02/03/2007
Cinéma : "Je crois que je l'aime"
C’est vendredi. Pourquoi pas un peu de cinéma ?
Pierre Jolivet excelle dans le monde des réalités. Dans "Ma petite entreprise", une comédie jubilatoire, il montrait Vincent Lindon, patron de PME en grand péril, aux prises avec les petites magouilles de son ami François Berléand.
Revoici Vincent Lindon patron, d’une grosse PME cette fois-ci. Une entreprise dans la haute technologie, on travaille avec la Chine, on voit au long cours. Le personnage incarné par Lindon lui-même est équipé du tout dernier cri : il communique avec son fils et son ex-femme aux Etats-Unis par Internet, avec des cybercaméras ; chez lui, tout est géré par une unité centrale branchée sur un petit écran portatif.
C’est l’homme de demain. Plongé dans une atmosphère cosmopolite : l'Italie est en référence et la visite d'un prestigieux professeur italien permet à Venantino Venantini (le dernier survivant des "Tontons Flingueurs") un clin d'oeil sympathique, on voit aussi passer le nom du Portugal, pour ses céramiques, un lutteur de sumo japonais, l'accent québécois, bref, la mondialisation apprivoisée.
On assiste dans l'entreprise à des réunions de travail très crédibles, pas tout à fait du Sautet, mais comme on est dans le ton de la comédie, on ne peut tout de même pas retrouver l'intensité dramatique de "Mado", un drame pur.
Ce patron a le coup de foudre pour une artiste qui vient décorer son hall. Ce détail n’arrachera pas des larmes au jury d’originalité des César, mais on n’insiste pas et il passe très facilement.
Tout de suite, Lindon dit :
- Je crois que je l’aime.
Et c’est une catastrophe.
Pourquoi ? Parce que la dernière fois qu’il est tombé amoureux, ce fut un désastre pour lui et pour son entreprise : la femme lui avait été envoyée par un concurrent, il a sombré dans la dépression, l'entreprise a failli disparaître.
Il charge donc son chef de sécurité, habitué aux besognes du renseignement sensible appuyé sur les technologies les plus avancées, d’enquêter à fond sur elle.
La suite est un joli vaudeville sentimental admirablement mené et interprété.
Longtemps, j’ai pensé que ce que Lindon avait de mieux, c’était sa femme (son ex : Sandrine Kiberlain). Puis j’ai vu "Paparazzi", d’Alain Berbérian, et je l’ai trouvé étonnant d’énergie et de vérité. Deux ans plus tard, "Ma petite entreprise" a achevé de me convaincre de son talent.
Le tandem qu’il formait avec François Berléand dans ce dernier film est reconstitué, Berléand est glauque à souhait, capable de détenir tous les secrets et de s’en servir comme le plus ténébreux des hommes de l’ombre.
Il vient des services de police, des stup', il a dû assumer quelques missions discrètes pour de hauts personnages. Il incarne en tout cas le nouvel espionnage privé que l’on voyait déjà dans "Demonlover", d’Assayas.
Quand Lindon lui indique qu’il a besoin de lui, non pour ce qui relève de ses fonctions dans l’entreprise, mais pour "du personnel, de l’informel", Berléand répond, comme quelqu’un qui connaît la chanson :
- J’ai travaillé sous Mitterrand.
Et de fait, il est assis, dans son bureau qui ressemble plutôt à un mélange de salle de vidéosurveillance et de central informatique qu’à un vrai bureau, devant la photo de Mitterrand coiffé de son stetson très particulier, Mitterrand "l’Africain". Pense-t-on à l'affaire "Carrefour du développement" ? Aurait-il quitté la police à cette époque ?
Toute la distribution est parfaite, Sandrine Bonnaire n’en finit pas d’atteindre des trésors de simplicité, Liane Foly, avec un fort accent québécois, en ancienne maîtresse, est à cent pour cent, Kad Merad fait un court et impeccable passage, bref, voilà un film à aller voir avec sa copine.
Hélas, j’étais seul.
21:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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