Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/01/2013

De la guerre juste

Il faudrait peut-être relire ce qu'a écrit un Algérien d'avant la lettre, Saint Augustin, sur la guerre juste, avant d'examiner en quoi l'entrée de la France dans le conflit du Sahara est devenue aussi inévitable que courageuse.

Pour un chrétien, se battre n'allait pas de soi. Le Christ a dit, paraît-il, que si on frappe la joue droite d'un chrétien, il doit tendre la joue gauche. Saint Augustin, chrétien d'Afrique du Nord et Père de l'Eglise catholique, trouva cependant des arguments pour permettre aux chrétiens de se battre comme tout le monde, hélas.

Cela étant, la France, république laïque, n'a pas à se poser des questions qui touchent à ce débat moral et religieux. Si elle intervient au Mali, c'est d'abord pour des raisons humaines qui n'échappent à personne et selon une légalité irréprochable, de cette légalité qui relève plus de César que de Dieu (s'il existe). Le mouvement Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) a été considérablement renforcé en armements par une autre intervention militaire française, en Libye cette fois-là, et il aurait été honteux de laisser le Mali payer les pots cassés des conséquences d'un coup de force libyen dont il n'était pas partie prenante.

Ce pays est l'un des plus pauvres du monde, pauvre au point qu'il lui est difficile d'entretenir une armée suffisante pour résister à une troupe de mercenaires bien armés et nombreux, dont un certain nombre provient des troupes de Kadhafi ou a pris ses armements dans les arsenaux du défunt régime libyen au moment de sa chute. La prise du Nord du Mali par Aqmi n'a donc posé qu'assez peu de problèmes et rencontré assez peu de résistances. Il en est résulté l'instauration d'une loi religieuse dont chacun constate qu'elle est incompatoble avec la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. De ce fait, la poursuite de l'assaut d'Aqmi vers Bamako n'était plus un simple coup de force de guerre civile, mais une marche vers l'établissement d'un régime en infraction avec les règles internationales communes, ce que nous n'aurions pas dû tolérer dans d'autres Etats, mais que nous pouvions ici arrêter. La demande des autorités maliennes ne posait donc aucun problème, d'autant moins qu'elle était appuyée par l'ensemble des gouvernements de la région, tous inquiets d'un risque de déstabilisation générale. Il n'échappe d'ailleurs à personne que, à partir de Bamako, la route du Sénégal et de la Gambie est ouverte et ces deux états en situation vulnérable, ce qui pourrait enclencher une application de la théorie des dominos.

Enfin, il y a déjà trop longtemps que nos pouvoirs occidentaux toléraient une dégradation de la sécurité dans le Sahara. Tôt ou tard, nous y serions allés. Il vaut mieux tôt que tard.

Cela étant, l'entrée en guerre de la France aux côtés du Mali ne se fait pas sans problèmes. D'abord, si nous payions nos matières premières un peu plus cher au Mali, il pourrait se défendre mieux. Certains ont aussi taxé l'initiative française d'isolée, mais je trouve au contraire qu'il vaut mieux que l'Occident n'apparaisse pas d'un bloc, ce qui encouragerait les suppôts de la théorie du choc des civilisations. D'autres se sont inquiétés d'une éventuelle évolution post-coloniale. Ils ont raison d'appeler à la vigilance sur ce point, mais il faut reconnaître un point historique dans cette affaire : pacifier le Sahara, nous, Français, au temps colonial, nous avons déjà eu à le faire, et cela nous a pris des années, de très longues années, et même des décennies, si bien qu'il est difficile de prévoir la fin de la présence du contingent français sur la terre malienne.

Par ailleurs, la porosité des frontières rend inévitables à terme des interventions au Niger, en Mauritanie, voire dans le sud de la Libye, et une coordination inflexible avec les autorités algériennes. Tout ceci nécessitera de gros moyens et une planification très lourde.

Deux réflexions enfin :

- en sacrifiant l'agent de la DGSE captif en Mauritanie, la France a prouvé sa détermination. En ne reculant pas devant la mort d'au moins trente otages sur son sol, l'Algérie a prouvé que la valeur d'un otage n'était pas très élevée ces jours-ci. Si ces événements tragiques pouvaient persuader les brigands d'Aqmi que d'autres prises d'otages ne les sauveront pas des balles et ne leur rapporteront pas un sou, ce sont sans doute des dizaines, voire des centaines de vies qui seraient protégées désormais et le double sacrifice en Somalie et en Algérie n'aurait pas été vain.

- on dit partout que notre supposé "ami" le Qatar finance Aqmi. Que ne le prouve-t-on, que ne met-on cet Etat définitivement hors la loi et que ne l'inscrit-on définitivement sur la liste des Etats terroristes ? Cela paraît être le minimum désormais.

19:09 | Lien permanent | Commentaires (3) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Bravo encore une fois pour cette analyse très éclairante ! Il faut naturellement expliquer l'historique et le contexte actuel avant de juger les prises de décision.

Je reconnais que personnellement j'aurais préféré que François Hollande ne rentre pas dans ce conflit (je me souviens du refus de Chirac de rentrer en guerre en 2003, ce qui m'avait semblé si sage !)... D'ailleurs FH s'y était engagé il y a peu encore. Je te mets la video mise en ligne par le Front de Gauche où Laurent Fabius et François Hollande disent "En aucun cas la France n'interviendra elle-même au Mali" :
http://www.dailymotion.com/video/xwudyu_hollande-en-aucun-cas-la-france-n-interviendra-au-mali_news
Mais tu le dis bien, c'est une demande du Mali et non pas une ingérence de la part de la France. Ce n'est donc pas du colonialisme mais bien un acte humaniste et de bon sens.

Je voudrais également appuyer ta dernière remarque.
"On dit partout que notre supposé "ami" le Qatar finance Aqmi. Que ne le prouve-t-on, que ne met-on cet Etat définitivement hors la loi et que ne l'inscrit-on définitivement sur la liste des Etats terroristes ? Cela paraît être le minimum désormais."

Pour l'avenir de notre démocratie, il est en effet vital de ne pas permettre au Qatar de continuer à "investir la France" comme elle l'a fait si profondément déjà ! J'en ai parlé sur le blog de notre ami l'Hérétique pour avoir vécu 4 ans dans cet Emirat : le Qatar est toujours une dictature ! Son attitude libérale n'est qu'une sordide façade recouverte de poussière dorée. L'exploitation humaine, la fabrication de misère y sont bien réelles.

Écrit par : Françoise Boulanger | 19/01/2013

Suis pdlol, l'héré n'a pas suivi la consigne: effacer.
Vous souhaite bon courage Hervé, de nombreux miltants se souviennent ^^^ :o)))
Et pour les municipales dans le 16, je n'ai aucunment l'intention d'intervenir, ma famille dans ce quartier est suffisamment "grande et avertie" pour faire ses choix sans vous.

Écrit par : Martine | 31/01/2013

Dslée, ainsi va la vie:
http://www.youtube.com/watch?v=k1-TrAvp_xs

Écrit par : Martine | 01/02/2013

Les commentaires sont fermés.