18/03/2009
La crise nous soulage-t-elle paradoxalement ?
Le Salon du Livre se termine tout à l'heure, la fréquentation y a été bonne, et en plus, les auteurs présentent de bons chiffres et ont la banane. Alors, quoi ? Les gens se sont remis à lire ? Alors même qu'ils n'ont plus d'argent, qu'ils thésaurisent à tout va en redoutant le chômage, la disette et les cataclysmes ?
Eh oui.
Ils lisent, ils vont au cinéma. Ils se détendent, me direz-vous. C'est vrai, mais pas seulement, ou plutôt, leur besoin de détente n'exprime pas seulement une angoisse : il exprime sans doute un soulagement.
Quand on met les salariés sous la pression du résultat, quand il faut faire du chiffre pour soigner l'image financière de la boîte et son cours de bourse, quand il faut se montrer fringant devant le banquier, on n'ose plus lire, on n'ose plus bouger, sourire, vivre. Mais dès lors que l'ampleur de la crise révèle que tout ce stress ne servait à rien, que c'était un vaste mensonge, eh bien, on se détend réellement, et on retrouve ce qui fait le plaisir de la vie : un bon livre, un cinoche entre potes et un panier de légumes bio.
Voilà, selon moi, la raison de l'embellie des ventes de produits culturels. Mais déjà se profile un lourd nuage à l'horizon, les noms d'Amazon et de Google ont résonné dans le frisson du Salon. Voici en images les conclusions de l'excellente Karine Papillaud sur le Salon :
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14/03/2009
Libérez le livre numérique.
L'an dernier, j'assistais à une table ronde qui relatait les balbutiements des premiers livres numériques en France. Deux produits étaient disponibles depuis peu : l'Irex et Bookeen, ce dernier étant un produit de conception française, sauf un élément, l'écran, puisque celui-ci est frabriqué pour tous les acteurs du marché par un seul fabricant, une société taïwanaise. au passage, il est amusant de noter que la Chine, qui a inventé ce qu'on nomme necore l'encre de Chine, reste en pointe de l'encre avec le premier support d'e-ink, d'encre numérique.
Aujourd'hui, nouvelle table ronde.
L'Irex est le plus complet mais aussi le plus onéreux des supports disponibles, mais très tourné vers le journal numérique, l'e-paper. Et Bookeen se proclame le plus implanté, puisque présent dans une quarantaine de pays et plusieurs langues, dont le russe et le chinois.
Sony vient de lancer son propre produit (son "reader") simultanément au Royaume-Uni et en France, puis depuis quelques jours en Allemagne et c'est assez cocasse d'avoir vu cet après-midi, au Salon du Livre où ce sujet était traité, le cofondateur de Bookeen donner des info sur le développement de Sony sur ce marché au représentant de Sony France...
De fait, on sent bien que Bookeen se sent sous pression en raison de l'apparition d'un mastodonte comme Sony sur un marché qui demeure un segment étroit, alors qu'Amazon a déjà développé son propre "reader" (le Kindle) aux États-Unis et qu'on est certain qu'il va l'adapter au français, et qu'Apple numérise des livres à tours de bras, ce qui signifie qu'il va aussi prendre une position sur ce marché. L'indépendant Bookeen résistera-t-il au combat des mammouths ?
Toujours est-il que le marché s'organise autour de deux pôles : les contenus libres, d'une part, et les contenus sous DRM d'autre part.
C'est la société Adobe qui a, apparemment, développé un format plus complet que le pdf, qui permet d'introduire une clef créant le DRM. Les éditeurs ont la possibilité d'y recourir pour une somme qui est présentée comme modique (donc non pénalisante pour les petits éditeurs). Cela étant, dans le cadre du contenu libre, le format pdf est lu par les livres numériques présentés aujourd'hui.
Dans le cadre des contenus sous DRM, il faut cependant préciser que l'interopérabilité des contenus n'est pas encore faite : Amazon a son propre support dont la compatibilité restreinte lui permet de fonctionner sous forme d'exclusivité pour son support. Vous voulez lire le prochain Harry Potter ? Achetez un Amazon Kindle serait la philosophie de cette démarche. On a vu récemment à propos d'Apple et d'Orange que les tribunaux français répugnaient à entrer dans ce genre de logiques, mais il faut savoir que l'appétit de domination des géants envisage sérieusement ce chemin.
Pour contrer la stratégie très monopolistique d'Amazon, les différents supports présents actuellement en France se sont organisés autour de la formule imaginée par Adobe et parrainée par la FNAC. C'est encore la FNAC qui va faire le lobbying pour que la TVA sur le livre numérique rejoigne celle du livre papier, car la première est actuellement à 19,6 %, et la seconde à 5,5 %. Franchement, cette égalisation paraît juste. Pour le moment, le différentiel entre le livre numérique et le livre sur papier n'est que de 10 à 15 %, alors qu'il est de 25 % aux États-Unis. Si la TVA baissait, la correction serait la même. On voit que le lobby du papier se défend, mais étant donnée la pollution occasionnée par cette industrie, on ne voit réellement pas ce qui justifie qu'elle prenne le lecteur en otage.
Les trois produits présentés (hors l'Irex qui est plus tourné vers l'e-paper et des usages plus "pointus", écran réinscriptible etc) sont dans la fourchette de 250 à 300 Euros. Deux seulement sont disponibles en France actuellement : Bookeen (280) et Sony (299), les deux ayant des caractéritiques d'usages forcément assez proches, puisque l'écran provient du même fabricant et que c'est seulement l'ergonomie et l'esthétique qui diffèrent.
Voici une vidéo prise hier où M. Colin présente l'activité de la société 4D Concept, dont la diffusion des Irex et des Bookeen :
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Qui a peur des contenus collaboratifs en ligne ? (ma vidéo)
Comme l'an dernier, le salon du livre est l'occasion de débattre de ce qui obsède nombre d'éditeurs : le rôle d'Internet. En l'occurrence, il s'agit des dictionnaires et encyclopédies, dont le rôle et l'élboration traditionnels sont fortement contesté, en particulier par Wikipedia.
Deux aspects de la question effraient les tenants de l'économie traditionnelle : les contenus collaboratifs et la gratuité de la connaissance.
Les contenus collaboratifs les inquiètent, parce qu'ils remettent en cause l'ordre selon lequel il y a, d'un côté, ceux qui dispensent le savoir et, de l'autre côté, ceux qui le reçoivent, c'est comme une société où l'aristocratie daigne octroyer le savoir, et le Tiers-État le recevoir. Et cette fonction de détenteur du savoir, de seul détenteur du savoir, permet de le monnayer. Dès lors que le monopole est brisé, que la relation du savoir est bijective, il n'y a plus de monnaie. De là la frayeur qui fait frissonner le monde éditorial.
Cependant, les choses ne sont pas si tranchées que ça. Larousse a trouvé une formule qui combine la subjectivité de l'auteur unique et la rédaction collaborative, en juxtaposant des commentaires aux articles des auteurs qui les signent en ligne. Cette formule est un succès : un million de connexions par mois, trois millions de pages vues. Mais je n'ai pas bien compris si ce que Mme Karoubi, qui s'exprime pour Larousse, nomme le "contenu Larousse" est soumis également aux commentaires des internautes, comme les articles de internautes.
Quoi qu'il en soit, même si Universalis reste campé sur le concept de son encyclopédie qui est comme une gigantesque revue où l'on vient chercher moins de la connaissance brute que la subjectivité d'auteurs prestigieux, le mouvement du monde traditionnel vers le monde nouveau s'esquisse. Même Universalis a un site de contenu, réservé, il est vrai, aux acheteurs d'Universalis junior, ou accessible moyennant finance.
À l'inverse, Universalis se pourlèche les babines du fait qu'en Allemagne, Wikipedia a, paraît-il, décidé de filtrer les contributions et de ne pas les publier avant validation (ce qui lui paraît se rapprocher de la formule de l'encyclopédie traditionnelle) et que, d'autre part, en Allemagne toujours, Wikipedia se prépare à publier sur papier une version de l'encyclopédie en ligne (en quelque sorte un instantané, une photographie à l'instant t du contenu), ce qui lui paraît, là encore, rapprocher le nouveau modèle de l'ancien. M. Moatti, pour Wikimedia, confirme qu'un sembable projet d'édition est à l'étude en France.
Le débat s'ouvre alors sur la notion d'état de la connaissance "fixé". C'est l'utilité en effet de cette publication, dans la mesure où Wikipedia est un mouvement perpétuel, prendre une photographie de cette masse à un instant t du mouvement est pertinent et sans rapport avec l'édition traditionnelle. Cela étant, je me demande qui va acheter ça, à part peut-être des bibliothèques et les auteurs de contenus. S'agira-t-il de la première encyclopédie à compte d'auteur ?
Celui qui a le mieux compris ce qui se passe est Alain Rey, la vidéo le montre très bien. Il l'a compris, mais cela ne signifie pas forcément qu'il en soit entièrement rassuré, puisque le collaboratif anonyme est la négation de l'expertise, et qu'il est lui-même un très grand expert. L'articulation entre les deux formules reste à trouver. Il pense que l'ouverture des contenus aux commentaires (dont il est preneur) est la meilleure piste pour le contact entre l'expert et le collaboratif. Il a mis du contenu "Le Robert" en ligne selon ce modèle.
Il a aussi bien intégré la culture de la gratuité comme un fait, un point de non-retour.
À l'inverse, on sent, au Salon comme ailleurs, que le monde ancien est en train de se mobiliser pour matraquer le bon peuple avec l'idée que la gratuité, ce n'est pas possible. Ce sera certainement l'antienne des semaines et des mois qui, viennent, on va nous le chanter sur tous les tons, en écho avec le stupide et liberticide projet Hadopi.
Voici la vidéo de quelques moments du débat de vendredi 13 après-midi au Salon du Livre :
13:13 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : internet, wikipedia, encyclopédie, édition, alain rey, larousse, le robert, universalis, salon du livre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
13/03/2009
Merci.
Avant de passer demain en mode Salon du Livre jusqu'à mercredi, je souhaite remercier les trois sources qui m'ont apporté le plus de lecteurs (et de loin !) dans les dernières semaines : wikio, Authueil et Intox2007.
00:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blog, authueil, intox2007, wikio, salon du livre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
19/03/2008
Clôture du Salon du Livre : où sont les mioches ?
Pour ce dernier jour du Salon du Livre, j'ai suivi deux tables rondes, l'une sur l'informatique comme outil pédagogique, l'autre sur les nouveautés et perspectives du numérique ludique, blogs d'enfants, communauté des lapins Nabaztag, institution nommée CUBE, et magazine Almanak adossé à un site dédié ouvert aux seuls abonnés.
Curieusement, ces deux tables rondes, calibrées pour intéresser des enfants, ne les ont pas attirés. Je dis curieusement mais en fait, il semble qu'il y ait eu moins d'enfants cette année que les précédentes. Il faudrait donc voir un rééquilibrage, les adultes se pressant en pus grand nombre qu'avant (c'est ce que disent les statistiques) mais les enfants en moindre. Et tout aussi curieusement (mais est-ce un hasard ?), la nouvelle disposition du salon correspond à cet équilibre nouveau : jusqu'ici, pour accéder aux stands de la littérature générale, il fallait traverser un maquis, un glacis, composé de petits stands, valeureux mais besogneux, de modestes maisons d'éditions, et de périodiques littéraires, puis une seconde rangée, faite de stands d'acteurs institutionnels, ministères en particulier. Si on y ajoutait l'envahissante cohorte des carrés des centre régionaux du livre parrainant des maisons d'édition locales, la littérature générale se trouvait effacée, noyée, ensevelie, alors que c'est elle qui doit servir de moteur à l'ensemble.
Le nouveau dispositif met la littérature générale en pointe, en exergue, en fait une vitrine. Il est trop tôt pour parler de réussite, il faudra encore une ou deux éditions du Salon pour en juger, mais le signe paraît favorable.
À l'heure du bilan, j'ai envie d'énumérer des "choses vues" comme dirait Victor Hugo : des couvertures de livres ("Comment draguer une militante pendant une réunion politique" fait partie des incontournables que tout adhérent du MoDem devrait recevoir avec sa carte orange), des scènes comme une conférence de trois importantes (ou plutôt se pensant telles) jeunes femmes sur le stand d'une radio, formant une sorte d'anti-phrase des Trois Grâces, qu'on aurait eu envie de surnommer les Trois Pimbêches ou les Trois Pétasses ; le vote pour le prix France Télévisions sur le stand éponyme, les cookies au chocolat blanc de la boutique là-bas à gauche, le direct de Morandini le vendredi, juste après celui de Jacques Pradel, sur Europe 1, les deux directs simultanés, presque en continu, de France Inter et France Culture, sorte de refuge ultime du service public et de la noble culture du livre roi ; les journalistes de Médiapart se relayant pour tenir le stand de leur publication, Sylvain Bourmeau tout anxieux hier, Jade Lyngaard toute disponible aujourd'hui, avec ce chiffre de 4 000 abonnés franchi pendant la durée du Salon, l'absence des Musulmans qui sont pourtant la large majorité des francophones aujourd'hui, un blogueur de BD expliquant avec modestie qu'il ne sait pas très bien déterminer la fréquentation de son blog, l'un de ses compteurs indiquant 20 000 visiteurs uniques par jour, l'autre 35 000 (ça rend modeste quand on en a 300), des jolies filles un peu partout, tenant des stands, ou hôtesses (parfois mal élevées mais ne comptez pas sur moi pour dénoncer) ; ma première incursion, au bout de huit ans, sur le stand du Syndicat National de l'Édition (SNE), qui m'a donné envie d'y faire adhérer ma modeste société, la maraude dans les stands alléchants d'Albin Michel, de Gallimard ou de Grasset, les petits éditeurs courageux défendant leurs oeuvres avec une patience manifeste et blasée, les périodiques faisant dans l'institutionnel placide et distrait, les chaînes de télévision moins présentes depuis deux ans (exit par exemple l'enregistrement de l'émission de PPDA pour LCi sous les yeux des passants du Salon), les livres électroniques exposés sous des bulles de plexiglas, les auteurs qu'on croise comme d'habitude et qu'on finit par ne plus remarquer... les chenilles d'élèves de CM2 comme des petits canards suivant Mme l'institutrice (la maîtresse ?), les conférences savantes au bar des sciences ou les conciliabules au bar tout court ; les bouteilles de bordeaux qu'on débouche vers midi et demi ; les gens qui s'asseyent par terre adossés aux cimaises des stands pour croquer leurs sandwichs de pain suédois ; l'entrée des VIP et des professionnels bloquée samedi après-midi pour d'obscures (et tues) raisons de sécurité, Aznavour qu'on fait passer quand même quand l'actrice Mireille Perrier et des écrivains dont je préfère taire le nom de peur d'éclabousser le salon, restent bloqués dehors, comme d'ailleurs la psy Caroline Thompson (que je retrouve vieillie, semblant liftée et le cheveu de couleur trop artificielle - qu'elle était belle quand nous avions treize ans !), comme aussi Jean-François Kahn que cependant une très joie jeune femme du très efficace stand de Plon ne tarde pas à secourir ; le généreux éditeur Florent Massot, le cheveu toujours en bataille et l'oreille scotchée à son téléphone portable ; l'expo du "Chat" de Gelluck où tout le monde se bidonne devant une mappemonde en forme de tête de chat, devant une machine à écrire dont les touches portent des signes faits avec les mains ("une machine à écrire pour sourds-muets") ou devant des toiles ornées de dessins hilarants et glaçants à la fois, Xavier Darcos ferraillant avec des gamins de douze ans dans un test de connaissances sur le stand du ministère de l'Éducation, bref, presque une semaine de vie quotidienne en mode "salon" (et encore : j'ai raté la fin du samedi et le dimanche entier) ; et l'envie un peu périlleuse (compte-tenu de mes propres publications) d'y avoir mon propre stand.
L'an prochain, le pays à l'honneur sera le Mexique.
Caramba !
Cuacua come kiki ? demanderait Averell Dalton.
Ah oui, j'oubliais : un quart de la surface du salon est désormais dédié à la BD. Un peu trop pour le nouveau public ? Peut-être.
Une dernière chose : le salon n'est pas équipé de WiFi et c'est très regrettable, car nous étions plusieurs à avoir envie d'y faire du live-blogging ou du blog en direct.
Et aussi : l'an prochain, il faudra que je trouve le moyen d'y amener Quitterie Delmas.
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18/03/2008
Vive le livre numérique !
23:21 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : salon du livre, nouvelles technologies | | del.icio.us | | Digg | Facebook
17/03/2008
Salon du Livre : la journée des professionnels.
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Salon du Livre : le débat sur le numérique continue.
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14/03/2008
Le salon du Livre s'entr'ouvre au numérique.
18:13 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : livre, salon du livre, nouvelles technologies | | del.icio.us | | Digg | Facebook