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18/04/2013

Voyoucraties, Etats voyous

La BNP est le premier employeur du Luxembourg. Cette information n'a l'air de rien, mais étant donné l'opacité des pratiques financières du grand-duché, elle pèse lourd. Et du coup, on comprend mieux les mesures d'intimidation (et autres) subies en son temps par le journaliste Denis Robert parce qu'il enquêtait sur l'utilisation d'un organisme de compensation financière (Clearstream) à fin de blanchiment. Tant de moyens de l'Etat mobilisés contre lui, il fallait qu'une puissance financière proche de l'Etat subît le contre-coup de ses investigations. Hélas, il faut donc le constater : la France sait que ses organismes bancaires pratiquent à grande échelle les paradis fiscaux. Mais au fond, on le savait, on connaissait le rôle joué depuis longtemps par Monaco ou plus récemment par Andorre. On le mettait en regard des paradis fiscaux liés à la complexité du système institutionnel britannique : les îles Anglo-Normandes, l'île de Man, voire Gibraltar.

 

Seulement, il faut le dire, avec les îles Caïman, le Royaume-uni passe à une autre échelle. Ce petit archipel, peuplé d'une poignée d'oiseaux de mer et de quelques milliers d'humains, figure dans le peloton de tête des cinq premières places financières mondiales, avec pour but unique les "comptes off-shore", donc la dissimulation financière. Evidemment, on pense tout de suite qu'il y a là un instrument au service de la puissance financière de la City, la place de Londres, mais beaucoup plus que cela, les îles Caïman sont avant tout la preuve d'une véritable course à l'armement, d'une véritable escalade, des paradis fiscaux, ces paradis visant un double objectif : d'une part affaiblir les Etats adversaires, de l'autre mobiliser des masses financières que l'on peut utiliser dans la flibuste de la spéculation financière. Il s'agit de la piraterie de haute mer et, parfois, des corsaires des temps modernes. Avec les îles Caïman, le Royaume-Uni se conduit donc en chef de file des Etats voyous.

 

Course à l'armement, cela signifie équilibre des puissances dévastatrices, équilibre de la terreur. Or il se trouve que comme toute escalade guerrière, cette lutte entre Etats (dont profitent souvent des voyoucraties locales) finit par épuiser les Etats, par les tuer à petit feu. Et cette mort-là est l'une des causes (mais non la seule) de l'anémie de nos économies, privées d'un financement qui leur fait gravement défaut pour investir. Il faut donc féliciter le président Hollande de son intention de s'en prendre aux paradis fiscaux (intention sans doute plus sincère que celle de son prédécesseur), tout en constatant que si la France peut ouvrir la voie en ramenant ses propres institutions financières (et autres) à la raison légale, il en est en ce domaine comme naguère dans celui des armements nucléaires (traité anti-prolifération) : on ne désarme pas seul. Cela se fait à plusieurs. Peut-être des normes de l'OMC sur la domiciliation des sociétés, des comptes bancaires et de leurs détenteurs constitueraient-elles une première étape du désarmement général. Bien entendu, la suppression du secret bancaire et l'instauration d'une coopération généralisée dans l'Union Européenne et dans TOUS les territoires placés sous souveraineté de pays membres de l'Union Européenne ou sous accord d'association avec l'Union paraissent des préalables naturels à ce processus qui contribuera grandement au retour de nos pays à la pleine santé.

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