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03/03/2007

Rues littéraires.

Il n'est pas donné à tout le monde d'habiter une rue qui porte son nom.

Victor Hugo, lui, est mort avenue Victor Hugo, à Paris, dans le 16e arrondissement. Il y a vécu les toutes dernières années de sa vie et c'est de là qu'il vint à pied, en traversant un pré, un jour de 1884, présider à la fondation du lycée Janson dont j'ai été l'élève.

Un immeuble bourgeois a remplacé la maison qu'Hugo habitait là. Ses architectes ont eu la bonne idée d'y faire sculpter, au-dessus de la porte, le visage du vieux poète qui semble veiller immobile sur son avenue.

Cette artère borde le bas d'un square, à deux cents mètres à peine vers l'ouest. Ce square est équipé d'un puits artésien branché sur des robinets que des gens viennent encore de loin presser pour emporter l'une des meilleures eaux de Paris.

Ce square porte le nom de Lamartine. Une statue de ce poète et homme politique l'orne, elle-même hélas ornée chaque jour par des pigeons qui la trouvent commode pour se poser.

En face de la fière statue, l'endroit où Lamartine est mort en 1869.

Eh oui ! Hugo et Lamartine, les deux âmes poétiques de la génération de 1830, sont morts à moins de cinq cents mètres l'un de l'autre. Seulement, lorsque Lamartine s'est éteint, Victor Hugo poursuivait son exil à Guernesey. On ignore s'il arriva ensuite à Hugo, le soir, en rentrant de ses escapades amoureuses, de rendre un bref hommage à son ami de jeunesse par un détour devant le lieu de sa mort.

Dans le même arrondissement de Paris se trouve la rue Boileau, dédiée là à ce poète parce qu'il y avait sa maison de campagne, sa résidence secondaire, dirait-on aujourd'hui en style un peu formel.

Boileau, le plus parisien de nos écrivains sans doute, venait à Auteuil, un village campagnard, et y amenait ses amis : Molière, Racine, La Fontaine et quelques autres.

On murmure (et Guitry a exploité cette rumeur) qu'il a corrigé beaucoup de textes, non seulement des trois auteurs que je viens de citer, mais aussi de Corneille.

Il recevait chez lui, rue du Vieux-Colombier, près de l'endroit où la Comédie française possède désormais sa deuxième salle et, selon la légende, il rabotait les vers des quatre génies.

Il avait un argument imparable pour le faire : il était le neveu de Malherbe, celui qui a codifié la langue française pour tout le XVIIe siècle.

Il faut se rappeler que le français est alors une langue savante, à laquelle on a donné une construction volontairement rigoureuse et des règles qui paraissent encore neuves. Molière, dit-on, est particulièrement prudent et hésitant devant des élaborations trop minutieuses, ennemies de la spontanéité. Il exprime ses vues dans le "Misanthrope". C'est donc pour lui une négociation tendue avec Boileau.

Et quand Boileau écrit "Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime", on se demande jusqu'où son humour va. Cela étant, il est probable que les rimes, elles, sont bien de Molière.

Près du croisement de la rue Boileau, la rue d'Auteuil actuelle était bordée par deux cabarets, celui de la "Croix blanche" et celui du "Mouton blanc", où la joyeuse bande s'ébattait parfois.

On aurait envie de faire ainsi la liste de toutes les rues qui tiennent leur nom d'un écrivain qui a vécu là. Et chez vous ? Y en avait-il un ?

18:45 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : écriture, littérature | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

non, chez moi il y avait une vieille usine de tabac qui appartenait à la Seita dans les années 1970. et avant cela, je crois que le quartier de Bercy était considéré comme un des plus mal fâmés de la capitale.
J'ai mis à jour mon blog avec aujourd'hui une question que j'aimerai soumettre à Quitterie pour la journée de la femme, à savoir l'augmentation de la prostitution estudiantine dans notre République.

Écrit par : Michaël | 03/03/2007

Bercy, les entrepôts, il y a une littérature et des écrivains de ces coins-là. Il faudra que je me repenche sur ce sujet.

L'autre, il vaut mieux que nous allions en conférer sur le blog de Quitterie.

Écrit par : Hervé Torchet | 03/03/2007

Je ne suis pas parisienne
ça me gêne, ça me gêne...
Ceci dit je vais de temps en temps à Bercy, mon mari travaillant Cour Saint-Emilion et j'ai retrouvé un charmant passage dans je Jack de Daudet qui évoque ces anciens entrepôts.

Écrit par : Rosa | 03/03/2007

Cher Hervé, un village campagnard n'est-il pas un léger pléonasme ???

Écrit par : fuligineuse | 03/03/2007

@ Rosa

On trouvera des passages un peu partout, en voici un, donc.

@ fuligineuse

Je ne le crois pas : il existe des villages banlieusards, des villages miniers, des villages montagnards, des villages lacustres, et même des villages troglodytiques !

Campagnard caractérise ici la ruralité, vous l'avez compris.

Écrit par : Hervé Torchet | 03/03/2007

Admirable Hervé, peux-tu éclairer ma lanterne concernant la nouvelle mascotte UDF talentueuse et remarquée : quelle est l'origine et l'historique de "Quitterie", en tant que prénom ? Je te sais savant et je veux savoir ! Amitié. Christophe
ps : je suis redescendu dans la Nièvre lustrer mon vieux tracteur Massey-Ferguson rouge. J'envisage de le repeindre en orange. Question de goût :-)

Écrit par : bertin | 04/03/2007

Oh, je ne suis pas expert en hagiographie, mais d'après ce que j'ai lu, il s'agit d'une sainte (je ne parle pas de Quitterie Delmas, qui a d'autres éminentes qualités que la sainteté proprement dite), qui aurait, c'est un trait commun à de nombreux sanctifiés des époques précoces, été décapitée mais, sans sourciller, elle aurait ramassé sa tête et l'aurait replacée sur son cou.

Conséquence logique, sainte Quitterie avait autrefois la réputation de guérir ... les maux de tête.

Cette Quitterie-ci n'est guère préoccupée des choses de la religion. En revanche, elle proclame haut et fort son ambition d'agir en politique à un niveau élevé.

Or il s'agit de la plus jolie nature que j'aie jamais rencontré. C'est simple, si elle n'était pas déjà mariée, je l'épouserais tout de suite : elle est incroyablement désarmante. Elle aurait converti Staline à l'altruisme, Gengis Khan au gandhisme, et touché par elle, Hitler serait devenu l'abbé Pierre ; et ce, rien que par sa façon extrêmement directe de s'adresser aux gens sur un ton d'une telle luminosité qu'on en est absolument désarmé (c'est vraiment le mot juste).

Par conséquent, on a tout le temps envie de la voir prendre plus d'importance.

Elle a travaillé et milité dans l'économie solidaire et le commerce équitable avant de décider de croquer le monde politique tout cru.

Outre son envie de prendre des responsabilités de rang élevé, elle milite pour faire travailler ensemble des gens que tout oppose. Une sorte de superlatif du programme de Bayrou.

Elle a vingt-neuf ans et deux enfants.

Écrit par : Hervé Torchet | 04/03/2007

Avez-vous échappé sur ce virus qui sévit sur certains blogues (dont le mien) à savoir toutes les indications écrites en anglais...
Avez-vous des relations privilégiées avec Haut et Fort ou avez-vous trouvé un truc pour désamorcer le phénomène ?

Écrit par : Rosa | 04/03/2007

J'ai eu et j'ai fait confiance à la plateforme Hautetfort pour résoudre.

Écrit par : Hervé Torchet | 04/03/2007

Hervé, ces précisions t'honorent. Et je te crois volontiers. J'insiste pour que tu retrouves, toi aussi, le goût des mandats électifs car, véritablement, ta culture et ton intelligence sauraient nourrir des débats qui, parfois, manquent cruellement de sel. Hauts les coeurs. Et libres. Enfin, quelqu'uns d'entre nous :-) A bien vite. Amitié.

Écrit par : bertin | 04/03/2007

Bonjour,

J'habite dans un village de riverains (une autre catégorie pour enrichir l'amorce de catalogue donné par Hervé [riverains pour dire que nous ne sommes pas tout à fait des campagnards, pas vraiment des marins]) dont la population n'atteint pas mille habitants : il n'y a que quelques "rues" (au bourg, comme on dit ici), qui sont désignées par des termes bretons (et ce, bien avant l'actuelle mode du bilinguisme) ; mais aucune ne porte le nom d'un écrivain local, ni régional, non plus que national ou international. Alors j'invente : "Rue Paul-Antoine D'Arban (1878-1968) écrivain français", : comment, vous ne connaissez pas Paul-Antoine D'Arban ?

D'Arban, par ailleurs inventeur du genre romanesque dit "télégraphique", avait pressenti dès les années 30 que le canular normalien, gratuit et somme toute assez banal, dont le roman de Jules Romains, "Les copains", décrit de l'intérieur les rouages, pouvait constituer un merveilleux outil d'appropriation du pouvoir quand il était sous-tendu par des effets de mode et de snobisme : D'Arban a consigné sa pensée dans un court essai intitulé "Théorie de la supercherie", tiré à compte d'auteur et dont les exemplaires sont aujourd'hui de véritables "collectors".
Des étudiants de l'X ont récemment remis au goût du jour cette théorie de la supercherie*, donnant au passage une fessée à une grande partie de l'établissement entrepreneurial français, dont les membres se retrouvent ainsi avec les joues rougies, du moins quand il leur reste assez de sentiment de honte à exprimer (ce qui exclut évidemment certains spécialistes de la vente de stock-options en catimini)...

*la théorie de la supercherie :
http://www.cadremploi.fr/emploi/edito?edtId=36459301#0

Écrit par : André-Yves Bourgès | 05/03/2007

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