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03/08/2008

René Monory dans un état critique.

René Monory va mal, on lit qu'il a été hospitalisé hier "dans un état critique". Il eut la particularité de devenir ministre de l'Éducation sans avoir même son certificat d'études et s'en vantait un peu. À cette époque-là, il clamait que la vraie influence ne se comptait pas en articles de presse ni en dorures, mais en montant de budget et l'Éducation représentait le premier budget de l'État. À la même époque, l'un de nos amis d'alors, Ghislain Delaroche, qui était aussi président de la Jeune Chambre Économique du département de la Vienne, m'expliquait que lorsqu'il allait voir son président de département au sujet d'un projet qui coûtait 200 000 Francs de l'époque, Monory ne l'écoutait pas, tandis que si le projet s'élevait à 50 millions, le vieux sénateur s'installait et s'y intéressait longuement. Ainsi a été Monory durant sa longue carrière politique, ce qui lui a permis de parrainer des projets qui devinrent des succès étonnants.
 
On sait qu'il était fils de garagiste, garagiste lui-même, mécanicien des années 1940, formé dès l'avant-guerre et installé dans l'après-guerre. Son parrain en politique fut Pierre Abelin, le plus fidèle conseiller et soutien de Jean Lecanuet. C'est pourquoi, lorsqu'Abelin père mourut, Monory fut toujours si attentif à protéger Jean-Pierre Abelin, fils de Pierre, qui fut mon président des jeunes du CDS juste avant Éric Azière et qui est aujourd'hui encore député de la Vienne, siège qu'il a obtenu pour la première fois en 1978, à l'âge de 27 ans.
 
Proche d'Abelin, Monory adhéra successivement au Centre Démocrate, au CDS et encore à Force Démocrate. Mais il quitta le bateau bayrouiste peu après avoir renoncé à la présidence du Sénat, atteint par la maladie.
 
Amateur de projets novateurs, il s'illustra par une trouvaille lorsqu'il était ministre de l'Économie (sans les Finances conservées par le Premier Ministre Raymond Barre), à la fin des années 1970. Cette trouvaille, ce fut les SICAV, une formule qui permettait de mutualiser les investissements et de créer des fonds d'intervention économique et d'investissement, un véritable succès dans les années 1980, jusqu'à ce que l'invention diabolique des "SICAV monétaires" ruinât l'État et ternît l'image de l'ensemble des SICAV, qui ont survécu plus discrètement avec les Fonds Communs de Placement.
 
Comme président du département de la Vienne, il lança le "Futuroscope", un parc d'attraction voué aux technologies futuristes, qui connut un très vif succès dans les années 1990. À cette époque-là, il y eut une "université de printemps" des jeunes du CDS au Futuroscope, et Monory, devenu en 1992 président du Sénat, ne manquait jamais une occasion d'affréter un hélicoptère qui, de Paris, conduisait ses visiteurs (étrangers, élus locaux), ses journalistes, bref, les gens utiles, découvrir le parc du futur.
 
Hélas, cet homme bien portant, solide comme le Pont Neuf, tomba malade peu de temps après avoir accédé à la présidence de la Haute Assemblée : on vit son cou bourgeonner de curieux furoncles, un de ses yeux ne fonctionna plus, son visage se boursoufla, il sembla très vieux et affaibli. Il n'avait que 75 ans lorsque l'évidence apparut qu'il ne pourrait demeurer président du Sénat, on n'allait pas voir une seconde fois un président quasi-grabataire comme dans les dernières années d'Alain Poher. Monory se retira. Avant de partir, il multiplia les invitations dans les salons de la présidence, notamment en direction des anciens du MRP, comme un adieu, la fin d'une époque, car il devenait évident que la famille centriste perdrait la présidence et qu'une nouvelle époque allait commencer.
 
Cette nouvelle époque, nous la connaissons : c'est celle de Bayrou.

09:13 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : politique, sénat, cds, udf, centre démocrate, sicav | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Cette nouvelle époque, nous la connaissons : c'est celle de Bayrou ...

Hélas, Bayrou avait tout pour être au centre de cette nouvelle époque ... mais hélas et milles fois hélas, il a préféré écouter la voix des nuls plutôt que la voix de la raison ... il est encore temps pour lui de se rattraper.

Mais je ne sais s'il perçoit la gravité de sa situation interne au modem avec la même acuité qu'il devise sur les maux infligés par quelques mois de sarkozysme.

Bayrou réveille toi, il est encore temps. Même après le 5 aout, ce sera plus dur mais pas impossible ...

Écrit par : Farid | 03/08/2008

Qn qui est malade, ça interpelle toujours. mais on n'y peut rien
mais je partage l'avis de Farid.
- Comment arrive-t-on à justifier un fonctionnement institutionnel avec des "cumuls", avec des "notables ayant un pouvoir énorme".. En outre, au MD c'est le même fonctionnement assez "autocratique" qui se reproduit.
- c'est vrai de bcp de partis politiques.
- mais cela les adhérents Modem de 2007 ne l'accepteront plus !
- Si ça ne change pas, le nbre d'adhérents continuera de baisser.
Mais c'est peut être le but recherché. Bonne journée qd même

Si oui, les citoyens ont d'autres façons de se faire entendre !

Écrit par : Alain 61 | 03/08/2008

Comment ça ? Et moi qui croyais que cette nouvelle époque était celle de Quitterie Delmas !

Écrit par : Oaz | 03/08/2008

je te le redis, j'aime ce type de billets.

Écrit par : le petit grognard | 03/08/2008

@ OAz

En 1998, Quitterie avait 20 ans, elle devait être déjà délicieuse, mais c'était un peu tôt pour incarner une époque d'une famille de pensée.

Écrit par : Hervé Torchet | 03/08/2008

L'époque de Bayrou ?

Encore un petit effort et il se trouvera avec un niveau d'influence comparable au temps ou Quitterie Delmas avait 20 ans. Il ne suffira pas de se contenter de dissèquer avec brio les méandres de la politique sarkozienne pour s'en sortir.

Le pilotage du Modem est de moins en moins lisible : la façon de s'accrocher coute que coute à des personnes qui ne font autre chose que travailler à sa chute, la façon hautaine de traiter des adhérents qui ont pour seul objectif de renforcer le Modem sont des exemples les plus parlants.

Écrit par : Werner | 03/08/2008

Je l'ai croisé dans une lan il y a 5 ans, au futuroscope, il avait déjà l'air bien fatigué.

Comme LPG, j'adore ce genre de billets.

@Farid, Werner et Alain : z'êtes un peu hors sujet là...

Écrit par : KaG | 03/08/2008

Prémisse : je ne suis qu'un simple adhérent de base, sans aucun mandat, ni public ni interne.

Je n'étais même pas candidat aux municipales. Bon, vous direz, ca été mon choix aussi. Bref.

Cela pour dire que mon expérience de la "façon de traiter les adhérents" n'est pas si sombre que ça.

Bien sur, se faire écouter est très difficile. Mais, est-que quelqu'un d'entre ceux qui se plaignent ont déjà conduit une organisation de quelques dizaines de milliers de personnes?

Permettez moi d'en douter.

Écrit par : Bzhita | 04/08/2008

@Bzhita. Vous écrivez : "Bien sur, se faire écouter est très difficile. Mais, est-que quelqu'un d'entre ceux qui se plaignent ont déjà conduit une organisation de quelques dizaines de milliers de personnes? "
- Depuis + d'un an, des adhérents MD , ayant des compétences en Organisation, ont proposé à moult reprises leur aide au Siège. Bcp de ces propositions sont restées lettre morte. Nous sommes nombreux à penser que l"orientation au Siège est que le MD ne devienne ni un parti avec trop d'adhérnts, ni avec "trop d'exigences de Democratie Interne. C'est incontestable !
@ tous :
- je sais bien que bcp d'autres partis c'est pas mieux.
- les belles incantations de 2007 "à faire de la politik autrement" = c'est de l'histoire ancienne.
- Lorsque on admet ces réalités, on "encaisse mieux sa déception".
- le 24/7 : j'ai envoyé une letre dans ce sens à un membre haut placé du BUREX (et à son adjoint). No news for the moment
- je répète : le MD ne fera pas de "politique autrement " [et pourtant, bcp de gens s'y sont investis de manière desintéressée ..]

Écrit par : Alain 61 | 05/08/2008

Au BUREX ?

Non, au MoDem ça s'appelle le COMEX maintenant...

Écrit par : Benjamin | 05/08/2008

@ Alain 61

J'adhère à la priorité telle qu'elle a été définie : bâtir une "nécessaire alternative" à Sarkozy, selon l'expression de Quitterie Delmas.

Écrit par : Hervé Torchet | 05/08/2008

@ Alain 61

Moi-même expérimenté en organisation, je m'étonne de l'étonnement.

@ Hérvé

Pardonne-moi mais je trouve cette priorité valable, mais bien réductrice.

Écrit par : Bzhita | 05/08/2008

@Benjamin

faux, c'est le BUREX ! Bureau exécutif national, relis les statuts....

Pour le reste je préfère me passer de commentaires, vous avez malheureusement tous raison et tort ....

Écrit par : MH | 07/08/2008

Les commentaires sont fermés.