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20/05/2007

Les failles de la façade gouvernementale.

Disons-le simplement : Sarkozy a fait une campagne efficace et le gouvernement qu'il vient de faire présenter par l'entremise de François Fillon est à l'image de sa campagne : habile.
 
Fillon lui-même a peu d'ennemis, dans l'existence, sauf Villepin et les prof. Villepin est parti et les prof se préparent à la résistance. Ses amis les plus influents sont outre-Atlantique.
 
Juppé, vieux grognard du chiraquisme, ex-hussard dégradé par la justice, condamné pour diverses affaires où il n'était qu'un subordonné, exilé, revenu, réélu par une majorité confortable d'un électorat faiblement mobilisé, bref, une personnalité désormais complexe, marquée, mais qui a tout de même, on s'en souvient, incarné la rigidité d'une politique très mal acceptée en 1995.
 
La dureté du conflit a certainement précipité l'échec de Chirac en 1997 mais elle a aussi conduit à creuser le fossé entre la gauche des corporatismes et le reste de la population. Dans une certaine mesure, elle a préparé la fuite des électeurs socialistes vers Sarkozy et vers Bayrou à laquelle on vient d'assister.
 
Pour Sarkozy, nommer Juppé numéro deux du gouvernement revêt donc un caractère programmatique : cette fois, imposer les réformes qu'il n'a pas pu mener à leur terme en 1995. La revanche.
 
Le portefeuille écolo est en apparence conforme au pacte de Nicolas Hulot. La vérité sera attendue avec prudence.
 
Borloo, aux finances, n'est qu'un leurre : il n'a pas les directions les plus importantes de Bercy qui sont confiées à un autre ministre de plein droit, moins exposé, et non à un simple ministre délégué chargé du budget comme souvent. On doit voir là plus qu'un symbole. Donc Borloo au ministère de la parole.
 
Je me suis déjà exprimé sur Kouchner, personnalité attachante et populaire, mais dont la position me paraît difficile à tenir longtemps. Je souhaite qu'il puisse mener à bien certaines tâches qui lui tiennent à coeur.
 
Rachida Dati, la femme qui voulait être "ministre de la rénovation des banlieues au kärcher", n'est pas la première garde des Sceaux (il y a déjà eu, je crois, Élisabeth Guigou), mais comme on ne connaît d'elle que l'active militante, on attend de voir ce qu'elle produira.
 
Brice Hortefeux, l'ami d'enfance de Sarko, l'homme, au ministère de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale (vocable recentré), vient de présenter un visage plutôt consensuel. Il lui faudra de toutes façons composer avec sa collègue de l'Intérieur.
 
Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, est moins "prof de math" en privé qu'à la télévision. Son habitude du commandement lui permettra de s'imposer dans un milieu viril. Curieusement, elle suit le même parcours que Chevènement : l'Intérieur après la Défense. Pour en savoir plus, il faudra examiner la composition de son cabinet administratif. L'homme-clef est le directeur de cabinet ; si elle conserve le même que Sarko, on saura qu'elle a accepté de n'être qu'une potiche. Dans le cas contraire, il faudra surveiller la lecture qu'elle fera du programme de Sarko et la couleur de ses relations avec Hortefeux.
 
Bertrand n'est guère en vue. Il finira par occuper de l'espace.

Hervé Morin, à la Défense, s'octroie un gros morceau, mais un poste peu exposé en principe. Du consensuel. À moins que la France ne participe à une opération contre l'Iran (difficile en raison de la mise en cale sèche du Charles de Gaulle pour une longue période) ou ne remplace les contingents que le gouvernement britannique bientôt dirigé par M. Brown pourrait vouloir éloigner du front en Irak ou en Afghanistan.
 
En somme, tout ceci est habile mais plein de dangers qu'on pressent.
 
Seul couac : la politique économique. Fillon a déjà annoncé qu'il voulait procéder à une relance par la dépense publique.
 
Dès lors, la chronologie du quinquennat est connue : dans deux ans, après toutes les élections qui s'enchaînent, il sera remplacé par un gestionnaire bourru qui annoncera, droit dans ses bottes, que l'heure est à "la rigueur".
 
Deux ans de perdus. 

Commentaires

L' heure de la rigueur, voiçi de tristes souvenirs politiques qui ne présagent rien de bon..

Écrit par : Arnaud | 20/05/2007

Vous ne dites rien sur Bachelot...
Je ne suis pas d'accord pour Kouchner : c'est un pro américain, n'oubliez pas qu'il a été le seul à être favorable à la guerre de Busch contre l'Irak... Il fera la politique de Sarko en rupture avec la politique étrangère de Chirac.

Écrit par : Rosa | 20/05/2007

Ni Bachelot ni Darcos. Il y aura des occasions.

Sur Kouchner, j'ai fait tout un article cette semaine.

Écrit par : Hervé Torchet | 21/05/2007

Analyse sommaire mais fine. Je te rejoins sur l'éventuel couac, cf l'article : Fillon veut engager des réformes sans regarder à la dépense
http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=44553

Quand à l'éducation, il ne va vraiment pas falloir tarder à parler de Darcos.
J'ai passer mon dimanche avec ma belle-soeur qui est instit. Un ancien élève a appelé sa collègue pour la remercier. Après un cycle scolaire d'adaptation (on appelait ça le CPPN quand j'étais à l'école), il va intégrer une classe de 4° normale. Et il remerciait donc cette ancienne instit de lui avoir permis de s'en sortir pour suivre à présent un cursus comme les ados de son âge.
A la rentrée prochaine, cette instit va avoir une classe normale d'une trentaine d'enfants, comprenant 3 élèves à grosses difficultés dont un trisomique.
Noyés dans la masse, croyez-vous que ces trois là l'appelleront dans quelques années ?

Écrit par : Signé Furax | 21/05/2007

La polémique sur l'accueil des enfants handicapés était justifiée : allons-nous leur donner les moyens à ces enfants de s'intégrer dans de bonnes conditions ? Sinon c'est les sacrifier et non les aider, mais aussi sacrifier l'enseignant.
Pour Darcos il a au moins le mérite d'être un littéraire...
Peut-être empêchera-t-il l'hémorragie que subissent les filières littéraires...

Écrit par : Rosa | 21/05/2007

Et le descendant de Jules FERRY, c'était un garagiste ?
Lisez je vous prie Rosa l'article de ce prof de ZEP : Pourquoi je ne lirai pas la lettre de Guy Môquet.
http://www.lefigaro.fr/debats/20070519.FIG000001202_pourquoi_je_ne_lirai_pas_la_lettre_de_guy_moquet.html

Son discours est radical.
Mais il pointe le déclin de l'éducation qui va être en première ligne lors du non remplacement d'1 fonctionnaire sur 2.
Mon neveu a fait sa rentrée à la maternelle dans une classe de 32 élèves ! Sa mère est instit. (encore elle).
Elle nous narrait sa rencontre avec son instit à lui : le ch'tiot, il est du genre à entraîner ses camarades dans ses aventures de superman. Ca pourrait le faire, mais pas dans une classe de 32.

Écrit par : Signé Furax | 21/05/2007

Tu me rendrais un p'tit service Hervé ?
Faire de la propagande.
http://www.medecinsdumonde.org:80/mobilisation/petition
J'ai d'abord essayé avec un gros blogueur en vogue, RTL, Europe 1. Grosse erreur. Marc Vasseur lui n'a pas hésité.
Ma main au feu que CyberMamie sera signataire.
Si ça te met dans l'embarras ou autre, vires mon message, je repasserai toujours faire un brin de causette par ici.

Écrit par : Signé Furax | 21/05/2007

@ Signé F

Le texte de Médecins du Monde me paraît tout à fait équilibré et dit des choses qui semblent pertinentes.

Écrit par : Hervé Torchet | 21/05/2007

Dix ans c'est long... bonne analyse. Sarkozy a été un adversaire très très fort et il a fait une très bonne campagne. Nous n'avons pas su faire notre révolution interne (PS) mais je serai de ceux qui rappeleront nos défaites pour engager une rénovation.

Écrit par : Anthony | 22/05/2007

Bien sûr mon cher Furax que j'ai signé...
Tu peux d'ailleurs mettre ce message sur mon blog...

Écrit par : Rosa | 22/05/2007

Les commentaires sont fermés.