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28/05/2020

Qu'à cela ne tienne, Claude

La génération 1968 est décidément frappée par le coronavirus : Henri Weber à gauche, Patrick Devedjian à droite et Claude Goasguen au centre.

Au centre ? Quand on lit les commentaires de la presse, on ne voit nulle part le long passage qu'il fit par le centre et qui forgea, quoi qu'on en pense, son identité politique. Il est vrai que son côté centriste ne se voyait guère, qu'il ne s'entendait pas plus, mais il serait faux de ne pas le distinguer dans la brume des arguties et méandres politiques de sa vie. Selon l'expression qu'il aimait employer, "en réalité" il y avait bien un Claude Goasguen du centre, pensant le centre, voulant le centre et se réclamant du centre, fût-ce avec une grande gueule. Parlez-en à Bernard Stasi si vous croisez son fantôme par un soir de pleine lune. Parlez-en à François Bayrou.

Bon, reconnaissons-le, l'image d'Occident lui a toujours collé à la peau. J'ai connu Claude Goasguen en 1983. Il venait d'être élu conseiller de Paris dans le XIVe arrondissement sous la houlette d'Eugène Claudius-Petit. "Claudius", comme nous l'appelions en employant son surnom de résistance. Le grand Claudius, avec ses yeux de félin, sa moustache épineuse, sa coiffure au carré et ses énervements sanguins.

Claude Goasguen avait été le suppléant de Claudius aux élections législatives de 1978 dans ce même XIVe arrondissement. Il y avait alors trente circonscriptions législatives à Paris. En dehors du ton vif et de la volonté de foudroyer, on se demandait ce qu'il pouvait y avoir de commun entre le vieux résistant et le jeune loup au profil d'aigle et aux cheveux qui hésitaient entre le blond et le gris cendré.

Point commun ? Peut-être Georges Bidault. Claudius avait succédé à Bidault comme député de la Loire et Goasguen avait fait ses premières armes politiques en militant pour l'Algérie française, ce moment où Bidault s'est perdu pour l'Histoire. Bidault, homme d'extraordinaire culture, de haute vision politique, successeur de Jean Moulin à la tête de la résistance intérieure en 1943. Bidault déjà gaullosceptique en 1944 quand, sortant d'une réunion du conseil des ministres présidée par le Général, lorsque son ami Teitgen, admiratif du grand homme de Londres, murmurait "Comment peut-on dire tant de choses avec si peu de mots ?", lui répliquait d'un ton cinglant : "Lucifer était le plus beau des anges". Bidault qui fut à peu près le seul éditorialiste politique à protester contre les accords funestes de Munich et qui fut résistant si tôt que de Gaulle refusa qu'on lui retire sa distinction de Compagnon de la Libération en 1961. Bidault, donc, dont l'ombre vivante planait encore parfois sur le respectable parti auquel j'ai adhéré en 1981 et qui se nommait le Centre des Démocrates Sociaux (CDS), le parti dont Claude Goasguen était membre aussi à cette époque.

Mes amis, plus à gauche dans ce mouvement, me disaient de Claude : "Méfie-toi, c'est le diable, il a commencé à Occident". De fait, il m'arrivait de bavarder avec "le" jeune que Goasguen avait casé dans le bureau exécutif des jeunes du CDS (les JDS) de Paris en 1983, alors présidés par Éric Azière qui est aujourd'hui président du groupe UDI-MoDem au conseil de Paris. Ce jeune homme goasguénien (pas Éric Azière, pour ceux qui lisent trop vite mes papiers), qui avait à peu près mon âge et dont le crâne n'était pas tout à fait rasé (mais presque) était le fils d'un des vice-présidents du CNPF (le MEDEF d'alors).

Il venait du PFN (Parti des Forces Nouvelles), un groupuscule que le FN n'était pas encore parvenu à absorber. Il me confiait, mi-figue mi-raisin, désignant Claude : "Il m'a dit que je devais arrêter mes conneries", ce qui signifiait arrêter de militer chez les zinzins pour passer à une action réaliste et respectable.

Nous avons vu quelquefois ce soldat perdu de l'extrême droite au début de notre modeste action, puis moins, puis plus du tout. Mais il y en avait d'autres (dont il vaut mieux oublier les noms) et l'on disait que Goasguen se spécialisait dans le recyclage des jeunes issus de l'extrême droite. Il incarnait par ailleurs déjà l'aile chiraquienne du CDS et Chirac, piloté par Pasqua, était à la recherche d'une formule reaganienne à défendre en France face à Mitterrand et à Barre. C'était consonant avec le ton volontiers imprécateur et cassant du jeune Goasguen. Bref, à tout cela, je préférais le livre au titre claironnant de Bernard Stasi : "L'immigration, une chance pour la France".

Par ailleurs, ce CDS ne s'était jamais remis d'une profonde fracture qui l'avait divisé en 1969 : Alain Poher, président du Sénat et président de la république par intérim, avait défendu ses chances à la présidentielle destinée à pourvoir à la succession du général de Gaulle démissionnaire. Mais son parti, le Centre Démocrate, avait vu la plupart de ses députés se défiler et refuser de soutenir sa candidature. Emmenés par Jacques Duhamel, ils avaient préféré se porter sur celle de Pompidou.

Un jour, j'ai demandé à Bernard Stasi pourquoi ils avaient fait cela. Il m'a répondu :

"Poher n'avait pas la carrure d'un président de la république".

Pompidou ayant gagné assez largement au second tour contre le valeureux Poher, une scission avait découpé le parti du perdant présidé par Jean Lecanuet. À côté du CD, il y avait désormais le CDP (Centre Démocratie et Progrès), dont faisaient parti les futurs ténors du CDS, notamment Bernard Stasi et Jacques Barrot, mais aussi Claudius. Si j'osais, je rappellerais que c'est le directeur de cabinet de Bidault qui, en 1944, avait présenté Pompidou à de Gaulle. Mais il y eut aussi en 1969 l'arrivée au pouvoir de Chaban-Delmas qui rebattait les cartes.

Quoi qu'il en soit, Goasguen apparut dans ce même CDP, la fraction du centre qui appartenait à la majorité présidentielle pompidolienne. Le groupe Union Centriste du Sénat regroupait deux partis politiques, l'un dans la majorité, l'autre dehors, tout en soutenant le président du Sénat, issu de ses rangs, lequel s'opposait avec force à la même majorité présidentielle et parlementaire. Clarté politique à la française, certes, mais en 1974, les deux partis avaient dû se ressouder sous l'autorité de Jean Lecanuet et les bureaux exécutifs des mouvements de jeunes de ces deux partis s'étaient naturellement rapprochés l'un de l'autre en vue d'une fusion.

Dans le bureau des jeunes du CDP figurait un historien du droit aux dents longues, âgé de 29 ans : notre Claude Goasguen. Son président était l'un des fils du sénateur Cluzel. Ils rejoignirent le nouveau mouvement de jeunes, dénommé JDS, alors présidé par François Bordry, frère de l'un des plus proches collaborateurs d'Alain Poher. Le CD entendait s'assurer tous les postes de pilotage du nouveau parti fusionné : il avait perdu en 1969, mais il avait gagné en 1974.

Les militants issus de l'ancien Centre Démocrate considéraient avec une forme d'hostilité ceux qui venaient du CDP, qu'ils tenaient pour traîtres depuis 1969. Ils disaient "nous avions les militants, eux les cadres", sous-entendant que les cadres, pour sauver leur mise, étaient allés à la soupe, un comportement dont les militants ont en général horreur. Mes amis dans ce CDS venaient pour la plupart du CD et non du CDP, j'adoptais volontiers leurs vues, aimant alors l'orgueilleuse intransigeance de l'esprit militant et n'ayant pas d'idée de carrière en tête.

Tout ceci me conduisait à ne pas prendre contact avec Claude Goasguen, malgré ses origines bretonnes.

Je passe sur les années qui suivirent, qui furent déchirées par la guerre picrocholine des géants du centrisme parisien. La collusion des deux jeunes issus du CDP contre le vieux CD finit par s'emparer de l'immense gouvernail de la multitudineuse fédération parisienne du CDS. On parle de foules dignes de rassemblements du PC chinois à l'époque de Mao. Bref, Claude Goasguen s'était rapproché de Jean-Charles de Vincenti, neveu de Jacques Barrot, et leur alliance avait pris la tête du CDS parisien. Il fallut encore quelques années pour que le plus mordant, Goasguen, parvienne à éliminer son allié devenu rival.

Cela se fit à l'occasion de la campagne présidentielle de 1995. Élu de Paris XVe, Vincenti avait choisi Balladur, qui régnait sur ce XVe, cependant que Goasguen optait pour Chirac qui tenait le reste de Paris. J'avais d'abord éprouvé de l'intérêt pour la candidature de Balladur. Une anecdote m'y avait incité : Balladur faisait partie de la même promotion de l'ENA qu'un frère de mon père qui est mort d'un cancer pendant qu'il y étudiait, longtemps avant ma naissance, et je me demandais si Balladur avait des souvenirs de cet oncle inconnu. Et puis, j'approuvais son engagement de ne pas être candidat à la présidentielle.......... Bref, contre tous mes choix des quinze années précédentes, j'ai choisi Chirac. Un ami m'a fait rencontrer Goasguen en privé fin 1993. Claude m'a dit : "conseiller de Paris, je ne peux pas, mais adjoint au maire je peux". J'ai bredouillé je ne sais quoi sans me rendre compte que je venais de signer la première moitié du pacte qui allait me conduire à devenir en 1995 adjont au marie du XVIe arrondissement de Paris.

Dans un premier temps, j'oubliai Claude : je fis offre de service pour la campagne européenne qui se lançait avec Dominique Baudis et Hélène Carrière d'Encausse. Il y avait deux directeurs de campagne : Jean-Luc Moudenc (aujourd'hui maire de Toulouse) pour Dominique Baudis et Jean-Pierre Raffarin pour Mme Carrère d'Encausse. François Bordry se désista alors qu'il devait diriger l'équipe chargée de répondre au courrier reçu par la liste à son QG établi rue barthélémy dans le VIIe arrondissement. Moudenc m'offrit le poste. Je l'avais aidé à prendre la présidence des JDS peu d'années plus tôt, il m'en remerciait. Je me trouvai donc bombardé chef d'une petite équipe dans cette campagne qui ne fut pas très longue mais où j'eus la joie de retrouver Bernard Stasi. L'équipe se composait de deux assistantes parlementaires venues du Sénat, très sérieuses, et nous pûmes refermer notre bureau la veille du scrutin avec la satisfaction de n'avoir laissé aucun courrier sans réponse complète.

Juste dans la foulée se déroula la campagne présidentielle qui, à l'intérieur du CDS, devait pourvoir à la succession de Pierre Méhaignerie, qui le dirigeait depuis 1982. On me demanda de composer les réponses au courrier des militants que recevait l'équipe de campagne de Bayrou, que je soutenais face à Bernard Bosson. J'avais été reçu par François avec une vingtaine d'autres jeunes cadres, il nous avait demandé :

"Pour qui voterez-vous à la présidentielle l'an prochain ?"

Un à un, tous les autres répondaient "Balladur", les dix-neuf autres ; parlant le dernier, je dis "non, désolé, moi, c'est Chirac". Et Bayrou, très à l'aise, me fit le petit discours qui annonçait déjà, sept ans à l'avance, "si nous pensons tous la même chose, c'est que nous ne pensons plus rien". Je fus recruté (bénévole) cadre dans son équipe de campagne.

Éric Azière et Marielle de Sarnez me confièrent une pile de discours déjà prononcés par Bayrou en me signalant les habitudes et particularités rhétoriques du candidat (j'ai encore une cassette VHS de cette campagne si ça intéresse quelqu'un). Pendant les longues décades de la campagne interne, je passai environ trois fois par semaine prendre les courriers reçus et remettre les réponses proposées, que je composais en faisant des collages savants des discours du candidat.

Nous avons gagné cette campagne. La veille du vote, dans un tout petit bureau alors que je bavardais avec je ne sais qui, je vis entrer un Bayrou fourbu, le cheveu en bataille et l'œil brillant, proclamant : "Jamais Bosson ne pourra monter si haut". Et c'était vrai, il prononça un discours qui nous parut éblouissant et qui disait ce que nous espérions depuis longtemps, sur ce parti allant de Balladur à Jacques Delors, et que Delors salua aussitôt chez Anne Sinclair. Et le lendemain du vote, dans le même bureau, un poulain de Stasi, JPF, me lança : "un bureau ici ou à la mairie du XVIe ?" Je n'avais pas compris qu'il s'agissait d'une proposition ferme. Je répondis machinalement "à la mairie", qui représentait, c'est vrai, ma préférence d'alors. Aujourd'hui, je regrette de n'avoir pas connu l'atmosphère spéciale d'un cabinet ministériel.

Bref, qui disait élu à Paris disait rencontrer Claude. Je le vis donc dans son bureau d'adjoint de Chirac à la mairie de Paris. Ce n'était pas un adjoint sectoriel, il s'occupait des relations internationales, ce qui, selon ses propres dires, consistait surtout à aller pêcher au gros en Afrique. Il avait déjà sa collaboratrice fidèle, Annie Buhl, que j'ai retrouvée ensuite pendant vingt ans à ses côtés.

Claude m'envoya au RPR local, Gérard Leban, et je pris ma place modestement dans l'équipe de terrain chiraquienne du XVIe arrondissement. À ce moment-là, il pleuvait des cordes gelées et Chirac végétait à 10 ou 12 % dans les sondages. Le départ de campagne ne me rebuta pourtant pas. Je découvrais avec intérêt les méthodes du parti qui gardait, de ce point de vue, les traditions de son époque gaulliste. L'efficacité d'une organisation rodée et disciplinée. Quand un meeting de campagne de Chirac s'annonçait pour 18 heures, à 17 heures 59 la salle était pleine, à 18 heures les portes étaient fermées et les retardataires n'avaient à s'en prendre qu'à eux-mêmes. On était loin du joyeux bordel qu'a toujours été le centre sous ses diverses formes.

Chirac ayant gagné, Goasguen fut désigné ministre de quelque chose. Il avait pris tout l'arrière du bâtiment du ministère de l'Intérieur et certaines directions centrales clefs de ce ministère clef. Il s'en montrait satisfait mais regrettait de n'avoir pas obtenu plus. Moins de xi mois plus tard, il se voyait débarqué en même temps que les "jupettes". Je l'ai longtemps entendu maudire Juppé par la suite. Le débarquement avait un côté mesquin : au bout de six mois d'exercice, les anciens ministres bénéficiaient de certaines prérogatives. N'ayant pas tenu cette durée pleine, Goasuen perdait ces avantages. Par ailleurs, un macho méditerranéen comme lui trouvait humiliant d'entrer dans la cohorte de ces femmes congédiées en même temps que lui et qu'on a surnommées "juppettes". Enfin, n'étant plus ministre, il n'était pas encore parlementaire.

Ce fut l'époque où je le vis le plus souvent. Il nous conviait dans son bureau, en groupe ou en détail, j'étais adjoint au maire du XVIe, il m'entendait parfois avec d'autres élus ; j'avais trente ans, il m'écoutait parfois avec d'autres jeunes plus jeunes. Il parlait peu et testait seulement des arguments qu'il utilisait ensuite dans ses tribunes publiques, au conseil de Paris ou lors des réunions du parti.

En public, il avait une technique oratoire simple : il énonçait ce que ses adversaires disaient (selon lui) et renversait sa phrase avec un tonnant "en réalité" derrière lequel il dénonçait des intentions ou des actions qu'il condamnait ou combattait. Il parlait rarement pour approuver.

En 1997, au moment de la dissolution idiote, je fus de ceux qu'il interrogea. Je lui répondis "Pour toi, ça ira, mais quelle connerie !" Pendant cette courte campagne, il me raconta comment il venait faire les gros bras avec les soutiens de l'Algérie française dans ce même quartier dans les années 1960. Il me parla du général Stehlin, élu dès 1968 dans le XVIe nord, et qui avait été un ami de mon grand-père.

Il fut enfin élu député contre Georges Mesmin qui tenait le siège du XVIe sud depuis 1973.

Vers cette époque, il changea de chef de cabinet. Il se rapprochait de Philippe Douste-Blazy qui poussait contre Bayrou à l'intérieur du parti (devenu entretemps Force démocrate). son nouveau bras droit se nommait Thierry Solère. Celui-ci entendait prendre le plus possible d'autorité sur son patron, c'est logique. Je vis donc moins Claude. Solère me consultait de temps à autre. Par exemple, il me demanda si je croyais qu'un téléphone portable permettrait à Claude d'éviter les écoutes des barbouzes. J'étais à la fois incompétent et sceptique, je le lui dis.

En 1998, René Monory, malade, dut quitter la présidence du Sénat où il avait succédé à Poher. Le RPR s'empara de la présidence de la Haute Assemblée. De ce fait, l'UDF avait vécu. Les libéraux la quittèrent sous la houlette de Madelin et se rapprochèrent de Chirac, cependant que Bayrou conservait une UDF réduite. J'eus à choisir. Je me trouvais dans mon bureau à la mairie du XVIe lorsque Solère me téléphona. Je lui indiquai que si j'avais voulu adhérer au RPR, cela aurait été fait depuis longtemps et que le parti de Madelin me semblait être l'antichambre du RPR à court terme. Une heure plus tard, Claude m'appela en personne. Mais il se contentait de dodeliner comme dans une pagnolade. Il ne trouvait pas d'argument, je crois. Il n'osait pas me proposer une promotion ou quelque chose de consistant. Je n'aurais d'ailleurs rien accepté à ce moment-là.

Trois jours plus tard, ce fut Bernard Stasi qui tenta de me convaincre au cours d'un dîner à la "Poule au pot", restaurant près du siège de Force Démocrate (aujourd'hui du MoDem).

Ce fut donc la fin de quatre années de rapprochement et je n'ai pas de jugement à porter sur ce que Claude a fait depuis.

En 2008; je ne sais pourquoi, j'ai eu envie de me rendre à la mairie du XVIe pour assister à l'élection du maire. Pierre-Christian Taittinger espérait un quatrième mandat, mais Claude lui avait savonné la planche. Désigné par les électeurs, Taittinger fut battu par les élus. Or il avait fait exactement la même chose à son prédécesseur à la mairie, Mesmin, le même que Goasguen avait ensuite battu aux législatives. Sans vergogne, Goasguen se vantait de venger un centriste et de rendre enfin la mairie à un centriste. Ça me semblait excessif. Avec beaucoup de dignité, Taittinger quitta la salle. Seul.

Je n'ai revu Goasguen qu'une fois de près. Il avait demandé à mon frère (sculpteur) d'exposer quelques œuvres à la mairie du XVIe, je crois que c'était en 2011. Nous avons bavardé. pour la corpulence, il ressemblait à Abraracourcix. Moi aussi. Je le sentais sceptique sur l'avenir de Sarkozy, alors président, qu'il soutenait pourtant. Il n'y avait plus de contentieux entre nous, s'il y en avait jamais eu. Il avait ce regard un peu de côté, ce sourire large et mordant. Il me répéta : "Non, pas Occident, mais la Corpo de droit, ce n'était pas si loin, mais ce n'était pas la même chose". Nous n'avions tout de même pas les mêmes valeurs, mais qu'à cela ne tienne : au-delà des idées, le souvenir de beaucoup de bons moments en privé, libre, où il ne disait jamais rien ni de médiocre, ni de stupide. Il y avait chez lui un désir de hauteur qui, à mon avis, n'a jamais été satisfait, et une envie de peser en bien sur le destin de son pays.

Pour nous, Bretons, il faut lui rendre hommage sur un point : avec François Bayrou, lorsque celui-ci était ministre de l'Éducation nationale, il a beaucoup travaillé pour l'amélioration du sort fait par l'administration aux écoles Diwan. Cela ne s'oublie pas.

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11/04/2009

Monory est mort.

René Monory est mort. Je renvoie à ce que j'ai écrit en août dernier, lorsqu'il était dans un état critique. Une très forte personnalité.

EDIT : j'ajoute que c'est avec Monory que j'ai eu ma première expérience d'Internet. Si ma mémoire est bonne, ce devait être à l'Université d'Été de La Baule en 1995. Le dircab de Monory, Jean-Dominique Giuliani, avait organisé un atelier où l'on pouvait dialoguer en direct, par visioconférence sur Internet, avec le président du Sénat Monory. La vidéo en direct était saccadée, la voix métallique, ce devait ressembler aux premiers essais du téléphone lors de l'expo universelle de 1889... J'ai été l'un des deux ou trois privilégiés de cet atelier à parler avec Monory, modestement d'ailleurs.

29/11/2008

1995 : la première mutation de François Bayrou.

Après les remarques qui ont été faites sur la note où je relatais le cycle 1994-1995 (fin du CDS), et après les réflexions postées vendredi 21 par l'ami FLN (Frédéric Lefebvre-Naré) notamment sur ce que pourrait être un parti démocrate à la française, il m'a paru utile de chausser de nouveau la pipe de l'"Oncle Paul" de la famille centriste et démocrate pour parler de la fondation de Force Démocrate à la fin 1995.

Tout d'abord le nom : comme le MoDem, Force Démocrate ne correspondait pas aux canons habituels de la politique française. On n'y trouvait ni Union, ni Parti, ni Mouvement, ni rien, juste la Force (un petit côté Starwars peut-être, avec Bayrou en Luke Skywalker), destinée à exprimer une rupture avec le ronron politique français, en même temps que la fin du "centre mou". Désormais, les démocrates seraient une Force, avec laquelle il faudrait compter.

Ce côté ambitieux et viril plaisait d'ailleurs à l'aile droite de la maison. Claude Goasguen était encore partie prenante des choix majeurs à ce moment-là et se pourléchait les babines. Il s'est éloigné à partir de 1997, quand Bayrou a pris le tournant de l'humanisme ("une vraie notion de gauche", s'irritait Goasguen en préparant ses valoches), mais ceci est une autre histoire.

Pour en revenir à 1995, l'idée de choisir un nom exotique était de frapper les esprits, d'incruster d'emblée le nom du parti dans toutes les mémoires grâce à la fulgurance d'un nom génial révélé au cours d'un congrès tonitruant.

Pour le nom génial, chacun appréciera, pour le congrès tonitruant, je vais y revenir.

Il ne pouvait être question que le nouveau parti (dont le nom demeura cantonné à une poignée d'initiés jusqu'au dernier moment) fût la pure et simple continuation du CDS qui finissait, il lui fallait du sang neuf, chargé de symboles et, si possible, d'un impact médiatique.

Les négociations qui aboutirent vite furent celles du Parti Social-Démocrate (PSD) d'André Santini. On a aujourd'hui une image droitière de Santini, mais son parti était né d'une scission du PS, en 1971, au moment de l'Union de la Gauche : c'étaient ceux des socialistes qui avaient refusé l'alliance avec les communistes et qui, en déshérence, avaient fini par atterrir à l'UDF en 1978 (je crois que leur sigle était alors MDS, Mouvement Démocrate Socialiste, ou quelque chose d'approchant, depuis lors simplifié en PSD). Le fondateur du PSD, Max Lejeune, était en bout de course et s'éteignit d'ailleurs en novembre 1995, l'avant-veille du congrès fondateur de FD. Santini et les siens, se sentant orphelins, se réjouissaient de rejoindre un mouvement plus grand.

Dès l'été 1995, nous vîmes Dédé à l'Université d'Été (la dernière des JDS), qui avait lieu je crois à La Rochelle. Il vint nous parler pendant un déjeuner. Il nous dit que dans son parti, ils étaient très anti-calotins, mais que lui, il avait été impressionné par le charisme du pape Jean-Paul II qu'il avait eu l'occasion de côtoyer de près.

C'était donc un laïcard qui entrait chez les cathos. Il y avait là, de la part de Bayrou, la volonté de déverrouiller le CDS, replié sur l'identité démocrate-chrétienne dans laquelle lui-même Bayrou refusait de se reconnaître (je l'ai toujours entendu repousser avec force le mot démocrate-chrétien). Il y avait aussi la volonté de redonner à ce parti une aile sociale, qui s'était délitée avec la fréquentation excessive de la droite.

L'autre courant avec lequel on disait que Bayrou discutait était celui de Brice Lalonde, l'écologie modérée. Finalement, Lalonde refusa de monter dans le train bayrouiste, mais une partie de ses troupes le firent, emmenées par Patrice Hernu, fils de Charles Hernu, figure du PS mitterrandien.

D'emblée, avec la création de son nouveau mouvement, Bayrou annonçait donc la couleur : aile sociale et laïque, référence mitterrandienne, écologie militante.

Au fond, rien n'a changé depuis, c'est le même sillon qu'il creuse, et ce doivent donc être ses propres convictions.

Hélas, vint le moment du Congrès.

Bayrou jouait sa première partie médiatique. Il avait la conviction que les média (Internet n'avait pas encore pris sa place actuelle) seraient cruciaux. Il avait donc mis les petits plats dans les grands pour étonner le monde avec sa révolutionnaire "Force" Démocrate. Comme en 2006, c'est à Lyon qu'il avait cru bon d'organiser son congrès. Ce devait être, je crois les 26 et 27 novembre 1995.

Il faisait froid, à Lyon, une neige épaisse et verglaçante, exactement comme en 2006.

Tout s'annonçait bien, jusqu'au moment où on apprit que ... Léon Zitrone était mort. Catastrophe.

Les plus jeunes ne savent pas qui était Léon Zitrone, véritable Fregoli de la télé de grand-papa, capable de commenter le patinage artistique, Intervilles, la défilé du 14 juillet, le tiercé, de présenter le journal de 20 heures, d'interroger les chefs d'états, de commenter en fait n'importe quoi, toujours avec une montagne de fiches qu'il déversait dans un monologue très savant, dans un français de dictionnaire, avec une diction digne de la Comédie française. Comme il avait monopolisé le petit écran pendant quarante ans au moins, le petit écran ne parla que de lui pendant tout le week-end et la France ne sut jamais que Force Démocrate était née, sauf les acharnés qui lisaient les pages intérieures... il n'y eut pas de congrès tonitruant.

Il a donc fallu que Bayrou s'acharnât, mais ceci est une autre histoire. Ce qui comptait était le premier jet, social et écologique déjà.

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24/11/2008

Comment je suis devenu le dernier président des JDS de Paris.

C'est une note curieusement liée à l'actualité, que je fais en particulier pour ceux de mes lecteurs qui aiment que je leur fasse les "belles histoires de l'Oncle Paul" du centrisme et de la famille démocrate française.

En 1994, le Centre des Démocrates Sociaux (CDS) vivait ses dernières heures. Il était à bout de souffle après dix-huit ans d'existence, sa dynamique avait disparu avec son fondateur, Jean Lecanuet. L'année 1994 fut émaillée de non moins de deux congrès du CDS, le premier à Rouen, ville longtemps dirigée par Lecanuet, le deuxième à Paris porte de Vincennes, sur la pelouse de Reuilly.

La décrépitude du CDS avait commencé vers 1991-92 et je me souviens d'avoir vu pour la dernière fois Lecanuet, au tout début 1993, lors des voeux annuels du président du Sénat (Monory), très amaigri, frêle, soutenu par deux personnes. Il est mort peu de mois après, on m'a dit que c'était d'un cancer de la peau dû à un excès d'UV.

Au moment de la mort de Lecanuet, Bernard Bosson, jeune maire d'Annecy et fils du sénateur Charles Bosson, centriste historique, était le seul candidat déclaré à sa succession. Il y avait eu auparavant une tentative de Dominique Baudis, alors maire de Toulouse et ancien président des Jeunes Démocrates (modèle 1965), mais sans aboutissement réel, avec plutôt une balkanisation du mouvement. J'en parle peu, parce que c'était un moment où j'avais choisi de prendre mes distances.

Quoi qu'il en soit, dans l'été 1993, François Bayrou, qui recevait l'Université d'Été des JDS sur ses terres des Pyrénées Atlantiques (à Biarritz), s'aperçut que les conditions étaient réunies pour qu'il pût se présenter à son tour à la présidence du CDS. Il le fit peu après.

Au moment où il annonça son intention, Bosson faisait la quasi-unanimité, caracolant dans toutes les enquêtes, bref, c'était gagné d'avance pour lui.

Or le congrès avait été prévu de longue date pour se tenir à Rouen, au printemps 1994. Pour une raison que j'ignore, l'idée vint qu'il serait difficile de voter pour un nouveau président lors de ce congrès, sans doute en raison des élections européennes qui devaient avoir lieu en juin suivant et où Baudis serait en définitive tête de liste commune UDF-RPR. Bosson, qui avait toutes les cartes en mains, qui pouvait tout, commit la faute d'accepter ce report qui devait le placer en positio défensive pour les six mois suivants et, en définitive, le faire perdre.

Le congrès fut évidemment une mare aux grenouillages. Son moment le plus fort, dans mon souvenir, fut la montée à la tribune de Valéry Giscard d'Estaing, parce qu'il était détesté par la salle. Il traversa celle-ci de part en part, du fond jusqu'à la tribune, au milieu du silence glacial des 1500 délégués. Puis, parce que c'est un grand orateur, en quelques phrases où il s'exprimait sur Jean Lecanuet (mort depuis peu), VGE souleva un tonnerre d'applaudissements et il parvint ainsi à ressortir encore sous les applauddissements, un véritable tour de force.

Et pourtant, à l'automne, lorsqu'il m'est arrivé de dîner à la table de Bayrou au ministère de l'Éducation Nationale où se tenait son équipe de campagne (Bosson étant mieux implanté au siège du CDS), Bayrou nous a confié à quel point l'antagonisme avait été fort entre le grand bourgeois Giscard et le méritocrate Lecanuet, un choc culturel.

Entre-temps, j'avais dirigé l'équipe qui répondait au courrier de la liste conduite par Baudis pour la campagne européenne de juin 1994. Là, nous avions gagné, avec d'ailleurs difficulté, et j'avais pu constater la constitution d'une ligue des gérontes de l'UDF (VGE, Monory et Barre) autour de la candidature de Chirac pour l'élection présidentielle qui devait avoir lieu l'année suivante.

Bosson, lui, était très engagé auprès de Balladur, ainsi que le président de la fédération CDS de Paris, le conseiller de Paris et neveu de Jacques Barrot, Jean-Charles de Vincenti. Les balladuriens se groupaient donc autour de Bosson, c'était logique. cela avait la conséquence de fournir à l'adversaire de Bosson le réseau de ceux qui penchaient plutôt pour Chirac.

L'Université d'Été des JDS eut lieu au Pradet, dans les hauts du Var, cette année-là. L'équipe sortante des JDS, conduite par Jean-Luc Moudenc, ne s'en occupa guère et l'équipe entrante n'avait pas encore été élue. Comme j'avais organisé plusieurs universités d'été quelques énnées plus tôt, je pris (sans mandat) la chose en mains et je me revois, en juillet 1994, tout seul (la secrétaire Chantal Renaud était en vacances), il faisait très chaud, portant des cartons entiers de lettres à l'Assemblée Nationale, d'où elles étaient expédiées sous le timbre de plusieurs députés (il me semble que c'est Jean-Christophe Lagarde qui, comme numéro 2 de l'équipe sortante et encore je crois assistant parlementaire, finit par organiser cette expédition).

De ce fait, après la campagne européenne, je me retrouvais au milieu des événements. C'est à l'Université d'Été que nous avons élu Christian Bartholmé (qui vient de se manifester à moi sur Facebook) dernier président des JDS. Il était pour Bosson et pour Balladur, comme d'ailleurs Lagarde et la plupart des présents.

C'est le moment où j'ai scellé mon deal avec Claude Goasguen, par l'entremise d'un jeune du XIIe qui se nommait Pierre-Alexandre Kropp. Goasguen soutenait Chirac (dont il était proche) et Bayrou avec lequel il avait fait ses premières armes comme JDS (lui aussi) quinze ans plus tôt. Retrouvant mon président des JDS Éric Azière, je me suis ainsi retrouvé intégré à l'équipe de campagne de Bayrou et je venais plusieurs fois par semaine prendre le courrier reçu par Bayrou (émanant de militants), auquel je répondais en utilisant les textes et discours de Bayrou. J'avais fait ça pour Baudis aux Européennes (avec trois collaboratrices) et je continuais seul pour Bayrou.

Cette campagne dura près de trois mois et j'en garde une foule de souvenirs chaleureux.

Parmi eux, cette réunion avec Bayrou dans la grande salle du rez-de-chaussée qui donne sur le jardin intérieur du ministère, où Bayrou rencontrait les vingt ou trente cadres JDS qui le soutenaient.

- Alors, pour la présidentielle, vous allez voter pour qui ?

- Pour Balladur.

- Pour Balladur.

(Le CDS avait choisi de soutenir officiellement Balladur et les jeunes, très anti-chiraquiens, étaient presque tous sur cette ligne, Bayrou lui-même soutenait officiellement Balladur qui était son chef de gouvernement).

- Pour Balladur.

- Pour Balladur.

La parole vint à moi, le dernier :

- Pour Chirac.

Silence.

- Eh bien, vois-tu, me dit-il, si j'ai choisi de soutenir Balladur, c'est pour éviter que la porte se referme sur la candidature unique.

Au passage, on voit la clairvoyance de Bayrou pour qui Chirac (qui était pourtant au fond du trou dans les sondages) restait le favori de l'élection et Balladur celui qui permettait d'éviter la candidature unique et stalinienne d'un monolithe de la droite et du centre droit.

Or c'était paradoxal car, dans le même temps, Balladur annonçait que, s'il était élu, il rassemblerait l'UDF et le RPR dans un seul parti (ce que Chirac fera plus tard sous le nom d'UMP avec ceux de l'UDF qui le rejoindront, la majorité des élus), cependant que Chirac garantissait que, s'il était élu, il laisserait existence et pleine autonomie à l'UDF, ce qu'il a d'ailleurs fait.

On voit à quel point les choses étaient confuses et on se battait à front renversé.

Ce débat de structure soulignait la péremption du format CDS. Et, lors du congrès qui eut lieu en terre chiraquienne , à Paris, à la fin de l'année 1994, l'avenir se formulait à travers lui : Bosson voulait un grand parti de droite et du centre droit (voter pour lui revenait à créer une CDU à la française, ancrée à droite) sous la houlette de Balladur ; Bayrou voulait un grand parti occupant l'espace central, qui aille de Balladur à Jacques Delors. Dans les deux cas, le CDS, comme tel, était appelé à se fondre dans un mouvement plus large.

Ce congrès rassemblait des délégués des fédérations départementales (à la manière de ce qu'on vient de voir au congrès socialiste de Reims). La veille du vote, les deux maîtres ès réseaux, Yves Pozzo di Borgo et Éric Azière, avaient pronostiqué l'un que Bayrou aurait 667 voix, l'autre qu'il en aurait 664, il en eut, si ma mémoire est bonne, 661, qui représentèrent 57 % des délégués, nous avions gagné.

Vint l'élection municipale. Suivant mon deal avec Goasguen, je fus élu adjoint au maire du XVIe arrondissement et celui qui m'avait permis d'arriver là, Kropp, devint conseiller du XIIe arrondissement.

Puis il fallut préparer le congrès par lequel le CDS devait se fondre dans une entité (à peine) plus grande, Force Démocrate.

La situation des bossono-balladuriens à Paris devenait très inconfortable par la double pression des chiraquiens et des bayrouistes. Ils finirent par jeter l'éponge et par quitter le CDS, vers septembre 1995 si ma mémoire est bonne.

Jean-Manuel Hue s'en alla donc, quittant la présidence des JDS de Paris, et emmenant la quasi-totalité des cadres et le plus grand nombre des adhérents de la fédération. De ce bureau fédéral décimé, il restait deux vices-présidents et moi, qui en étais devenu membre de droit par le fait de l'élection, et quatre autres, dont Kropp.

Il y eut une réunion pour pourvoir à l'intérim en attendant le congrès. Elle eut lieu dans un très petit bureau du rez-de-chaussée de l'aile du ministère de l'intérieur que Goasguen avait prise pour son éphémère ministère de la Réforme de l'État. Hervé Bénessiano, aujourd'hui premier adjoint au maire du XVIIe arrondissement et depuis toujours bras droit de Goasguen (et accessoirement mon premier président des JDS de Paris quand j'ai adhéré en 1981), présidait la séance.

Les deux vices-présidents revendiquaient la présidence intérimaire et se chamaillèrent un certain temps. le premier, Vincent C, était le jeune de service du VIIe arrondissement (sous la houlette de Pozzo), le deuxième, Philippe Chaumont, était du XIVe que Goasguen venait de quitter pour rallier le XVIe arrondissement en vue de prendre une circonscription législative (ce qu'il fit en 1997).

Comme il était impossible de mettre les deux vice-présidents d'accord l'un avec l'autre et comme il n'existait aucune disposition permettant de trancher entre eux, j'ai fini par proposer que, puisque j'étais le plus ancien dans le grade le plus élevé (comme on dit dans l'armée), j'assumerais l'intérim, le temps de participer au congrès fondateur du nouveau parti, après quoi j'organiserais sous trois mois une AG où serait élue l'équipe dirigeante du nouveau mouvement de jeunes à Paris.

Je sentis que Kropp et les trois autres membres de base du bureau étaient soulagés par cette proposition. Les deux vice- restèrent cois un instant, puis commencèrent à mettre mon intégrité en cause.

Là, c'était trop, je tapai du poing sur la table, j'indiquai que j'assumerais l'intérim avec le titre de coordinateur , que l'un des membres non-titrés serait secrétaire, l'autre trésorier (fonctions statutaires) et que tous les autres seraient vice-présidents. Quelqu'un avait une objection ?

Non. Ils n'osèrent pas.

Le nouveau secrétaire émit l'idée qu'il vaudrait mieux que je prenne quand même le titre de président et ne fut pas contredit.

Tout le monde signa le PV que nous allâmes aussitôt déposer à la préfecture.

Voilà comment je suis devenu le dernier président des JDS de Paris, en un temps lointain, l'automne 1995, dont je me souviens avec plaisir maintenant que je suis entièrement tourné vers l'avenir avec Quitterie Delmas.

19/11/2008

JDS : la nostalgie n'est plus ce qu'elle était.

Jean-Roch Sergent fut l'un de nos jeunes du Centre des Démocrates Sociaux, le parti dont François Bayrou faisait partie aussi, voici une bonne quinzaine d'années. Il fut l'un de nos Jeunes Démocrates Sociaux, JDS.

Il a eu l'idée d'organiser un dîner d'anciens adhérents de ce mouvement de jeunes qui a laissé de bons souvenirs à ceux qui y ont milité, en particulier sous la présidence d'Éric Azière.

Je donne ici une photo qui date du début 1987, où l'on reconnaît, de droite à gauche, après Régis N (dont j'ignore l'éventuelle activité politique), Jean-Manuel Hue, alors président des JDS de Paris, maintenant adjoint au maire du XVe arrondissement et (m'a-t-on dit ce soir) peintre, François d'Aubert, l'un des libéraux qui se manifestaient dans la précampagne de Raymond Barre (et qui vient de perdre la mairie de Laval), Éric Azière, votre serviteur (plus de vingt ans de moins... j'en avais 22), et Bruno d'I., ami d'Éric et alors adhérent.

JDS 1987.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour dire la vérité, nous n'étions que quinze pour ce dîner qui a eu lieu ce mardi soir, ce qui fait peu en regard des milliers de personnes concernées, mais c'est peut-être un début. Deux anciens présidents étaient présents : Éric Azière et Jean-Christophe Lagarde. Il y a eu sept présidents des JDS : François Bordry 1976-1979 (frère de Pierre Bordry longtemps dircab d'Alain Poher président du Sénat, et aujourd'hui patron de l'autorité anti-dopage, François Bordry dirigea les Voies Navigables de France après avoir quitté les services de la Commission de Bruxelles sous certaines rumeurs), Yves Pozzo di Borgo 1979-1982 (aujourd'hui sénateur Nouveau Centre de Paris), Jean-Pierre Abelin 1982-1986 (député de la Vienne 1978-1981 et depuis 1986, député européen 1984-1986), Éric Azière 1986-1991 (chargé des élections au MoDem et conseiller régional d'Île de France), puis j'ai un peu perdu le fil des dates, il y eut encore Jean-Luc Moudenc (désormais ancien maire de Toulouse), Christian Bartholme (dont on a un peu perdu la trace) et Jean-Christophe Lagarde, qui éteignit la lumière en sortant du dernier congrès des JDS pour inaugurer le premier des Jeunes Démocrates (modèle Force Démocrate, fin 1995, congrès de Lyon).

Sur les quinze que nous avons été pour ce dîner, les dates d'adhésion variaient : 1976 (Fanny Rousseau), 1978 (Éric Azière), 1981 (moi),  1983 ou 1985 (Christophe Quarez), 1987, 1988, 1993, 1994 et même 1995...

Six sont adhérents du MoDem (Éric Azière et son épouse, Fanny Rousseau, Christophe Quarez, Sophie Jacquest, moi), cinq  du Nouveau Centre (Jean-Christophe Lagarde, Hervé List, Alban Nizou, Franck Pissochet, Dominique Moyse), un est à l'UMP et contribue à l'animation du Chêne, le réseau gaulliste de Michèle Alliot-Marie (Frédéric Garcia, 1987), un autre est au Parti Radical et de ce fait affilié à l'UMP (Sébastien Creusot, qui a adhéré de justesse en 1995), les deux autres n'ont plus d'attache partisane (Yann-Cédric Quéro et Jean-Roch Sergent), Jean-Roch considérant que la famille centriste divisée a vocation à se ressouder un jour, ce que je ne crois pas.

Nous avons gardé de nos années militantes de bons souvenirs : on a bien rigolé. De fait, ce soir, à quatorze, on a descendu dix bouteilles de rouge et une bouteille de blanc, plus quelques bières et kirs.

Nous étions plus jeunes, nous avions quinze ou vingt ans de moins, les temps étaient différents aussi, nous avons eu plaisir à nous retrouver, pleins de ces souvenirs,  dès lors qu'il n'a pas été question de politique. Car alors... si nous avons parlé de politique...

Jean-Christophe Lagarde sait ce que j'ai écrit sur lui. Trop d'honneur.

Il n'aime pas ce que j'ai écrit sur lui. Quelle flatterie...

Il croit que la maison centriste divisée se rassemblera un jour pour le porter à la présidence de la république. Sûrement pas.

Quand il avait dix-huit ans, je l'ai écrit, on voyait déjà que la politique était ou serait son métier, qu'il était fait pour cela. C'était remarquable. Il a fait son chemin, assistant parlementaire puis, m'a-t-on dit, lié au groupe Air France, puis, ayant placé son ami Vincent Capo-Canellas auprès du maire centriste du Bourget, il put, de là, trouver une base logistique qui lui servit à ravir la mairie de Drancy (un nom resté douloureux depuis 1944, mais il n'y peut rien) aux communistes, et de là la circonscription législative. Il a bien joué, en tandem avec l'UMP caméléon Éric Raoult.

Mais jamais, pas un seul instant, durant toutes les années où je l'ai côtoyé, je n'ai senti en lui autre chose que l'instinct du pouvoir. Il veut gravir encore les échelons de l'État, mais pour quoi faire ? On doit lui accorder de n'avoir pas choisi la facilité en se fixant Drancy pour objectif, mais je n'ai jamais senti en lui d'autre motivation que sa propre carrière, son propre cheminement.

Ce soir, je l'ai entendu dire "... c'est pour cela que j'ai tué Nicole Rivoire". Je ne connais pas Nicole Rivoire, qui fut présidente de l'UDF puis du MoDem en Seine-Saint-Denis (le 9-3) et maire d'une des communes de ce département jusqu'en mars dernier. Je ne la connais pas, mais qu'a notre pays à faire de gens dont l'activité est de "tuer" d'autres maires au lieu de s'occuper des difficultés d'un département qui n'en manque pas ?

C'est pour cette indignité, pour cette absence de vergogne, que nos concitoyens jugent sévèrement la politique, et ils ont raison. J'ignore si Lagarde croit vraiment dans le rassemblement des centres, mais il peut compter sur moi pour m'y opposer.

Pour le reste, que dire ?

J'ai longtemps été nostalgique de ces années de jeunesse, mais une vérité nouvelle m'a guéri de ma nostalgie en me proposant la fraîcheur d'un engagement réel, sincère, tourné vers le futur, et cette vérité, elle est incarnée par Quitterie Delmas.

03/08/2008

René Monory dans un état critique.

René Monory va mal, on lit qu'il a été hospitalisé hier "dans un état critique". Il eut la particularité de devenir ministre de l'Éducation sans avoir même son certificat d'études et s'en vantait un peu. À cette époque-là, il clamait que la vraie influence ne se comptait pas en articles de presse ni en dorures, mais en montant de budget et l'Éducation représentait le premier budget de l'État. À la même époque, l'un de nos amis d'alors, Ghislain Delaroche, qui était aussi président de la Jeune Chambre Économique du département de la Vienne, m'expliquait que lorsqu'il allait voir son président de département au sujet d'un projet qui coûtait 200 000 Francs de l'époque, Monory ne l'écoutait pas, tandis que si le projet s'élevait à 50 millions, le vieux sénateur s'installait et s'y intéressait longuement. Ainsi a été Monory durant sa longue carrière politique, ce qui lui a permis de parrainer des projets qui devinrent des succès étonnants.
 
On sait qu'il était fils de garagiste, garagiste lui-même, mécanicien des années 1940, formé dès l'avant-guerre et installé dans l'après-guerre. Son parrain en politique fut Pierre Abelin, le plus fidèle conseiller et soutien de Jean Lecanuet. C'est pourquoi, lorsqu'Abelin père mourut, Monory fut toujours si attentif à protéger Jean-Pierre Abelin, fils de Pierre, qui fut mon président des jeunes du CDS juste avant Éric Azière et qui est aujourd'hui encore député de la Vienne, siège qu'il a obtenu pour la première fois en 1978, à l'âge de 27 ans.
 
Proche d'Abelin, Monory adhéra successivement au Centre Démocrate, au CDS et encore à Force Démocrate. Mais il quitta le bateau bayrouiste peu après avoir renoncé à la présidence du Sénat, atteint par la maladie.
 
Amateur de projets novateurs, il s'illustra par une trouvaille lorsqu'il était ministre de l'Économie (sans les Finances conservées par le Premier Ministre Raymond Barre), à la fin des années 1970. Cette trouvaille, ce fut les SICAV, une formule qui permettait de mutualiser les investissements et de créer des fonds d'intervention économique et d'investissement, un véritable succès dans les années 1980, jusqu'à ce que l'invention diabolique des "SICAV monétaires" ruinât l'État et ternît l'image de l'ensemble des SICAV, qui ont survécu plus discrètement avec les Fonds Communs de Placement.
 
Comme président du département de la Vienne, il lança le "Futuroscope", un parc d'attraction voué aux technologies futuristes, qui connut un très vif succès dans les années 1990. À cette époque-là, il y eut une "université de printemps" des jeunes du CDS au Futuroscope, et Monory, devenu en 1992 président du Sénat, ne manquait jamais une occasion d'affréter un hélicoptère qui, de Paris, conduisait ses visiteurs (étrangers, élus locaux), ses journalistes, bref, les gens utiles, découvrir le parc du futur.
 
Hélas, cet homme bien portant, solide comme le Pont Neuf, tomba malade peu de temps après avoir accédé à la présidence de la Haute Assemblée : on vit son cou bourgeonner de curieux furoncles, un de ses yeux ne fonctionna plus, son visage se boursoufla, il sembla très vieux et affaibli. Il n'avait que 75 ans lorsque l'évidence apparut qu'il ne pourrait demeurer président du Sénat, on n'allait pas voir une seconde fois un président quasi-grabataire comme dans les dernières années d'Alain Poher. Monory se retira. Avant de partir, il multiplia les invitations dans les salons de la présidence, notamment en direction des anciens du MRP, comme un adieu, la fin d'une époque, car il devenait évident que la famille centriste perdrait la présidence et qu'une nouvelle époque allait commencer.
 
Cette nouvelle époque, nous la connaissons : c'est celle de Bayrou.

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26/05/2008

Pierre Bolotte est mort.

J'ai parlé l'autre jour de Pierre Bolotte à propos de mai 1958. À vrai dire, je croyais qu'il était déjà mort, n'en ayant eu aucune nouvelle depuis 2001. Il avait dépassé les 85 ans, étant né en 1921 ou 1922.
 
Il termina sa carrière en étant adjoint au maire du XVIe arrondissement de Paris en même temps que moi, nous partagions un petit bureau à la mairie du XVIe, il se racontait un peu, me conseillait (sans grand succès, car je n'avais pas sa conception des choses). Il me parlait en particulier d'un grand ancien de la famille Démocrate, qui fut président du Conseil National de la Résistance et président du conseil sous la IVe république : Georges Bidault.
 
Bidault avait été son professeur, puis son patron, quand Bolotte avait été affecté à son cabinet ministériel. Il y avait débuté sa carrière administrative après être passé par l'École de la France d'Outremer, un établissement qui n'existe plus, puisqu'il était lié à l'empire colonial. Après la fin de l'empire en 1960, Bolotte fut reversé dans la préfectorale. Il s'était adapté à la période gaulliste, mais son estime pour Bidault n'avait jamais faibli (il n'approuvait cependant pas, on s'en doute, la dérive vers l'OAS).
 
Après avoir été, comme je l'ai écrit, secrétaire général de la préfecture d'Alger en 1958, Bolotte s'en alla créer une administration du département de la Guadeloupe, où il resta plusieurs années, ce qui l'amena à travailler d'assez près avec les plus hautes autorités de l'État, dont de Gaulle, qu'il décrivait très gêné par une quasi-cécité.
 
Il avait terminé sa carrière administrative comme préfet de la région Haute-Normandie dont Lecanuet était alors le président, dans les années 1980. C'est à cette époque que j'ai fait sa connaissance, lors d'une réunion du conseil départemental du CDS, au Sénat (le président de la fédération était alors directeur de cabinet du président du Sénat, Alain Poher). Les centristes avaient une sorte d'atavisme pavlovien pour la décentralisation, qui collait d'assez près avec leur mentalité de notables de petits patelins. Même lors d'une réunion de la fédération parisienne, on répétait donc "la décentralisation, la décentralisation", en quelque sorte comme des cabris du terroir.
 
Alors, levant la main, puis se levant tout à fait, dépliant sa longue silhouette et son style un peu désuet, lissant sa moustache clairsemée, Bolotte intervint. Il dit :
 
- Permettez qu'un préfet ajoute "et la déconcentration", car il n'y a pas de bonne décentralisation sans déconcentration.
 
Forte approbation, puis "la décentralisation, la décentralisation".
 
Bolotte venait de devenir adjoint au maire du XVIe arrondissement, chargé des finances et de l'urbanisme. Le maire était Georges Mesmin, l'un des quinze députés élus sur une ligne indépendante par le Centre Démocrate en 1973. Dans un parti (le CDS) dont les rênes appartenaient désormais aux autres centristes, ceux qui en 1973 couraient sous les couleurs de l'UDR avec un pins CDP, Mesmin et Bolotte se signalaient comme vestiges du courant indépendant et proche de Lecanuet.
 
Mais en 1989, Lecanuet s'était rappoché de Chirac. Mesmin avait accepté de faire liste commune avec les chiraquiens pour les municipales (qui se déroulent par arrondissement à Paris) et avait eu la présomption de ne pas écouter Chirac qui lui disait "Vous aurez la tête de liste ou la mairie mais pas les deux". Mesmin avait pris la tête de liste, comptant fort obtenir la mairie quand même.
 
Les chiraquiens avaient profité des divisions de l'UDF d'alors, les libéraux (Pierre-Christian Taittinger, qui d'ailleurs avait débuté au CNI avant de passer par l'UNR puis par l'UDR, et l'autre député du XVIe, Gilbert Gantier) se montrant heureux de récupérer la mairie.
 
J'ignore quelles dissensions agitaient l'entourage de Mesmin. Toujours est-il que celui-ci avait désavoué plusieurs de ses adjoints sortants, dont Bolotte. Ce dernier, profitant de l'isolement politique de Mesmin (qui s'était éloigné autant de Lecanuet que du CDS alors dirigé par Méhaignerie), accepta la négociation qu'on lui proposait et demeura ainsi adjoint au maire du XVIe chargé des finances et de l'urbanisme lors des deux premiers mandats de maire de Pierre-Christian Taittinger.
 
C'est à ce poste que je l'ai connu de près, lors de la mandature 1995-2001, Jean Tibéri étant maire de Paris.
 
Bolotte avait une très grande connaissance du fonctionnement administratif, plusieurs hauts responsables de l'administration parisienne avaient servi sous ses ordres au cours de leur carrière. Il savait donc actionner les services comme personne. Plus encore, l'adjoint au maire de Paris chargé des finances (je crois que c'était alors Camille Cabana) avait été son subordonné direct, ce qui lui permettait diverses privautés budgétaires dont l'arrondissement n'a pas eu à se plaindre.
 
En politique, il était conservateur et chrétien, héritier de son maître Bidault, qui cependant avait des idées plus avancées. Dans sa gestion, il n'était dupe de rien et ne manquait jamais une remarque acide sur la petitesse des personnages (dont beaucoup de promoteurs immobiliers) que ses fonctions l'amenaient à rencontrer. Je crois qu'il avait une réelle affection pour Pierre-Christian Taittinger.
 
Dans les deux dernières années de notre travail commun, il m'expliquait qu'il rangeait ses papiers et qu'il enregistrait et écrivait le témoignage de ses souvenirs. C'est ainsi qu'il m'avait parlé de mai 1958.
 
Claude Goasguen lui avait obtenu la cravate de commandeur de la Légion d'Honneur.
 
C'était un grand serviteur de l'État. 

17/05/2008

Centriste ou démocrate ? Un vieux débat.

J'ai été amusé ces derniers mois de voir fleurir les groupes facebook, les notes-étendards, les proclamations, tant de ceux qui veulent être à la fois centristes et démocrates que de ceux qui ne veulent surtout pas être centristes. Tous ont raison d'ailleurs, et les mots ont un sens, comme dirait Bayrou, nous avons tous un "droit au sens" (à quand le droit au sens opposable, qui permettrait d'aller voir son maire et de lui réclamer du sens, faute de quoi on pourrait traîner la commune en justice ?). Bref...
 
Quand Bayrou a adhéré au parti de Lecanuet, en 1973, Yves Pozzo di Borgo évoquait cette époque hier soir dans le débat avec Quitterie, le nom du parti était "centre démocrate". Et déjà, le débat faisait rage entre ceux qui repoussaient nerveusement le mot "centre" et ceux qui le revendiquaient.
 
En 1988, le Centre des Démocrates Sociaux (successeur du Centre Démocrate) créa son propre groupe à l'Assemblée Nationale, quittant le groupe UDF dont il faisait partie depuis 1978. Il n'y eut qu'un ou deux députés CDS qui refusèrent ce mouvement et qui demeurèrent à l'UDF. Parmi eux, Georges Mesmin, député de ma circonscription, une circonscription où, à la présidentielle de 1988, au premier tour, Chirac venait de "faire" 46% et Raymond Barre 36, Mitterrand étant autour de 12%. Donc pas un endroit très à gauche.
 
Et Michel Elbel, qui était conseiller de Paris et conseiller régional, et un peu la tête pensante de la bande (il a ensuite dirigé longtmeps Airparif), précisait avec conviction devant les adhérents qui étaient réunis assez régulièrement : "Nous ne sommes pas centristes, nous sommes CDS".
 
Quid novis sub sole ?
 
Alors, j'ai trouvé la solution : finalement, je ne suis pas démocrate, je suis "mouvementiste". 

11/04/2008

Dominique Paillé : tout un symbole.

J'ai connu Dominique Paillé voici une vingtaine d'années. Il était le collaborateur d'un député apparenté centriste, Albert Brochard. Lui-même se faisait désigner à des postes divers dans l'organigramme de feu le CDS. Il en fut je crois secrétaire général adjoint, chargé des fédérations, ce qui l'amenait à de nombreux déplacements dans les régions en compagnie de François Pauli (qui est aujourd'hui secrétaire général adjoint du groupe ADLE au parlement européen). Il fumait des cigarillos, petit modèle comme lui.
 
Il succéda à Albert Brochard comme député des Deux-Sèvres en 1993 et est resté en fonctions jusqu'au printemps dernier. Là, en pleine vague bleue, il a été battu. Incroyable !
 
Battu.
 
Comment ? Pourquoi ?
 
Sans doute parce qu'en 2004, il a été condamné pour abus de confiance dans une affaire privée.
 
Comme je l'ai déjà écrit, Sarkozy a débarrassé la France de ses racailles : il les a nommées au gouvernement et à l'Élysée. 

16:44 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : politique, dominique paillé, ump, sarkozy, cds | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook