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18/08/2015

Faut-il refaire l'Europe sans l'Allemagne ?

Les griefs ont fini par s'accumuler contre la façon dont l'Allemagne mène sa politique européenne et non seulement la sienne, mais toute la politique européenne, tant il est vrai que, par la faiblesse des autres États européens, l'Allemagne a fini par faire de la construction européenne son outil de domination sur les autres États.

Dans les années 1980, lorsque Mme Thatcher refusait de jouer le jeu européen et refusait de contribuer au budget de la Commission de Bruxelles, les autres Européens, paresseux, disaient "L'Allemagne paiera". Et l'Allemagne payait. Mais, de la même façon que les gouvernements grecs empruntaient dans les années 2000 sans se soucier du jour où on leur en présenterait la facture, les Européens de 1985 évitaient de songer au jour où l'Allemagne présenterait la facture. Chacun affectait de croire que le projet mutualiste initial demeurerait intact quel que fût l'avenir. Or le pire est toujours sûr : en laissant les rênes entre le mains d'un seul pays, ces gouvernements européens ont compromis l'avenir de la construction européenne en mettant sa nature même en péril.

Dans les années 1990, la première encoche creusée par l'Allemagne au projet mutualiste fut d'imposer un déplafonnement du nombre de ses députés au Parlement Européen, lequel devait rester forfaitairement égal à celui des autres principaux États-membres de l'Union : France, Italie et Royaume-Uni. Dans le même temps, M. Schäuble, âme damnée du nationalisme allemand, imposait l'élargissement de l'union à marche forcée, au lieu de prendre d'abord le temps de l'approfondissement des institutions communes. Cet élargissement, il en avait vite vu le profit pour l'Allemagne : placer ce pays au centre de gravité de l'Union élargie, et favoriser l'emploi de travailleurs de l'ex-Est à bas coût.

Pour employer ces travailleurs low-cost, une directive fut projetée, sous la houlette de M. Bolkestein, que nous avons connue sous le nom de "directive Bolkenstein", dont le nom travesti rimait si bien avec Frankenstein et sa créature incontrôlable. L'échec de la procédure Bolkestein n'empêcha pas l'Allemagne de détourner une autre procédure européenne pour obtenir tous les effets bénéfiques qu'elle en attendait pour son économie. Nous en voyons les effets dans ce qu'il faut bien nommer une concurrence désormais déloyale (donc contraire aux traités) en particulier dans la filière agro-alimentaire. Forte de tous ces atouts et d'une stratégie de longue main, l'Allemagne de M. Schäuble a fini par transformer la construction européenne en spirale de pouvoir pour l'Allemagne et ne doutons pas que ce pays, capable de présenter un budget à l'équilibre, ne projette d'imposer aux autres nations européennes, une par une, les mêmes tourments et les mêmes cruautés que ceux qu'elle a infligés à la Grèce.

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Et l'inévitable M. Schäuble s'en prend de plus en plus ouvertement à l'autorité de la Commission de Bruxelles dont il faut bien reconnaître que le président, M. Juncker, nous déçoit chaque jour un peu plus. Le coup porté par M. Schäuble à la Commission a poussé l'ancien président Romano Prodi à protester dans Le Monde d'une façon qui suscite l'adhésion de tous les vrais amis de la construction européenne. Mais les autorités françaises demeurent silencieuses. Il faudra bien pourtant sortir du bois un jour ou l'autre, faute de quoi, à force d'obsession germanique, M. Schäuble finira par réaliser l'Europe des salauds égoïstes rêvée par feue Mme Thatcher. Il faudra décidément que l'on m'explique ce qu'il reste de chrétien dans le parti de droite allemand qui utilise ce mot sans vergogne.

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Commentaires

Débile cet anti germanisme primaire ! L'Allemagne est le cœur de la construction européenne, l'alternative c'est de disparaitre dans l'Empire Américain.

C'est le seul choix qui reste à la France: Refonder l'UE avec l'Allemagne avec les seuls nations qui le veulent, et le peuvent, ou continuer d'être la dernière roue du char américain.

Écrit par : Vernizeau | 18/08/2015

@ Vernizeau

Je partageais votre opinion voici peu encore, mais il est évident que, comme les États-Unis, l'Allemagne dérive désormais.

Écrit par : Hervé Torchet | 18/08/2015

Les commentaires sont fermés.