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05/12/2012

Notre-Dame des Landes : la légitime suspicion

Dans les années 1970, le Crédit Agricole devint et fut la première banque mondiale. A cette époque, nos dirigeants parlaient de notre terre arable comme de notre "pétrole vert". Trente ans plus tard, nous nous sommes assoupis dans le confort trompeur de la Politique Agricole Commune de l'Europe qui a permis à des pays moins étendus que nous et moins bien dotés par la nature que le nôtre de nous devancer dans ce domaine où toute notre Histoire devrait converger pour faire de nous d'imbattables champions. Je dis toute notre Histoire, mais le grand historien Braudel a bien démontré que depuis que la France est France, elle a toujours été déficitaire dans l'aliment préféré des Français : le blé. Toujours, sauf depuis le développement sur nos sols de l'agriculture intensive après la Seconde Guerre Mondiale.

Aujourd'hui, nous exportons et, ce qui est grave, nous produisons tant que nous jetons la moitié de ce que nous produisons. Pétrole vert, qualité des terroirs et des produits, autosuffisance, gâchis, voilà ce qui doit guider notre réflexion au moment d'envisager un projet dont le premier effet est de supprimer près de deux mille hectares de terre exploitable, deux mille hectares de notre pétrole vert, prometteur de tant de raffinements et de savoir-faire gourmand.

Deux mille hectares, ce sont vingt millions de mètres carrés, quatre mille mètres sur cinq mille, quatre kilomètres sur cinq, soit environ le cinquième de la superficie de la Ville de Paris, qu'il s'agit d'effacer d'un trait de plume. Sur deux mille hactares, on peut planter des dizaines de milliers d'arbres, ou produire deux mille tonnes de blé de faible rendement mais de qualté supérieure, ou ramasser des tombereaux entiers de grenouilles à faire rissoler dans la poêle avec du beurre (salé au sel de Guérande).

Ces deux mille hectares, ces arbres, ce blé, ces grenouilles, ce sel de Guérande, et tout le reste, on nous propose de le remplacer par des pistes d'aéroport et sans doute une ville-champignon de bureaux, de parkings, de hideux espaces paysagés et de galeries commerciales. Voyons pourquoi.

Le rôle de Jean-Marc Ayrault

J'ai été très frappé d'entendre ou de lire que le projet Notre-Dame des Landes, qui date du début des années 1960, et qui avait été enterré par la suite, avait été exhumé en 1999. Pourquoi ? Parce qu'alors, M. Ayrault était président du groupe PS de l'Assemblée Nationale depuis deux ans seulement. Tout se passe donc comme si ce maire de Nantes portait une responsabilité toute particulière dans la résurrection de ce projet, comme si toute la carrière de M. Ayrault ne visait plus, finalement, qu'à cet objectif de l'aéroport fatal, comme si, pour lui, l'arrivée à Matignon avait pour premier effet (et donc pour premier but) de garantir la réalisation de cette infrastructure à laquelle il porte désormais un attachement de nature narcissique. La récente affaire de Florange a assez démontré que M. Ayrault était maire de Nantes avant d'être premier ministre, il y a là à mon avis une source grave de conflits d'intérêts, certes pas universelle dans son activité, mais pour le sujet qui nous occupe, manifeste (et néfaste par principe).

J'ajoute que, de mon point de vue, M. Ayrault a un autre grave défaut, qui est de nier l'histoire bretonne de Nantes et de son département, dont le nom de localités comme le Temple-de-Bretagne ou Vigneux-de-Bretagne est pourtant assez explicite. Cette haine de la Bretagne ne serait rien en elle-même si le pojet Notre-Dame des Landes n'avait pas pour première victime la Bretagne justement, à laquelle M. Ayrault semble vouer une haine décidément aussi polymorphe que tenace.

La mort inéluctable des petits aérodromes bretons

Il existe deux aéroports à moins de cent kilomètres de Nantes : celui de Rennes et celui d'Angers. Le premier fonctionne à la moitié de ses capacités, celui d'Angers entre dix et quinze pour cent. Il y a, en Bretagne, cinq autres aéroports capables de recevoir des lignes régulières : Lorient, Quimper, Brest, Lannion et Saint-Brieuc. Toutes ces destinations sont vouées à la mort si Notre-Dame des Landes voit le jour. C'est d'ailleurs ce qu'a constaté un défenseur du projet, Michel Urvoy, du journal Ouest-France. Donc l'argument de la création d'emplois, évoqué pour la création de NDDL, tombe de lui-même : il s'agit en fait d'enlever des emplois dans les territoires pour les concentrer à Nantes. Cette politique a un autre nom : "pousse-toi de là que je m'y mette". Elle est symptomatique du mépris qu'ont nos grands élus de nos territoires.

Rien n'est sûr, me direz-vous. Mais si. Voici le scénario programmé par le concessinnaire en puissance de NDDL : il faudra environ un milliard d'Euros, in fine, pour construire le nouvel aéroport, ses hangars, son parc hôtelier, ses bureaux, ses parkings, et toutes ses extravagances prévisibles. Quand on se sera aperçu que cet équipement ne peut être rentable en l'état de la circulation aérienne, que croyez-vous que l'on fera ? Qu'on le fermera ? Non, car cela serait avouer qu'on s'est trompé et que, depuis le début, toute cette vaste tromperie était sue pour sa vraie nature corrompue. Donc on dira "Mais au fait, vos petits aéroports, là, vous n'en faites pas grand chose, on va les fermer". Et le tour sera joué. Plus de Paris-Quimper, plus de Paris-Lorient, plus de Paris-Saint-Brieuc et plus non plus forcément de Londres-Quimper, de Londres-Lorient, ni de Londres-Saint-Brieuc.

Vinci, récidiviste du pillage des ressources publiques

L'affaire est d'autant plus suspecte que l'entreprise qui la porte est une récidiviste du pillage : l'entreprise Vinci, dont François Bayrou rappelait ce matin qu'il a été lui le seul dans toute la classe politique à dénoncer l'acquisition à prix cassés du joyau que représentaient les compagnies d'autoroutes en 2005, dont les milliards de bénéfices annuels seraient aujourd'hui bien utiles pour réduire la dette de l'Etat. Oui, Vinci et le personnel politique sont coresponsables de cette ignominie. Et c'est ce même Vinci et ce même personnel politique qui viennent, la mine enfarinée, nous expliquer benoîtement qu'il faut leur faire confiance et que le projet NDDL est écologiquement fructueux et économiquement sain. Ce même Vinci qui embauche l'un après l'autre les hauts fonctionnaires qui ont eu à valider l'opération au cours de leur carrière administrative...

MOUAHAHAHAHAHAHAHAAAAAAAAA !!!!!!!!!!

Dépêchons-nous d'en rire de peur d'avoir à en pleurer.

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Commentaires

Cette histoire me fait penser au serpent qui se mort la queue...
Alors un nouvel aéroport centralisateur, pourquoi pas?
Mais dans ce cas, pour qu'il soit rentable: faut fermer les autres, Brest patin couffin y compris l'actuel de Nantes, car en termes de rentabilité le projet n'est pas viable, plutot désastreux.
Ensuite, lors de création de nouvel aéroport, il y a infrastructures routières et connexes.
Encore, il y a tendance à ce que des zones d'activités apparaissent.
Et puis encore des lieux d'habitations car proches de son lieu de travail...
Ce scénario fut identique à toute construction d'aéroport, que ce soit Orly, Roissy, Marseille(qui a le meme vécu tant en termes de nuisances qu' en terme d'approche aéronautique que l'actuel Nantes) et j'en passe...
Alors soit! :o)) Mais autour, zéro permis de construire sur du très long terme et fermeture de tous les aéroports proches et/ou régionaux pour retour sur investissement.
Bien à vous.

Écrit par : Martine | 05/12/2012

Tiendez un lien avec présentation différente de ce que j'ai déposé ici, mais qui recoupe quelque part l'ensemble de mes contributions de mes années passées sur le web à ce sujet^^^ .
http://www.imagespolitiques.net/index.php?post/2013/01/07/Notre-Dame-Des-Landes...-suite
Votre approche m'a parue toujours trop juridique, syndrome de votre attachement à la famille Villepin, envers et contre tout? (Qui explosait de lol certains militants présents lors des grandes messes, et voui, j'ai toujours su^^^ meme si absente physiquement).
Zéro infiltration de cette famille dans ce secteur...
Salut! Et, bonne année!

Écrit par : Martine | 07/01/2013

Bon courage au de J ou bidule...Me suis cassée ne lui/leur en déplaise, z'ont tout fait pour essayer me retenir^^^, rigolo le jour de la réception de mon inaptitude définitive réclamée par moi-meme, ai recu appels intimidatifs et au secours^^^.
Chacun sa vie et ses choix.

Écrit par : Martine | 07/01/2013

@ jihème

Que votre poulain se marre en constatant l'état dramatique dans lequel il a laissé le pays apporte de l'eau à mon moulin, quoi que vous en disiez

Écrit par : hervé torchet | 07/01/2013

Il se marre devant l'effarement des Français de voir TOUT ce qu'il avait annoncé se réaliser point après point...
Toutes les trahisons, tous les renoncements, toutes les intolérances, tous les échecs et le tout en ridiculisant le pays aux yeux de l'opinion publique internationale.
Il se marre car, comme de toute évidence il n'a pas l'intention de faire un putsch.
Ne pouvant rien y faire, il applique la maxime d'un dénommé Torchet Hervé :

"MOUAHAHAHAHAHAHAHAAAAAAAAA !!!!!!!!!!

Dépêchons-nous d'en rire de peur d'avoir à en pleurer."

Qu'en pensez vous Hervé Torchet ?

Écrit par : Jihème | 08/01/2013

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