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21/05/2008

Comme Quitterie Delmas, j'ai signé la pétition contre le projet Hadopi.

Courons tous signer la pétition en lien sur le blog de Quitterie.

18/03/2008

Vive le livre numérique !

Ayant constaté que la sélection d'un de mes articles relatant des déclarations de Quitterie Delmas hier par l'édition de 8 heures de Cozop avait fait faire un bond colossal à mes statistiques, je suis parti pour le Salon du Livre tout enjoué que les engagements de Quitterie intéressent à ce point les internautes. En arrivant, j'ai pu saluer Joseph Macé-Scaron, dont j'ai parlé hier, et que j'ai félicité pour la nouvelle maquette du Magazine Littéraire.
 
Le temps d'avaler un sandwich au rôti de boeuf, et me voici devant une table ronde dans le village "nouvelles technologies" du Salon.
 
Trois intervenants sont là pour présenter leurs produits.
 
Le premier, Bookeen, fait passer le sien dans le public et, pour la première fois de ma vie, je peux "feuilleter" un livre numérique écrit à l'encre électronique. C'est fascinant, je suis enthousiaste. Je suis persuadé qu'il y aura un avenir considérable pour cette technologie. Le représentant de Bookeen signale qu'une seule et même société est pour le moment détentrice de la technologie de l'encre numérique et que tous les produits sont articulés autour du même module livré par cette source. Cette vérité (qui n'est pas contestée par les autres) lui permet de souligner que son "Cy-book" est le moins cher : 350 €. Il est actuellement diffusé en Italie (et pourtant, c'est un produit "français") et débute en France.
 
C'est un instrument très sophistiqué, mais basique. Le suivant, Iliad, est fabriqué par la société 4Dconcept, il incarne déjà une évolution suivante : connexion WiFi, et surtout capacité pour l'utilisateur d'écrire sur l'écran. On a alors véritablement une forme phénoménale de ce qui, dans notre enfance, s'appelait une "ardoise magique". La polyvalence de ce produit le rend précurseur, on s'en doute. Mais son prix est encore prohibitif : 650 €. Il est par exemple l'un des supports de l'e-paper des Échos que j'ai signalé hier.
 
Quelqu'un sort d'une poche la génération suivante, encore interdite en France : le "Kindle" d'Amazon.com. Il ajoute un clavier à l'écran et se présente comme un véritable petit PC portable. Si je comprends bien ce qui est dit ou suggéré, c'est la FNAC qui a fait bloquer l'entrée de ce produit en attendant de sortir le sien.
 
Il faut dire que l'enjeu est immense : il s'agit du catalogue d'ouvrages numérisés accessible. On rejoint tous les débats qui courent depuis des mois sur les immenses mouvements de numérisation qui agitent les commentateurs autour de Google par exemple, ou de la BNF.
 
On rejoint aussi ce que j'ai entendu lors de la table ronde sur les libraires : sur les supports Cy-Book et Iliad, on peut d'ores et déjà télécharger des livres chez certains libraires. Ce mouvement s'accélérera en 2009, après la sortie de Kindle et de son concurrent de la FNAC.
 
Deuxième débat pour moi de la journée : les auteurs. Trois intervenants se succèdent à la tribune : Lulu.com, manuscrit.com et la SGDL (Société des Gens de Lettre).
 
Lulu.com est une société américaine dotée d'une antenne européenne à Londres. C'est une invention formidable pour la liberté : finis le filtre de l'éditeur et la dictature du tirage. Un éditeur édite un auteur pour la qualité de son livre, mais aussi pour son statut médiatique, sa capacité de vendre de nombreux exemplaires. Avec Lulu.com, il n'y a plus de seuil d'accès : un auteur existe dès le premier livre vendu. Il m'arrive souvent de rencontrer des documents adaptés à un marché de quelques dizaines d'exemplaires (voire cent ou deux cents grand maximum) et, dans les conditions ordinaires, leur édition n'est pas envisageable : un imprimeur ne peut faire face à deux cents exemplaires à un tarif compétitif. Avec Lulu.com, le tarif est accessible ; qui plus est, on peut débuter avec un ou cinq exemplaires : l'investissement initial n'existe plus. C'est une révolution de la microédition, et de l'édition tout court. Dommage qu'aucun acteur français ne s'en soit emparé.
 
Lemanuscrit.com est une maison d'édition plus classique, mais basée sur Internet et livrant des oeuvres sous forme numérique ou sur papier. Il lui est arrivé une fois de tirer (et vendre) un ouvrage à 15 000 exemplaires, ce qui couronne huit ans d'efforts et laisse présager un avenir plus lumineux encore.
 
La SGDL, elle, est un acteur historique du droit d'auteur, puisqu'elle a été fondée en 1838 par Victor Hugo et Balzac. Son représentant insiste sur la protection des auteurs et signale à Lulu.com qu'ils ne font pas assez d'efforts pour inciter leurs auteurs à respecter les règles du dépôt légal. Il indique que ce dépôt n'est pas une punition, mais un réel instrument de postérité pour les auteurs : c'est par le dépôt légal des "Chants de Maldoror", par exemple, qu'a été sauvée l'oeuvre de Lautréamont, car c'est l'unique exemplaire qui fut retrouvé après son décès et qui servit aux éditions suivantes.
 
Étant donné que pour lemansucrit.com comme pour Lulu.com, il existe une faculté de n'acheter les ouvrages que sous forme de fichiers numériques, je me fais la réflexion, en repartant, que la BNF doit se doter d'une formule de dépôt légal de fichiers numériques, au lieu que ce soit toujours sous forme de livres imprimés, même si un volume tiré par Lulu ne coûte pas plus de 5 €.
 
La jeune femme (Karine Papillaud) qui présentait les premiers débats du village numérique a disparu, remplacée par un homme à voix. On y a perdu en charme et gagné en humour.
 
Demain, c'est le dernier jour du salon, celui des enfants. Les textes par lesquels j'ai rendu compte de ce que j'y ai vu ne sont pas ceux que mes lecteurs ont le plus lus. Cependant, je suis heureux et fier de les avoir faits, car ce qui caractérise un journaliste est qu'il devient le témoin des événements de son époque. En témoignant sur le Salon, j'ai rempli ma fonction autoproclamée de journaliste citoyen. 

17/03/2008

Salon du Livre : la journée des professionnels.

Le lundi est la journée que le salon du Livre réserve traditionnelllement aux professionnels, bibliothécaires, libraires, voire prof. Pour certains éditeurs chevronnés c'est encore le moment de travailler un réseau de terrain qui peut rester précieux pour des ouvrages que les gros diffuseurs absorbent mal. Il n'y a pas si longtemps, Berger et Fasquelle faisaient là encore leur apparition la plus remarquée au salon sur leur stand Grasset, toutes voiles dehors pour leurs correspondants. Bien dans la tradition, le longiligne Nora était là ce matin quand je suis passé dire bonjour (on a eu la gentillesse de m'y offrir un verre du jus d'un fruit exotique orange).
 
Plus loin, j'ai croisé le jovial Jacques Clément, de chez Coop Breizh, qui m'a tout de même confié ses soucis dus au fort tassement du marché du disque, qui représente une consistante proportion de leur chiffre d'affaires. 
 
J'ai assisté cet après-midi à l'une encore des tables rondes sur l'économie du livre et le numérique. Elle était intitulée "Les libraires doivent-ils avoir peur du numérique ?" et, à en juger par l'épaisse foule de libraires qui débordait largement l'espace de la conférence, il y a bien une partie d'entre eux qui se demande s'il faut avoir peur.
 
Excellent exposé d'un personnage (est-il celui de Numilog ?) pour cerner le sujet et le distinguer en plusieurs branches : la vente par Internet et l'édition numérique notamment, cette dernière partie lui paraissant plus menaçante mais éloignée dans le temps.
 
Sur le commerce en ligne, phrases rassurantes pour expliquer qu'il plafonne, selon ce qu'on a observé, à 15% du marché en général.
 
Un représentant de "Google recherche de livres" est là pour expliquer qu'il ne faut pas avoir peur de lui et que d'ailleurs Google s'emploie à rendre bien des services aux libraires.
 
Un libraire trsè en pointe définit l'avenir et se montre confiant en relevant que la mutation du commerce des livres permettra d'inverser la tendance qui, jusqu'ici, voulait que les libraires occupassent toujours plus d'espace ; il ajoute que la profession va changer et que ce qui sauvera le métier, c'est tout l'ensemble de services rendus aux lecteurs et aux autres.
 
C'est sur cet excellent postulat que je m'éloigne, appelé par une voix familière.
 
Avant de partir, je passe saluer Jean-Louis Hue au Magazine Littéraire mais ... il n'y est plus : le magazine, autrefois dirigé par Nicky Fasquelle, a quitté la rue de Texel où il avait rejoint un groupe, et a fini par rallier, avec ce groupe, les locaux du Point et l'avenue du Maine.
 
Goddam ! comme dirait Figaro. On m'a tout caché pendant que je m'occupais d'autre chose.
 
Et le plus drôle, c'est qu'il a désormais pour directeur de la rédaction Joseph Macé-Scaron, qui faisait partie de l'équipe des jeunes du CDS présidée par Éric Azière dans les années 1980 (et que j'ai lu plus récemment dans "Marianne"). Décidément, le monde rétrécit. 

14/03/2008

Le salon du Livre s'entr'ouvre au numérique.

Depuis que Sarkozy est devenu président, on est fliqué partout. On pourrait s'attendre à ce qu'au salon du Livre de Paris, événement plutôt anodin du point de vue politique et gangstérien, on trouve un havre de liberté. Hélas, avec l'invitation d'honneur de l'État d'Israël, le salon est devenu un bunker, avec contrôles renforcés et longues files d'attente à l'entrée.
 
Pourtant, aux dires d'un blogueur amusé dont je parlerai dans un instant, le salon est resté hier après-midi ouvert à tous les vents et sans le moindre contrôle... pendant plusieurs heures... N'ilmporte quoi, donc, comme d'habitude.
 
Cependant, j'y viens toujours avec la gourmandise d'un gamin qu'on lâche dans une confiserie, les yeux écarquillés devant tous ces trésors qu'on nomme livres.
 
Cette année, outre une réorganisation spatiale et un relookage que je trouve heureux l'une comme l'autre, l'événement est l'irruption du numérique : une web TV disponible sur le site du salon et un cycle de conférences sur les différents aspects de l'évolution de l'édition vers le numérique.
 
J'ai assisté aujourd'hui à deux débats.
 
Le premier, en fin de matinée, rassemblait quatre blogueurs autour d'une jeune femme d'Arte. J'ignore l'identité de l'un des blogueurs. Le second est le spécialiste français du livre numérique, il porte un nom italien et, après avoir longtemps tenu un blog sur le roman japonais, se cantonne désormais à un blog lié à son activité professionnelle (lassé d'un blog lui coûtait un temps considérable sans lui rapporter rien). La troisième est une sorte de Quitterie Delmas de droite de la blogosphère littéraire, prénommée Florence, très mondaine, qui s'enorgueillit de 4000 visiteurs par jour sur son blog personnel, qu'elle cumule avec un blog professsionnel qui est destiné à un travail d'amélioration de logiciels avec les blogueurs utilisateurs. Le quatrième prénommé Gilles (je pense que son patronyme est Cohen-Solal) est le blogueur des éditions Héloïse d'Ormesson. Il a 300 lecteurs par jour, beaucoup moins donc, et qui laissent très peu de commentaires, ce qui ne dépayse personne.
 
Il défend la culture Internet tout en avouant n'y comprendre rien, ne pas savoir inclure un lien dans un texte, bref, ne pas être du sérail, mais il veut croire dans l'esprit. Il note cependant que Guy Birenbaum, qui a publié le livre du blogueur vedette Ron l'Infirmier, n'a vendu que 2000 exemplaires du livre, ce qui est un tout petit chiffre dans l'édition, alors qu'il était une grande vedette de la blogosphère. Lui-même avoue cependant dire exactement ce qu'il pense sans se retenir sur le blog et espère qu'ainsi une forme de critique libre peut progresser et faire progresser un marché de l'édition dévoré par la cavalerie budgétaire et la corruption. Hélas, la Quitterie de droite lance que, selon elle, la blogosphère littéraire est très corrompue aussi. C'est donc sans espoir, se lamente le blogueur.
 
Avant ce premier débat, j'avais assisté en direct et d'une façon apparemment transparente, aux trois derniers tours de scrutin du prix Essai France Télévisions, décerné à "Une enfance algérienne" (piquant, une année où, en raison de l'invitation de l'État d'Israël, la plupart des écrivains et éditeurs venus du monde musulman sont absents, ce que je regrette, autant d'ailleurs que le tri sélectif d'auteurs israéliens par les autorités de ce pays dénoncé par Haaretz, j'ajoute que j'ai beaucoup d'estime pour Shimon Peres, militant infatigable de la paix équitable).
 
Le deuxième débat, l'après-midi, était beaucoup moins directement littéraire, mais posait d'une façon beaucoup plus crue la question des évolutions technologiques et de l'avenir de l'économie de l'édition.
 
Trois intervenants seulement autour de la même jeune femme : Serge Delloye, représentant Hachette et le Guide du Routard (je crois que c'est un parent de la fille d'Ingrid Betancourt), un inconnu qui a proclamé ne pas exister et n'avoir pas d'autre interlocuteur que des médias spéciaux (il a présenté un logiciel étonnant qui permet de sonoriser un texte mot à mot), et un autre inconnu chargé de vanter les nouveautés technologiques (pas toutes inintéressantes d'ailleurs) de la méthode Assimil.
 
Le point de rencontre des trois était le tourisme. Une représentante des guides Gallimard s'était d'ailleurs placée dans le public pour pouvoir débiter son contre-couplet en temps opportun.
 
Delloye défend le guide papier, estimant que dans de nombreuses circonstances, il sera soit plus complet soit plus facile à transporter et à utiliser qu'un modèle numérique. Je lui ai concédé que je crois comme lui que le livre papier, d'une manière générale, va conserver une place.
 
Mais j'ai été désagréablement surpris de constater que la conférence s'est transformée en plaidoyer contre le modèle gratuit, en mise en cause du téléchargement au nom de logiques économiques. Et je dois dire qu'en fin de compte, c'est sans doute le point faible de l'entr'ouverture du salon au numérique : prendre le modèle gratuit comme un adversaire frontal. Comme un symbole, le stand de Médiapart est accolé à l'espace où ont lieu les conférences sur le numérique.
 
Je ne veux aucun mal à Médiapart (soutenu par Quitterie Delmas), mais cliver en pro- et contre le modèle gratuit ne rend service à personne.
 
J'ai tenté de défendre l'articulation des deux modèles, mais on ne m'a pas donné la parole. Je le fais donc ici :
 
Dans "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo, il y a un long passage intitulé "Ceci tuera cela". Il s'agit de dire que le livre tuera la fonction pédagogique du monument religieux. De dait, c'est arrivé, mais le monument a perduré, puisque cette fonction n'était qu'un accessoire de sa vocation.
 
De la même façon, on disait que la télévision tuerait le cinéma. Ce n'est pas arrivé. Un certain type de films a disparu, le cinéma a perdu des parts de marché, mais il existe fort.
 
Et ainsi de suite.
 
C'est pourquoi je ne crois pas que le modèle gratuit détruira le modèle payant, même la fraude ne détruira rien. En vérité, tout continuera d'exister, de se superposer, de se juxtaposer, chaque chose trouvant sa fonction. C'est bien là que je crois que Delloye a raison de défendre la pérennité de ses guides papier bien que l'on dise que, désormais, 60% des gens se renseignent sur Internet pour leurs activités touristiques.
 
Et donc il est ridicule que le modèle payant cherche à écraser le modèle gratuit comme je l'ai entendu vouloir cet après-midi.
 
Et voilà, je suis reparti pour pouvoir écouter Quitterie Delmas à la radio.