Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/03/2008

Vive le livre numérique !

Ayant constaté que la sélection d'un de mes articles relatant des déclarations de Quitterie Delmas hier par l'édition de 8 heures de Cozop avait fait faire un bond colossal à mes statistiques, je suis parti pour le Salon du Livre tout enjoué que les engagements de Quitterie intéressent à ce point les internautes. En arrivant, j'ai pu saluer Joseph Macé-Scaron, dont j'ai parlé hier, et que j'ai félicité pour la nouvelle maquette du Magazine Littéraire.
 
Le temps d'avaler un sandwich au rôti de boeuf, et me voici devant une table ronde dans le village "nouvelles technologies" du Salon.
 
Trois intervenants sont là pour présenter leurs produits.
 
Le premier, Bookeen, fait passer le sien dans le public et, pour la première fois de ma vie, je peux "feuilleter" un livre numérique écrit à l'encre électronique. C'est fascinant, je suis enthousiaste. Je suis persuadé qu'il y aura un avenir considérable pour cette technologie. Le représentant de Bookeen signale qu'une seule et même société est pour le moment détentrice de la technologie de l'encre numérique et que tous les produits sont articulés autour du même module livré par cette source. Cette vérité (qui n'est pas contestée par les autres) lui permet de souligner que son "Cy-book" est le moins cher : 350 €. Il est actuellement diffusé en Italie (et pourtant, c'est un produit "français") et débute en France.
 
C'est un instrument très sophistiqué, mais basique. Le suivant, Iliad, est fabriqué par la société 4Dconcept, il incarne déjà une évolution suivante : connexion WiFi, et surtout capacité pour l'utilisateur d'écrire sur l'écran. On a alors véritablement une forme phénoménale de ce qui, dans notre enfance, s'appelait une "ardoise magique". La polyvalence de ce produit le rend précurseur, on s'en doute. Mais son prix est encore prohibitif : 650 €. Il est par exemple l'un des supports de l'e-paper des Échos que j'ai signalé hier.
 
Quelqu'un sort d'une poche la génération suivante, encore interdite en France : le "Kindle" d'Amazon.com. Il ajoute un clavier à l'écran et se présente comme un véritable petit PC portable. Si je comprends bien ce qui est dit ou suggéré, c'est la FNAC qui a fait bloquer l'entrée de ce produit en attendant de sortir le sien.
 
Il faut dire que l'enjeu est immense : il s'agit du catalogue d'ouvrages numérisés accessible. On rejoint tous les débats qui courent depuis des mois sur les immenses mouvements de numérisation qui agitent les commentateurs autour de Google par exemple, ou de la BNF.
 
On rejoint aussi ce que j'ai entendu lors de la table ronde sur les libraires : sur les supports Cy-Book et Iliad, on peut d'ores et déjà télécharger des livres chez certains libraires. Ce mouvement s'accélérera en 2009, après la sortie de Kindle et de son concurrent de la FNAC.
 
Deuxième débat pour moi de la journée : les auteurs. Trois intervenants se succèdent à la tribune : Lulu.com, manuscrit.com et la SGDL (Société des Gens de Lettre).
 
Lulu.com est une société américaine dotée d'une antenne européenne à Londres. C'est une invention formidable pour la liberté : finis le filtre de l'éditeur et la dictature du tirage. Un éditeur édite un auteur pour la qualité de son livre, mais aussi pour son statut médiatique, sa capacité de vendre de nombreux exemplaires. Avec Lulu.com, il n'y a plus de seuil d'accès : un auteur existe dès le premier livre vendu. Il m'arrive souvent de rencontrer des documents adaptés à un marché de quelques dizaines d'exemplaires (voire cent ou deux cents grand maximum) et, dans les conditions ordinaires, leur édition n'est pas envisageable : un imprimeur ne peut faire face à deux cents exemplaires à un tarif compétitif. Avec Lulu.com, le tarif est accessible ; qui plus est, on peut débuter avec un ou cinq exemplaires : l'investissement initial n'existe plus. C'est une révolution de la microédition, et de l'édition tout court. Dommage qu'aucun acteur français ne s'en soit emparé.
 
Lemanuscrit.com est une maison d'édition plus classique, mais basée sur Internet et livrant des oeuvres sous forme numérique ou sur papier. Il lui est arrivé une fois de tirer (et vendre) un ouvrage à 15 000 exemplaires, ce qui couronne huit ans d'efforts et laisse présager un avenir plus lumineux encore.
 
La SGDL, elle, est un acteur historique du droit d'auteur, puisqu'elle a été fondée en 1838 par Victor Hugo et Balzac. Son représentant insiste sur la protection des auteurs et signale à Lulu.com qu'ils ne font pas assez d'efforts pour inciter leurs auteurs à respecter les règles du dépôt légal. Il indique que ce dépôt n'est pas une punition, mais un réel instrument de postérité pour les auteurs : c'est par le dépôt légal des "Chants de Maldoror", par exemple, qu'a été sauvée l'oeuvre de Lautréamont, car c'est l'unique exemplaire qui fut retrouvé après son décès et qui servit aux éditions suivantes.
 
Étant donné que pour lemansucrit.com comme pour Lulu.com, il existe une faculté de n'acheter les ouvrages que sous forme de fichiers numériques, je me fais la réflexion, en repartant, que la BNF doit se doter d'une formule de dépôt légal de fichiers numériques, au lieu que ce soit toujours sous forme de livres imprimés, même si un volume tiré par Lulu ne coûte pas plus de 5 €.
 
La jeune femme (Karine Papillaud) qui présentait les premiers débats du village numérique a disparu, remplacée par un homme à voix. On y a perdu en charme et gagné en humour.
 
Demain, c'est le dernier jour du salon, celui des enfants. Les textes par lesquels j'ai rendu compte de ce que j'y ai vu ne sont pas ceux que mes lecteurs ont le plus lus. Cependant, je suis heureux et fier de les avoir faits, car ce qui caractérise un journaliste est qu'il devient le témoin des événements de son époque. En témoignant sur le Salon, j'ai rempli ma fonction autoproclamée de journaliste citoyen. 

Commentaires

J'espère que tu as pu avoir une dédicace de ségolène ce soir;-)

Écrit par : asse42 | 19/03/2008

Les commentaires sont fermés.