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15/11/2007

Bayrou à Quitterie Delmas : "tout est négociable, sauf..."

François Bayrou est en campagne. Il adore ça. Et d'ailleurs, ça lui donne meilleure mine que quand on le croise d'ordinaire.

Quelle campagne ?

Eh bien, Bayrou croit tellement dans la résurrection qu'il a besoin de périodiquement tuer sa famille politique pour se donner le plaisir de la voir renaître.

J'ai vu, un jour de 1995, Érice Azière, la mine des bons jours, parce que le conseil politique du CDS venait de se suicider sur l'autel de la création de l'éphémère Force Démocrate, puis en 1998 le conseil politique de Force Démocrate (dont j'étais membre) décréter sa dissolution dans la nouvelle UDF unifiée. Je verrai sans doute vendredi 30 novembre le congrès de l'UDF décider de se couper les mains pour s'en remettre au Mouvement Démocrate, le MoDem.

Bayrou, pour cela, a besoin du vote des adhérents de l'UDF, le 30, puis de celui de ceux du MoDem, le 1er et le 2. Le voici donc à la pêche aux voix. Et comme tout bon candidat en campagne, il n'a pas oublié sa panoplie de vocabulaire du terroir, le terroir étant ici anglophone et porté vers l'électronique et l'Internet. Sa conclusion, soigneusement préparée, lui permet d'employer cette provision constituée avec le soin méticueleux d'un candidat qui veut vraiment réussir.

Auparavant, lors de ce mémorable café démocrate où le leader démocrate s'est rendu à l'invitation de la décidément belle Quitterie Delmas, Bayrou a balayé de quelques phrases le travail de l'obscure main maladroite qui avait rédigé le projet de statuts mis en ligne sur le site du MoDem : quelque chose déplaît ? Effacé. Ca n'a jamais existé. Exit donc l'article 24. Exit tout ce qu'on veut. Sauf...

Mais avant d'en venir là, l'assistance particulièrement nombreuse (pas loin de deux cents blogueurs, cette fois, avec quelques militants du quartier) s'égare dans des questions d'actualité.

Cavada, conduire une liste commune UMP-MoDem ? Impensable. Bayrou, très net, écarte cette idée : il ne peut y avoir de liste à Paris que du MoDem seul.

Une jolie voix féminine, entre deux cigarettes, me faisait un peu plus tôt observer en aparté qu'il était normal que Cavada fût poussé vers la sortie : il faisait de l'ombre à Marielle de Sarnez.

Quioiqu'il en soit, Bayrou, après s'être réjoui que les adhérents lyonnais recourussent au vote pour désigner leur candidat aux municipales (puis, dans la même phrase, comme je lui demandais quand nous, Parisiens, pourrions voter nous aussi, avoir botté en touche en évoquant une commission tout en désignant Quitterie Delmas des deux mains), en vient à évoquer les trois principes sur lesquels il se battra au congrès : le comité exécutif sera entièrement nommé par lui (homogénéité de l'équipe), le MoDem sera un parti unitaire (pas de courants) et je ne me rappelle plus le troisième, un autre blog l'évoquera sûrement.

Sur l'équipe, il admet que son mode de nomination est un peu stalinien ; par rapport aux statuts en ligne, il introduit donc l'idée d'une sorte d'investiture (ou de ratification) de l'équipe par le bureau politique. Tout cela ressemble diablement à la France présidentielle de Sarkozy, mais il ne paraît pas le remarquer.

Sur les courants, ses arguments sont entièrement compréhensibles : d'autres partis sont morts de la stérilité des débats internes. Et il est vrai que l'image des rivalités qui minent le PS ne plaide pas pour l'existence de courants.

Et cependant, en ce domaine, on n'empêchera pas les gens de se rassembler par affinités.

Au bureau politique comme à la conférence nationale. 

Le bureau politique a vocation à se réunir une fois par mois (un millier de membres convoqués, ça fera du bruit), et le "congrès permanent du parti", officiellement dénommé "conférence nationale", une fois au moins par an.

Sur la composition et l'élection de ces deux échelons, sur l'ensemble d'ailleurs des statuts et du futur règlement intérieur, tout est négociable : le congrès souverain remettra chaque mot des statuts en jeu, les amendements seront libres et soumis au vote. Gare aux absents. D'ailleurs, les absents ont toujours tort.

Sur ses trois principes, Bayrou se battra, ce qui ne signifie pas que le débat soit fermé, mais qu'il tient à son idée. Or comme c'est un obstiné Béarnais, il y a fort à parier qu'il emportera les suffrages.

Au MoDem au moins, il gagnera. 

Quant à Quitterie Delmas, élégante dans son tailleur pantalon noir, dont elle ôte un instant la veste qui révèle ses épaules nues et brunes, elle regarde et écoute, montre parfois un peu de scepticisme sur les réponses de Bayrou, de plaisir aussi de la belle rencontre qu'elle a organisée. Et puis, de temps à autre, elle se perd dans l'admiration qu'elle a eue pour Bayrou pendant la campagne présidentielle et qui la reprend.

Eh oui, il faut survivre à l'injustice. 

Commentaires

Ah mon cher Hervé, tous ces "combats" me lassent. J'ai accepté 5 ans de traversée du désert (02/07), laissé ma place à de plus jeunes et de plus séduisants candidats, oeuvré à des batailles législatives parisiennes glorieuses ds le XVè mais là, je n'en puis plus. Plus de force. Plus envie de composer. Plus envie de passer pour un "facho" au sein du Modem sous prétexte que je viens de l'UDF et que mes racines rurales ne m'interdisent pas de penser que l'Ecologie politique est avant tout le faux-nez d'un gauchisme petit-bourgeois bien citadin et pépère. Alors oui, je vais tenter ma chance crânement pour être élu à Paris. Ds mon arrondissement ou un autre. Sous quelle étiquette ? Figure-toi que je ne sais même plus. J'ai envie d'agir. Concrètement. D'être utile. d'en finir avec cette jachère où nous, bons petits soldats, fûmes souvent sacrifiés sur des fronts à ce point mouvants que l'adversaire d'hier devenait l'allié du lendemain. Bayrouth ! et le dépôt de Liban, pardon, de bilan... Et pour cela, non seulement faut-il être élu - et cesser de céder sa place aux "nouveaux venus recommandés" de dernière minute - mais encore participer à une majorité d'action et de gouvernement municipal. Marre de servir la soupe puis d'en récurer les écuelles vides. Marre d'attendre sans comprendre, d'apprendre qu'il est inutile d'entreprendre. Tout se jouera sans nous, one more time. Ou au piston. Alors, pour une fois, j'userai de mes réseaux, de mes pistons, de mes amitiés. Et je serai élu. Tu verras !

Écrit par : bertinbertin | 15/11/2007

Comme je comprends Bertinbertin !
Je ne voudrais pas trop vous décevoir mais j'ai le sentiment que pas plus à Paris qu'à Lyon on ait envie de changer cde maire ! En tout cas j'en suis presque sûre pour Lyon.

Écrit par : Rosa | 15/11/2007

Chère Rosa, merci de votre compréhension :-) Oui, Delanoë n'est pas si mauvais et Collomb non plus. Du moins, Delanoë ne peut-il être plus lamentable que la fort stupide et paresseuse Mme de Panafieu. En ce sens, il arrive à l'UMP parisienne ce qu'il est arrivé au PS national : ce n'est pas parce qu'on ne fait rien dans l'opposition depuis des lustres qu'on revient automatiquement au pouvoir par la seule opération du Saint-esprit... Cela fait bien longtemps que l'UDF/Modem aurait dù passer un "accord de gouvernement" sur Paris avec Delanoë. Ca aurait mis l'UMP, les Verts et le résidu PCF dans des oppositions stériles (et durables) et permis de donner plus d'élan à Paris...

Écrit par : bertinbertin | 15/11/2007

comme chacun ne l'ignoer pas, l'enfer est pavé de bonnes intentions et le modem n'échappe aps davantage que d'autres partis aux jeux du pouvoir...

Écrit par : Alain Lafon | 15/11/2007

@ Rosa

Je pense comme vous pour Lyon et j'ai de bonnes raison de croire qu'il y aura des accords MoDem - PS.

À Paris, la situation est différente. Si Marielle de Sarnez parvient à incarner quelque chose qui ressemble, même de loin, au MoDem, celui-ci devrait acquérir un conseiller de Paris par "grand" arrondissement où la victoire se jouera au 1er tour (à mon avis XIIIe, XVIIIe, XIXe, XXe pour la gauche, XVIe, XVIIe et peut-être XVe pour la droite, soit 6 ou 7 élus). Il n'en aura pas dans les moyens où petits arrondissements où le 1er tour sera décisif (VIe, VIIe, VIIIe, Xe, XIe et peut-être le IIe). Resteront les arrondissements tangents : Ier, IIIe IVe, Ve, IXe, et surtout XIIe et XIVe). Les petits arrondissements ne prendront d'importance pour le MoDem qu'en cas d'alliance au 2e tour. Restent les deux grands : le XIIe et le XIVe.

Là, paradoxalement, la droite n'a pas intérêt à une alliance avec le MoDem, mais plutôt au maintien d'une liste MoDem au 2e tour, car compte-tenu de la composition de l'électorat du MoDem, le maintien d'une liste MoDem aboutirait probablement à faire basculer ces deux arrondissements (et la ville avec) à droite.

Car l'élection est de type fédéral, à l'Américaine : c'est le nombre de conseillers de Paris acquis qui compte, et non celui des voix.

C'est pourquoi l'alliance de second tour avec le MoDem est si vitale à mon avis, pour Delanoë, quoiqu'il en dise.

Évidemment, ce calcul est sous réserve d'une campagne calamiteuse de Sarnez, qui reste dans le domaine du possible.

@ bertinbertin

Voyons-nous ce week-end.

Écrit par : Hervé Torchet | 15/11/2007

J'ai entendu Mercier ce soir : il ne se mouille pas ! Et on le comprend ! Perben est impopulaire et il s'allie aux millonistes
pour une liste de droite pure et dure : impensable à Lyon.
Mais je pense que Mercier voudrait une autre tête de liste qsue Azouz Beggag dont il faut reconnaître que les qualités d'écrivain valent davantage que ses compétences politiques.

Écrit par : Rosa | 15/11/2007

@Hervé
OK pour se voir. Constatant mon désarroi, un très vieil ami, un type réglo et humainement de qualité, influent et élu, Patrick B., m'a fait un appel du pied ds le XIè pour rejoindre sa liste en tant que personnalité civile. Avec l'assurance, en cas de victoire (fort probable le concernant, dans cet arrondissement, car tu sais de qui il s'agit....), d'être adjoint au maire d'arrondissement. Là, au moins, ce pourrait être utile... qu'en penses-tu ?

Écrit par : bertinbertin | 16/11/2007

Bonjour à tous,

J'avais évoqué, il y a plusieurs mois, pour le déplorer le côté parisianocentriste des discussions par ailleurs de très bon niveau et fort courtoises, suscitées par les excellents billets du cher Hervé, qui lui même n'échappe pas à ce travers.

Je dois dire que je suis gâté : bien sûr, on parle un peu de Lyon et certainement on parlera aussi de Marseille ou de quelques autres grandes villes françaises ; mais Paris, toujours Paris, et à toutes les sauces et jusque même dans la subtilité de ses cuisines politiques d'arrondissement... Ah ! chers amis parisiens, vous ne changerez jamais ! Nous autres provinciaux, nous avons fini par ne plus nous formaliser de votre excessif nombrilisme, parce que nous pensons plus que vous désormais en termes d'enjeux européens, voire mondiaux...

Mais ce qui m'inquiète un peu plus, c'est le décalage avec les Français qui ont voté Bayrou lors de la présidentielle : ils n'étaient pas tous parisiens, ni membres de l'intelligentzia. Le MoDem leur dit quoi à ceux-là ? Pensez-vous un seul instant qu'ils puissent être vraiment intéressés, du moins pour la majorité d'entre eux, par les supputations relatives au "moribondage" de l'UDF, par exemple ?

Cependant, cher Hervé, que vos billets littéraires me manquent, surtout quand ils me parlent de Paris : c'est là une nouvelle illustration du "French paradox" !

Bien cordialement

Écrit par : André-Yves Bourgès | 16/11/2007

Cher André-Yves je me demandais si vous alliez revenir...
Moi aussi je suis lassée
moi aussi je regrette le blogue littéraire d'Hervé
Je me demande d'ailleurs pourquoi tous ces parisiens ne se retrouvent pas dans un bistrot pour qu'on puisse parler d'autre chose sur le blogue...

Écrit par : Rosa | 16/11/2007

@ Rosa

Chère amie, je pense que le cher Hervé vous/nous répondrait que, précisément, son blog constitue ce bistrot virtuel où ses amis parisiens et lui s'entretiennent de leurs préoccupations locales...

Hervé est chez lui donc et ceux qui viennent le visiter peuvent seulement regretter que le politique (et parfois même le politicien) prenne le dessus sur le littéraire... C'est peut-être d'ailleurs abnégation de sa part, car il sait bien sûr qu'il ne reste rien ou presque dans la mémoire culturelle françaises des écrits politiques de Chateaubriand, par exemple ; et que les seules grandes oeuvres qui ont passé les siècles sont celles dont les auteurs sont parvenus à sublimer les petits événements de leur temps pour mieux peindre les principes politiques et leur mise en oeuvre dans les actions humaines : "le Prince" de Machiavel ou les Mémoires de Retz. Mais qui sait ? Delanoë ou Françoise de Panafieu trouveront peut-être demain leur Machiavel ou leur Retz...

Bien cordialement

Écrit par : André-Yves Bourgès | 16/11/2007

occupation maghrébine

Marseillaise et footballeurs français conspués par les marocains tout comme face à L'Algérie !

A quand une bonne épuration ethnique en France ?

Nous sommes des millions prêts à combattre

Olivier

Écrit par : olivier de grenoble | 16/11/2007

@ André-Yves

Je vous trouve mal placé pour râler, étant donné le nombre de mes éditos consacrés à la Bretagne. Mais je devine la part de malice qui s'y glisse. Du reste, parmi mes lecteurs, la proportion de quitteriedelmasiens et de bayrouistes reste forte ; il en faut pour tous les goûts.

Je lis en ce moment le livre de Lassiter et j'en dirai un mot la semaine prochaine.

Je ne dis pas de mal quand j'en pense et les derniers livres que j'ai ouverts ne m'ont pas donné envie de parler d'eux.

@ Rosa

Le café démocrate de Quitterie avec Bayrou se passait justement dans un bistrot. Pour Lyon, ça va se décanter, vous verrez.

@ olivier de grenoble

Même pas peur.

Écrit par : Hervé Torchet | 16/11/2007

Hervé, pourquoi pas deux blogues : un littéraire pour André-Yves et moi et un politique pour les autres !!!!!

Écrit par : Rosa | 17/11/2007

@ Rosa

@ vrai dire, il n'y aurait pas que vous sur le blog plus littéraire, mais je n'ai qu'un cerveau et c'est aussi une question de temps et d'actualité.

Écrit par : Hervé Torchet | 17/11/2007

@ André-Yves

J'ai lu votre bon article sur l'origine des du Chastel dans le CR du colloque sur Trémazan.

Je partage votre opinion sur le rattachement de la combinaison Bernard/Tanguy à la souche Poher, mais je pense que c'est de façon matrilinéaire, car on trouve d'autres représentants de la souche Léon mentionnant leurs droits en Poher, notamment Lesquélen dans le 3e quart du XIIIe siècle.

Écrit par : Hervé Torchet | 17/11/2007

@ Rosa

J'espère bien que nous ne sommes pas les deux seuls amateurs des billets littéraires du cher Hervé.

@ Hervé

Un peu de malice certes, mettons un clin d'oeil ; mais les amicales critiques que je vous ai adressées ne sont pas motivées par une forme de brittocentrisme : il me semble qu'elles sont plus fondées et plus fondamentales (j'ai parlé des provinciaux et de l'Europe, car je pense qu'à l'échelon d'un continent, Paris à défaut d'être la capitale européenne, ne sera bientôt plus elle aussi qu'une ville de province).

Merci de vos appréciations sur mon article sur les origines des du Chastel : comme toujours, j'aurai plaisir à échanger avec vous sur ces sujets bien peu actuels. De Gaulle, un jour noir de 1942, déclare tout à trac à un proche : "le plus beau métier, voyez-vous, c'est d'être bibliothécaire" ; et comme son interlocuteur évoque une bibliothèque prestigieuse, "Non, reprend de Gaulle, je ne veux pas parler d'une grande bibliothèque comme cela, mais d'un poste de petit bibliothécaire, dans une petite ville de province, en Bretagne, une bibliothèque municipale ... Quel calme! Quelle belle vie! ... Et puis, brusquement, quand arrive la soixantaine, on se met à écrire une monographie de quatre-vingts pages : Mme de Sévigné est-elle passée par Pontivy ? Alors, on devient frénétique, on envoie des lettres cinglantes au chanoine qui chicane sur une date, on persécute tout le monde, on n'arrête pas ... Oui, croyez-moi, bibliothécaire, c'est le plus beau des métiers".

Bien cordialement

Écrit par : André-Yves Bourgès | 17/11/2007

@ André-Yves

Jacques Faizant avait fait un dessin qui exprimait cette idée : de Gaulle y recevait un leader étranger (je crois que c'était Adenauder) et on les voyait tous deus devant une carte murale de l'Europe ou du monde. Et de Gaulle, désinvolte comme dans la vie, disait :

- Ambitieux, moi ? pensez donc : j'aurais pu être maire de Colombey-les-deux-églises.

;-)

Sur le même sujet, n'est-ce pas Caius Iulius Caesar qui a dit dans son obscur dialecte (ou était-ce en grec ?) :

- Je préfère être le premier dans mon village que le second à Rome.

Mais voyez-vous, perso, je préfère ma liberté à toute autorité et Paris est ma ville, celle où j'aime vivre. Je sais ses défauts, notamment en termes de pouvoir, je les assume et les combats en même temps.

Mais vous savez ce que Victor Hugo a écrit dans "L'année terrible" : il fait des pages et des pages pour chanter l'Allemagne (juste après 1870, c'est très fort) puis, en une fin de vers, après s'être adressé à l'Allemagne, il se tourne vers la France : "Tu es ma mère". Et tout est dit.

Paris, quel que soient ses défauts, c'est chez moi.

Écrit par : Hervé Torchet | 17/11/2007

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