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07/01/2008

Rétention des condamnés à quinze ans : la barbarie judiciaire.

Depuis des décennies, peut-être des siècles, depuis au moins Voltaire, on est persuadé en France que la justice marche d'un pas sûr vers la civilisation chaque fois qu'elle s'éloigne des idées sommaires et des procédures discrétionnaires et cruelles.
 
Depuis des décennies, et certainement des siècles, on sait qu'il vaut mieux innocenter un coupable que condamner un innocent.
 
Or c'est tout l'inverse que se propose de faire demain la majorité parlementaire : il s'agit désormais de maintenir des condamnés en détention perpétuelle (la perpétuité réelle) sur un simple soupçon. Ce n'est pas encore une lettre de cachet, mais cela en prend le chemin.
 
À ce compte-là, certainement, Sade aurait passé toute sa vie à la Santé comme il l'a passée à la Bastille.
 
Voyons de quoi il s'agit : lorsqu'un délinquant sexuel qui s'est dévoyé sur un mineur est condamné à quinze ans de réclusion au moins, une commission d'experts peut décider que, lorsqu'il aura terminé sa peine, eh bien ... il n'aura pas terminé sa peine.
 
Il serait plus simple d'autoriser la perpétuité réelle. Mais on sait, car la justice a progressé, elle, elle a réfléchi et étudié, elle, on sait que la perpétuité réelle est une peine pire que la mort, car elle livre le condamné au désespoir sans limite. Elle s'enfonce donc dans la barbarie, et ce sans le moindre bénéfice pour la société, car tout au contraire, le but de la prison doit être de réinsérer les délinquants, de leur offrir l'espoir d'une rédemption, d'une vie meilleure, accomplie.
 
Il s'agit là, on s'en doute, d'un vieux débat, celui qui depuis des décennies, oppose la conception d'une rétention punitive (croyant dans la vertu exemplaire de la punition) à celui celle d'une rétention réformatrice. La rétention-élimination contre la rétention-soin.
 
Le paradoxe de ce dispositif, c'est qu'il combine les deux critères, puisque la rétention consécutive à la peine a un objectif officiel de ... soin.
 
Mais alors, à quoi ont donc servi les quinze années de détention antérieure ? À rien ?
 
Le taux de récidive, dans ce domaine, est égal à 1 %. Va-t-on le réduire ? Et à quel prix ? Le remède ne sera-t-il pas pire que le mal ?
 

21:05 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, justice, rétention, pédophiles | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook