18/01/2007
libre, internet ?
Dans un article (sur un site de débat politique, Agoravox) qui fit vibrer la toile, la talentueuse Quitterie Delmas, que Bayrou ferait bien d'utiliser plus et dont j'ai placé le site (politique lui aussi) en référence à lire, lançait un débat très houleux sur le rôle d'internet dans le débat contemporain. "Finis, les verrous", disait-elle en substance, finies les fourches caudines médiatiques : internet remplaçait désormais les médias et permettait aux vérités de circuler en liberté.
Or elle a dû déchanter en partie et sa déception ne s'applique pas qu'à la politique.
On a appris depuis que certains partis politiques disposant de moyens humains et matériels énormes avaient entrepris de "miner" la toile, d'y poser des mines pour leur candidat, de piéger les débats pour en fausser la sincérité. On a alors pu découvrir un cas d'école des nouveaux instruments de désinformation auxquels internet nous expose et contre lesquels il faudra réagir.
Pour le fait littéraire, pour la liberté de création et d'expression, pour la liberté de rencontre entre l'auteur et le lecteur, la question de la gratuité des accès se pose la première. BlogSpirit, qui possède Hautetfort sur lequel je m'exprime gratuitement (gratis pour moi et pour mes lecteurs dont le nombre augmente, vous qui me lisez du fond de votre lit, toi, lecteur ou lectrice), BlogSpirit, donc, a annoncé la réduction de sa vitrine gratuite. On lui a reproché de s'aligner sur Typepad de Loïc Le Meur (l'ex-gourou internet d'un candidat). Bref, sans entrer dans les détails, il y a là une première question : va-t-on vers une sélection du débat par l'argent ? Y aura-t-il une forme de censure ?
D'autre part, la sélection par l'argent existe déjà pour les lecteurs, puisqu'il faut un fournisseur d'accès pour venir lire sur la toile.
Viennent ensuite les interrogations sur les téléchargements gratuits d'oeuvres et sur la protection du droit d'auteur. On sait la stratégie agressive de certains opérateurs dans ce domaine. Personnellement, je suis persuadé que le droit commun du droit d'auteur finira par s'imposer sur internet, mais on voit là que c'est aux États-Unis que la question va se régler pour le monde entier, ce qui relance un débat plus politique sur le futur gouvernement mondial : avec un seul chef américain ou pluraliste et collégial-plurilatéral ?
Et que deviendra la pluralité des langues ?
Je pourrais aussi évoquer comme hier l'omniprésence des principaux sites de vente en ligne et les hypothèques sur l'avenir de la librairie, sur l'indépendance des acteurs modestes.
Pour ne pas terminer par une note trop négative, deux remarques : la première est que les sites des éditeurs (j'en ai placé quelques-uns en lien, grands et petits) sont en général très bons et très vivants. Ils méritent qu'on les visite, notamment pour se tenir au courant des publications. À la longue, l'information s'y diversifiera et on y trouvera occasion de loisir intelligent qui communiquera du savoir. En ce domaine plus qu'en autre, ceux qui vivent de leur clientèle se rappellent que l'on doit savoir donner pour recevoir.
Enfin, pour terminer et pour donner raison à la belle Quitterie Delmas, internet est un lieu d'information qui permet de contourner les censures médiatiques : désormais, si un artiste est "tricard" à la télévision ou dans la presse, on peut le retrouver directement sur son site et y communiquer avec lui. De même, si l'on lit une info qui paraît douteuse, on peut aller la vérifier à la source. Il y a vingt ans, quand on a dit qu'Adjani avait le Sida, elle est allée démentir sur TF1. Aujourd'hui, elle le ferait sur internet. Vive la liberté.
22:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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