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27/02/2007

La BNF sans murs.

J'ai évoqué il y a peu l'ancien site de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu. Disons quelques mots sur celui qui a remplacé les magasins et les salles de lecture consacrés aux imprimés et aux périodiques.

Le monument du quai Mauriac est bien connu, ses grands livres de verre ouverts sur le ciel changeant de Paris, aussi. Tout le monde a vu des images des arbres transplantés adultes au milieu du complexe et des escaliers de bois exotique qui se prolongent par une plateforme qui enceint et surplombe la cour arborée.

Ces lattes deviennent spongieuses et sont très glissantes par temps de pluie. N'étant pas d'un naturel très adroit, il m'est arrivé plusieurs fois de m'y retrouver allongé de tout mon long sur le dos.

Cet inconvénient a été pallié pour une partie d'entre elles par des incrustations antidérapantes.

Une fois traversé ce piège sans encombre, on atteint l'un des deux trottoirs roulants (l'un à l'est, l'autre à l'ouest, ils ne roulent d'ailleurs plus pour descendre et on les a revêtus d'un tapis antidérapant) qui mènent au premier palier de contrôle, celui où sont établies les cartes de lecteurs, celui aussi où l'on doit laisser manteau, sac, affaire diverses, pour ne conserver que le minimum enfermé dans un cartable de plastique translucide.

On franchit ensuite une borne, puis deux longs escaliers roulants nous font atterrir au fond du bâtiment, au niveau des arbres et de la cour. On montre encore patte blanche, on peut sélectionner une place si l'on a oublié de le faire, et enfin s'ouvre la lourde porte métallique qui, grâce à une coursive, donne sur le chemin de ronde vitré qui cerne la cour et qu'enceignent les différentes salles de lecture, ou plutôt les portions successives de la salle de lecture désignées chacune par une lettre majuscule. À chaque lettre correspond une spécialité. En général, je suis en L, en histoire si je ne me trompe.

La BNF a été victime de la réduction du temps de travail et se sent périodiquement menacée par des compressions budgétaires. Il se trouve que ses personnels sont souvent contractuels. Lorsqu'il a fallu appliquer la règle des trente cinq heures à cet établissement, il aurait fallu, pour maintenir le nombre de postes, augmenter le nombre d'heures travaillées, c'est logique, et donc augmenter le budget des rémunérations. Or ce n'est pas du tout la tendance. On a donc fermé certains postes, jusque dans les salles de lecture.

On trouve ainsi tout un guichet désaffecté, fermé comme par des rubans de plastique. Tel est aussi le cas de locaux de photocopies, dont le nombre a été drastiquement diminué.

Les lecteurs, eux, sont fort nombreux et il arrive souvent que je doive émigrer dans des cases exotiques.

Mes recherches passent souvent par des classiques de mon domaine. Le microfilm ou la microfiche remplacent alors les ouvrages qu'une consultation trop fréquente fatigue.

Pour les consulter, des cabines sont comme suspendues en couloirs au-dessus de la salle. On y accède par des ascenseurs. L'atmosphère y est feutrée. Si on veut, on peut y faire soi-même ses tirages sur papier, ce qui repose. Mais pas question de photographier.

D'autres de ces classiques sont particulièrement rares. On les conserve à part dans un magasin qui se nomme la Réserve. On doit obtenir une autorisation spéciale pour les consulter.

La salle de la réserve forme un autre entresol. On y monte par un seul ascenseur. La porte vitrée est verrouillée par un lecteur de carte magnétique. Un étroit guichet contrôle de nouveau la patte blanche. Juste en dessous, des casiers sont destinés aux mallettes de plastique translucide.

On demande un livre par un coupon de papier jaune. Il est apporté directement à la place qu'on vous a indiquée. Comme aux manuscrits, rue de Richelieu, il faut souvent le déposer sur des boudins de velours. On allume une lampe et la précieuse lecture commence.

La salle de la réserve ferme à dix-huit heures, le reste un peu plus tard. Quand on sort, il peut encore faire jour. Depuis quelques mois, on a alors la possibilité de traverser la Seine par deux curieuses passerelles dédiées à Sartre et Beauvoir. Si l'on part dans l'autre sens, vers le RER souterrain, on longera le luxueux et créatif complexe cinématographique implanté là.

Personnellement, je sors souvent tôt, ce qui me permet de rentrer à pied par les berges, croisant l'air étonné des touristes.

Encore une journée de travail terminée. Enfin libre.

20:25 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Dites-moi, peut-être nous connaissons-nous de vue, car je côtoie également la salle L...
Ce billet me rappelle ma journée de travail. Vraiment réaliste.

P. S. : concernant la Réserve, vous avez oublié la température polaire... ;-)

Écrit par : Artemus | 09/03/2007

Les commentaires sont fermés.