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11/02/2007

Blogosphère : la liberté des formes poétiques.

La poésie est l'art majeur de la littérature.

Un grand poème vaut plusieurs grands romans. Un seul vers d'Hugo dit parfois plus de réalités que dix enquêtes documentaires.

Or la poésie est devenue (ou redevenue ?) un art confidentiel, réservé aux arrière-salles, aux petits comités militants, à l'admiration facile, au relativisme égaré.

La forme poétique a suivi la loi des autres arts. Elle a évolué vers l'abstraction, vers toutes les formes de bizarrerie et d'hypertrophie de l'originalité à tout prix, ou bien elle s'est enfoncée dans le marais de la préciosité volontiers passéiste où elle ressasse des images timides.

Les recueils poétiques n'ont qu'un public très restreint. Quelques écrivains reconnus publient parfois des textes, mais ils demeurent très minoritaires et le marché ne suit guère.

Les connaisseurs véritables, les initiés (il en reste) se taisent et réservent leur savoir à des cénacles.

Devant ce triple mur de silence, la blogosphère joue une fois de plus le rôle de déverrouillage.

Déverrouillage de la forme : pas de crainte de verdicts définitifs de critiques venimeux.

Déverrouillage de l'argent : publier sur une page de blog ne coûte pratiquement rien et peut atteindre en un instant un public plus large que six mois d'efforts auprès des médias spécialisés.

C'est pourquoi on voit refleurir les poèmes. La construction libre y domine. On ne versifie pas beaucoup sur la blogosphère : la peur du jugement commun et la hantise de l'expression "vers de mirlitons" qui sonne comme l'humiliation suprême. On prend moins de risque dans des haikus ou dans de jolis paragraphes de prose.

Alors tant pis, s'il faut provoquer, moi, j'ose l'alexandrin. Et j'aime l'acrostiche. Jeu futile ? Peut-être. Mais si le poème parle plusieurs langues en une seule, la futilité ne masquera pas longtemps sa profondeur. L'apparent humour révélera sa vérité.

Je me lance donc, sans la moindre prétention, juste pour éveiller le jeu, en ce dimanche. Voici un acrostiche, n'hésitez pas à m'envoyer les vôtres :

O mondes enroulés aux spirales lointaines,
Echarpes étoilées des lampes souveraines,
Dignes monceaux de nuit déployant des lueurs,
Inavouables cercueils des juteuses candeurs,
Pieux mensonges offerts aux coeurs nouveaux à prendre,
Effacez le tourment des enfances trop tendres !

Ca vous donne envie d'en faire ? Chic alors : c'est dimanche ! Libre.

11:15 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : blogosphère, poésie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

J'aime les alexandrins et en commets moi-même à l'occasion. Si tu apprécies les vers "de mirliton", tu peux aller voir ce blog plein d'humour :
http://un-ptit-vers-pour-la-route.over-blog.com/
Peut-être à suivre avec un acrostiche...

Écrit par : fuligineuse | 11/02/2007

Ils ont des idées très drôle, sur ce site. Merci de cette découverte.

Écrit par : Hervé Torchet | 11/02/2007

Paresse du dimanche soir, point d'acrostiche donc, mais un petit quatrain que j'ai composé il y a un an environ :

Je fais des vers de mirliton
Où chaque jour est un dimanche
Rien dans les mains rien dans les manches
Des mots je suis le marmiton

Ma voix n’a rien du baryton
C'est en vain qu'elle s’égosille
Entre rumbas et séguedilles
A faire onduler les pythons

Moitié dauphin, moitié triton
Je chante ma mélancolie
Entre l’amour et la folie
Ni Démosthène, ni Criton

Canapé aux doux capitons
Reçois l’élan de ma paresse
A part ça rien ne m’intéresse
Je fais des vers de mirliton

Fuligineuse

Écrit par : fuligineuse | 11/02/2007

Mirliton est un qualificatif sévère pour ces vers-là.

Si je prends la baguette millimétrée de Boileau pour mesurer le mot propre d'Hugo, je ne suis pas persuadé que la voix "s'égosille", car elle ne possède pas de gosier. Oh, je suis sévère, cette fois, il ne faut pas m'en vouloir, mais il y a un air entraînant dans ce texte.

Ce qui lui nuit, ce sont les deuxième et troisième couplet. C'est mon côté Alceste, je ne peux pas m'empêcher de dire ce que je pense.

Car le marmiton ne devrait pas s'égosiller. Le marmiton mitonne. Ah, les mots !

Bravo cependant pour ce quatrain de rimes récurrentes et veloutées.

Écrit par : Hervé Torchet | 11/02/2007

Merci... Mais il ne faut pas toujours s'en tenir à des concepts aussi stricts... Le marmiton, tout en tournant sa sauce, ne peut-il pas pousser la chansonnette ? Que fais-tu de la licence poétique ? !!!

Écrit par : fuligineuse | 12/02/2007

Il s'agit des harmonies que perçoit le fond de l'inconscient. La question n'est pas la rationalité, que la licence poétique autorise à écarter, mais plutôt le contour de l'image. Si le marmiton, sans prévenir, se met à chanter, aucune image ne naît dans le (cortex ?) du lecteur, la poésie reste dans la sécheresse de l'abstraction. On voudrait dire abstraction figurative, mais c'est un courant en soi. Disons qu'une part de l'émotion poétique est visuelle. Quand tu dis "rien dans les mains, rien dans les manches", on perçoit une image amusante qui résonne (ou consonne) avec l'idée du marmiton qui secoue ses mains pour les montrer vides, ainsi que ses manches. Mais la voix est une réalité abstraite. Il faut donc d'abord se représenter le marmiton qui chante. Par conséquent, ton texte qui file au galop laisse derrière lui la rêverie du lecteur.

Peut-être aurait-il été plus direct et plus amusant d'écrire tout simplement :

Je ne suis pas un baryton
C'est en vain que je m'égosille
...

Tu aurais ainsi évité le changement de sujet qui est aussi occasion de perdre le lecteur.

Voilà, c'est dit dans une pure idée bienveillante, et juste pour le goût des textes. J'essaie là de suivre la leçon de Molière, dont je retrouve des accents dans ton quatrain.

Écrit par : Hervé Torchet | 12/02/2007

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