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06/06/2008

Cumul des mandats : le texte de Guillaume Desrosiers.

Quitterie Delmas fait aujourd'hui une tournée du buzz anti-cumul sur Internet. J'ajoute les excellents articles de KaG, de Jérôme Charré et de Farid Lakel.

La tribune du jour, c'est Guillaume Desrosiers qui la signe.

Guillaume D.JPGGuillaume a 33 ans, il est professeur d'Histoire-géographie et d'éducation civique à Charenton dans le 94, il est démocrate.

"Le non-cumul des mandats? Oui, mais n'est-ce pas l'arbre qui cache la forêt?

Et si nous n'étions pas capables de crever l'abcès? Car il faut à mon avis creuser plus profond pour l'atteindre, cet abcès.

Les mandats constituent une question de représentativité. Et quels sont les citoyens qui ne sont pas satisfaits de la représentativité? Ceux des partis qui ne sont pas élus. Eux veulent changer les modes de désignation des élus. Parce qu'il leur faut une place. Les partis qui ont remporté les élections trouvent que tout va bien. Bizarre, bizarre...

OK. Mais!
Mais il y a une véritable crise de la représentativité. Celle des citoyens qui regardent leurs élus avec une méfiance profonde.
Et elle place tout autant les citoyens face à leurs propres responsabilités. Car ils sentent bien qu'ils doivent se prendre eux-mêmes par la main. S'informer. Comparer. Réfléchir sur du concret et pas dans le vide. Pas seulement autour d'un verre, quand on se sent chaud, appuyé sur un pilier de bar, pour balancer une idée en public.
On a les hommes politiques qu'on mérite. On le sait bien.

Non-cumul des mandats? Oui, cent fois oui, bien sûr. Mais au nom de quoi? Au nom du mandat confié. Au nom du projet pour lequel on a été élu. Le citoyen doit donc vérifier, et cela régulièrement au cours du mandat, que l'élu reste dans la ligne du projet de son programme.
Eh bien, on en est loin! On vote une "confiance", un chèque en blanc pour une durée limitée. Cette limite nous rassure, mais nous dé-responsabilise. On se dit qu'on se ré-interessera à nos élus avant les prochaines élections. Et la campagne suivante est à nouveau une histoire de communication, d'image, pour obtenir une confiance, et non pas pour valider le choix d'un projet.

C'est magnifique, la confiance, mais quand elle se résume à un vernis, elle devient le cancer de la démocratie. Car, dans ce contexte d'illusion phagocytant la réalité, comment distinguer la démagogie du pouvoir du peuple?

Il faut créer un rendez-vous pour les électeurs, si possible obligatoire, à intervalle régulier pour estimer le travail des élus par rapport à leur programme. Ne serait-ce qu'un seul, à mi-mandat. Cette idée n'est pas neuve, mais elle n'a pas été appliquée.
Dans ce cadre, si on oblige l'élu à coller aux obligations de son mandat, alors le non-cumul devient naturel. Si le mandat est une représentation de type "médiatique", alors le bal des marionnettes peut continuer.

Refusons d'avoir des pantins comme représentants. Exigeons des projets d'envergure, des programmes clairs, des vérifications indépendantes pendant le mandat. Mais surtout, nous autres citoyens, soyons présents, suffisamment près de nos représentants. Et là, le cumul des mandats s'effondrera comme un château de cartes.

Changer le système, oui. Mais pas sans changer les humains.
Cette méfiance-là, on n'ose la regarder en face. Elle place trop d'hommes et de femmes politiques face à leur responsabilités. Merci à Hervé de m'avoir mis sur la voie de cette note." Guillaume Desrosiers

Commentaires

Merci Hervé, tu me fais un bien grand honneur ! Je me demande un peu ce qui me le vaut... ? Quoi qu'il en soit, ça fait très plaisir.

Je n'ai qu'un rectificatif à faire: J'habite dans le 92, et je travaille à Charenton, qui est dans le 94.

A bientôt, autour d'un café ou autre boisson sur une table parisienne... :-)

Écrit par : guillaumeD | 07/06/2008

Ces remarques sont fondées mais leur application me semble difficile, la com est inhérente au métier politique.
Par ailleurs le mandat impératif n'existe pas.

Écrit par : Jihème | 07/06/2008

@ Jihème
Il est très juste de rappeler que le mandat impératif n'existe pas, et ne peut pas exister. (j'ai complètement oublié ce point, merci à vous)
Mais les citoyens peuvent être vigilants et intelligents face à la com'. Et donc ne pas se faire avoir. Et cela d'autant moins qu'ils suivent de plus près les mises en œuvre des décisions politiques. Ils savent alors en fonction de quoi les choix de leurs responsables politiques sont faits au fur et à mesure. D'années en années, les choix qu'ils font sont alors plus conscients. La démocratie s'améliore puisqu'elle prend son vrai sens.

Elle s'aiguise aussi en réduisant les marges de manœuvre de com' manipulatrice des personnels politiques. C'est d'ailleurs un des points positifs de la démocratie états-unienne (en politique intérieure, parce qu'à l'extérieur ça a été de pire en pire, on l'a vu avec l'Irak)

Écrit par : guillaumeD | 07/06/2008

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