me saluer tellement ils ont peur de moi. Tant la "naïve" que je suis est capable de dénoncer les agissements malhonnêtes. C'est curieux les autres m'aiment bien alors que nous ne sommes pas du même bord politique. Il ne faut pas stigmatiser tout un groupe sur les agissements d'un seul chef.
Dans chaque sous-groupe il y a le même pourcentage d'imbéciles et de gens intelligents.
C'est pourquoi je ne suis pas d'accord avec toi sur cette phrase : "... "Or en politique, pour gagner, la première règle est de rassembler son propre camp."
Moi je suis persuadée qu'il faut au contraire rassembler "les meilleurs de tous les camps pour gagner" ! C'est tout à fait différent. C'est du bon sens.
Malgré tout, si ça te fait plaisir de me cataloguer ainsi, je n'en suis pas vexée.
Écrit par : Françoise Boulanger | 20/11/2012
Pour continuer sur ce sujet, ce soir je viens d’apprécier l’intervention de Serge Galam dans l’émission "Ce soir ou jamais" de Taddeï. Il y a brillamment expliqué le processus de plus en plus fréquents dans toutes les grandes élections, en France comme ailleurs, de résultats de plus en plus serrés, proches des 50% vus hier à l’UMP, ou en 2008 au PS…
Pour Galam la faute en incombe, non pas aux petites fraudes individuelles (car s’il y avait eu une immense fraude organisée dans un camp, l’écart aurait été bien plus grand !), mais aux systèmes électoraux actuels, qu’il est urgent de changer pour rester démocratiques. Parce qu’on aboutit en définitive à un sentiment d’injustice dans les deux camps !!! Tout le monde est perdant… Je suis en total accord avec lui ! Le principe de deux groupes semblables (dans la force) s’opposant systématiquement tels des joueurs de foot ou de rugby est complètement dépassé ! Obsolète…
C’est pourquoi je propose d’introduire "l’opposition en interne a priori" dans tout groupe politique. En réunissant volontairement plusieurs partis différents. C’est très simple à réaliser et c’est la seule solution "profitable à tous". Une solution où tout le monde est gagnant. Ce n’est pas de l’angélisme. C’est au contraire mathématiquement logique, pragmatique et donc scientifique.
(J’en ai d’ailleurs parlé à Jean-François Copé et comme il a promis qu’il reviendrait à Dax s'il gagnait, je me ferais un plaisir de le lui ré-expliquer.
Je rapproche le mode de raisonnement de Serge Galam de celui de Vincent Courtillot (climato-sceptique "tempéré" comme il se définit lui-même…)
Puisque voici ce qu’il dit concernant le réchauffement climatique :
« L'homme a été déclaré coupable simplement parce que pour l'heure on n'a pas trouvé d'autre coupable et aussi parce que les apparences sont contre lui. »
Mais en même temps :
« S'opposer aux conclusions du GIEC ne veut pas dire, loin de là, soutenir la pollution et les gros bénéfices des sociétés polluantes. »
http://www.wikiberal.org/wiki/Serge_Galam
Écrit par : Françoise Boulanger | 21/11/2012
@Fine,
La transparence est souhaitable pour les autres mais pas pour soi-meme en certains cas^^^.
Bon courage!
Écrit par : Martine | 21/11/2012
Pour votre info Hervé, suis intervenue en 2007 lors de l'élaboration des statuts, pour un mode de désignation des candidatures locales disons, différent, qui a été transmis au siège sans que mon patronyme soit apparent^^^Mais un non anonymat pour certains (voui à cette époque j'étais "fleur bleue ou oie blanche, ou testeuse? Allez savoir) pour ce que j'en sais du 50/50 , donc non adopté et avec du recul, cela fut peut-etre mieux enfin cela a retardé certaines scissions. ;)
Ne vous cache pas que certains coms m'explosent de lol!
Écrit par : Martine | 21/11/2012
"contre la barbarie, le seul rempart est la culture"
Hélas, ce n'est pas toujours le cas. N'a-t-on pas dit que certains nazis étaient amoureux de culture?
Désolé de chercher à te contredire par des moyens barbares... même si je suis plutôt convaincu par ta thèse.
Écrit par : Eric | 22/11/2012
@ Eric
Il s'agit moins des leaders que de ceux qui ne les écouteraient pas s'ils étaient mieux imprégnés de culture, plus cultivés.
Écrit par : Hervé Torchet | 22/11/2012
Dslée toujours pas d'accord avec vous en qui concerne le volet GDepardieu que j'ai rencontré il y a quelques années, ai le souvenir d'un homme curieux avec une grande soif de savoir, il posait toutes sortes de questions qui touchaient et la littérature et la restauration et les arts de la table mais aussi ses codes.
Pour dire en bref, un homme touchant...Alors peu m'importe pour quelles raisons il a choisi de quitter notre territoire, c'est sa liberté et son choix.
@Francoise ai lu ton dernier billet,
Suis d'accord avec les formations premiers secours et incendie, beaucoup moins avec l'examen commissaire de police, j 'en ai bien percu la raison mais en fait, il suffirait que soit publié un registre du casier judiciaire avec les résultats pour partie des enquètes RG qui ont lieu en catimini et dorment dans des dossiers.
Ensuite la psychologie pourquoi pas? mais dans le cadre de la formation de l'élu avec un volet"prévention accident".
Bonne journée
Écrit par : Martine | 21/12/2012
Oups, Francoise avec modération la psychologie^^^, car entre de mauvaises mains un outil qui peut s'avérer redoutable de perversité... :o)))
Joyeuses fetes!!!
Écrit par : Martine | 21/12/2012
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