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04/04/2009

Mon imprimeur est en fait un déprimeur.

Voici plus de sept ans, j'ai commencé une publication de très longue haleine, celle d'un recensement qui a eu lieu en Bretagne autour de l'année 1426. À cette époque, sur le conseil d'un ami qui commandait l'impression de montagnes de documents pour un grand groupe de restauration industrielle français (un ami qui a depuis bifurqué et qui se trouve en ce moment à Sri Lanka pour la Croix Rouge), j'ai choisi un imprimeur qui travaillait très bien, qui était aussi souple que réactif et qui avait un très grand avantage : il n'était pas loin de Paris, dans l'Essonne.

Hélas, il coûtait cher, trop.

Au bout du deuxième tome de ma collection, constatant le rythme de vente de mes livres et l'équation économique qui en résultait, je me suis résolu à baisser mes coûts, ce qui signifiait changer d'imprimeur.

Décidant de ne plus me fier à l'opinion d'autrui, j'ouvris au hasard des livres dont la façon me paraissait soignée et inventive. Assez rapidement, j'en trouvai un qui me satisfaisait. J'ai appris depuis qu'il figurait parmi les acteurs historiques de l'imprimerie littéraire française, exerçant sa coupable activité depuis plus de cent cinquante ans au même endroit, un ancien couvent en brique en Picardie.

Tout semblait se passer bien, un libraire-éditeur de mes amis travaillait aussi avec cet imprimeur et en disait le plus grand bien. 

Évidemment, ce n'était plus la même atmosphère que dans l'Essonne, les prix étaient certes 30 % moins élevés ("ce sont les prix de la province", indiquait l'éditeur pour montrer sa satisfaction devant la mienne quand j'ai considéré son premier devis), mais la réactivité s'effondrait : mon imprimeur francilien a des stocks à lui de mon papier (le plus cher de sa catégorie : Rives Tradition, de la maison Navarre, que j'utilise dans un fort grammage - 170 g/m2), et il possède de très grosses presses Heidelberg (la Rolls de sa catégorie à ce moment-là et depuis longtemps), des bécanes qui doivent tourner vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour être rentables. Si je lui demande 2000 dépliants à 18 heures pour le lendemain à 9 heures, je les ai.

En Picardie, ce n'est pas du tout la même atmosphère : si je commande mes 2000 dépliants (une face quadri) le 11 mars, je les ai... trois semaines plus tard, le 2 avril. 30 % de frais en moins, mais 3000 % de temps perdu en plus.

Le pire n'est pas là : pour le premier tome fait avec lui, en 2005, le dépliant (que j'envoie aux éventuels clients en marketing direct) a été complètement salopé, les couleurs qui doivent être fraîches pour les blasons (les couleurs médiévales cherchent toujours une lumière de vitrail, même sur le papier ou le parchemin) devenaient suifeuses, une véritable horreur, et je lui avais indiqué que cette qualité médiocre avait influé défavorablement sur l'impact commercial du dépliant. Je m'étais rendu dans son couvent de brique pour le calage des planches couleur du livre, de façon à veiller moi-même aux teintes finales, me réservant de signer le bon à tirer. De cette façon, le livre fut réussi et l'économie de coût fit que l'impact commercial suffit à améliorer la rentabilité de l'opération.

Pour le suivant, les choses tournèrent d'elles-mêmes, le dépliant fut impeccable et le livre parfait, sans que j'eusse besoin de me déplacer.

En commandant le dépliant du nouveau tome, voici un peu plus de trois semaines, je ne me méfiais donc pas. J'envoyai un chèque de banque à l'imprimeur pour lui signifier que je souhaitais qu'il achetât au plus vite le papier nécessaire au dépliant (du Rives Tradition 90 g/m2). Il fallut plus d'une semaine pour que je reçusse, non pas le dépliant, mais un coup de fil de l'imprimeur, m'expliquant qu'il venait d'acquérir une presse numérique et qu'il proposait de l'utiliser pour mon dépliant, mais que le rendu de l'impression serait moins bon sur mon papier habituel que sur du papier glacé.

J'explosai, je dois le dire, au téléphone : j'en suis au cinquième ouvrage du même type, je vous ai expressément demandé le même papier, etc.

Il insista et proposa de m'adresser des épreuves sorties de la nouvelle presse, l'une sur mon papier, l'autre sur papier glacé. C'était encore deux jours de perdus, mais j'acceptai, parce que je venais de modifier moi-même ma technique de transmission du document que j'avais jusque-là émis sous Quark Xpress et que je lui envoyais désormais sous pdf, ce qui pouvait affecter le rendu final.

Deux jours plus tard, je reçus les épreuves. J'indiquai aussitôt que je voulais mon papier na, et que nous avions, lui et moi, un problème de rendu des couleurs. Il me dit qu'il avait compris et qu'il connaissait mon bleu (qui correspond à la nuance pantone 2727), que si je lui adressais le document source, il modifierait son bleu pour l'amener vers le mien.

Confiant dans ses capacités et sa bonne volonté (il avait tout de même réussi deux livres et un dépliant sur deux jusque-là), je rongeai mon frein pendant plus de huit jours encore, lui ayant adressé sous colissimo un Cd contenant une copie du document source.

Hier, j'ai reçu les précieux dépliants.

Hélas.

Revoilà les horribles couleurs du premier dépliant, celui que je lui avais pourtant explicitement indiqué comme repoussoir absolu. Et voilà, c'est le drame où je suis, je l'ai appelé ce matin pendant une heure pour le couvrir d'insultes, et me voici grosjean comme devant, mais délesté d'une somme non négligeable avancée pour cet échec, et ayant perdu près d'un mois sur un calendrier qui est déjà serré.

C'est une catastrophe et les lecteurs de mon blog me pardonneront de ne pas m'être retenu de la leur raconter : subitement, mon imprimeur est devenu un déprimeur.

18/03/2009

Internet est désormais bien implanté au Salon du Livre.

Les premières années de ma venue au Salon du Livre en tant qu'éditeur, je remarquais la relative grise mine d'un secteur qui se sentait assiégé par des logiques qui le dépassaient et qui, par ailleurs, souffrait de méventes croissantes. Il me semblait alors qu'Internet et le livre numérique étaient les deux turbos qui pourraient relancer la machine, mais quand je disais ça aux gens que je connaissais, ils faisaient encore plus grise mine : chez Grasset, on est aussi diffuseur, et la place des diffuseurs dans le nouveau dispositif organisé autour du numérique et d'Internet est incertaine, c'est en fait un nouveau métier auquel la culture du monde actuel de l'édition n'est pas préparée.

Or le fait qu'un site comme evene.fr (qui revendique 2,7 millions de visiteurs par mois) soit présent sur le Salon donne une indication sur ce qui va se passer : la joyeuse bande d'evene.fr, tous des jeunes qui s'y connaissent en livres (je donnerai très prochainement une vidéo sur eux), et dont les filles sont plutôt jolies (mais moins que Quitterie), va certainement essaimer dans le monde de l'édition qui, peu à peu, va se laisser gagner par la culture d'Internet, avec sa logique de gratuité et de réciprocité. La Société des Gens De Lettres (SGDL), elle, coorganisatrice d'une partie du salon, est en tout cas convaincue de l'irréversibilité du processus de gratuité sur Internet et l'a montré en manifestant son scepticisme sur le principe d'Hadopi, mais elle s'interroge sur de nouveaux modes de rémunération des auteurs.

Le cas du livre numérique est plus complexe. Je donnerai bientôt une vidéo sur Numilog qui complètera la filière du livre numérique : l'auteur, puis l'éditeur, puis l'encodeur (Immanens p ex, sur qui j'ai donné une vidéo, ce rôle correspond mutatis mutandis à celui des ateliers de composition), puis le diffuseur (en l'occurrence la plateforme Numilog), puis le choix entre deux résultats finaux : le livre numérique ou le livre papier à la demande.

Pour le livre numérique, Sony (très présent avec un vaste stand luxueux) ou l'historique Bookeen, en attendant le Kindle d'Amazon et les formules sur téléphone portable, en particulier sur Iphone (mais je n'ai vu ni Amazaon ni Apple encore sur le salon). Formules de téléchargement direct ou chez le libraire (via une clef USB et un code avec accès à des livres sous DRM). Deux formats possibles : un format Adobe à vocation universelle et interopérable, ou le format Amazon (qui va certainement exciter beaucoup les pirates).

Pour le livre papier, impression à la demande du libraire ou de l'éditeur (Books on Demand, une société allemande présente sur le salon, mais plus chère que Lulu.com, présent l'an dernier, et qui offre des prestations sensiblement semblables), ou du client (Lulu.com encore).

On voit fleurir aussi des sites de BD ou d'autres spécialités paralittéraires, et l'implantation sympathique de sites associatifs dont j'ai rendu compte (WebLettres et Sesamath).

Enfin, les institutionnels tiennent leur rang, comme Electre, Tite-Live, ou la BNF, dont le catalogue libre en ligne (Gallica) ne cesse de s'étoffer.

Pardon pour tous les liens qui manquent, mais le temps me manque, lui aussi, autant que Quitterie.

11/09/2008

Bientôt sur mon culturezine.

Comme je l'ai annoncé, je continue à travailler sur mon culturezine. En attendant d'être tout à fait satisfait de la maquette et du contenu, j'ai commencé à alimenter le blog.

Aujourd'hui, une note sur le dernier film du cinéaste Barbet Schroeder "Inju". Il se trouve que j'ai célébré le mariage civil d'une fille de Schroeder.

Également, un teaser d'un reportage que j'ai effectué dans les ruines du château de Penhoat, près Morlaix, en Bretagne.

 


Le lien ne fonctionne toujours pas sur ce blog-ci ; j'ai écrit à l'administration de hautetfort, qui ne semble guère s'agiter. Quoi qu'il en soit, voici l'adresse du culturezine :

http://www.laperenne-zine.com

12/02/2007

Bientôt le salon du livre de Paris.

Les organisateurs du salon viennent de m'indiquer par mail que je pouvais dès à présent demander mon accréditation pour le salon du livre. J'irai et j'en ferai un compte-rendu aussi précis que possible sur ce blog, avec des photos !

18:35 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livres | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/02/2007

Finir un livre.

L'imprimeur annonce à mon éditeur que mon nouveau livre entre dans la filière préparant l'impression.

C'est un moment d'émotion. On n'imagine pas la difficulté que représente la fin d'un livre, cette bagarre contre tout et rien, contre soi-même pour commencer.

C'est encore pire que de le commencer. Et pourtant, débuter, c'est souvent un calvaire : "Oh, j'ai bien le temps" ou "Oh, il faut que ça se décante" ou "Ah, non, vraiment, je n'ai pas le temps" ou encore "Il faut d'abord que je me concentre". Bref, toutes les mauvaises raisons sont bonnes.

Au milieu, ça va à peu près.

En fait, j'ai l'impression que les joueurs de tennis professionnels traversent les mêmes phases lors d'un match. Mais pour eux, ça dure deux ou trois heures. Un livre, pour moi, ce sont des mois, souvent deux ans. Après, il faut en sortir.

J'en suis là : le fantôme du livre s'extraira de moi en même temps que l'objet livre me sera livré. Et je serai enfin libre ?

22:00 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : livres | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

03/02/2007

Marc Dugain et la Russie des terreurs.

Le pouvoir dans chaque pays est marqué par un trait particulier. En Russie, c'est une trace de sang.

Un photographe de guerre que je connais m'expliquait qu'au Liban, au plus fort de la guerre, dans les années 1980, alors qu'on enlevait à tours de bras et de toutes les nationalités, on n'avait jamais pris qu'un seul Russe (soviétique) en otage. Pourquoi ? Parce que, quelques jours plus tard, ses ravisseurs avaient reçu une cassette vidéo. Sur cette cassette, l'un d'entre eux était aux mains des services russes. Ceux-ci, tranquillement, sous l'oeil de la caméra, le désossaient vivant. Vivant. Geste d'une férocité inouïe.

On repense à ce qu'écrivait Dumas sur les atrocités russes au milieu du XIXe siècle, la sauvagerie d'une culture dont la figure emblématique reste Ivan le Terrible.

Peut-on diriger la Russie sans incarner Ivan le Terrible ?

Marc Dugain a su retrouver la vérité de cette question. Dans un livre très incisif, avec son style élégant, simple, sans la moindre esbrouffe, très dialogué, au plus près de la vie des gens, il brosse le portrait en pied de la Russie de Staline à nos jours.

Et en France ? Faut-il donc être Napoléon ? Louis XIV ? Robespierre ? Danton ? Henri IV ?

Henri IV, au moins, ce serait la réconciliation et la concorde.

On peut en tout cas lire "Une exécution ordinaire" de Marc Dugain chez Gallimard. Et avoir d'autant plus envie d'être libre.

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17:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livres, auteurs | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook