03/02/2007
Marc Dugain et la Russie des terreurs.
Le pouvoir dans chaque pays est marqué par un trait particulier. En Russie, c'est une trace de sang.
Un photographe de guerre que je connais m'expliquait qu'au Liban, au plus fort de la guerre, dans les années 1980, alors qu'on enlevait à tours de bras et de toutes les nationalités, on n'avait jamais pris qu'un seul Russe (soviétique) en otage. Pourquoi ? Parce que, quelques jours plus tard, ses ravisseurs avaient reçu une cassette vidéo. Sur cette cassette, l'un d'entre eux était aux mains des services russes. Ceux-ci, tranquillement, sous l'oeil de la caméra, le désossaient vivant. Vivant. Geste d'une férocité inouïe.
On repense à ce qu'écrivait Dumas sur les atrocités russes au milieu du XIXe siècle, la sauvagerie d'une culture dont la figure emblématique reste Ivan le Terrible.
Peut-on diriger la Russie sans incarner Ivan le Terrible ?
Marc Dugain a su retrouver la vérité de cette question. Dans un livre très incisif, avec son style élégant, simple, sans la moindre esbrouffe, très dialogué, au plus près de la vie des gens, il brosse le portrait en pied de la Russie de Staline à nos jours.
Et en France ? Faut-il donc être Napoléon ? Louis XIV ? Robespierre ? Danton ? Henri IV ?
Henri IV, au moins, ce serait la réconciliation et la concorde.
On peut en tout cas lire "Une exécution ordinaire" de Marc Dugain chez Gallimard. Et avoir d'autant plus envie d'être libre.
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