20/09/2008
Paris 16e : la fête contre l'environnement.
Les forains sont des gens coriaces. Ils versent toujours leur redevance d'utilisation des espaces publics (en diazines de milliers d'Euros) en espèces et ne se déplacent jamais sans armes. Campion, patron des forains français, avait la réputation d'être très proche de Jacques Chirac.
À la fin de l'époque Chirac, c'est-à-dire au début des années 1990, deux maires d'arrondissement UDF tentèrent de lutter contre l'implantation de fête foraine sur leurs pelouses. Le premier était le vieux Paul Pernin, dont la pelouse de Reuilly, dans le XIIe, était chaque année dévastée. Le deuxième, Pierre-Christian Taittinger, voulait protéger la pelouse de la Muette, dans le XVIe.
Pour Pernin, les choses n'allèrent pas sans difficultés : il y eut une vague d'attentats à la bombe artisanale de petit format, localisée dans son arrondissement, durant de longs mois. En 1995, le vieux passa la mairie à son fils Jean-François (qui la perdit d'ailleurs en 2001).
Taittinger, lui, réussit à repousser la "Fête à Neu-Neu" à un autre endroit, plus loin, sur un site moins gênant.
En effet, la pelouse de la Muette est un poumon et un lieu de promenade pour les habitants du XVIe arrondissement. Vous me direz "quelle importance ? le 16e est un arrondissement de riches, qui d'ailleurs vote à 80 % Sarkozy". C'est vrai, sauf que l'éventail social des (environ) 150 000 habitants de l'arrondissement est bien plus ouvert qu'il n'y paraît et, le week-end, les familles et les gamins fauchés trouvent là un lieu de repos et de distraction gratuit, on y pique-nique, on y joue au ballon, bref c'est un parc où la pelouse est ouverte au jeu.
Or il faut savoir qu'une fête foraine est une dévastation profonde pour une terre : elle écrase l'herbe par le piétinement et par l'implantation des attractions. Il suffit de s'y promener quelques minutes (je l'ai fait) pour se rendre compte que la fête foraine, du point de vue de l'herbe, c'est Attila.
Écraser l'herbe juste avant l'automne signifie qu'elle ne repoussera pas avant l'hiver, que la pelouse sera par conséquent inutilisable et que, s'il fait beau un week-end, les gens devront prendre un moyen de transport et aller s'aérer ailleurs.
Plus encore : non seulement l'herbe est écrasée, mais en plus la terre est battue, elle devient dure, l'eau de l'automne et de l'hiver, nécessaire à la nappe phréatique et aux racines des arbres, ne pourra pas pénétrer le sol, elle glissera en surface jusqu'aux évacuations, elle s'en ira vers les égouts. Ce sera un engrenage néfaste à la végétation et au sous-sol.
Plus encore : l'ensemble de la pelouse n'est pas exploité par la fête foraine. Si l'espace utilisé est fermé à l'usage public (ce qui paraît raisonnable) pour être (aux frais de la Ville de Paris, merci les forains) retourné puis réensemencé, le reste de la pelouse sera suremployé pendant l'hiver et abordera le printemps dans le même état de dévastation que l'autre, ce qui contraindra à le fermer durant toute cette période, ce qui obligera à surutiliser la partie fraîchement rouverte, qui sera assez vite dans un état navrant.
La seule consolation, c'est que ce cycle aboutit nécessairement à ce que la fête au Bois suivante, au même endroit se passe dans la GADOUE.
Ca leur apprendra.
Par ailleurs, je signale qu'un certain nombre d'attraction sont visiblement vétustes et dangereuses.
Je souhaite donc que le Mouvement Démocrate, la liste que nous élirons samedi prochain, prenne fermement position pour que la Fête au Bois regagne l'emplacement qui avait été dévolu à la Fête à Neu-Neu.
16:10 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : paris 16e, forains, la fete au bois, goasguen, delanoe, taittinger | | del.icio.us | | Digg | Facebook