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12/07/2015

Centre : la fin des illusions ?

La décision, égrenée jour après jour, des responsables locaux du Mouvement Démocrate de rejoindre les listes de l'UMP sans même oser se présenter au premier tour paraît destinée à arracher leurs dernières illusions à celles et ceux qui croient encore à la nécessité de l'indépendance d'un centre politique en France.

Il est vrai que l'utilisation incongrue du mot "équine" par le président de l'UMP a pu donner à penser que, sous la table, des intérêts se satisfaisaient. La perméabilité de l'ex-UDF aux contingences matérielles a toujours été sa faiblesse. Je n'évoquerai pas ici, par pudeur, le souvenir d'un mien ami qui me confessait (sûrement sur le ton de la blague), en 1986 je crois, s'être fait refaire entièrement la bouche gratis par un candidat à l'entrée au bureau national des jeunes centristes de l'époque qui était dentiste et bordelais...

Il est vrai aussi que nous avions alors une ambition : celle de battre le RPR dans la droite. Cette ambition a échoué lorsque l'UDF se laissa acheter palier par palier lors de la campagne de Raymond Barre en 1988, et encore plus lorsqu'elle fut incapable de présenter un candidat à la présidentielle de 1995. La stratégie de deuxième droite agonisa définitivement en 2007, ouvrant un nouveau chemin.

Aujourd'hui, le bipartisme, appuyé sur l'inutile Front National, prend la France en tenaille, avec tous les défauts que nous connaissons et qui mènent notre pays vers le néant, tant il apparaît que nos leaders des deux camps sont d'accord sur toutes les réformes pourvu qu'elles cassent un peu plus ce qu'il est important de ne pas casser.

Je suis entré dans le parti centriste en 1981 presque par hasard, la personnalité, puis la mémoire, de Bernard Stasi m'y ont maintenu longtemps. Je suis convaincu que Bayrou, s'il se libérait, aurait encore la capacité de changer ce qu'il faut changer tout en consolidant ce qu'il faut consolider. Je comprends ceux qui pensent que l'on ne se présente au premier tour que lorsqu'on n'est pas satisfait de la négociation de son camp, mais je dois dire qu'à la fin, en suivant ce chemin, on finit par avoir des candidats qui n'ont pas de patrie politique, comme on l'a vu lorsque s'est constituée l'UMP en assujettissant la plupart des élus de l'UDF aux idées du RPR.

Enfin, s'il y a une constante du Centre depuis le début de la Ve République, ce fut toujours pour réclamer la proportionnelle. Les régionales sont l'un des très rares scrutins à la proportionnelle presque intégrale. Et donc, avec logique, les responsables du Centre... s'abstiennent de s'y présenter, ne fût-ce qu'au premier tour. C'est inadmissible.

Pour moi, la stratégie actuelle est suicidaire et très éloignée de ma conception de la politique. Je suis heureux de n'avoir plus aucune idée de candidature personnelle au moindre scrutin et je souhaite bonne chance à ceux des candidats qui la méritent. Je suivrai de très près les choix d'Isabelle Le Bal et du centre breton. Mais quant à moi, plus que jamais, je concentrerai mes activités sur ce qui me semble vraiment important, et qui n'est pas l'engagement partisan, ce qui fait que, très probablement, ce blog, que j'ai ouvert en janvier 2007, fermera bientôt ses très modestes portes, au moment où j'en ouvrirai d'autres pour dire, plus que jamais, avec Hugo :

À la consigne, je préfère la conscience.

En ce moment, je pense aussi très fort à Camus.

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