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12/04/2009

Pâques : le message chrétien a été une grande révolution historique.

L'apparition du judaïsme a été une première révolution, en ce sens qu'il a prôné l'abandon définitif du sacrifice humain. C'est l'acte fondateur du judaïsme : le père doit sacrifier son fils aîné, il l'accepte, puis au dernier moment, l'agneau est substitué au fils, le sacrifice animal remplace délibérément le sacrifice humain. En ce sens, le judaïsme est un incontestable progrès.

Mais le judaïsme a un inconvénient : il se limite à une catégorie d'"élus", qui doivent asperger leur seuil avec du sang pour que leur dieu les reconnaisse.

L'époque d'apparition du christianisme est celle où, c'est ce que disent de nombreuses études, le judaïsme cesse de se fermer sur lui-même pour s'engager dans le prosélytisme, il fait diaspora, une diaspora qui va traverser les millénaires. C'est sans doute dans cet élan que s'inscrit l'apparition de Jésus. Et Jésus met fin au sacrifice animal : le monde sacrifie une fois pour toutes un agneau, lui, le Christ, agneau sacrifié, et c'est le pain qui remplace la viande de l'agneau, cependant que le sang aspergé sur le seuil devient le vin que l'on ingurgite dans le rite, le sang destiné à guider le choix du dieu descend ainsi directement vers le coeur. C'est la révolution historique première : désormais, c'est la pureté du coeur qui est l'aune de l'examen divin.

Lié à cette idée, le principe qu'aucun précepte, fût-il religieux, ne peut prévaloir sur le soulagement de la souffrance et de la détresse : le médecin qui a à choisir entre le respect du shabat et les soins à un malade doit choisir les soins, le champ dont la moisson est réservée pour des raisons religieuses doit fournir de la nourriture à qui meurt de faim devant lui, la femme adultère ne mérite pas la lapidation (au passage, on juge que le Christ aurait certainement approuvé l'usage du préservatif destiné à protéger la vie d'autrui). Et le précepte décisif est que l'on doit aimer son prochain, quel qu'il soit (ce qui achève de légitimer le prosélytisme). Il n'y a aucune règle au-dessus de celle-là, aucune obligation de convertir qui que ce soit, aucune intolérance à développer, rien, juste qu'il faut aimer, indéfiniment.

Amour, paix, soulagement de la souffrance, soumission des règles aux contingences humaines, cette révolution-là est d'actualité et, même si l'on peut se méfier des institutions religieuses quelles qu'elles soient (parce que comme toutes les institutions, elles défendent plus leur intérêt d'institutions que les valeurs qu'elles affichent), les hommes qui portent le message de cette révolution-là, quels qu'ils soient, méritent qu'on les écoute.

Et le jour de Pâques est l'occasion de le dire, surtout quand on commence à trouver rares parmi les serviteurs du message chrétien la trace du message lui-même.