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27/11/2012

Sciences Po : comment faire la synthèse ?

Evidemment, on pourrait attendre d'envoyer un séminaire de deux ou trois ans à Uriage et de lire les résultats des travaux de ce séminaire pour tout reconstruire comme cela fut fait en 1945. Mais en attendant ce jour, il faut bien que la situation s'apaise à Sciences Po et qu'une solution soit trouvée qui satisfasse à la fois l'institution et l'intérêt public.

Il est apparu des développements récents que Sciences po connaissait une véritable double crise : crise de croissance et crise de nature.

Crise de croissance, parce que feu Descoings a procédé à une gonflette tous azimuts de l'institut qu'il dirigeait, notamment vers l'étranger, aboutissant à des partenariats avec quatre cents institutions universitaires du monde entier, des échanges extrêmement fréquents et nombreux, obtenant des résultats scientifiques consacrés par de nombreuses reconnaissances internationales, en particulier en sciences sociales.

D'autre part, Sciences Po a légèrement modifié son système d'alliances dans le réseau français. Né au début de la IIIe république, à la grande époque de l'école Polytechnique, l'institut garde des liens étroits avec cet établissemnt de renommée mondiale. Mais depuis 1945, il lui a fallu tisser des relations plus fortes encore avec l'Ecole Nationale d'Administration, conformément aux missions qui lui ont été assignées à la Libération. Le fait que le vice-président du Conseil d'Etat occupe traditionnellement un poste éminent dans les conseils de Sciences Po et que la directrice de l'école Polytechnique soit membre du conseil d'administration de la FNSP (propriétaire et gestionnaire des locaux de l'IEP) traduit l'intégration de Sciences Po dans le réseau des grandes écoles françaises, et implicitement une sorte de système d'allaices croisées.

Il s'est trouvé qu'à partir des années 2000, une autre grande école est montée en puissance, à marche forcée : HEC. Le développement organisé par feu Descoings, dans l'esprit, tient compte de cet acteur nouveau. Et d'ailleurs, Hervé Crès, adjoint de Descoings pendant quatre ans et pressenti par les instances de l'école pour lui succéder, vient de l'administration d'HEC. CQFD. Intégrer HEC à son système d'alliances est logique pour Sciences Po dans un monde de plus en plus dominé par les financiers. Mais outre que l'entrée d'un nouvel acteur dans le tour de table de l'institut nécessite que d'autres loui fassent de la place, on voit bien que l'entrée en force de la logique financière (si j'osais, je dirais financiariste) crée immédiatement une crise de nature dans l'IEP, qui a toujours eu un grand pôle économique et financier, mais don t l'esprit restait régalien.

C'est là que l'entrée en scène de Dominique Reynié prend tout son sens. Qu'il se trouve un politologue (comme feu René Rémond) pour revendiquer la tradition de la maison, remémorer sa vocation de formation et de sélection des élites de l'Etat, et donc ramener la culture générale au premier plan, tout cela est logique et saink, je dirais même nécessaire, quelles que soient les amitiés par ailleurs de M. Reynié dont la liberté me semble aujourd'hui grande.

Il faut donc trouver une solution de synthèse, les pouvoirs publics et la communauté de Sciences Po peuvent le faire, et il me semble que consolider les innovations de Descoings (en éclaircissant certaines zones d'ombre) tout en veillant à la revitalisation de la filière politico-administrative qui a fondé la création de l'école libre des Sciences Politiques en 1872 est un chemin accessible.

Peut-être faudrait-il dédoubler le poste de directeur, en créant un directeur des sciences politiques pour les filières traditionnelles et un directeur des sciences sociales, pour toutes les nouvelles. Cela aurait évidemment l'inconvénient d'affaiblir la fonction, mais cela aurait l'avantage de permettre le contrôle de chaque directeur par l'autre, à la mode des consuls romains qui allaient toujours par deux, chacun surveillant l'autre (sauf sous le consulat dit "de Jules et César").

Je trouve par ailleurs (c'est une opinion purement personnelle et extérieure à l'établissement) que M. Pébereau devrait songer à se faire remplacer à la présidence de l'IEP.

Voilà, donner un nouveau président à l'IEP et charger M. Reynié de veiller à la rénovation de la filière politico-administrative de Sciences Po, cela pourrait être une façon de sortir de la crise. Il y en a sûrement d'autres possibles, voyons ce qui va se passer.

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