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20/12/2012

Depardieu, Danton et la patrie perdue

C'est Danton qui a dit "On n'emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers". Or Danton, Gérard Depardieu l'a incarné à l'époque où il voulait faire plaisir à un pouvoir de gauche. Je dis qu'il l'a incarné, car interprété serait un abus de langage, Depardieu n'a interprété aucun des rôles qu'il a tenus à l'écran. Depardieu, ce n'est pas un acteur, c'est une nature.

Une nature comme la sienne, le cinéma français en a connu une peu avant la sienne, c'était celle de Jean Gabin, que l'on disait patron incontesté du cinéma français, comme aujourd'hui on dit que Depardieu est le patron. Gabin crevait l'écran, il le disait lui-même, il se plantait devant la caméra et il ouvrait grand ses yeux bleus et sa forte gueule. Gabin mourut en 1976. Pendant quelques années, les patrons furent Belmondo et Delon. Puis dès le début des années 1980, Depardiue s'imposa, et depuis trente ans, le patron, c'est lui. Hélas, la comparaison s'arrête là.

Chaque fois que l'on voyait Gabin à l'écran, on savait que, le 6 juin 1944, il était dans l'une des péniches du débarquement sur une plage de Normandie. On disait même que c'était là que ses cheveux avaient blanchi, en une nuit. Qu'il le veuille ou non, Gabin, homme de droite, rigoriste dans sa vie personnelle, modèle des vertus moyennes, éleveur de chevaux, incarnait le redressement de la patrie battue, il incarnait le souffle patriotique. Hélas, de Depardieu, on ne peut pas dire autant.

Depardieu incarne les baby-boomers, jouisseurs, férocement égoïstes, vénaux dès que l'occasion s'en présente. Et si l'on considère sa filmographie, il nous faut prendre un air navré, n'en déplaise à Fabrice Luchini. Bien sûr, il y a quelques films du début, des années 1970, mais la plupart de ses rôles ne sont plus regardables, son jeu singulier (qui n'est pas un jeu, mais l'expression de sa nature) a vieilli, le charme est rompu. Heureusement, il y a les trois chefs-d'œuvres de Francis Veber. Mais tout le reste est une bouillie infâme. Il a massacré le Cyrano de Rostand, dont il a fait un rustre et une brute épaisse, alors que c'est un savant et un malicieux. Il a écrabouillé Jean Valjean dans l'une des innombrables bouses de Josée Dayan, la réalisatrice dont le nom est synonyme d'incontinence. C'est un bien triste patron pour le cinéma, et quand on se rappelle que les amis de Gabin, étaient des acteurs aussi fins, humains et inspirés que Lino Ventura ou Bernard Blier, on va tourner les yeux autour de Depardieu pour chercher en vain une semblable escorte.

Enfin, il faut le dire, le fait qu'il soit devenu sarkozyste (pour des raisons strictement vénales) ne peut être écarté de son départ pour l'étranger, car d'autres sarkozystes font ou ont fait comme lui. Quand Sarkozy était au pouvoir, nous disions qu'il incarnait l'anti-France, car en chaque occasion qui lui fut donnée, il sacrifia un intérêt français, avec pour seul alibi parfois une préoccupation vénale. Aujourd'hui, de ce penchant pour l'anti-France, nous avons la preuve. Cet homme et ses amis haïssent la France, en général pour des raisons d'argent et d'intérêt personnel, mais parfois pour des motifs encore plus vils.

François Bayrou confiait qu'il était frappé que l'électorat de droite, si longtemps attaché au patriotisme, prenne si fort fait et cause pour Depardieu contre l'intérêt général, au motif, donc, qu'il est légitime de se cantonner à un égoïsme intégral. Pour toute cette partie de l'opinion, la patrie compte désormais moins que l'argent. Le patron du cinéma français est là comme un guide vers l'obscurité, alors que son prédécesseur incarnait au contraire le chemin noble.

Bien sûr, la patrie n'est plus une notion facile. Si l'Europe est une "fédération d'Etats-Nations" (selon le mot heureux de Jacques Delors), l'expression de la patrie et du patriotisme dans ce cadre reste à définir, d'autant plus que l'Europe ne se dote pas toujours de tous les moyens nécessaires à sa propre indépendance.

Souhaitons que le départ du patron du cinéma français (qui consacre sa déchéance artistique déjà notable auparavant) fasse la place à une nouvelle génération qui puisse proposer aux spectateurs des valeurs positives où les mots d'intérêt général, de bien public et même de patriotisme retrouvent une place sans laquelle nous allons de malheur en malheur, au lieu d'échafauder ensemble.

20:58 | Lien permanent | Commentaires (15) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

L'avez-vous croisé une fois cet artiste?
A mon avis que nenni, vous m'avez toujours paru plein de cette suffisance parisianiste et "intellectuelle" détachée du commun, qui ce soir se trouve confirmée.
Lisez P Match, vous allez apprendre un peu, pas que de la romance dans cet article, beaucoup de vrai.

Écrit par : Martine | 20/12/2012

Vous ne me ferez pas pleurer sur lui, désolé.

Écrit par : hervé torchet | 20/12/2012

Pas l'objectif, voyez? Par contre je m'autorise à vous dire que ce billet est non seulement insignifiant mais aussi fortement tiré par les cheveux. Dslée

Écrit par : Martine | 20/12/2012

Oui, Jean Gabin, Bernard Blier et Lino Ventura... quelles belles personnalités ! Il y avait aussi les Brasseur... Ou Yves Montand.
Ton analyse de Depardieu, homme jouisseur et particulièrement égoïste, est fort pertinente. Pas assez d'élégance chez lui. Et pas trop de générosité non plus. Je le trouve même carrément imbu de sa personne. Dommage tout ça.

Écrit par : Françoise Boulanger | 20/12/2012

Je ne veux en aucun, du moins sur ce billet, m'avancer sur l'analyse de l'homme même s'il y aurait beaucoup à en dire...

Pour ce qui est de l'acteur, parce que je suis cinéphile, je ne peux que rejoindre les propos de l'auteur qui indiquent que G. Depardieu n'a jamais "interprété" mais effectivement toujours "incarné". La magie des vrais acteurs, c'est de savoir interpréter un rôle, fût-il totalement contradictoire de leur personne. Prenons pour simple exemple Al Pacino... Il a été à la fois le Parrain, ce mafieux froid et sans émotion, et Tony Montana dans Scarface, une espèce de fou régi uniquement par son désir de conquérir le monde ("The world is ours"). Deux rôles aux antipodes qui marquent le génie de l'acteur...

Depardieu a effectivement toujours fait du Depardieu... Et a profité de "l'exception culturelle française". Quel grand film avec Depardieu? Les Valseuses? Si c'est le cas, il faut remonter à loin.

Écrit par : JF le démocrate | 21/12/2012

Pardon "The world is yours", plutôt que "the world is ours". Il faudra que je revoie pour une n-ième fois Scarface... Plutôt que "la chèvre". C'est toute la différence entre le vrai cinéma qui marque et le veaudeville...

Écrit par : JF le démocrate | 21/12/2012

@JF, à voui vous avez donc vu le dernier métro^^^ et les récents commentaires de Mme Deneuve.
Sinon lien pour revisiter sa filmographie:
http://www.cinefil.com/star/gerard-depardieu/filmographie

Écrit par : Martine | 22/12/2012

@Hervé,
Il a su si bien incarner not' Jean Gabin (un peu à la Elvis) le cheminot, que v'la-t-y pas que la SNCF se trouve avec procès sur les bras pour son action ou non réaction lors de la deuxième guerre mondiale via plainte déposée aux US...Des millions d'euros réclamés^^^. Dslée.

Écrit par : Martine | 22/12/2012

@ Martine

Le dernier métro? Ce "truc" aux plus de 10 césars, même si les acteurs principaux ont l'air débutants?! Heureusement qu'il y a J. Poiret pour rehausser un peu le niveau.

Si vous voulez le revoir, un lien:

http://www.youtube.com/watch?v=35ZgK3BnDmA

Mais depuis le 15 septembre, date de sa mise en ligne, il a eu moins de 7500 visionnages... Pourtant sur ce lien, il est sous-titré en Anglais.

Un Depardieu hésitant, une Deneuve à la beauté divinement froide mais jouant mal, voilà ce que nous glorifions artificiellement. L'exception culturelle française en matière de cinéma serait définitivement morte depuis longtemps si certains films américains ou plus simplement anglais étaient diffusés en V.O en France... (vue la qualité des doublages...).

Nous sommes peu protectionnistes quand il s'agit d'industrie, mais alors quand il s'agit de cinéma...

Enfin bon, cet avis n'engage que moi.

Écrit par : JF le démocrate | 22/12/2012

@JF,
Voui, le propos sous-jacent de cette polémique qui va s'éteindre avec la récente tapie...Mais p'tre que les origines sont identiques? ;)

Écrit par : Martine | 22/12/2012

Pour Jean Gabin, la liberté ça voulait dire défendre sa patrie. Pour Depardieu, la liberté, ça veut dire avoir le droit d'avoir plus d'argent en payant moins d'impôts.

Notre conception de la liberté a un eu évolué en 70 ans, reconnaissons-le!

Écrit par : Eric | 23/12/2012

Article très intéressant sur l'exception culturelle française publié aujourd'hui:

http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2012/12/28/les-acteurs-francais-sont-trop-payes_1811151_3208.html

Écrit par : JF le démocrate | 28/12/2012

Il est toujours amusant de voir à quel point votre haine obsessionnelle de Nicolas Sarkozy, vous conduit à sortir des énormités indignes de vos capacités d'analyse habituelles.
On ne peut pas dire en même temps :
"Depardieu incarne les baby-boomers, jouisseurs, férocement égoïstes, vénaux dès que l'occasion s'en présente. "
Et :
"Le fait qu'il soit devenu sarkozyste (pour des raisons strictement vénales) ne peut être écarté de son départ pour l'étranger, car d'autres sarkozystes font ou ont fait comme lui. Quand Sarkozy était au pouvoir, nous disions qu'il incarnait l'anti-France, car en chaque occasion qui lui fut donnée, il sacrifia un intérêt français, avec pour seul alibi parfois une préoccupation vénale. Aujourd'hui, de ce penchant pour l'anti-France, nous avons la preuve. Cet homme et ses amis haïssent la France, en général pour des raisons d'argent et d'intérêt personnel, mais parfois pour des motifs encore plus vils."
Alors, Depardieu il incarne les baby boomers soixante-huitards ou les sarkozystes qui vomissaient et vomissent l'esprit soixante-huitard ?
Que de raisonnements capillotractés pour dire une chose simple : personne n'a envie en même temps de payer des impôts de plus en plus exorbitants et en plus de se faire insulter.
Que se passe t'il en fait ?
Comment Flamby a t'il été élu ?
Sur le mensonge, l'hypocrisie et très rapidement la trahison.
L'électorat de petits bourgeois frustrés du parti socialiste, réunit ce qu'il y a de pire dans le caractère national à savoir l'étroitesse d'esprit, la mesquinerie, la jalousie morbide, la haine de la réussite et du talent, le refus du risque et la répulsion face au travail.
Ceux qui ont le courage de faire l'inverse, d'entreprendre, de travailler, de s'investir, ce qui qu'on le veuille ou non, se traduit dans une société libérale par de l'argent suscitent la haine de ces petits bourgeois qui votent en conséquence.
Avant de trahir cet électorat, ce qui se fera début 2014 Flamby avait besoin de faire de l'affichage de révolutionnaire de Prisunic d'où cette pantalonnade d’impôt à 75% et les commentaires affligeants des ministres associés.
Alors on apprécie ou on n'apprécie pas quand on est concerné.
Si on n'apprécie pas on choisit de rester ou de partir (après tout on est en Europe) mais dans tous les cas Sarkozy n'a rien à y voir.

Écrit par : Jihème | 06/01/2013

@ jihème

Au contraire, il a tout à y voir. Et ce que vous dites de l'entreprise est stupide.

Écrit par : hervé torchet | 06/01/2013

"Il est toujours amusant de voir à quel point votre haine obsessionnelle de Nicolas Sarkozy, vous conduit à sortir des énormités indignes de vos capacités d'analyse habituelles."
Rien d'autre à ajouter à propos de vos fantasmes je crains.....
Par ailleurs, ne vous faites aucune illusion : Flamby ne remettra pas Bayrou en selle après les municipales.
Pour la simple raison que son espace politique ne le lui permettra pas.
Alors ce qu'il fera c'est comme à son habitude jouer sur les deux tableaux gauche/centre sans trancher.
Ségolène avait prévenu les Français :
"J'ai vécu 30 ans avec lui je ne l'ai jamais vu prendre une décision"
Titine avait prévenu les Français :
"Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup"
La droite avait prévenu :
Le programme de Flamby est un tissu de mensonges, d'approximations et de démagogie enveloppé dans un antisarkozysme infantile.
Les Français n'ont pas écouté, et bien Flamby ils l'ont.
Quant à Bayrou : "Cocu un jour, cocu toujours".
Sarkozy est parti , il ne reviendra pas, je l'ai croisé une fois au jogging et je peux vous dire qu'il rigole.

Écrit par : Jihème | 06/01/2013

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