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11/04/2009

Monory est mort.

René Monory est mort. Je renvoie à ce que j'ai écrit en août dernier, lorsqu'il était dans un état critique. Une très forte personnalité.

EDIT : j'ajoute que c'est avec Monory que j'ai eu ma première expérience d'Internet. Si ma mémoire est bonne, ce devait être à l'Université d'Été de La Baule en 1995. Le dircab de Monory, Jean-Dominique Giuliani, avait organisé un atelier où l'on pouvait dialoguer en direct, par visioconférence sur Internet, avec le président du Sénat Monory. La vidéo en direct était saccadée, la voix métallique, ce devait ressembler aux premiers essais du téléphone lors de l'expo universelle de 1889... J'ai été l'un des deux ou trois privilégiés de cet atelier à parler avec Monory, modestement d'ailleurs.

03/08/2008

René Monory dans un état critique.

René Monory va mal, on lit qu'il a été hospitalisé hier "dans un état critique". Il eut la particularité de devenir ministre de l'Éducation sans avoir même son certificat d'études et s'en vantait un peu. À cette époque-là, il clamait que la vraie influence ne se comptait pas en articles de presse ni en dorures, mais en montant de budget et l'Éducation représentait le premier budget de l'État. À la même époque, l'un de nos amis d'alors, Ghislain Delaroche, qui était aussi président de la Jeune Chambre Économique du département de la Vienne, m'expliquait que lorsqu'il allait voir son président de département au sujet d'un projet qui coûtait 200 000 Francs de l'époque, Monory ne l'écoutait pas, tandis que si le projet s'élevait à 50 millions, le vieux sénateur s'installait et s'y intéressait longuement. Ainsi a été Monory durant sa longue carrière politique, ce qui lui a permis de parrainer des projets qui devinrent des succès étonnants.
 
On sait qu'il était fils de garagiste, garagiste lui-même, mécanicien des années 1940, formé dès l'avant-guerre et installé dans l'après-guerre. Son parrain en politique fut Pierre Abelin, le plus fidèle conseiller et soutien de Jean Lecanuet. C'est pourquoi, lorsqu'Abelin père mourut, Monory fut toujours si attentif à protéger Jean-Pierre Abelin, fils de Pierre, qui fut mon président des jeunes du CDS juste avant Éric Azière et qui est aujourd'hui encore député de la Vienne, siège qu'il a obtenu pour la première fois en 1978, à l'âge de 27 ans.
 
Proche d'Abelin, Monory adhéra successivement au Centre Démocrate, au CDS et encore à Force Démocrate. Mais il quitta le bateau bayrouiste peu après avoir renoncé à la présidence du Sénat, atteint par la maladie.
 
Amateur de projets novateurs, il s'illustra par une trouvaille lorsqu'il était ministre de l'Économie (sans les Finances conservées par le Premier Ministre Raymond Barre), à la fin des années 1970. Cette trouvaille, ce fut les SICAV, une formule qui permettait de mutualiser les investissements et de créer des fonds d'intervention économique et d'investissement, un véritable succès dans les années 1980, jusqu'à ce que l'invention diabolique des "SICAV monétaires" ruinât l'État et ternît l'image de l'ensemble des SICAV, qui ont survécu plus discrètement avec les Fonds Communs de Placement.
 
Comme président du département de la Vienne, il lança le "Futuroscope", un parc d'attraction voué aux technologies futuristes, qui connut un très vif succès dans les années 1990. À cette époque-là, il y eut une "université de printemps" des jeunes du CDS au Futuroscope, et Monory, devenu en 1992 président du Sénat, ne manquait jamais une occasion d'affréter un hélicoptère qui, de Paris, conduisait ses visiteurs (étrangers, élus locaux), ses journalistes, bref, les gens utiles, découvrir le parc du futur.
 
Hélas, cet homme bien portant, solide comme le Pont Neuf, tomba malade peu de temps après avoir accédé à la présidence de la Haute Assemblée : on vit son cou bourgeonner de curieux furoncles, un de ses yeux ne fonctionna plus, son visage se boursoufla, il sembla très vieux et affaibli. Il n'avait que 75 ans lorsque l'évidence apparut qu'il ne pourrait demeurer président du Sénat, on n'allait pas voir une seconde fois un président quasi-grabataire comme dans les dernières années d'Alain Poher. Monory se retira. Avant de partir, il multiplia les invitations dans les salons de la présidence, notamment en direction des anciens du MRP, comme un adieu, la fin d'une époque, car il devenait évident que la famille centriste perdrait la présidence et qu'une nouvelle époque allait commencer.
 
Cette nouvelle époque, nous la connaissons : c'est celle de Bayrou.

09:13 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : politique, sénat, cds, udf, centre démocrate, sicav | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

17/05/2008

Centriste ou démocrate ? Un vieux débat.

J'ai été amusé ces derniers mois de voir fleurir les groupes facebook, les notes-étendards, les proclamations, tant de ceux qui veulent être à la fois centristes et démocrates que de ceux qui ne veulent surtout pas être centristes. Tous ont raison d'ailleurs, et les mots ont un sens, comme dirait Bayrou, nous avons tous un "droit au sens" (à quand le droit au sens opposable, qui permettrait d'aller voir son maire et de lui réclamer du sens, faute de quoi on pourrait traîner la commune en justice ?). Bref...
 
Quand Bayrou a adhéré au parti de Lecanuet, en 1973, Yves Pozzo di Borgo évoquait cette époque hier soir dans le débat avec Quitterie, le nom du parti était "centre démocrate". Et déjà, le débat faisait rage entre ceux qui repoussaient nerveusement le mot "centre" et ceux qui le revendiquaient.
 
En 1988, le Centre des Démocrates Sociaux (successeur du Centre Démocrate) créa son propre groupe à l'Assemblée Nationale, quittant le groupe UDF dont il faisait partie depuis 1978. Il n'y eut qu'un ou deux députés CDS qui refusèrent ce mouvement et qui demeurèrent à l'UDF. Parmi eux, Georges Mesmin, député de ma circonscription, une circonscription où, à la présidentielle de 1988, au premier tour, Chirac venait de "faire" 46% et Raymond Barre 36, Mitterrand étant autour de 12%. Donc pas un endroit très à gauche.
 
Et Michel Elbel, qui était conseiller de Paris et conseiller régional, et un peu la tête pensante de la bande (il a ensuite dirigé longtmeps Airparif), précisait avec conviction devant les adhérents qui étaient réunis assez régulièrement : "Nous ne sommes pas centristes, nous sommes CDS".
 
Quid novis sub sole ?
 
Alors, j'ai trouvé la solution : finalement, je ne suis pas démocrate, je suis "mouvementiste".