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07/04/2015

Jean Germain : la dépression d'un battu

La mort soudaine du sénateur et ex-maire de Tours, Jean Germain, retrouvé mort près de chez lui avec une lettre d'adieu, rappelle que la vie politique n'est pas une activité comme les autres. Germain avait été battu voici tout juste un an aux élections municipales à la suite des révélations de l'affaire dite des "mariages chinois". Ce peut être une occasion de relire le billet de l'Hérétique sur l'affaire du député Demange en 2008, qui a quelques points communs inattendus avec celle du sénateur Germain, même si ce dernier n'est jamais tombé au degré d'infamie du premier.

Moi qui n'ai jamais été ni maire, ni député, je peux témoigner de l'intense cruauté qui s'attache à la sortie non souhaitée d'un mandat politique qui occupe toute votre vie. Lorsque j'ai terminé mon mandat d'adjoint au maire du XVIe arrondissement de Paris, en 2001, n'ayant pas été réinvesti par mon parti, l'UDF, et subissant l'attaque locale du député Goasguen, je suis entré dans un véritable trou noir. Les dernières semaines avant le vote avaient été sauvages. La meute des jaloux qui souhaitaient mon poste dans mon parti hurlait partout "sortez les sortants", ce que je vivais comme une injustice, ayant choisi de rester dans l'UDF alors que tous les autres élus de cette famille politique dans cet arrondissement avaient opté pour le parti de Madelin, Démocratie Libérale. Il me semblait que l'on reconnaissait mal la fidélité, sans parler de la qualité de mon travail d'élu, qui n'a jamais reçu aucune critique, sauf l'incident du mariage d'Emmanuel Petit dont j'ai parlé ailleurs, et qui ne concernait que le microcosme de la mairie.

Lorsque l'on cesse ses fonctions sans l'avoir souhaité, on porte en soi un vide immense. Un deuil. Personne ne vous téléphone. Personne n'exprime la moindre compassion. C'est le noir le plus total.

Encore n'ai-je exercé ces fonctions que pendant six ans. Et finalement, je suis heureux d'avoir opté pour un autre chemin, fermement assis sur la résolution de n'être plus jamais candidat à une élection politique.

Dans le cas du sénateur Germain, cette sidérante viduité s'est accompagnée d'une autre sidération : celle de se voir accusé dans l'affaire dite des "mariages chinois". Il s'agissait de mariages fictifs organisés par un tour-opérateur chinois, avec la coopération d'une société française dirigée par une adjointe de Germain. Le mélange des genres entre public et commercial était total, peut-être bénéficiait-il à la ville de Tours, cela n'est pas certain, mais on comprend que la justice ait mis son nez dans l'affaire.o-JEAN-GERMAIN-facebook.jpg

À la foudre de la perte de la mairie s'est donc ajoutée celle de cette accusation dont il a senti le poids et la crédibilité. Je ne peux pas me prononcer sur l'éventualité de la condamnation de Germain. Il est innocent pour toujours, puisqu'il n'a jamais été condamné. Il a payé cher cette innocence perpétuelle. S'il y a une mafia chinoise à l'autre bout de la chaîne, on peut d'ailleurs s'interroger sur la réalité du suicide, mais c'est une autre histoire, car la réalité de la dépression était lisible sur les traits du sénateur Germain depuis sa chute municipale dans les rares interviews télévisées disponibles.

Que les partis politiques, ces meutes en quête de charogne, daignent un jour se regarder dans un miroir. Qu'une main se tende vers un battu, qu'il y ait toujours un vrai ami pour ceux qu'emporte une perdition intérieure, et ils auront retrouvé un peu de la dignité qui leur manque si fort, et ils auront recouvré un peu du droit de recevoir le suffrage du peuple.

18/12/2009

Ne donnez plus à l'Abbé Pierre, aidez, consommez mieux, dépensez bien.

Je voulais faire un article entier pour dire de ne plus donner d'argent à la Fondation Abbé Pierre, du moins pour l'instant. Les derniers comptes qu'ls ont publiés couvrent les neuf premiers mois de l'année 2008 et sont bourrés d'insincérités. Ils ont à ce moment-là 38 millions d'Euros en banque (soit trois à quatre années d'interventions directes, ce qu'ils nomment des "subventions"), placés d'une façon douteuse (les placements, FCP et sicav, qu'ils disent "à orientation monétaire", sont spéculatifs et non solidaires), à quoi s'ajoutent 18 millions de patrimoine immobilier (évalué selon les critères fiscaux, càd probablement en deçà de leur valeur réelle).

Ce compte 2008 est en déficit par pur effet comptable, mais a permis la la fondation de faire les deux premières "nuits solidaires" (2008 et 2009) en faisant état de ce déficit, la compta de l'année 2008 semble d'ailleurs avoir vu sa chronologie modifiée par rapport aux exercices précédents (qui couraient du 1er janvier au 31 décembre). Il y des étrangetés dans ces comptes. Quant à Emmaüs, vous le payez déjà par vos impôts, vu que ses activités sont financés à 68 % par les DDASS (les prix de journée de l'hébergement des SDF). C'est d'ailleurs parce qu'Emmaüs est financé par l'impôt que l'énarque Hirsch en est devenu le patron après avoir dirigé l'AFSSA qui n'avait rien d'humanitaire.

Donc l'Abbé Pierre en a plein les poches, triche un peu sur la présentation de ses comptes pour se faire plaindre, et en plus il y a énormément d'argent liquide qui circule (les "dons manuels", des millions d'Euros) et sur lesquels le contrôle est très faible. Il y a eu plusieurs affaires de directeurs indélicats des antennes locales de l'Abbé Pierre. Bref, même quand ils sont honnêtes, les héritiers de l'Abbé, je trouve qu'en temps de crise où les gens sont fauchés, ils devraient avoir l'éthique minimale de dire "on a de l'argent, ne nous donnez que si vous en avez vraiment les moyens, on va puiser dans nos réserves, vous donnerez l'année prochaine". Ce serait mieux.

Je signale d'ailleurs qu'il existe des vidéos où Augustin Legrand, tout en s'adressant à Martin Hirsch, alors patron d'Emmaüs, recommande Borloo comme ministre des affaires sociales, on est en pleine campagne présidentielle, fin 2006, tout cela pue la magouille politicienne.

Je voulais faire une note très longue, j'ai amassé des tonnes de liens et de captures d'écran, et puis je n'en ai plus le courage. Tant pis, croyez-moi sur parole ou potassez vous-même les comptes, c'est édifiant...

Et puis, au fond, c'est Quitterie qui a raison : il vaut mieux indiquer à qui on croit utile de donner. Elle suggère l'excellent site Wikipedia. Il est rare que je ne fasse pas un lien Wikipedia dans mes articles. Leurs dépenses annuelles sont microscopiques, compte tenu de leur impact : 10 000 Euros environ. Ils lèvent de plus en plus de fonds, mais comme l'indique l'un de leurs responsables en France, c'est parce qu'ils veulent embaucher un permanent. Donc, si vous avez de l'argent à donner, Wikipedia est une bonne idée.

Vous pouvez aussi investir dans Bakchich (mais là, il faut avoir au moins 500 Euros à perdre).

Vous pouvez aussi, tout simplement, dépenser un peu mieux votre argent. Au lieu de donner à des ONG qui ne manquent pas de fonds, consacrez l'argent à acheter des produits un peu meilleurs, d'un peu meilleure qualité, tout le monde s'y retrouvera. N'achetez pas du bio en toc dans les grandes surfaces, trouvez du vrai bio de petit producteur local. N'achetez pas un pull en plastique fabriqué par des enfants en Chine, prenez-en un en laine de votre coin, de préférence fabriqué par une entreprise responsable. Bref, consommez mieux pour offrir une meilleure vie non seulement à vous-même mais aux autres.

Et comme dirait Quitterie, n'oubliez pas que les pratiques d'Internet peuvent nous permettre de changer le monde.

Bonnes vacances à celles et ceux qui en prennent.

EDIT : je signale un article édifiant intitulé "Emmaüs, le piège à pauvres", ici.

10/11/2009

Pourquoi tant d'excès ?

L'aberration d'une spirale des prix à la baisse pendant qu'on est gavé, gavé et dépouillé à la fois. Drôle de monde. Pouvais-je laisser la journée se terminer sans le dire ?

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01/07/2009

Quitterie : "les politiques résistent trop aux changements du monde".

Comme tout le monde, je progresse. J'ai donc réussi (merci Itunes) à extraire l'interview de Quitterie de l'émission Médialogues de la Radio Suisse Romande diffusée ce matin (enregistrée le 18 juin dernier) et je l'ai illustrée avec un diaporama.

Quitterie y développe sa vision de sa démarche récente sous un angle plus aigu encore que d'habitude.

 

27/06/2009

Pourquoi nous pensons si fort à 1789.

Le vote de la chambre des représentants sur le plan climat, aux État-Unis, ouvre sans doute une période historique, il faudra un autre vote, celui du Sénat, pour confirmer le bouleversement qu'il enclenche. Et, de Kyoto à Copenhague, nous serons définitivement entrés dans le monde nouveau, par le seuil de la troisième révolution citée notamment par Quitterie.

Le mouvement est d'ampleur historique, profond, très profond même, de ceux qui engagent la vie de plusieurs générations successives. Il mérite son nom de révolution, au sens de ce qui est révolu, mais aussi, forcément, de retour aux sources, et c'est pourquoi nous pensons à 1789.

Car ce qui s'achève, ces temps-ci, ce n'est pas le capitalisme (né bien avant 1789), ni sans doute l'époque indsutrielle (née dans le courant du XVIIIe siècle), mais le règne de la machine à vapeur. Or la naissance de la machine à vapeur, pour la motion, c'est Denis Papin dans les années 1770, et pour la production, c'est Boulton et Watt dans les années 1790. Le monde qui s'effondre est celui du piston mu par la chaleur, voire par l'explosion depuis l'invention du moteur à explosion. On sait désormais que cette production d'énergie à chaud a plus d'inconvénients que d'avantages, et s'ouvre l'époque de la production d'énergie sans chaleur supplémentaire.

Or la vapeur comme moyen de production et de locomotion, progressivement, a organisé la société et l'espace en fonction de ses propres caractéristiques, de ses besoins et de ses logiques, et c'est à la fin de cette organisation que nous assistons. Et logiquement, puisque tout cela perd sa légitimité, l'esprit se porte instinctivement au statu quo ante, qui est l'époque de la révolution française, et les questions qui se posent aujourd'hui, et qui vont se poser de nouveau, une par une, dans les années qui viennent, sont celles qui se sont déjà posées à cette époque-là, auxquelles la nouvelle société en gestation répondra étape par étape, dans le monde entier, à l'échelle de l'espèce humaine tout entière, pour la première fois. Nous sommes en effet sans doute devant la première révolution mondiale en temps réel.

Hélas, 1789, c'est aussi le seuil d'une épouvantable épopée : les guerres de la révolution et de l'empire. Celles-ci n'ont pas que des vices, en termes historiques, elles ont modelé décisivement l'état-civil et le droit notarial et aboli la féodalité, presque partout en Europe continentale, donné un grand appétit de liberté aux peuples, certes, mais elles ont coûté la vie à des centaines de milliers d'êtres humains, et ce fut une génération entière dont la vie ne fut que course effrénée de bataille et bataille durant un quart de siècle.

Or ces guerres sont résultées d'un profond bouillonnement sociologique, politique, moral, et philosophique (et religieux) qui les annonçait, et nous sentons bien que, sur la planète, des signes d'un tel bouillonnement existent et se multiplient en ce moment. C'est aussi pourquoi nous pensons si fort, avec un peu plus d'effroi, à 1789.

Nous voulons bien la révolution historique, mais sans les victimes, sans les violences, sans les morts, comme l'a justement noté Quitterie.

08/05/2009

J'ai envie que ça pète.

Qu'on se rassure : je n'en suis toujours pas à souhaiter un grand soir, mais toujours les mêmes petits matins que Quitterie. Cependant, je suis frappé de lire que presque tout le monde, au fond, a envie que la soupape cède et que les choses se débloquent, et d'une certaine façon que la colère populaire se déchaîne contre le pouvoir pour en chasser la clique bling-bling. La désapprobation n'est pas universelle, mais très majoritaire, et chacun souhaite le départ des gouvernants de la France. Seulement voilà, dans cette phrase "j'ai envie que ça pète" qui traîne un peu partout en filigrane, il y a un énorme aveu de passivité : les gens ont envie que ça pète, mais sans s'en mêler, sans prendre de risque eux-mêmes. Entre ça et les innombrables ponts du mois de mai, il est évident que ceux qui s'attendent à une explosion seront déçus. De toutes façons, les éruptions se produisent toujours aux endroits et aux moments où on ne les attend pas.

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07/05/2009

Vive les femmes !

Les femmes enlèvent le haut, elles ont bien raison. Franchement, elles sont jeunes et bien, ce serait dommage de les priver de cette égalité.

Et puisqu'on en est à dire vive les femmes, vive LA femme : vivement Quitterie.

 

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12/04/2009

Pâques : le message chrétien a été une grande révolution historique.

L'apparition du judaïsme a été une première révolution, en ce sens qu'il a prôné l'abandon définitif du sacrifice humain. C'est l'acte fondateur du judaïsme : le père doit sacrifier son fils aîné, il l'accepte, puis au dernier moment, l'agneau est substitué au fils, le sacrifice animal remplace délibérément le sacrifice humain. En ce sens, le judaïsme est un incontestable progrès.

Mais le judaïsme a un inconvénient : il se limite à une catégorie d'"élus", qui doivent asperger leur seuil avec du sang pour que leur dieu les reconnaisse.

L'époque d'apparition du christianisme est celle où, c'est ce que disent de nombreuses études, le judaïsme cesse de se fermer sur lui-même pour s'engager dans le prosélytisme, il fait diaspora, une diaspora qui va traverser les millénaires. C'est sans doute dans cet élan que s'inscrit l'apparition de Jésus. Et Jésus met fin au sacrifice animal : le monde sacrifie une fois pour toutes un agneau, lui, le Christ, agneau sacrifié, et c'est le pain qui remplace la viande de l'agneau, cependant que le sang aspergé sur le seuil devient le vin que l'on ingurgite dans le rite, le sang destiné à guider le choix du dieu descend ainsi directement vers le coeur. C'est la révolution historique première : désormais, c'est la pureté du coeur qui est l'aune de l'examen divin.

Lié à cette idée, le principe qu'aucun précepte, fût-il religieux, ne peut prévaloir sur le soulagement de la souffrance et de la détresse : le médecin qui a à choisir entre le respect du shabat et les soins à un malade doit choisir les soins, le champ dont la moisson est réservée pour des raisons religieuses doit fournir de la nourriture à qui meurt de faim devant lui, la femme adultère ne mérite pas la lapidation (au passage, on juge que le Christ aurait certainement approuvé l'usage du préservatif destiné à protéger la vie d'autrui). Et le précepte décisif est que l'on doit aimer son prochain, quel qu'il soit (ce qui achève de légitimer le prosélytisme). Il n'y a aucune règle au-dessus de celle-là, aucune obligation de convertir qui que ce soit, aucune intolérance à développer, rien, juste qu'il faut aimer, indéfiniment.

Amour, paix, soulagement de la souffrance, soumission des règles aux contingences humaines, cette révolution-là est d'actualité et, même si l'on peut se méfier des institutions religieuses quelles qu'elles soient (parce que comme toutes les institutions, elles défendent plus leur intérêt d'institutions que les valeurs qu'elles affichent), les hommes qui portent le message de cette révolution-là, quels qu'ils soient, méritent qu'on les écoute.

Et le jour de Pâques est l'occasion de le dire, surtout quand on commence à trouver rares parmi les serviteurs du message chrétien la trace du message lui-même.

08/04/2009

"Nous resterons sur terre".

Ceux qui ne sont pas encore convaincus de devoir faire des efforts dans leur vie courante, si vous en connaissez, eh bien, c'est très simple, vous achetez un colt 45, du chatterton et une voiture électrique avec un grand coffre. Avec le colt 45, vous leur signifiez qu'ils n'ont pas le choix. Vous les faites taire en scotchant le chatterton sur leurs lèvres, puis vous les jetez dans le grand coffre de la voiture électrique. Ensuite, vous allez au cinéma, vous déposez votre paquet sur un siège, vous attendez 90 minutes, et c'est cuit : en sortant, plus besoin de chatterton, ni de colt 45, ces gens-là vont se précipiter pour acheter des éoliennes, des parts de champs de panneaux solaires, ils vont jeter leur chaudière à fuel, casser toutes leurs fenêtres pour les faire changer aux frais de l'assurance, et s'abonner à une AMAP où, pour dix ou quinze euros par semaine, ils vont avoir des légumes qui auront vu de la terre fraîche et des fruits qui n'auront pas tué les abeilles avec leurs pesticides. Bref, la révolution de leur vie sera en marche.

Oh, on peut faire la fine bouche sur le rousseauisme du film, sur quelques excès, mais fondamentalement, la réalité est là : chacun dans sa vie courante peut améliorer l'avenir de la planète et, en outre, les politiques et les ONG ont le devoir de travailler à modifier l'organisation de la société pour cesser les aberrations que le film souligne sans modération.

Et on peut dès à présent aller voir le site du film.

03/04/2009

Quitterie : "les institutions voient dans Internet le danger de l'émergence d'une société nouvelle".

En marge de la table ronde à laquelle elle a participé le mois dernier à La Cantine dans le cadre du Social Media Club de France, Quitterie donne sa vision prospective d'Internet et de la politique.

 

Les jolies femmes sont toujours mal mariées.

J'ai l'habitude de dire que les jolies femmes sont toujours mal mariées. Il est vrai que je ne suis pas, moi, marié... Pauvre Keira Knightley, en tout cas, dans ce clip britannique qui dénonce les violences conjugales...

 

Violences conjugales : le spot choc de Keira Knightley - Nouvel Obs
L'association britannique Women's Aid vient de mettre en ligne ce spot particulièrement réaliste dans lequel l'héroïne de "Pirates des Caraïbes" joue le rôle d'une actrice battue par son compagnon.

25/03/2009

Épurations ethniques.

Il y a quelsue chose que je ne comprends pas : quand il s'agit de circulation de produits fabriqués, il est interdit d'organiser tout ce qui pourrait aboutir à une forme de différenciation entre les produits nationaux et les produits européens. Les produits des vingt-quatre autres pays européens doivent être traités à égalité complète avec ceux du nôtre, sous peine d'accusation de protectionnisme et de discrimination. L'arrêt Boosman (un footballeur belge) a d'ailleurs étendu ce principe à certains contrats de travail. Mais on laisse les Flamands belges interdire à quiconque n'est pas flamand (et comment décide-t-on qu'on est flamand ? en exhibant un certificat d'arianité ?) d'acheter de la terre en Flandre. Cette discrimination-là est infiniment plus honteuse que l'autre, mais... on laisse faire. C'est douloureusement aberrant.

Les Italiens, eux, semblent avoir la même fringante énergie que leur pape allemand : ils veulent prohiber les classes comptant plus d'un tiers d'enfants d'immigrés. Ils ont déjà fiché leurs tsiganes. Bref, Mussolusconi regorge d'idées chouetes et personne ne dit rien.

Enfin, hors d'Europe, sur le rivage de l'Asie, les Israéliens se distinguent : fantaisies joyeuses de tee-shirts de l'armée et toutes sortes de révélations sur la façon dont l'armée (encore elle) a mené son offensive à Gaza sous la houlette d'un ministre de la défense (Barack sans Obama) qui, venu de la gauche, fait alliance avec l'extrême droite. Et voilà que de facétieux militants de ladite extrême droite organisent un pique-nique pour expliquer qu'au fond, les Arabes Israéliens feraient des Palestiniens présentables, cependant que des territoires aujourd'hui palestiniens mais peuplés de colons israéliens juifs pourraient intégrer Israël, comme ça on pourrait rester entre soi, entre juifs, en Israël.

Franchement, on a connu de meilleures époques.

21/02/2009

La mort en direct.

Voici bien des années, je suis allé voir en bas des Champs-Élysées (dans un cinéma qui a depuis été remplacé par un Hippopotamus, puis par l'espace Citroën) un film de Bertrand Tavernier : "La mort en direct". Une femme atteinte d'une maladie incurable y est filmée  à son insu par un de ses proches pendant ses dernières semaines. C'est sous la forme du volontariat qu'une "STAR" de la téléralité britannique, atteinte d'un cancer de l'utérus, vient de signer un contrat pour se livrer dans de semblables moments.

On a froid dans le dos ? Peut-être.

D'un autre côté, s'il y a, c'est vrai, exhibition, c'est plutôt courageux et révélera mieux que tout ce que vivent les malades. Et puis, quand cette femme dit que l'argent gagné aidera ses deux enfants petits, il faut reconnaître qu'elle dit la vérité.

Non, c'est plutôt le regard du public qui est étrange. On ne serait pas surpris qu'il n'y ait bientôt plus personne devant le poste : qui a vraiment envie de regarder la vérité en face à ce point ? Il n'y a rien de sulfureux, finalement, juste l'humanité souffrante.

14/02/2009

Nouveau filtrage d'Internet sur simple classification policière ,

Et voilà : la nasse se resserre sur nos libertés sur Internet. Notre présigland nous octroie une procédure qui condescendra à contraindre les Fournisseurs d'Accès à l'Internet (FAI) à bloquer l'accès à des sites jugés illégaux. On met tout cela sur le compte de la pédopornographie, mais ce qui est grave, c'est évidemment qu'aucun juge ne soit autorisé à mettre son nez là-dedans et qu'il s'agisse purement et simplement d'une lettre de cachet, la police (et elle seule) étant habilitée à dire qui est illégal et qui ne l'est pas. On croit rêver ! Décidément, il va falloir leur botter les fesses.

13/02/2009

Les révolutions sont d'abord sociologiques.

Qu'on ne croie pas que je pense révolutionner la connaissance par ce constat : il y a longtemps que les historiens savent qu'une bonne part des causes des révolutions est sociologique.

Cependant, si je ne fais qu'un rappel, il me semble que ce rappel est utile, en écho de l'info que j'ai relevée voici quelques jours sur la proportion des salariés désormais employés par l'économie solidaire : 10 % en France. C'est que l'expansion de cette économie, sa propension à prendre des marchés, à faire vivre de plus en plus de gens (et non seulement des salariés), est le rouage principal du mécanisme de la révolution décrite par Fred Vargas dans le beau texte que Quitterie a mis sur son blog.

L'économie sociale et solidaire (ou scoialement responsable) n'est pas qu'un secteur de l'économie : c'est aussi une façon d'organiser les rapports sociaux et donc, plus cette façon occupe de place, plus s'opère en réalité une révolution silencieuse, sans violence, sans victime autre que d'anciens bourreaux. Une révolution sans victime ? c'est ... révolutionnaire.

03/02/2009

La pub abuse-t-elle du vert ?

Nous voyons et verrons chaque jour un peu plus fleurir les publicités utilisant les codes de l'écologie, puisque les gens veulent pouvoir acheter utile et sain.

L'Alliance pour la Planète, une coalition d'ONG bien connues dans le domaine de l'environnement et de la nature, a donc décidé de créer un observatoire spécialisé, chargé d'évaluer les faussaires qui, tels l'entreprise Tricatel du film "L'aile ou la cuisse", font de la salade avec du pétrole, ou vantent (et vendent) comme produits verts des choux gluants de carbone, ce qui, en termes commerciaux, se nomme tromperie.

Cet observatoire est ici.

02/02/2009

Tarnac, Villiers-le-Bel, mises en scène et antiterrorisme.

Le Larzac, ce n'est pas mon histoire personnelle. Tarnac est un nom qui ne me dit rien. Villiers-le-Bel, en revanche, me remémore notre regretté ami, Ali Menzel, que nous étions allés soutenir avec Quitterie Delmas.

L'association de ces deux localités, c'est Quitterie qui l'a faite dans une note qui, depuis bientôt mille ans, occupe la page d'accueil de son blog.

Aujourd'hui, dans le quotidien "Le Monde", outre quelques articles sur l'économie verte (comme celui-ci), on peut lire une tribune cosignée par un ensemble de personnalités comme Patrick Braouézec, maire de Saint-Denis, et Daniel Cohn-Bendit. Ce texte est intitulé "Tarnac ou l'antiterrorisme à grand spectacle", où l'on retrouve presque mot pour mot le thème de l'excellente note de Quitterie.

Cette tribune est remarquablement écrite et s'insurge contre le qualificatif de "terroriste" jeté sur les  détenus de Tarnac, contre lesquels on n'a visiblement pas grand chose. En utilisant le mot "terroriste", on a pu infliger la garde à vue spéciale prévue par les lois : 96 heures (quatre jours et quatre nuits) au lieu de 48. Et l'on n'a pas constaté, là, dans cet abus de droit manifeste, la même protestation que pour un ancien patron de rédaction de Libé, me permettrais-je de glisser au passage.

En tout cas, traiter de terroristes des gens qui ont tiré sur des caténaires (s'ils l'ont fait), c'est à peu près comme de classer dans le grand banditisme des joueurs de bonneteau de fête foraine ou de faire passer en cour d'assises quelqu'un qui aurait chipé une pomme à la devanture d'un marchand de fruits. C'est ridicule, ou cela le serait sans les terribles conséquences que cet abus a sur l'existence de personnes dont beaucoup ne seront certainement condamnées à rien.

Qualifier de terrorisme permet aussi de mettre les petis plats policiers dans les grands plats médiatiques. Et c'est cette instrumentalistaion honteuse qui, au fond, insurge Quitterie, et scandalise les auteurs de la tribune du "Monde". Ils ont raison, ce qui fait que le lien avec les mises en scène de Villiers-le-Bel est entièrement justifié.

J'adhère donc entièrement aux conclusions de cet article : "Il est temps que l'on revienne au respect de l'état de droit". Merci de l'avoir dit si tôt, Quitterie.

26/01/2009

Évêque négationniste : jusqu'où ira le festival du n'importe quoi ?

Von Papen, le poussiéreux Benoît 16, a levé l'excommunication prononcée par son prédécesseur (qui en avait connu, des camps, en Pologne, comme à Auschwitz-Oswiecin) contre quatre évêques. Parmi ceux-ci, le dénommé Williamson a tenu devant une caméra des propos où il met explicitement en doute l'extermination des juifs par les nazis.

Vous me direz "qui croit au paradis peut bien croire aux fariboles du négationnisme". Certes, mais ils sont des millions à guigner l'un sans se vautrer dans l'autre. Et que ce soit un évêque anglais, en plus, qui vienne faire cette déclaration, alors même que son prince héritier est en ce moment épinglé pour des propos très douteux sur les étrangers, après avoir été filmé avec un brassard nazi, a quelque chose de franchement malsain.

Il est vrai que le même pape allemand a adhéré dans sa jeunesse au mouvement hitlérien... Non vraiment, ça fait beaucoup.

Et le cardinal français Vingt-Trois a élevé une protestation trop molle.

Nous sommes en colère contre l'excès dramatique des interventions israéliennes en Gaza, mais cela ne nous rend ni antisémites, ni amnésiques.

En aucun cas nous ne pouvons tolérer qu'une institution (l'église catholique) qui a pignon sur rue et dont nos deniers publics financent à coups de milliards les édifices de culte dans notre pays, tolère ce genre de propos qui l'engagent d'une manière ou d'une autre.

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Les zones de montagne deux fois victimes de la tempête.

On a déjà passé le mois de décembre sur des images du Massif Central enseveli sous la neige et souvent paralysé, voici la tempête qui frappe le sud-ouest et les Pyrénées, et l'EDF explique que 90 % des foyers retrouveront l'électricité en une semaine, les 10 % restant seront reconnectés plus tard. J'ai alors une pensée pour ces gens qui vivent dans des hameaux escarpés, dans des vallées reculées, dans cette authentique ruralité qui subsiste dans plus d'endroits qu'on ne le croit, en France. Chaque soubresaut les frappe un peu plus durement que les autres et on comprend à quel point il est vital pour eux de conserver ces services publics essentiels que sont par exemple la poste et les transports.

22/01/2009

Le curieux soutien d'Askolovitch à Siné.

Le site Bakchich.info rend un compte assez précis (mais en deux temps) de l'audience qui s'est tenue mardi pour juger de l'éventuelle diffamation qu'aurait commise le journaliste Claude Askolovitch en qualifiant d'antisémite l'article où Siné s'en prenait sur le ton du vif pamphlet au fils du présiflop.

À cette occasion, Askolovitch a dit qu'il maintenait que les propos de Siné étaient antisémites, ce qui ne signifiait pas que Siné le fût lui-même et, par ailleurs, il a ajouté qu'il trouvait aussi nécessaire à liberté d'expression de pouvoir prononcer ce jugement de valeur, que Siné puisse, lui, tenir des propos antisémites si cela lui chante, puisque cela doit faire partie de la liberté d'expression.

Ce faisant, Askolovitch utilise un argument qui priverait d'efficacité l'instance ouverte par ailleurs par la LICRA contre Siné. C'est un peu fort, en vérité, et le compliment "liberté d'expression" cache mal son venin "antisémitisme".

Prenons les éléments de l'argumentation d'Askolovitch dans ses deux éléments.

Le premier est repris par le Parquet : au fond, avoir qualifié des propos d'"antisémites" n'est pas diffamatoire en soi, cela relève de la liberté d'expression, ce n'est pas plus grave que d'avoir dit "ce gars-là n'aime pas les Bretons". C'est véniel. À vrai dire, cette façon de voir constituerait un revirement par rapport à des années de pratique, et même par rapport à la loi. Elle adopte une forme de symétrie (comme Askolovitch l'a souligné) : "peu importe que vous disiez une chose antisémite, du moment que j'ai le droit de vous en critiquer". C'est un argument au fond étrange, visant à banaliser la critique d'antisémitisme comme l'a justement souligné Thierry Lévy, avocat de Siné, et donc parfaitement contradictoire avec le fait d'en avoir fait tout un foin à la radio et d'avoir viré Siné de Charlie Hebdo (ce dont Askolovitch a été informé avant l'intéressé si l'on suit bien les faits).

Le second élément est plus insidieux : les propos de Siné seraient antisémites.

Eh bien non. J'ai lu et relu la phrase en entier (lisible chez Bakchich). Ce qui est en cause, c'est l'éventuelle conversion religieuse de Sarkozillon. J'ai lu cette phrase comme étant la critique d'une conversion religieuse dont le but est vénal. En d'autres termes, si je l'avais écrite, j'aurais mis ainsi : "il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme pour épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty". Siné a écrit avant d', ce qui est moins clair mais ne peut avoir d'autre sens. Franchement, je maintiens que ce n'est pas le fait juif que Siné épingle, mais la conversion vénale.

Et je reste persuadé que s'il ne s'en était pas pris au Sarkojunior, il n'aurait jamais eu tous ces ennuis.

Après tout, Siné n'est qu'un pamphlétaire, une grande gueule. "Il n'y a que les petits hommes qui craignent les petits écrits".

Enfin, je trouverais extrêmement surprenant que la justice ne considère pas un vrai propos antisémite comme condamnable, et que donc elle ne considère pas comme diffamatoire un qualificatif qui mènerait à une condamnation qu'elle prononcerait. Si demain dire "vous êtes un assassin" n'est plus de la diffamation, qu'est-ce qui le sera ?

Voilà, pour conclure, je suis opposé à la banalisation de l'antisémitisme (le vrai), mais je trouve qu'il existe une très vaste catégorie de mises en cause qu'on inclut trop facilement ou trop rapidement dans l'antisémitisme, par amalgame. Il faut savoir crier au loup au bon moment, ni avant, ni après.

Si j'étais juge, je condamnerais Askolovitch à Paris et je relaxerais Siné le 27 à Lyon.