Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/11/2007

Régimes de retraite : la retraite ou le retrait ?

Revigoré par le passage de Jean-François Kahn ce soir chez Denisot (il est bien moins séduisant que Quitterie Delmas qui a été reçue là plusieurs fois, mais tout de même, c'est un sacré spectacle, un plaisir d'intelligence et d'engagement), je trouve de nouvelles forces pour affronter la chronique des désertions annoncées. Cavada veut partir ? Qu'il parte. Bayrou avait cent députés en 2002, il a "fait" 6,5% ; il lui en restait trente en 2007, il a "fait" 18,6%. S'il n'en a plus aucun, jousqu'où ira-t-il ? Quo non ascendet ?
 
Comme disait Victor Hugo : ad augusta per angusta.
 
Exit donc la vieille UDF. J'en ferai demain une première épitaphe. Pour dire la vérité, je voulais le faire ce soir, mais il m'a paru plus juste de m'exprimer sur la grève et surtout sur la réforme des retraites.
 
Rappelons tout d'abord que le système préconisé par Bayrou lors de la dernière campagne présidentielle était à la fois le plus efficace et le plus équitable : l'idée de retraite "à points" offrait à la fois flexibilité et équité.
 
Équité, car elle permettait d'avantager les métiers ou les professions pénibles et dangereux. Je trouve par exemple injuste que rien ne vienne plus reconnaître que le métier des marins-pêcheurs est à la fois très dangereux et extrêmement pénible.
 
Flexibilité, car elle permettait aux salariés de partir à la retraite à l'âge qu'ils désiraient.
 
(Je note au passage le mot "salarié" : n'oublions pas qu'il existe des quantités de professions non salariées pour qui la retraite est un mot douloureux.)
 
Pour en revenir à l'équité, je note aussi que la première iniquité de la solution choisie par Sarkozy est de maintenir le principe d'une durée uniforme de cotisation. Car l'éventail de l'espérance de vie est très ouvert et soumis à une grande variation d'un métier ou d'une profession à une autre. Maintenir une durée uniforme revient à décréter qu'il est juste que ceux qui ont travaillé le plus dur soient aussi ceux qui profitent le moins de leur retraite.
 
Il se trouve que cet argument est celui qui permet le moins de soutenir le mouvement de grève des cheminots. Car leur espérance de vie est au-dessus de la moyenne, assez nettement. Et si le fait de partir jeune à la retraite permettait de vivre plus vieux ? Alors, en supprimant leur régime spécial de retraite, le gouvernement les ramènerait vers la moyenne à la fois en raccourcissant leur période de jouissance de leur pension de retraite et en raccourcissant leur vie tout court...
 
Mais je doute que la réforme aille très loin. Car Sarkozy n'aime guère résister. On l'a vu avec les pêcheurs : l'un d'entre eux l'a traité d'"enculé" ; alors, obligeant, il s'est déculotté. Il a donné tout ce qu'on lui demandait, très au-delà du raisonnable.
 
Cette stratégie de la carpette a commencé à être suivie avec les cheminots : les conducteurs de trains ne seront pas concernés par la suppression de leur régime spécial. Ah bon ? Mais alors... en fait, cette décision, annoncée en catimini, est passée inaperçue de tout le monde. De tout le monde... sauf de ceux qu'elle concerne. C'est ainsi que l'on voit un syndicat spécialisé dans les conducteurs de train ne pas participer au mouvement de demain. Lâchement, ces conducteurs se sont désolidarisés des autres métiers de cheminots. Ceux-ci ont donc leur Cavada, qui se nomme GAAC. 
 
Cette réserve permet à la SNCF souriante d'expliquer que la grève de demain sera (un tout petit peu) moins suivie que celle d'octobre. Et pour cause.
 
À qui le prochain tour ? À qui va-t-on céder pour séparer les travailleurs les uns des autres, voire pour les opposer les uns aux autres ?
 
Quoiqu'il en soit de cette pauvre stratégie, Sarkozy pourra bien se poser en père la victoire, aller parader parmi les cheminots, comme il aura cédé tout l'essentiel, la réforme ne sera qu'une coquille vide, les problèmes perdureront et, comme cela commence à être l'habitude, on s'en sera tenu à l'incantation.
 
Dommage, car l'opinion était prête à une réforme sérieuse.
 
Sérieuse, pourvu qu'elle fût équitable. 

21:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, MoDem, Bayrou, Sarkozy, retraites, grèves | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Merci pour cet article qui m'a fait rire, malgré la description très juste de faits bien tristes.

Écrit par : Géraldine | 13/11/2007

Mon fils nouveau cheminot te dit que le Syndicat des roulants est la FGAAC.Moi aussi j'ignorai ce sigle. Pierre

Écrit par : ulm pierre | 15/11/2007

Les commentaires sont fermés.